Augusto Leguía — Wikipédia

Augusto Leguía
Illustration.
Portrait officiel du président Leguía en 1919.
Fonctions
Président de la République péruvienne

(11 ans, 1 mois et 21 jours)
Vice-président Manuel María Ponce Brousset
Président du Conseil Manuel María Ponce Brousset
Prédécesseur José Pardo y Barreda (président de la république)
Successeur Manuel María Ponce Brousset (intérim)
Luis Miguel Sánchez Cerro (président de la junte militaire)

(4 ans)
Élection
Vice-président Eugenio Larrabure y Unanue
Président du Conseil Rafael Villanueva Cortez
Javier Prado et Ugarteche
Germán Schreiber Waddington
José Salvador Cavero Ovalle
Enrique C. Basadre Stevenson
Agustín Guillermo Ganoza y Cavero
Prédécesseur José Pardo y Barreda
Successeur Guillermo Billinghurst
Président du Conseil des ministres du Pérou

(2 ans, 10 mois et 3 jours)
Président José Pardo y Barreda
Prédécesseur Alberto Elmore Fernández de Córdoba
Successeur Agustín Tovar Aguilar
Biographie
Nom de naissance Augusto Bernardino Leguía y Salcedo
Date de naissance
Lieu de naissance Lambayeque (Pérou)
Date de décès (à 68 ans)
Lieu de décès Lima (Pérou)
Parti politique Parti civil
Parti démocratique réformiste
Conjoint Julia Swayne y Mariátegui
Enfants Juan Leguía y Swayne

Augusto Leguía
Présidents du Conseil des ministres du Pérou
Présidents de la République péruvienne

Augusto Bernardino Leguía y Salcedo, né le à Lambayeque et mort le à Lima, était un homme d'État péruvien qui fut président de la République à deux reprises : de 1908 à 1912 puis de 1919 à 1930.

Son second mandat est connue sous le nom d'Oncenio. Ce dernier, qui débuta par un coup d'État, se caractérisa par un style de gouvernement dictatorial et populiste, et par un culte de la personnalité voué à Leguía. Sur le plan économique, il y avait une politique d'ouverture, considérée par certains auteurs comme excessive. Leguía renforça l'État, initia la modernisation du pays et entreprit un vaste plan de travaux publics, financé par des emprunts et dont le but immédiat était de célébrer de manière propagandiste le Centenaire de l'indépendance du Pérou en 1921. Sur le plan idéologique, les partis traditionnels s'effondrent à la suite de l’émergence de nouveaux courants politiques, tels que l’Alliance populaire révolutionnaire et le Parti communiste à gauche, et le Parti de la réforme, parti de droite nationaliste dirigé par Leguía et qui sera à le principal parti du pays jusqu'à la fin de l'Oncenio.

Le 25 août 1930, après onze années à la tête de l'État, Leguía est renversé par le général Luis Miguel Sánchez Cerro. Il meurt en prison deux ans plus tard en 1932.

Biographie[modifier | modifier le code]

Carrière[modifier | modifier le code]

Augusto Bernandino Leguía naquit à Lambayeque le 19 février 1863. Fils de Nicanor Leguía y Haro et de Maria del Carmen Salcedo Taforo, il était issu d’une famille descendant de l’aristocratie espagnole arrivée à l’époque de la vice-royauté. Pendant sa jeunesse, il combattit à la bataille de Miraflores pour la défense de Lima avant l’occupation chilienne. Il se maria en 1890 avec Julia Swayne Mariategui avec qui il eut 6 enfants.

Après la guerre, il s’installa aux États-Unis pour travailler à la New York Life Insurance Company. Dans les années 1900, devenu riche, il décida de revenir au Pérou. Il entra en politique en 1903 à la demande de Manuel Candamo Iriarte (chef du parti civiliste) et de José Pardo y Barreda (président du Conseil). Il fut avec succès ministre des finances jusqu’en 1904. Lorsque Pardo devint président de la République, il offrit le poste de président du Conseil à Leguía. Il y restera jusqu’en 1907, pour ensuite briguer la présidence. En 1908, il gagna les présidentielles.

Premier mandat présidentiel[modifier | modifier le code]

Photographie officielle du président Leguia en 1908.

Il succéda ainsi à José Pardo y Barreda. Pour son premier mandat il se consacra à faire de multiples reformes économiques dans le but d’industrialiser le Pérou et d’en faire une véritable société moderne.

Le 29 mais 1909, un groupe de partisans de Piérola réussissent à forcer les portes du palais présidentiel exigeant la démission de Leguia. Dans ce groupe, on nota la présence du père, Carlos et des fils, Isaias et Amadeo, de Piérola. Leguia ne voulant pas démissionner, le groupe l’enleva pour l’emmener devant le monument Bolivar. La police vint alors sauver le président au milieu de combat qui causèrent la mort d’une centaine de personnes.

Jusqu’en 1912, il eut affaire à de sérieux problèmes frontaliers notamment avec le Brésil et la Bolivie. Le problème portant sur la frontière avec le Brésil fut réglé avec la signature du traité de Velarde-Rio Blanco. Ce traité établissait que les rivières Yaravi et Yaverija dessineraient la plupart de la frontière. C’est un autre traité, celui de Polo-Bustamante, qui permit de définir la frontière avec la Bolivie et le partage du lac Titicaca.

En 1912, il fut remplacé à la présidence par le millionnaire Guillermo Billinghurst, ancien maire de Lima. Dans les années qui suivirent il voyagea aux États-Unis et en Angleterre pour apprendre les méthodes bancaires et financières, qu’il appliquera plus tard.

L'Oncenio[modifier | modifier le code]

Retour au pouvoir[modifier | modifier le code]

En 4 juillet 1919, il renversa Pardo qui alors exerçait une deuxième présidence. Il assura, dans un premier temps, le pouvoir comme président provisoire, avant de dissoudre le congrès. Puis le nouveau parlement le désigna président constitutionnel le 12 octobre 1919. Il fut réélu en 1924 et 1929. Leguia abolit la constitution, qui datait de 1860 et qui reste encore la plus longue de Pérou pour en promulguer une nouvelle en 1920.

Autoritarisme[modifier | modifier le code]

Leguia, vers 1928.

Ces années au pouvoir furent marquées par un système dictatorial en supprimant toute opposition. Plusieurs opposants furent ainsi exilés, tel que Victor Raúl Haya de la Torre au Mexique (qui fondera en exil l’APRA en 1924) et José Carlos Mariategui, futur dirigeant du Parti communiste du Pérou.

Il favorise les intérêts de l’Église catholique pour bénéficier de son appui et de celui de la droite. En 1923, décide de consacrer le Pérou au « Sacré Cœur de Jésus ». Un important mouvement de protestation se forme, instigué par des ouvriers, des étudiants et des intellectuels dont notamment Víctor Raúl Haya de la Torre. La répression fait deux morts (un ouvrier et un étudiant) et entraine l'exil de meneurs politiques[1].

Il favorise aussi la pénétration au Pérou des entreprises nord-américaines, qui se montrent rassurées par la stabilité de son régime. Par la suite pourtant, il améliore la législation du travail et entreprend certaines réformes sociales. Son projet d’impôt sur le revenu finit par lui aliéner le soutien d'une partie de l'oligarchie. D'après l'historien Leslie Manigat, « si Leguia fait une politique qui fondamentalement rassure l'armée, l’Église et la gentry, il n'entend pas se laisser dominer par elles et c'est la raison d’être de ces aspects qui cherchent à cultiver les classes moyennes et à plaire au peuple »[1].

Politique de modernisation[modifier | modifier le code]

Statue d'Augusto Leguía à Lambayeque
Leguia et son gouvernement lors du Centenaire de l'indépendance du Pérou en 1921.

Pendant ces onze années au pouvoir, il modernisa Lima au moyen d’importants travaux financés par de lourds emprunts, dans le but de fêter le centenaire de l’indépendance nationale, améliora le système de santé avec la construction d’hôpitaux. Il profita de son second mandat pour rénover le palais du gouvernement, en 1926. Enfin il créa la banque centrale de réserve du Pérou et la banque hypothécaire du Pérou.

Au plan de la politique extérieure, il signa les traités frontaliers avec la Colombie et le Chili. Le désaccord avec la Colombie fut réglé en 1922 avec la signature du traité de Salomon-Lozano. Ce traité prévoyait que le Pérou devait céder les terres entre les rivières Putumayo et Caqueta. Enfin le compromis de Tacna-Arica permit de mettre un terme aux discordes frontalières avec le Chili.

Chute et fin[modifier | modifier le code]

Après 11 années de gouvernement, il est renversé par Luis Miguel Sánchez Cerro le 25 août 1930, arrêté puis emprisonné au pénitencier de Lima où il meurt en 1932.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Leslie Manigat, L'Amérique latine au XXe siècle : 1889-1929, , 353-356 p.