Arthur Rimbaud — Wikipédia

Arthur Rimbaud
Rimbaud en octobre 1871, à 17 ans
(photographie : Étienne Carjat).
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Cimetière Boutet (d) (depuis le )Voir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Jean Nicolas Arthur Rimbaud
Pseudonyme
Jean Baudry
Alcide Bava
Nom court
Arthur RimbaudVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activité
Période d'activité
Rédacteur à
Chimère (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Père
Mère
Fratrie
Autres informations
Mouvement
Genre artistique
Influencé par
Adjectifs dérivés
Distinction
Prononciation
Œuvres principales
signature d'Arthur Rimbaud
Signature

Arthur Rimbaud est un poète français, né le à Charleville et mort le à Marseille. Bien que brève, son œuvre poétique est caractérisée par une prodigieuse densité thématique et stylistique, faisant de lui une des figures majeures de la littérature française.

Arthur Rimbaud écrit ses premiers poèmes à 15 ans. Après une brève phase d'initiation, par assimilation du style des grands poètes contemporains (Charles Baudelaire, Victor Hugo, Théodore de Banville...), développant déjà une franche originalité dans l'approche de thèmes classiques (« Le Dormeur du val », « Vénus Anadyomène »), il cherche à dépasser ces influences en développant ses propres conceptions théoriques, déclarant que le poète doit se faire « voyant », c'est-à-dire chercher et décrire l'inconnu par delà les perceptions humaines usuelles, quitte à y sacrifier sa propre intégrité mentale ou physique. Dès lors, il se met à innover radicalement en matière d'audace formelle, jusqu'à aborder le genre du poème en prose, alors à ses balbutiements (parsemant ses œuvres d'apophtegmes énigmatiques, comme « changer la vie », « posséder la vérité dans une âme et un corps » ou « il faut être absolument moderne »[1], qui seront repris comme des slogans par les poètes du XXe siècle, en particulier le mouvement surréaliste). Il entretient parallèlement une aventure amoureuse tumultueuse avec le poète Paul Verlaine, qui influence profondément son œuvre.

Vers l'âge de 20 ans, il renonce subitement à la littérature, n'ayant alors publié qu'un seul ouvrage à compte d'auteur — Une saison en enfer — et quelques poèmes épars dans des revues confidentielles, ce qui contribue encore à son mythe. Il se consacre alors dans un premier temps à l'apprentissage de plusieurs langues, puis, mû par ses idées marginales, anti-bourgeoises et libertaires, choisit une vie aventureuse, dont les pérégrinations l'amènent jusqu'en Abyssinie, où il devient négociant (quincaillerie, bazar, vêtements, café, etc.) et explorateur. Sa tentative d'armer Ménélik avec l'aval du Consul de France s'avère désastreuse pour lui ; son unique « trafic d'armes » n'a véritablement qu'une incidence politique symbolique, mais contribue à sa légende. De cette seconde vie, exotique, les seuls écrits connus consistent en près de 180 lettres (correspondance familiale et professionnelle) et quelques descriptions géographiques.

Des poèmes comme Le Bateau ivre, Le Dormeur du val ou Voyelles comptent parmi les plus célèbres de la poésie française. La précocité de son génie, sa carrière littéraire fulgurante, sa vie brève et aventureuse contribuent à forger sa légende et faire de lui l'un des géants de la littérature mondiale.

Biographie

Famille et enfance

Acte de naissance d'Arthur Rimbaud.

Arthur Rimbaud naît le à Charleville[2]. Son père, Frédéric Rimbaud, est né le à Dole[3]. Capitaine d'infanterie alors en garnison à Mézières, il a participé à la campagne d'Algérie où il a gagné la Légion d'honneur en 1854. Il meurt à Dijon le [4]. Sa mère, Vitalie Rimbaud, née Marie Catherine Vitalie Cuif le à Roche-et-Méry[5], est issue d'une famille de paysans, propriétaires fonciers, relativement aisée. Ils se marient le à Charleville[6] et habitent un appartement dans la même ville, au 12, rue Napoléon (actuelle rue Pierre-Bérégovoy).

Vitalie Rimbaud, la mère d'Arthur Rimbaud (vers 1890).

Le couple n'est réuni qu'au gré de rares permissions du mari, mais cinq enfants naissent : Jean Nicolas Frédéric (1853-1911) le [7], qui deviendra conducteur de voitures à Attigny ; Jean Nicolas Arthur le , baptisé un mois plus tard[8] ; Victorine Pauline Vitalie le [9] (elle ne vivra que quatre mois) ; Jeanne Rosalie Vitalie le [10], qui décèdera le 18 décembre 1875 à l'âge de 17 ans ; Frédérique Marie Isabelle (1860-1917), le [11]. Après la naissance de cette dernière, le couple vit séparé ; le capitaine Rimbaud ne reviendra plus à Charleville.

Se déclarant veuve, la mère déménage avec ses enfants, en 1861, pour habiter au 73, rue Bourbon, dans un quartier ouvrier de Charleville (qui sera le décor du poème « Les Poètes de sept ans »[12]). En octobre, le jeune Arthur entame sa scolarité, il entre en neuvième (équivalent du CE2) à l'institution Rossat (école délabrée mais prisée de l'élite de Charleville), où il se révèle rapidement un élève brillant, récoltant les premiers prix.

Figure rigide et soucieuse de respectabilité, vigilante quant à l'éducation de ses enfants, Vitalie Rimbaud rend le climat familial étouffant.

Fin 1862, la famille déménage à nouveau pour un quartier bourgeois au 13, cours d'Orléans (actuel cours Briand).

Carrière de poète

Premières compositions (1865 à 1869)

Arthur Rimbaud, premier communiant, à 11 ans.

En 1865, à la rentrée de Pâques, Arthur Rimbaud quitte l'institution Rossat où il a passé le début de sa sixième, et entre au collège municipal de Charleville, où il confirme ses aptitudes exceptionnelles, collectionnant les prix d'excellence en littérature, version et thème latins. Il rédige en latin avec aisance, des poèmes, des élégies, des dialogues. Mais il bout intérieurement, comme cela transparaît dans « Les Poètes de sept ans »[13] :

Tout le jour il suait d'obéissance ; très
Intelligent ; pourtant des tics noirs, quelques traits
Semblaient prouver en lui d'âcres hypocrisies.
Dans l'ombre des couloirs aux tentures moisies
En passant il tirait la langue, les deux poings
À l'aine, et dans ses yeux fermés voyait des points.

Tous les jours avant la classe, Arthur et Frédéric montent dans une barque amarrée aux rives[14], chose que l'on peut voir dans un de ses dessins intitulé Navigation, où l'un des personnages crie « au-secours »[15].

En juillet 1869, il participe aux épreuves du Concours académique[16] où il remporte facilement le premier prix de vers latins sur le thème « Jugurtha ». Le principal du collège, Jules Desdouets, aurait dit de lui : « Rien d'ordinaire ne germe dans cette tête, ce sera le génie du Mal ou celui du Bien[17]. » En obtenant tous les prix dès l'âge de quinze ans, il s'affranchit des humiliations de la petite enfance[précision nécessaire]. Pendant ces années, il a comme ami Ernest Delahaye, avec qui il échange de nombreuses lettres[18].

Rencontre avec Georges Izambard (janvier 1870)

En , alors en classe de rhétorique, Arthur Rimbaud se lie d'amitié avec Georges Izambard, son professeur de rhétorique, qui commence sa carrière à 22 ans. Ce dernier lui prête de nombreux livres, notamment Les Misérables de Victor Hugo, qui font bondir sa mère[19] — qu'il surnomme « la Mother », « La bouche d'ombre[20] » ou encore, « La Daromphe ».

De cette époque datent ses premiers vers publiés : « Les Étrennes des orphelins », parus dans la Revue pour tous en . L'orientation poétique est alors celle du Parnasse, sous l'influence de la revue collective Le Parnasse contemporain.

Lettre à Théodore de Banville (mai 1870)

Le , Arthur Rimbaud, alors âgé de quinze ans et demi, écrit au chef de file du Parnasse, Théodore de Banville. Dans cette lettre, il transmet ses volontés de « devenir Parnassien ou rien » et de se faire publier. Pour cela, il joint trois poèmes : « Ophélie », « Sensation » et « Credo in unam ». Banville lui répond, mais les poèmes en question ne paraîtront pas dans la revue.

Son poème À la musique témoigne de son mal-être de vivre à Charleville. Rimbaud songe alors à se rendre à la capitale pour goûter à l'esprit révolutionnaire du peuple parisien[réf. nécessaire].

Première fugue à Paris (août-septembre 1870)

Alors qu'il vient, à la fin de sa classe de rhétorique, de rafler les prix les plus prestigieux, au cours des vacances scolaires d'été suivantes, le 29 août 1870, quelques jours avant la bataille de Sedan, Rimbaud trompe la vigilance de sa mère (le poème « Mémoire » en décrit possiblement la scène[21]) et se sauve avec la ferme intention de se rendre à Paris.

Contrôlé à son arrivée en gare du Nord, il ne peut présenter qu'un billet de transport irrégulier. Les temps troublés n'invitent pas à la clémence. Tandis que les armées prussiennes se préparent à faire le siège de Paris et que la Troisième République est sur le point d'être proclamée, le voilà détenu dans la prison Mazas.

De sa cellule, il écrit à Georges Izambard, à Douai[22], pour lui demander de payer sa dette. Le professeur exécute sa demande et lui paie également le voyage pour se rendre à Douai, lui offrant l'hospitalité avant de le laisser retourner à son foyer.

Rimbaud arrive à Douai vers le 8 septembre. Redoutant le retour à Charleville, il y reste trois semaines[23]. Pendant ce temps, l'armée prussienne encercle la capitale à partir du 19 septembre. Jusqu'ici antimilitariste déclaré, Rimbaud est pris d'élans martiaux depuis la capitulation de Sedan, si bien qu'il est décidé à suivre son professeur parti s'engager volontairement dans la Garde nationale. N'étant pas majeur, il en sera empêché malgré ses protestations.

Par ailleurs, Rimbaud fait la connaissance du poète Paul Demeny, un vieil ami de son hôte. Celui-ci est codirecteur d'une maison d'édition, La Librairie artistique, où il a fait paraître un recueil de poésies (Les Glaneuses). Rimbaud saisit l'occasion et, dans l'espoir d'être édité, lui dépose une liasse de feuillets où il a recopié quinze de ses poèmes.

Izambard, qui a prévenu Vitalie Rimbaud de la présence de son fils à Douai, en reçoit la réponse : « chassez-le, qu'il revienne vite[24] ! » Pour calmer les esprits, il décide de raccompagner son élève jusqu'à Charleville. À leur arrivée, l'accueil est rude : une volée de gifles pour le fils, une volée de reproches, en guise de remerciements pour le professeur qui, ébahi, « s'enfuit sous l'averse[25] ».

Le « Recueil Demeny » (ou « les Cahiers de Douai »)

Lettre à Izambard le .

Le 6 octobre 1870, nouvelle fugue. Paris étant en état de siège, Arthur Rimbaud part à Charleroi — il relate cette arrivée dans le sonnet « Au Cabaret-Vert, cinq heures du soir »[26]. Rêvant d'être journaliste, il tente, sans succès, de se faire engager comme rédacteur dans le Journal de Charleroi. Dans l'espoir de retrouver Georges Izambard, il se rend à Bruxelles, puis à Douai où son professeur arrive quelques jours après, aux ordres de Vitalie Rimbaud, pour le faire revenir, escorté de gendarmes, le .

Entre-temps, il est passé chez Paul Demeny pour lui déposer les sept poèmes composés au cours de ce dernier périple (dont des versions antérieures ont été transmises à Théodore de Banville et à Georges Izambard). Le , Rimbaud écrira à Demeny : « … brûlez tous les vers que je fus assez sot pour vous donner lors de mon séjour à Douai ». Oubliés par Demeny, ces manuscrits seront retrouvés dix-sept ans plus tard[27]. Ceux-ci ont été répertoriés par les biographes sous l'appellation de « Cahier de Douai » ou « Recueil Demeny ».

La réouverture du collège de Charleville fréquenté par Rimbaud l'année précédente est retardée d'octobre 1870 à avril 1871. Rimbaud collabore alors modestement sous le pseudonyme de Jean Baudry[28] au journal Le Progrès des Ardennes, fondé en novembre 1870 et paru jusqu'en avril 1871. Il parvient à y faire publier, dans l'édition du , un récit satirique, « Le Rêve de Bismarck », découvert en 2008[29]. Rimbaud y développe, après Victor Hugo, la symbolique d'une ville de Paris, lumière de la Révolution, qui sera autrement difficile à combattre pour les Prussiens. Rimbaud prédit que Bismarck s'y brûlera le nez.

Les lettres à Izambard et Demeny pendant la Commune (mai 1871)

Manuscrit du poème « Les Assis » (1871).

« Car Je est un autre. Si le cuivre s'éveille clairon, il n'y a rien de sa faute. »

— Extrait de la lettre à Paul Demeny (dite « lettre du Voyant »), ).

En , à l'issue du siège de Paris, Rimbaud fait une nouvelle fugue vers la capitale du 25 février au 10 mars. La situation politique du pays est tendue et Rimbaud cherche à entrer en contact avec de futurs communards comme Jules Vallès et Eugène Vermersch, mais aussi avec le milieu des poètes ; il rencontre aussi le caricaturiste André Gill.

Rimbaud revient à Charleville le , avant le début de la Commune. Le collège de Charleville annonce sa réouverture pour le mois d'avril. Bien que brillant élève, Arthur Rimbaud ne retourne pas au collège. Le 17 avril, il écrit à Paul Demeny qu'il dépouille la correspondance du Progrès des Ardennes. Plusieurs témoignages prétendent qu'il serait retourné à Paris à ce moment-là[30], bien que ceci reste impossible à démontrer dans l'état actuel des recherches.

Quoi qu'il en soit, la Commune suscita l'enthousiasme du poète. Son ami Ernest Delahaye se rappelle le 20 mars 1871 où tous les deux ont lancé à la « figure décomposée » des boutiquiers de Charleville : « L'ordre est vaincu[31] ! » Le poème « Chant de guerre parisien », que le poète a placé en tête de sa lettre à Paul Demeny du 15 mai 1871, célèbre « le printemps » qui a vu le peuple prendre le pouvoir ; quant aux « Mains de Jeanne-Marie », il les voit « merveilleuses […] / Sur le bronze des mitrailleuses. » Il ressentit ensuite très profondément la tragédie de la répression. Dans « L'Orgie parisienne » ou « Paris se repeuple », envoyé à Verlaine dans une lettre de septembre 1871, il évoque Paris après la Commune dont « les pieds ont dansé si fort dans les colères », Paris qui reçut « tant de coups de couteau ». Le poème dénonce la lâcheté des vainqueurs auxquels Rimbaud s'adresse (« Ô lâches, la voilà [Paris] ! Dégorgez dans les gares ! »)[32].

Pendant la Commune, la poésie de Rimbaud se radicalise encore, devient de plus en plus sarcastique : « Les Pauvres à l'église », par exemple. L'écriture se transforme progressivement. Rimbaud en vient à critiquer fortement la poésie des romantiques et des Parnassiens, et, dans sa lettre à Georges Izambard du (première lettre dite « du Voyant »), il affirme son rejet de la « poésie subjective ». C'est également dans la deuxième lettre dite « du Voyant », adressée le 15 mai à Paul Demeny, qu'il exprime sa différence en exposant sa propre quête de la poésie : il veut se faire « voyant », par un « long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens », « épuise[r] en lui tous les poisons, pour n'en garder que les quintessences », jusqu'à « arrive[r] à l'inconnu » — faisant ainsi écho au dernier vers du poème « Le Voyage » de Charles Baudelaire : « Au fond de l'Inconnu pour trouver du nouveau ! » ; Baudelaire qu'il cite d'ailleurs comme un des rares précurseurs sur cette voie exigeante : « le premier voyant, roi des poètes, un vrai Dieu », bien qu'il lui reproche une forme « mesquine », estimant que « les inventions d'inconnu réclament des formes nouvelles ».

Relations avec Verlaine (août 1871 à juillet 1873)

Henri Fantin-Latour, Un coin de table, 1872, musée d'Orsay. Paul Verlaine et Arthur Rimbaud sont assis à gauche.

Le 15 août 1871, Rimbaud envoie à Théodore de Banville un poème parodique, « Ce qu'on dit au poète à propos de fleurs », critiquant ouvertement la poétique selon lui dépassée de son ancien maître, qui y est cité nommément.

Le 28 août, il écrit à Paul Demeny : il cherche un travail dans la capitale qui lui permette de continuer son activité de poète. Un ami de Rimbaud, Charles Auguste Bretagne (1837-1881), lui conseille d'écrire à Paul Verlaine qu'il avait connu auparavant dans le Pas-de-Calais.

Page de titre de l'Album zutique.

Il est difficile de situer précisément le début de la relation épistolaire avec Paul Verlaine. Verlaine prétend avoir reçu très peu de courriers de Rimbaud et ne parle que de l'envoi de deux poèmes (« Les Premières Communions » et « Les Effarés »). Finalement, rentré à Paris de son exil après la Commune, il invite Rimbaud : « Venez chère grande âme, on vous appelle, on vous attend ! » Rimbaud arrive dans la capitale fin septembre 1871. Il est présenté et très bien accueilli par ses pairs plus âgés, au dîner des « Vilains Bonshommes » le 30 septembre. Il y rencontre quelques-uns des grands poètes de son temps. Il est successivement logé par les beaux-parents de Verlaine, rue Nicolet, non sans heurts avec sa femme Mathilde, puis chez Charles Cros, André Gill, Ernest Cabaner, et même quelques jours chez Théodore de Banville[33]. Le 20 octobre 1871, Rimbaud a tout juste 17 ans. Au dîner des Vilains Bonshommes, il lit ses œuvres récentes : « Les Premières communions » et surtout « Le Bateau ivre », lequel déroute son auditoire par ses audaces formelles[34].

Début novembre, Rimbaud participe au Cercle des poètes zutiques qui vient d'ouvrir à l'hôtel des Étrangers. Il collabore, seul ou avec Verlaine, à l'Album zutique, produisant des pastiches d'auteurs en vogue, notamment des pièces au contenu scandaleux comme le « Sonnet du trou du cul ». En février ou en mars 1872, Rimbaud est peint par Henri Fantin-Latour, aux côtés de Verlaine, dans le tableau Un coin de table.

Au fil des mois, les provocations de Rimbaud excèdent le milieu parisien. L'incident avec Étienne Carjat au dîner des Vilains Bonshommes du 2 mars 1872 le fait définitivement tomber en disgrâce : Rimbaud, complètement saoul, a blessé le célèbre photographe d'un coup de canne-épée. Pour sauver son mariage et rassurer ses amis, Verlaine se résigne à éloigner Rimbaud de Paris. Rimbaud se fait oublier quelque temps en retournant à Charleville. Verlaine lui écrit en secret et Rimbaud revient dans la capitale en mai 1872 ; le 7 juillet tous deux quittent Paris pour la Belgique, Verlaine ayant délaissé sa femme et son enfant. Mathilde rompt alors avec lui et effectue une demande de séparation de corps et de biens. Commence pour Rimbaud et son aîné une liaison amoureuse agitée de juillet 1872 à juin 1873 ; ils vivent un temps à Londres. Rimbaud revient occasionnellement en France en décembre 1872 et en avril 1873.

Rimbaud alité après le « drame de Bruxelles », juillet 1873 (tableau peint par Jef Rosman, musée Arthur Rimbaud).

Cette liaison tumultueuse se termine par ce que la chronique littéraire désigne sous le nom de « drame de Bruxelles ». En juin 1873, les deux amants sont à Londres et proposent des cours de français pour vivre. Verlaine quitte brusquement Rimbaud le 3 juillet, affirmant vouloir rejoindre sa femme, décidé à se tirer une balle dans la tête si elle ne l'accepte pas. Il retourne alors à Bruxelles et réside dans un hôtel. Rimbaud le rejoint le 8 juillet. Persuadé que Verlaine n'aura pas le courage de mettre fin à ses jours, Rimbaud annonce qu'il repart seul pour Paris. Le 10 juillet 1873, Verlaine, ivre, tire sur Rimbaud à deux reprises avec un revolver, le blessant légèrement au poignet. Rimbaud se fait soigner et, craignant pour sa vie, demande la protection d'un agent de police de la ville. Verlaine est incarcéré à la prison de Bruxelles puis transféré à Mons. Même si Rimbaud a retiré sa plainte, l'enquête révèle l'homosexualité « active et passive » de l'accusé, circonstance jugée aggravante, et Verlaine est condamné en août 1873 à deux ans de prison pour blessure avec arme à feu[35].

Une saison en enfer et Les Illuminations (1873-1874)

Fin juillet 1873, Rimbaud rejoint la ferme familiale de Roche où il s'isole pour écrire Une saison en enfer, relatant sous forme de prose poétique cette période chaotique et douloureuse. Déjà, l'ouvrage s'achève par un premier « Adieu », comportant des formules restées célèbres comme « Il faut être absolument moderne » ou « posséder la vérité dans une âme et un corps ». Les volumes d'Une Saison en enfer sont imprimés à compte d'auteur, à Bruxelles, en octobre 1873. Ils seront réédités, sans l'autorisation de leur auteur, en septembre 1880 dans la revue La Vogue.

Fin , Rimbaud retourne un temps à Londres en compagnie du poète Germain Nouveau, qui participe à la mise au net des manuscrits des Illuminations, recueil à la genèse confuse et à la forme radicalement novatrice.

Une lettre de Rimbaud à Jules Andrieu (ancien député de la Commune de Paris), exilé à Londres, datée du , découverte en 2018, prouve que Rimbaud était occupé par un projet littéraire-poétique, « L'Histoire splendide », au cours de ces semaines, pour lesquelles il a demandé l'aide d'Andrieu. Les poèmes en prose déjà écrits étaient probablement destinés à faire partie de ce projet. Andrieu n'a apparemment pas répondu[36],[37].

Venant d'avoir vingt ans en , Rimbaud a atteint l'âge du service militaire, mais il ne peut se rendre à temps devant le conseil de révision pour le tirage au sort, alors en vigueur. Le maire de Charleville s'en charge et n'a pas la main heureuse. De retour à Charleville le 29 décembre, Rimbaud fait valoir un article de la loi sur le recrutement du , qui lui fait bénéficier d'une dispense grâce à son frère Frédéric, déjà engagé pour cinq ans. Il est donc dispensé du service militaire, mais pas de la période d'instruction, à laquelle il se dérobera néanmoins.

« L'Homme aux semelles de vent »

Abandon de la poésie (1875)

Après avoir étudié l'allemand depuis le début de l'année 1875, Rimbaud part pour l'Allemagne le [38], pour se rendre à Stuttgart, afin de parfaire son apprentissage de la langue. Verlaine, libéré depuis le , après dix-huit mois d'incarcération, transformé par des accès mystiques, vient le voir « un chapelet aux pinces… Trois heures après on avait renié son dieu et fait saigner les quatre-vingt-dix-huit plaies de N.S. [Verlaine] est resté deux jours et demi […] [et] s'en est retourné à Paris[39]... » Rimbaud remet à Verlaine les manuscrits des Illuminations, afin qu'il les remette à Germain Nouveau, pour une éventuelle publication[40].

Fin , Rimbaud quitte Stuttgart avec, maintenant, le désir d'apprendre l'italien. Pour ce faire, il traverse la Suisse en train et, par manque d'argent, franchit le Saint-Gothard à pied. À Milan, une veuve charitable lui offre opportunément l'hospitalité. Il reste chez elle une trentaine de jours puis reprend la route. Victime d'une insolation sur le chemin de Sienne, il est soigné dans un hôpital de Livourne, puis est rapatrié le à bord du vapeur Général Paoli. Débarqué à Marseille, il est à nouveau hospitalisé quelque temps. Après ces aventures « épastrouillantes », dixit Ernest Delahaye, il annonce à ce dernier son intention d'aller s'engager dans les rangs carlistes, histoire d'apprendre l'español (sic)[41], mais ne la concrétisera pas. Redoutant les remontrances de la Mother, il traîne des pieds en vivant d'expédients dans la cité phocéenne.

Rimbaud à la mi-décembre 1875, par Ernest Delahaye.

Mi-août 1875, Rimbaud fait son retour à Charleville, où entre-temps sa famille a déménagé au 31, rue Saint-Barthélemy[42]. À l'instar de son ami Delahaye, Rimbaud envisage de passer son baccalauréat ès sciences avec l'objectif de faire Polytechnique, ce qu'il ne peut réaliser, car, âgé de 21 ans en cet automne 1875, il a dépassé l'âge limite de 20 ans pour y accéder. Nouvelle foucade : il suit des cours de solfège et de piano, et obtient le consentement de sa mère pour installer l'instrument au logis. À ce moment, Verlaine, qui reçoit des nouvelles de Rimbaud par une correspondance assidue avec Delahaye, est en demande d'anciens vers d'Arthur. Delahaye lui répond : « Des vers de lui ? Il y a beau temps que sa verve est à plat. Je crois même qu'il ne se souvient plus du tout d'en avoir fait[43]. »

Le 18 décembre 1875, sa sœur Vitalie meurt à 17 ans et demi d'une synovite tuberculeuse[44]. Le jour des obsèques, l'assistance observe avec étonnement le crâne rasé du fils cadet.

Vers les Indes néerlandaises (1876)

Après avoir mûri quelques projets pour découvrir d'autres pays à moindres frais, Rimbaud reprend la route en mars 1876, pour se rendre en Autriche. Le périple envisagé tourne court : à Vienne en avril, il est dépouillé par un cocher puis, arrêté pour vagabondage, est expulsé du pays et se voit contraint de regagner Charleville.

Vers le mois de mai, il repart, cette fois en direction de Bruxelles. Selon une hypothèse, il se serait fait racoler par les services d'une armée étrangère.[réf. nécessaire] Toujours est-il qu'il se présente au bureau de recrutement de l'armée coloniale néerlandaise, pour servir dans les Indes orientales néerlandaises.

La caserne de Salatiga, Java central, en 1870.

Muni d'un billet de train, il aboutit le 18 mai 1876 — après un contrôle à la garnison de Rotterdam — dans la caserne d'Harderwijk, où il signe un engagement pour six ans. Rimbaud et les autres mercenaires, formés et équipés, sont chargés de réprimer une révolte dans l'île de Sumatra. Le 10 juin, riches de leur prime — 300 florins au départ du bateau et 300 florins à l'arrivée à destination[45], ils sont transportés au Helder, pour embarquer à bord du Prins van Oranje, direction Java en Indonésie. Après une première escale à Southampton et le contournement de Gibraltar, le voyage connaît quelques désertions lors d'escales ou de passages près des côtes : Naples, Port-Saïd, traversée du canal de Suez, Suez, Aden et Padang[46]. Le 23 juillet, le bateau vapeur accoste à Batavia (aujourd'hui Jakarta). Une semaine après, les engagés reprennent la mer jusqu'à Semarang dans le Centre de Java pour être acheminés en train à la gare de Tuntang, et de là à pied jusqu'à la caserne de Salatiga.

En possession de la seconde partie de sa prime, goûtant peu la discipline militaire, Rimbaud déserte. Quelques semaines lui sont nécessaires pour se cacher et retourner à Semarang où il se fait enrôler sur le Wandering Chief, un voilier écossais qui appareille le 30 août pour Queenstown, en Irlande. Au bout d'un mois de mer, le navire essuie une tempête en passant le cap de Bonne-Espérance. La mâture détériorée, il continue néanmoins sa route sur Sainte-Hélène, l'île de l'Ascension, les Açores… Arrivé à Queenstown le 6 décembre, « Rimbald le marin » (comme le surnommera Germain Nouveau quand il le rencontrera plus tard à Paris) poursuit par les étapes suivantes : Cork, Liverpool, Le Havre, Paris et « Charlestown[47] » (ainsi qu'il appelait Charleville).

1877 : voyages en Europe

La belle saison revenue, Arthur Rimbaud quitte à nouveau Charleville en 1877. Son entourage et ses amis peinent à suivre son itinéraire durant cette année. Les seules sources de renseignements, souvent contradictoires, viennent de son ami Ernest Delahaye et de sa sœur Isabelle.

Seule certitude : sa présence le 14 mai à Brême où il rédigea une lettre en anglais au consul des États-Unis d'Amérique, lettre signée « John Arthur Rimbaud », et dans laquelle il demande « à quelles conditions il pourrait conclure un engagement immédiat dans la Marine américaine », en faisant valoir sa connaissance des langues anglaise, allemande, italienne et espagnole[48]. Il ne reçut apparemment pas de réponse favorable, car, selon Delahaye, il se serait rendu à Cologne puis à Hambourg, pour divers projets inaboutis[49].

En juin, le nom de Rimbaud est cité sur le registre des étrangers à Stockholm en Suède. Le 16 juin, Delahaye écrit à Verlaine : « Du voyageur toqué pas de nouvelles. Sans doute envolé bien loin, bien loin… » Le 9 août, le même épistolier informe son ami Ernest Millot « qu'il a été signalé dernièrement à Stockholm, puis à Copenhague, et pas de nouvelles depuis ». Dix-neuf ans plus tard, Delahaye rapportera dans une lettre à Paterne Berrichon, du , qu'à Hambourg, Arthur s'engagea « dans la troupe du cirque Loisset, comme interprète, il passa ainsi à Copenhague, puis à Stockholm d'où rapatrié par consul français[50] ». Pour sa part, Isabelle Rimbaud réfutera l'épisode du cirque, mais mentionnera un emploi dans une scierie en Suède, dans une lettre du [51] à Paterne Berrichon (qu'elle épousera par la suite). Isabelle révélera également que son frère « visita les côtes du Danemark, de la Suède et de la Norvège, puis revint par mer jusqu'à Bordeaux, sans passer le moins du monde par Hambourg[52] ».

Après un passage à Charleville, Rimbaud se rend en septembre à Marseille où il embarque pour Alexandrie en Égypte. Pris de douleurs gastriques, peu après le début de la traversée, il est débarqué à Civitavecchia, en Italie. Il retourne à Marseille, puis en direction des Ardennes pour y passer l'hiver. À cette période, sa mère Vitalie Rimbaud habite à Saint-Laurent, dans une propriété héritée de sa famille (les Cuif).

1878-1879 : départ pour l'Égypte et Chypre

Si l'on fait abstraction d'hypothétiques témoignages (voyage à Hambourg et périple en Suisse selon Berrichon[53], aurait été « vu dans le Quartier latin, vers Pâques » par un ami d'Ernest Delahaye[54]), les neuf premiers mois de l'année 1878 ne sont pas plus riches de renseignements fiables que ceux de l'année précédente. En avril, les fermiers de Roche ne désirant pas renouveler leur bail, Vitalie Rimbaud a décidé de prendre en main elle-même la gestion de la ferme[55]. Fin juillet, Ernest Delahaye écrit : « L'homme aux semelles de vent est décidément lavé. Rien de rien[56]. »[précision nécessaire] Pendant l'été 1878, Arthur revient à Roche et participe aux moissons auprès de son frère Frédéric, de retour de ses cinq années d'armée.

Le 20 octobre 1878, jour de ses vingt-quatre ans, Rimbaud reprend la route ; il passe les Vosges, en particulier le col de Bussang, traversé « dans cinquante centimètres de neige en moyenne et par une tourmente signalée ». Il franchit le Saint-Gothard dans « l'embêtement blanc qu'on croit être le milieu du sentier[57] » et traverse l'Italie jusqu'à Gênes. Le dimanche 17 novembre, il décrit les péripéties de son périple dans une longue lettre à sa famille. Le même jour, son père meurt à Dijon.

Le 19 novembre, Rimbaud s'embarque de Gênes pour Alexandrie. Arrivé vers le 30 novembre, il se met à chercher du travail. Un ingénieur français lui propose de l'employer sur un chantier situé sur l'île anglaise de Chypre. Pour conclure l'affaire, il demande un indispensable certificat de travail à sa mère (lettre écrite d'Alexandrie, en décembre 1878).

Le 16 décembre, Rimbaud est chef de chantier à 30 kilomètres à l'est du port de Larnaca à Chypre, dans l'entreprise Ernest Jean & Thial fils. Chargé de diriger l'exploitation d'une carrière de pierres, il tient les comptes et s'occupe de la paie des ouvriers[58].

En 1879, atteint de fièvres (possiblement dues au paludisme), il quitte Chypre muni d'une attestation de travail, datée du 28 mai[59]. En convalescence à Roche, il se rétablit suffisamment pour apporter son aide aux moissons d'été.

Après une ultime visite de son ami Delahaye en septembre, Arthur n'attend pas la saison froide et part avec l'intention de retourner à Alexandrie. Repris par un accès de fortes fièvres à Marseille, il se résout à passer l'hiver chez sa famille — hiver qui se révèle particulièrement rigoureux.

Entre la Corne de l'Afrique et l'Arabie

« L'air marin brûlera mes poumons, les climats perdus me tanneront. »

— Une saison en enfer.

Chypre et Aden (1880)

Environs d'Aden. Avant le déjeuner à Scheik Othman, vers 1880, musée Arthur Rimbaud. Arthur Rimbaud se tient debout, à gauche.

Sa santé recouvrée en mars 1880, Rimbaud rejoint de nouveau Alexandrie. Ne trouvant pas d'emploi, il débarque à Chypre. Ses anciens employeurs ont fait faillite ; il réussit à décrocher un travail de surveillant sur un chantier de construction. Il s'agit de la future résidence d'été du gouverneur anglais, que l'on bâtit au sommet des monts Troodos[60],[61].

À la fin du mois de juin, Arthur Rimbaud quitte l'île « après des disputes […] avec le payeur général et [son] ingénieur »[62]. Rendu dans le port d'Alexandrie, il n'envisage plus de retour en France.

Après avoir navigué le long du canal de Suez jusqu'en mer Rouge, il cherche du travail dans différents ports : Djeddah, Souakim, Massaouah[62]… À Hodeidah, au Yémen, où il tombe à nouveau malade, il rencontre Trébuchet, un représentant d'une agence marseillaise importatrice de café. Constatant qu'il connaît suffisamment la langue arabe, ce dernier lui conseille de se rendre à Aden et le recommande à P. Dubar, un agent de la maison Mazeran, Viannay, Bardey et Cie. (L'exportation de café connaissait alors un commerce florissant, grâce à quoi le port de transit de Moka avait connu son heure de gloire avant qu'il fût supplanté par Hodeidah.)

Après avoir débarqué à Steamer Point, le port franc anglais d'Aden, Arthur Rimbaud entre en contact avec Dubar, adjoint d'Alfred Bardey (parti explorer le continent africain pour implanter une succursale). Après quelques jours d'essai, il est embauché le comme surveillant du tri de café. « Aden est un roc affreux, sans un seul brin d'herbe ni une goutte d'eau bonne : on boit de l'eau distillée. La chaleur y est excessive[63]. » Ayant le sentiment de se faire exploiter, Rimbaud compte partir à Zanzibar ou sur les côtes d'Abyssinie après avoir gagné suffisamment d'argent[64]. Revenu en octobre, Alfred Bardey lui propose de seconder Pinchard, l'agent du comptoir qu'il vient d'établir au Harar, une région d'Éthiopie colonisée par les Égyptiens. Un contrat de trois ans (1880-1883) est signé le . Accompagné du Grec Constantin Rhigas, un employé de Bardey, il effectue la traversée du golfe d'Aden les jours suivants.

Premier séjour au Harar (1880-1881)

Autoportrait photographique d'Arthur Rimbaud à Harar, envoyé dans une lettre à sa mère, 1883, musée Arthur Rimbaud

En terres africaines, Rimbaud et son acolyte forment une caravane pour transporter des marchandises pour le Harar. Ils doivent parcourir trois cent cinquante kilomètres : traverser le territoire des Issas — réputés belliqueux — puis entrer dans celui des Gallas où les attaques ne seront plus à craindre. Les portes de la cité fortifiée de Harar sont franchies en décembre « après vingt jours de cheval à travers le désert somali »[65] ; ils sont accueillis dans l'agence Bardey par l'agent Pinchard et un autre employé grec, Constantin Sotiro. La tenue des comptes et la paie des démarcheurs lui sont imparties. Le , il relate aux siens en quoi consiste le commerce : « [des] peaux […], du café, de l'ivoire, de l'or, des parfums, encens, musc, etc. » ; leur fait part de ses déceptions : « je n'ai pas trouvé ce que je présumais […] Je compte trouver mieux un peu plus loin » ; se plaint aussi d'une maladie qu'il aurait « pincée ».

En mars 1881, Pinchard, atteint de paludisme, s'en va. Rimbaud assure l'intérim du comptoir jusqu'à l'arrivée d'Alfred Bardey. Bardey arrive avec l'idée d'ouvrir un magasin de produits manufacturés. Ainsi, les indigènes venant vendre leur récolte de café dépensent leur argent en achetant toutes sortes d'ustensiles. Parmi la poignée d'occidentaux sur place, il eut son rôle à jouer dans l'adoption en Éthiopie d'un certain type de vaisselle (des récipients d'importation en métal et verre coloré, remplaçant les récipients traditionnels en ivoire et terre cuite), utilisée pour boire l'hydromel local, ou l'eau-de-vie plus tardivement, d'abord parmi l'élite (à la table de Ménélik II, Joseph Vitalien, etc.) ; des usages qui préfigurent l'ouverture des premiers débits de boisson (« bistrots ») destinés à la population[66]

Arthur Rimbaud ayant toujours des velléités de fuite (Zanzibar, Panama[67]), son patron l'envoie faire des expéditions commerciales à partir du mois de mai. Ces campagnes pour des trocs de cotonnades et bibelots contre peaux ou autres, s'avèrent risquées et peu rentables. Revenant épuisé à chaque fois, Rimbaud est à nouveau frappé de fièvre tout l'été.

Le , déçu de n'avoir pas été promu directeur de l'agence, il annonce à sa famille qu'il a « donné [sa] démission, il y a une vingtaine de jours ». Cependant, il est encore engagé pour deux ans selon son contrat… À la suite des missives qu'il reçoit de Roche, concernant sa période militaire qui n'est pas réglée et, pour pallier d'éventuelles difficultés qu'il rencontrerait pour se rendre dans d'autres pays, il fait valoir sa situation auprès du consul de France à Aden.

De son côté, Alfred Bardey part pour le siège lyonnais de la société vers le début octobre. Le frère de celui-ci devant venir le remplacer, Rimbaud gère à nouveau le comptoir en l'attendant. Pierre Bardey arrivé, Rimbaud quitte le Harar en .

Deuxième séjour à Aden (1882-1883)

Après le retour d'Arthur Rimbaud à la factorerie de café d'Aden, c'est au tour d'Alfred Bardey de revenir en février 1882 à la suite du départ de P. Dubar pour la France (Lyon). Rimbaud en vient donc à seconder son patron durant toute l'année. En septembre, il commande tout le matériel nécessaire pour faire des photographies, car il compte partir pour le Choa, en Abyssinie, afin de réaliser un ouvrage sur cette contrée inconnue, avec cartes, gravures et photographies, et le soumettre à la Société de géographie de Paris, dont Alfred Bardey est membre. Ce projet d'expédition photographique ne verra pas le jour, car, le 3 novembre 1882, il annonce à sa famille son retour à Harar, prévu pour janvier 1883.

Le début de l'année 1883 est marqué par une rixe entre Rimbaud et un magasinier indigène qui lui manque de respect. Ce dernier porte alors plainte pour coups et blessures. Rimbaud évite la condamnation grâce à l'intervention du vice-consul, auquel il écrit aussitôt (le 28 janvier 1883) pour résumer les faits et solliciter sa protection[68]. De plus, son patron se porte garant de son comportement à venir. Son contrat — finissant en novembre 1883 — est renouvelé jusqu'à fin décembre 1885 et son prochain départ pour Zeilah en Somalie est fixé au 22 mars 1883[69].

Deuxième séjour au Harar (1883 à 1885)

Arthur Rimbaud au Harar, « dans un jardin de bananes », en 1883, Bibliothèque Nationale de France.

Arrivé à Harar en , Rimbaud remplace Pierre Bardey, destiné à succéder à son frère à Aden.

Dans une lettre écrite le à sa famille, il formule quelques réflexions sur sa vie actuelle, son avenir. Il songe à se marier, à avoir un fils[70]. Il joint aussi ses premiers travaux photographiques : trois portraits en pied de lui-même (respectivement, 1. aux bras croisés, 2. sur une terrasse et 3. devant des caféiers). Secondé par Constantin Sotiro (Sotiros Konstantinescu Chryseus, alias Adji-Abdallah), Rimbaud prend l'initiative de l'envoyer explorer l'Ogadine ; à son retour (en août) il transcrit ses notes pour en rédiger un texte descriptif que Bardey expédie à la Société de géographie de Paris. Intitulé Rapport sur l'Ogadine, par M. Arthur Rimbaud, agent de MM. Mazeran, Viannay et Bardey, à Harar (Afrique orientale), ce mémoire, dans lequel les mérites de Sotiro sont quelque peu occultés, est publié par la Société de géographie en février 1884 et est apprécié par les géographes français et étrangers[71]. Quant à Sotiro, Rimbaud exécute son portrait photographique, en tenue de chasseur parmi des bananiers. En tout, on possède actuellement de cette période huit photographies authentiquement prises par Rimbaud : sept sont conservées à la bibliothèque de Charleville-Mézières, une autre à la BnF (depuis 1969).

À Paris, pendant ce temps, Verlaine publie une étude accompagnée de poèmes sur le poète Rimbaud, dans la revue Lutèce du 5 octobre au 17 novembre 1883. Cette étude paraît l'année suivante dans l'ouvrage Les Poètes maudits.

Maison Rimbaud à Harar en Éthiopie. En réalité, Rimbaud n'y a pas habité.

Au Harar, plusieurs caravanes de marchandises sont organisées jusqu'au moment où les répercussions de la guerre des mahdistes contre les occupants égyptiens et les Anglais obligent la société à abandonner le comptoir de Harar. L'évacuation de la cité est organisée par le gouverneur d'Aden, le major Frederick Mercer Hunter, arrivé en mars, à la tête d'une colonne d'une quinzaine de soldats. L'officier britannique, insatisfait de l'hébergement offert par le pacha d'Égypte, provoque un scandale en préférant loger dans la maison de Rimbaud[72]. Le retour pour Aden se fait en compagnie de Djami Wadaï, son jeune domestique abyssin, et de Constantin Sotiro[73].

À la suite de la faillite de la société Mazeran, Viannay, Bardey et Cie, Rimbaud est licencié et se retrouve sans travail. Cependant, « selon les termes de [son] contrat, [il a] reçu une indemnité de trois mois d'appointements, jusqu'à fin juillet » et espère la réussite de Bardey, parti en France « pour rechercher de nouveaux fonds pour continuer les affaires »[74]. Pendant cette période de désœuvrement, il vit avec une Abyssine chrétienne, prénommée Mariam. C'est la seule liaison connue entre Rimbaud et une femme[75].

Le 1er juillet 1884, il est engagé jusqu'au dans la nouvelle société créée par les frères Bardey, « aux mêmes conditions »[76]. Les mois passent et les affaires ne sont pas brillantes — ruinées par la politique menée par les Britanniques. Arthur Rimbaud va avoir vingt-neuf ans et sent qu'il se fait « très vieux, très vite, dans ces métiers idiots »[77]. Aussi cherche-t-il une occasion pour changer d'emploi.

Faute de mieux, le , il se rengage pour un an avec la maison Bardey[78]. Malgré la poursuite de l'offensive anglo-égyptienne au Soudan, Rimbaud continue donc à s'occuper des achats et des expéditions du moka. Sans aucun jour de congé, il endure à nouveau la chaleur étouffante de l'endroit et souffre de fièvre gastrique.

« Trafic » d'armes au Choa (1885 à 1887)

En septembre 1885, Arthur Rimbaud se voit proposer un marché par le Français Pierre Labatut, un trafiquant[79] établi au Choa, royaume abyssin de Ménélik, négus du Shewa (Choa) jusqu'en 1889 et futur Roi des Rois (Negusä nägäst ou Negusse Negest) d'Éthiopie. Voyant là l'opportunité de faire une bonne affaire, et de changer le cours de sa vie tout en ayant un rôle géopolitique à jouer, Rimbaud n'hésite pas à s'associer avec Labatut pour acheter en Europe des armes (passablement obsolètes) et des munitions. Ainsi, ils comptent réaliser de substantiels bénéfices en satisfaisant une commande du négus du Shewa, qu'ils auront de cette façon contribué à établir comme unificateur de la région[80], et comme opposant aux harcèlements de l'armée italienne. L'intégrité du pays sera établie lors de la décisive bataille d'Adoua[81] deux décennies plus tard[82]. Après avoir conclu cet accord, qui sera payé ensuite par le père du futur Haïlé Sélassié[80], Arthur rompt brutalement le contrat qui le lie avec la maison Bardey[83]. Quant à Mariam, elle est renvoyée dans son pays avec quelques thalers en poche.

Abyssinie : les itinéraires de Tadjourah à Ankober et d'Ankober à Harar sont visibles dans la partie inférieure droite (carte de 1882).

Fin novembre 1885, Rimbaud débarque dans le petit port de Tadjourah, en terre dankalie, pour monter une caravane en attendant que les armes soient réceptionnées à Aden par Labatut. Lorsque ce dernier arrive fin janvier 1886 avec le chargement (deux mille quarante fusils et soixante mille cartouches), l'organisation de la caravane rencontre des difficultés. D'abord entravés par les exigences financières du sultan qui tire profit de tous convois en partance, les voilà empêchés d'entamer leur expédition à la mi-avril : l'interdiction d'importer des armes vient d'être signée entre Anglais et Français. Les deux associés écrivent alors au ministre des Affaires étrangères le 15 avril pour se sortir de cette impasse[84]. Ils obtiennent gain de cause, mais tout est remis en question quand Labatut, atteint d'un cancer, est obligé de rentrer en France (il mourra en octobre suivant). L'explorateur Ugo Ferrandi (it) rencontre Arthur Rimbaud à ce moment et le décrit ainsi : « Grand, décharné, les cheveux grisonnants sur les tempes, vêtu à l'européenne […] avec des pantalons plutôt larges, un tricot, une veste ample couleur kaki, il ne portait sur la tête qu'une petite calotte également grise et bravait le soleil torride comme un indigène[85]. ».

Avec l'aval officiel du Consul de France, et muni d'une procuration de Pierre Labatut, Rimbaud se tourne vers Paul Soleillet, célèbre commerçant et explorateur, qui lui aussi attend une autorisation pour faire partir sa caravane. En associant leurs convois, ils s'assurent d'une meilleure sécurité pour la traversée du territoire des redoutables guerriers danakils. Hélas, frappé d'une embolie, Soleillet meurt le 9 septembre.

En France, Illuminations et Une saison en enfer sont parus dans les numéros de mai à juin et de septembre 1886 de la revue symboliste La Vogue, sans que l'auteur en ait connaissance.

Se retrouvant seul, Rimbaud part en octobre 1886, à la tête de sa caravane composée d'une cinquantaine de chameaux et d'une trentaine d'hommes armés. La route pour le Choa est très longue : deux mois de marche jusqu'à Ankober[86]. Après avoir traversé les terres arides des tribus danakils sous une chaleur implacable, le convoi franchit la frontière du Choa sans avoir été attaqué par les pillards. Et c'est dans un environnement verdoyant que la caravane atteint Ankober le . Rimbaud y trouve l'explorateur Jules Borelli[87].

Borelli le décrit ainsi :

« M. Rimbaud, négociant français, arrive de Toudjourrah, avec sa caravane. Les ennuis ne lui ont pas été épargnés en route. Toujours le même programme : mauvaise conduite, cupidité et trahison des hommes ; tracasseries et guet-apens des Adal ; privation d'eau ; exploitation par les chameliers...
Notre compatriote a habité le Harar. Il sait l'arabe et parle l'amharigna et l'oromo. Il est infatigable. Son aptitude pour les langues, une grande force de volonté et une patience à toute épreuve, le classent parmi les voyageurs accomplis[88]. »

Carte schématique (au 1:9.300.000) des itinéraires de Rimbaud en Éthiopie de 1880 à 1891 (carte publiée en 1926)

Ménélik est absent, étant parti combattre l'émir Abdullaï pour s'emparer d'Harar. Rimbaud aussitôt arrivé, les chameliers, un créancier de Labatut et la veuve abyssinienne de ce dernier viennent lui réclamer avec insistance ce qui leur est soi-disant dû. Agacé par leur rapacité, il refuse de céder à leurs demandes. Ils s'en plaignent auprès de l'intendant du roi qui abonde en leur sens et le condamne à verser les sommes demandées. Au lieu d'Ankober, Ménélik va revenir en vainqueur à Entoto. Rimbaud se rend là-bas avec Borelli. Sur place, en attendant l'arrivée du roi, Rimbaud entre en contact avec son conseiller, un ingénieur suisse nommé Alfred Ilg avec qui il entretient de bons rapports. Suivi de sa colonne armée, Ménélik arrive triomphalement le 5 mars 1887. Il n'a plus vraiment besoin d'armes ni de munitions, car il en ramène en grande quantité. Il accepte néanmoins de négocier le stock à un prix très inférieur à celui escompté. De surcroît, il ne se prive pas d'exploiter la disparition de Labatut, à qui il avait passé commande, pour retrancher du prix la somme de quelques dettes supposées. Suivant cet exemple, « toute une horde de créanciers » (réels ou opportunistes) de Labatut viennent harceler Rimbaud pour être remboursés à leur tour[89]. Ménélik n'ayant pas d'argent pour le payer, Rimbaud est contraint d'accepter un bon de paiement devant lui être réglé à Harar par le ras Makonnen, cousin du roi.

Fac-similé de la lettre de Ménélik II écrite en juin 1887 à Arthur Rimbaud.

Pour qu'il aille au plus court pour toucher son argent, Ménélik lui donne l'autorisation de prendre la route qu'il a ouverte à travers le pays des Itous. Cette route étant inexplorée, Borelli demande au roi la permission de l'emprunter. Rimbaud quitte donc Entoto le , en compagnie de Borelli. L'itinéraire traverse des régions inexplorées : ils furent ainsi les premiers européens à explorer l'Ogaden dans l'Éthiopie[90]. Leurs observations et descriptions sont scrupuleusement relevées et consignées à chaque étape. Jules Borelli les retranscrit dans son journal de voyage[91]. Rimbaud, pour sa part, transmet ses notes à Alfred Bardey qui les communiquera à la Société de géographie[92]. Au bout de trois semaines, la caravane arrive à Harar. Borelli retourne à Entoto quinze jours après. Rimbaud, quant à lui, doit attendre pour se faire payer, mais le ras Makonnen n'a pas d'argent et transforme son bon de paiement en deux traites payables à Massaoua. Après avoir repris la route en direction de Zeilah, Rimbaud regagne Aden le 25 juillet 1887. Le 30 juillet, il fait un compte-rendu détaillé de la liquidation de sa caravane au vice-consul de France, Émile de Gaspary. Résultat de « cette misérable affaire » : une perte de 60 % sur son capital, « sans compter vingt et un mois de fatigues atroces[93] ».

Avec l'intention de prendre un peu de repos en Égypte, Rimbaud embarque avec son domestique au début du mois d'août 1887 pour encaisser ses traites à Massaouah. Lorsqu'il est arrêté à son arrivée le 5 août 1887 pour défaut de passeport, l'intervention de Gaspary est nécessaire pour lui permettre de poursuivre sa route. Il est alors nanti d'un passeport, de l'argent de ses traites et d'une recommandation du consul de France de Massaouah à l'attention d'un avocat du Caire[94]. Il débarque à Suez pour se rendre en train jusqu'à la capitale, où il arrive le 20 août 1887. Dans une lettre aux siens du 23 août, il se plaint de rhumatismes à l'épaule droite, au bas du dos, à la cuisse et au genou gauche.

Rimbaud entre en relation avec Borelli Bey (Octave Borelli), frère aîné de Jules Borelli et directeur du journal Le Bosphore égyptien. Il lui adresse les notes de son expédition du Choa, publiées dans ce journal les 25 et 27 août 1887[95],[96].

Après avoir placé sa fortune dans une succursale du Crédit lyonnais, Rimbaud ne sait où aller pour travailler à nouveau ; il pense à Zanzibar et à Madagascar. Il sollicite une mission en Afrique à la Société de géographie à Paris, sans succès. Il retourne à Aden début d'octobre 1887. Dans cette ville, les déconvenues de sa livraison d'armes le poursuivent. Il doit encore justifier le paiement d'une dette de Pierre Labatut à un certain A. Deschamps (l'affaire sera soldée le , après d'interminables échanges de courriers). Il souffre toujours de douleurs au genou gauche.

Dernier séjour au Harar (1888 à 1890)

En décembre 1887, malgré divers contacts entrepris, Rimbaud est toujours sans travail. Il revoit Alfred Ilg, de passage à Aden avant de se rendre à Zurich (à la suite de quoi ils correspondront fréquemment). Par ailleurs, le stock d'armes de Paul Soleillet, resté à Tadjourah après sa mort, a été racheté par Armand Savouré. Malgré l'embargo sur ce commerce, celui-ci compte les livrer au roi Ménélik. Pour former sa caravane, il propose à Rimbaud de tenter de se procurer des chameaux auprès du ras de Harar. Pour cela, Arthur retourne sur les terres africaines mi-février 1888, de la côte à Harar ; mais, n'ayant pu convaincre le ras Makonnen, il en revient bredouille un mois plus tard, le 14 mars 1888[97].

no 318 de la série Les Hommes d'aujourd'hui, publié en janvier 1888 (caricature de Luque), texte de Paul Verlaine.

Dans le milieu littéraire parisien, le silence et la disparition inexpliqués du poète Jean-Arthur Rimbaud entourent son nom de mystère et les interrogations qu'il suscite donnent libre cours à toutes sortes de fables — en 1887 on l'a dit mort, ce qui inspire Paul Verlaine pour écrire Laeti et errabundi[98]. En janvier 1888, le même publie à nouveau une étude biographique dans un numéro de la revue Les Hommes d'aujourd'hui consacré au poète disparu.

La route d'Entoto à Harar étant maintenant ouverte, la cité harari devient une étape obligée pour commercer avec le royaume du Choa. Rimbaud est déterminé à s'y installer pour se consacrer à un commerce plus orthodoxe (café, gomme, peaux de bêtes, musc (de civette), cotonnade, ivoire, or, ustensiles manufacturés, et fournisseur de chameaux pour caravanes). Il contacte César Tian, un important exportateur de café d'Aden, pour le représenter à Harar ; offre sa collaboration à Alfred Bardey à Aden ; à Alfred Ilg au Choa ; et à Constantin Sotiro, son ancien assistant, qui s'est établi à Zeilah en Somalie. Ces accords conclus, il part édifier son comptoir : départ le 13 avril 1888 pour Zeliah, arrivée à Harar le  ; il ouvre alors un commerce à son nom.

Les années 1888, 1889 et 1890 sont consacrées à l'exploitation de sa factorerie à Harar. Après la satisfaction des débuts, l'humeur devient maussade. Rimbaud s'ennuie, ainsi qu'il l'écrit à sa famille dans une lettre datée du 4 août 1888 : « Je m'ennuie beaucoup, toujours ; […] n'est-ce pas misérable, cette existence sans famille, sans occupation intellectuelle […] ? » Le 25 septembre 1888, il offre l'hospitalité à l'explorateur Jules Borelli qui, venant du Choa, fait une halte d'une semaine avant de regagner le port de Zeilah. Rimbaud lui obtient des chameaux[99]. Quelques semaines après, c'est au tour d'Armand Savouré, qui a enfin réussi à livrer son stock d'armes au négus du Shewa, Ménélik. Dans leurs témoignages, tous deux décriront Rimbaud comme un être intelligent, peu causant, sarcastique, ne livrant rien sur sa vie antérieure, vivant très simplement, s'occupant de ses affaires avec précision, honnêteté et fermeté[101].

De retour de Zurich, Alfred Ilg est hébergé par Rimbaud du 23 décembre 1888 au , le temps d'attendre la fin des affrontements entre Issas et Gallas pour transporter en toute sécurité ses marchandises et celles de son hôte jusqu'à Entoto. Les affaires avec le conseiller du roi marcheront en bonne entente jusqu'au bout. Une autre visite est celle d'Édouard Joseph Bidault de Glatigné (1850-1925), photographe-reporter dans la région, qui séjourne fin 1888, début 1889 dans la maison de Rimbaud située juste à côté de la Factorerie ; il écrit sur ce séjour à la Société de géographie de Paris, y joignant un cliché[102].

Une vue de la ville de Harar en Éthiopie.

Le ras Makonnen quitte la ville en novembre 1888 pour rejoindre son cousin le roi qui se prépare à entrer en guerre contre l'empereur Johannès IV. Cette guerre n'aura pas lieu, car au mois de mars 1889, l'empereur « eut l'idée d'aller d'abord flanquer une raclée aux mahdistes du côté de Metemma. Il y est resté, que le Diable l'emporte[103] ! » L'empereur Jean (Johannès IV) est assassiné en mars 1889. Le 3 novembre 1889, Ménélik devient Negusä nägäst (Roi des Rois) d'Éthiopie sous le nom de Ménélik II.

Il faut souligner ici que le mythe faisant de Rimbaud un négrier est infondé : « N'allez pas croire que je sois devenu marchand d'esclave », avait-il déjà écrit à sa famille le 3 décembre 1885. Il est seulement vrai qu'il demande à Ilg, dans une lettre datée du 20 décembre 1889, « deux garçons esclaves pour [son] service personnel ». Si la traite est interdite par Ménélik, elle se fait clandestinement et beaucoup d'Européens possèdent des esclaves comme domestiques sans que cela soit considéré blâmable. Le , l'ingénieur lui répond : « pardonnez-moi, je ne puis m'en occuper, je n'en ai jamais acheté et je ne veux pas commencer. Je reconnais absolument vos bon[ne]s intentions, mais même pour moi je ne le ferai jamais. »

À la veille de Noël 1889, une caravane est attaquée par une tribu sur la route somalienne de Zeilah à Harar. Deux missionnaires et une grande partie des chameliers sont assassinés. À la suite des représailles qui se soldent par des pertes importantes dans les rangs anglais, les routes commerciales sont coupées jusqu'à la mi-mars 1890. Le manque à gagner que cela occasionne est sujet de conflit avec César Tian.

Liquidation du comptoir et retour en France (fin 1890 - début 1891)

En 1890, Rimbaud songe à se rendre à Aden pour liquider ses affaires avec César Tian. Ensuite, il se rendrait en France dans l'espoir de se marier. À Paris, Anatole Baju, rédacteur en chef de la revue Le Décadent, divulgue des renseignements reçus sur Arthur Rimbaud : il est vivant et vit à Aden. Le , Laurent de Gavoty, directeur de la revue littéraire marseillaise La France moderne, lui écrit par le biais du consul de France à Aden pour dire qu'il a lu ses « beaux vers » et qu'il serait « heureux et fier de voir le chef de l'école décadente et symboliste » collaborer pour sa publication[105]. Edmond de Goncourt note dans son journal, à la date du 8 février 1891 : « Darzens nous apprend que Rimbaud est maintenant établi marchand à Aden et que dans les lettres qu'il lui écrivait il parlait de son passé comme d'une énorme fumisterie[106]. »

Vue d'Aden en 1920.

Dans une lettre écrite le 20 février 1891, Arthur Rimbaud demande à sa mère de lui faire parvenir un bas à varices, car il en souffre à la jambe droite depuis plusieurs semaines. Il lui signale aussi une « douleur rhumatismale » au genou droit. Il pense que cette infirmité lui a été causée « par de trop grands efforts à cheval, et aussi par des marches fatigantes ». Un médecin, consulté un mois plus tard, lui conseille d'aller se faire soigner en Europe le plus rapidement possible. Bientôt, ne pouvant plus se déplacer, il dirige ses affaires en position allongée. Au vu de l'aggravation rapide de son mal de genou et de l'état de raideur de sa jambe, il liquide à la hâte toutes ses marchandises pour quitter le pays. Il est transporté par des porteurs sur une civière construite selon ses plans ; la caravane prend le départ au matin du 7 avril 1891. Djami, son domestique, est du voyage. Malgré les souffrances, accentuées par l'inconfort, les intempéries et la longueur du déplacement, il note les faits marquants de chaque étape jusqu'à son arrivée au port de Zeïlah, le 18 avril[107]. Débarqué à Steamer Point trois jours après, Rimbaud est hébergé chez César Tian, le temps pour eux de régler leurs comptes. Il est hospitalisé aussitôt après ; les médecins lui diagnostiquent une synovite à un stade si avancé qu'une amputation semble inévitable. Cependant, on lui accorde quelques jours de repos pour en mesurer les éventuels bienfaits. Devant le peu d'amélioration, il lui est conseillé de rentrer en France. Le 9 mai, on l'embarque sur l'Amazone, un trois-mâts goélette à vapeur des Messageries maritimes, à destination de Marseille[108].

Rimbaud et l'islam

Selon l'explorateur Ugo Ferrandi qui le voyait régulièrement, ses propos ayant été repris par Alain Borer dans son ouvrage Rimbaud en Abyssinie[109], Arthur Rimbaud possédait un Coran annoté par son père, et un second acheté chez Hachette en 1883. Afin de se fondre dans la population et d'être mieux perçu, il adoptait les us et coutumes du pays où il séjournait et n'hésitait pas à revêtir le costume d'un marchand arabe. Mais Borer nie que Rimbaud se soit jamais converti à l'islam. Le Dictionnaire Rimbaud, de même, ajoute en se fondant sur les propos de Ferrandi que Rimbaud donnait des conférences sur le Coran, qu'il était un « arabisant érudit », mais n'affirme pas que Rimbaud se serait converti à l'islam[110].

Par ailleurs, selon Savouré, cité par Alain Borer dans sa biographie, Rimbaud « est parti vers 1886-1887, prêchant le Coran comme moyen de pénétrer dans des régions alors inconnues de l'Afrique ». Cela lui valut d'être battu, une fois, du fait de ses interprétations personnelles[109]. Selon Ines Horchani, ce qui est remarquable dans le lien qu'entretient Rimbaud avec l'islam, c'est son intérêt constant pour le Coran dans ses deux vies — sa vie de poète et sa vie de négociant — et dans ses deux œuvres — ses poésies de jeunesse et ses correspondances de voyage. Ines Horchani montre que ce qui paraît avoir guidé les lectures que fait Rimbaud du Coran, à quinze ans comme à plus de trente ans, c’est sa quête de sagesse. Et étonnamment, ce qui le déçoit à quinze ans dans le texte sacré des musulmans semble l’aider à vivre les années sombres qui précèdent sa mort. À quinze ans, dans Une saison en enfer, il parle de la « sagesse bâtarde du Coran ». Et plus tard dans sa vie, il écrit aux siens du Harar en 1883, « Comme les musulmans, je sais que ce qui arrive arrive, et c’est tout » ou encore depuis Aden en 1885 : « Enfin, comme disent les musulmans : C’est écrit ! – C’est la vie. »[111].

Sa sœur, Isabelle Rimbaud, rapporte de son côté les délires mystiques d'Arthur sur son lit de mort : il se serait écrié à maintes reprises « Allah Kérim » (« Dieu est généreux » ou « c'est la volonté de Dieu »)[112]. En se fondant sur ses dires, le poète Malcolm de Chazal affirme, contrairement à Alain Borer, que « Rimbaud au Harrar s'était converti à la foi musulmane et pratiquait »[113]. C'est aussi ce qu'affirme, peut-être exagérément, le cheikh Si Hamza Boubakeur (orthographié à tort « Borbakeur » par Borer), dans la présentation de sa traduction du Coran[114].

Mai à août 1891 : convalescence et opération

Arthur Rimbaud est débarqué à Marseille le . « Me trouvant par trop faible à l'arrivée ici, et saisi par le froid, j'ai dû entrer ici à l'hôpital de la Conception […]. Je suis très mal, très mal, je suis réduit à l'état de squelette par cette maladie de ma jambe droite, qui est devenue à présent énorme[115]… » Les médecins diagnostiquent un néoplasme de la cuisse. Le 22, on lui annonce qu'il va falloir l'amputer. Il envoie immédiatement un télégramme à sa famille pour que l'une ou l'autre vienne à Marseille régler ses affaires. Sa mère lui répond aussitôt en lui annonçant son arrivée pour le lendemain, 23 mai au soir.

Arthur Rimbaud mourant, dessiné par sa sœur Isabelle.

Après l'opération, le lundi , Rimbaud reçoit des lettres de sympathie de Constantin Sotiro et César Tian[Qui ?][116]. Le 8 juin, madame Rimbaud écrit à sa fille pour lui annoncer son nécessaire retour à la ferme de Roche malgré les supplications de son fils pour qu'elle reste auprès de lui. La cicatrisation faite, il ne subsiste qu'une douleur localisée. Le 24 juin, il s'exerce à se déplacer avec des béquilles. Le 2 juillet, il écrit qu'il a commandé une jambe de bois. D'autre part, maintenant qu'il se trouve en France, il s'inquiète inconsidérément, malgré son état, concernant sa période d'instruction militaire à laquelle il a réussi à se soustraire jusqu'à présent. Craignant de se faire piéger en retournant auprès des siens, il les charge de faire le nécessaire pour éclaircir sa situation. Le 8 juillet, sa sœur l'informe qu'il peut obtenir son congé définitif comme réformé en se présentant devant les autorités militaires de Marseille ou de Mézières. En juillet, Rimbaud ne peut se servir de sa jambe artificielle, car elle enflamme le moignon. En attendant qu'il se renforce, il continue à « béquiller », mais, à la longue, cela lui occasionne de fortes névralgies dans le bras et l'épaule droite ainsi que dans sa jambe valide.

Le 23 juillet, suivant le conseil de son médecin, il quitte l'hôpital. Arrivé le lendemain en gare de Voncq, il se fait conduire à la ferme de Roche. Ni ses anciens amis ni son frère ne sont avertis de son retour. Au lieu de s'améliorer, son état empire. Les insomnies et le manque d'appétit le reprennent. Les douleurs occasionnées par les béquilles, la jambe de bois ou les promenades en carriole le contraignent bientôt à l'inactivité. Le médecin constate une augmentation de volume du moignon et une rigidité du bras droit[117]. Mais, ne renonçant pas à retourner au Harar, il prend la résolution de retourner se faire soigner à Marseille, ainsi il serait « à portée de se faire embarquer pour Aden, au premier mieux senti[118] ». Le 23 août, il reprend le train pour Marseille accompagné de sa sœur Isabelle. Après le calvaire subi tout au long du voyage, il est admis à l'hospice de la Conception le lendemain soir.

Septembre à novembre 1891 : maladie et mort à Marseille

Tombe d'Arthur Rimbaud à Charleville-Mézières.

« Mais la noire alchimie et les saintes études
Répugnent au blessé, sombre savant d'orgueil ;
Il sent marcher sur lui d'atroces solitudes.
Alors, et toujours beau, sans dégoût du cercueil,
Qu'il croie aux vastes fins, Rêves ou Promenades
Immenses, à travers les nuits de Vérité
Et t'appelle en son âme et ses membres malades
Ô Mort mystérieuse, ô sœur de charité. »

— « Les Sœurs de Charité », 1871

Isabelle Rimbaud, qui loge en ville, se rend tous les jours à son chevet. Un mois plus tard, elle rapporte à sa mère les réponses faites à ses questions par les médecins : « Sa vie est une question de jours, de quelques mois peut-être[119] ». Le 20 octobre 1891, il a trente-sept ans. Selon la lettre exaltée qu'Isabelle écrit huit jours après à sa mère, son frère aurait manifesté une ferveur mystique exacerbée durant cette épreuve. Arthur Rimbaud va alors à une messe et se confesse. Isabelle Rimbaud décrit : « Quand le prêtre est sorti, il m'a dit en me regardant d'un air troublé, un air étrange : « Votre frère a la foi, mon enfant. Que nous disiez-vous donc ? Il a la foi, et je n'ai même jamais vu de foi de cette qualité » »[120],[121]. Dans sa lettre, Isabelle décrit aussi la progression du cancer : son bras droit enflé, le gauche à moitié paralysé, son corps en proie à de vives douleurs, sa maigreur. Elle raconte ses délires, lors desquels il l'appelle parfois Djami[122].

Le 9 novembre, il dicte à sa sœur un message sibyllin, débutant par un inventaire obscur évoquant des « lots » de « dents » (dont on peut supposer qu'il s'agit en fait de défenses en ivoire) : « M. le Directeur, […] envoyez-moi donc le prix des services d'Aphinar à Suez. Je suis complètement paralysé donc je désire me trouver de bonne heure à bord. Dites-moi à quelle heure je dois être transporté à bord... » Il meurt le lendemain, mardi 10 novembre — à dix heures du matin selon l'état civil[123], deux heures de l'après-midi selon sa sœur[124] —, d'une « carcinose généralisée[125] ». Son corps est ramené à Charleville, où les obsèques se déroulent le dans l'intimité la plus restreinte[126],[127]. Seul un article du journal L'Écho de Paris fera état de son décès, dans sa rubrique nécrologique du [128].

Arthur Rimbaud est inhumé dans le caveau familial auprès de son grand-père, Jean Nicolas Cuif, et de sa sœur Vitalie[129]. En 1907, sa mère, morte à Roche le , à l'âge de 82 ans, les y rejoint. Son frère Frédéric meurt à 58 ans des suites d'une fracture d'une jambe, le , à Vouziers. Sa sœur Isabelle se marie en 1897 avec Paterne Berrichon — tous deux se voudront les gardiens de la mémoire du poète ; elle meurt à 57 ans d'un cancer, le , à Neuilly-sur-Seine.

Œuvres

Liste chronologique des poèmes en vers et en prose

Premières éditions des œuvres poétiques et de la correspondance

Couverture de la 1re édition des « Poésies complètes » de Rimbaud.

Éditions récentes des poèmes et de la correspondance

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

. Rimbaud-Oeuvres complètes, introduction de Tristan Tzara. Lausanne. H.Kayser. 1948. 2 tomes 370 et 363 p. 2000 ex.

Regards sur l'œuvre

« Le Bateau ivre »

« Le Bateau ivre » rue Férou à Paris.

Le poème a probablement été composé dans les Ardennes, avant le départ de Rimbaud pour Paris en septembre 1871. Il est vraisemblable qu'il ait voulu présenter aux poètes établis qu'il allait y rencontrer une œuvre qui fût l'aboutissement de sa période d'initiation, à la manière des apprentis présentant leur chef-d'œuvre[139]. Il aurait lu ce poème au dîner des Vilains Bonshommes le 30 septembre 1871[140]. Une copie en a été faite par Verlaine durant ce séjour parisien[141].

De nombreuses œuvres ont été citées comme ayant pu influencer ce texte mystérieux de Rimbaud, dont Les Aventures d'Arthur Gordon Pym d'Edgar Allan Poe, « Le Voyage » de Charles Baudelaire, ou encore Vingt mille lieues sous les mers de Jules Verne[139]. Les mots « Moi, l'autre hiver… » peuvent être une allusion à son propre parcours, et à cet hiver difficile entre 1870 et 1871, durant lequel il a rompu les amarres avec les études et la vie carolopolitaine[141].

Une saison en enfer

Ce recueil présente la particularité d'être le seul dont Rimbaud ait lui-même géré la publication, se mettant, pour cela, en relation avec un éditeur de Bruxelles en août ou septembre 1873, pour une édition à compte d'auteur, grâce à une avance de fonds de sa mère[142],[143]. Verlaine y voit une « prodigieuse autobiographie spirituelle » de Rimbaud[144]. C'est une succession de proses, en apparence différentes dans leurs thèmes et leurs intentions, où il retrace à sa manière cette période de septembre 1871 à juillet 1873, durant laquelle il a finalement frôlé la mort, lors du « drame de Bruxelles » entre lui et Verlaine. Le texte a été daté par lui en fin de manuscrit : « avril-août, 1873 ».

Dans « Mauvais Sang », il évoque l'être primitif qui l'habite, refusant les valeurs de la société. Il se dit marqué par son hérédité qui l'écarte de la voie menant au bonheur. Dans « Nuit de l'enfer », il décrit les hallucinations et la tentation du mysticisme. L'écriture chaotique est sans cesse traversée par une multiplicité de voix intérieures. « Délires » est un point culminant du recueil ; traversé par des cris de révolte contre la société du XIXe siècle qui enferme l'individu, Rimbaud fait part au lecteur de ses échecs : échec amoureux — et l'on peut penser à sa relation avec Verlaine, mais aussi au fait que pour lui, « l'amour est à réinventer » ; échec aussi de sa démarche de Voyant : c'est un être qui, seul, a voulu se damner pour retrouver le vrai sens de la poésie, l'Alchimie du verbe[142].

Les Illuminations

Il reste des zones d'ombre sur ce que Verlaine a appelé « de superbes fragments »[145], édités sous le titre Illuminations. Ces textes auraient été composés entre 1872 et 1875, selon le récit de Verlaine, mais il n'y a pas de manuscrit proprement dit : uniquement des feuillets détachés, sans pagination, réunis à l'occasion de la publication dans un ordre non défini par l'auteur[146].

Apport poétique

« Sensation »
(poème mural à Leyde).

Sur le plan de la forme, Arthur Rimbaud, d'abord imitateur doué, a pratiqué une versification de plus en plus ambitieuse, évoluant très rapidement, jusqu'à « déglinguer » littéralement la mécanique ancienne du vers, autour de 1872, dans les trois quatrains de « Tête de faune » puis dans un ensemble de compositions souvent réunies sous le titre apocryphe de Derniers vers, ou encore de Vers nouveaux et chansons (selon son ami Ernest Delahaye, il aurait rêvé d'un recueil intitulé Études néantes)[147].

Avec un penchant pour l'hermétisme qu'il partage avec d'autres poètes contemporains, ou quasi contemporains, comme Gérard de Nerval, Stéphane Mallarmé, et quelquefois Paul Verlaine, Rimbaud a le génie des images saisissantes, et des associations surprenantes[148]. Outre les propos des deux lettres dites « du voyant », les poèmes souvent cités à cet égard sont « Le Bateau ivre » et « Voyelles », ainsi que les proses des Illuminations. Il y a une grande hétérogénéité de forme dans son œuvre, et des ruptures. Influencé initialement par les parnassiens, il n'hésite pas, par la suite, à casser une forme lyrique trop littéraire à ses yeux, à recourir à un langage technique ou populaire, voire grossier, à employer la dérision[149]. Puis, il invente le vers libre en France avec deux poèmes des Illuminations : « Marine » et « Mouvement »[150]. Certains symbolistes, comme Gustave Kahn, se sont attribué « l'invention » du vers libre, mais ce dernier avait justement contribué en 1886 à la première publication des Illuminations (dont les textes sont antérieurs à cette publication d'au moins une dizaine d'années) et aucune production significative de poème en vers libre non rimbaldien n'a été attestée à une date antérieure[150]. Rimbaud a donné ses lettres de noblesse à un type de poème en prose distinct d'expériences plus prosaïques du type du Spleen de Paris de Baudelaire. Les ressources poétiques de la langue sont encore exploitées sous un jour différent dans le recueil en prose pseudo-autobiographique Une saison en enfer.

Ainsi, son œuvre a considérablement influencé la poésie du XXe siècle. De nombreux auteurs s'en sont réclamés, tels Alfred Jarry, Antonin Artaud, Roger Vitrac, René Char, et tous les surréalistes[151], sans oublier les poètes de la revue Le Grand Jeu comme René Daumal et Roger Gilbert-Lecomte[152], ou encore Henri Michaux[153]. Dans la culture populaire, certains artistes-interprètes du rock à partir du milieu des années 1960, notamment aux États-Unis Bob Dylan, Jim Morrison et Patti Smith (cf. l'album Radio Ethiopia dédié à Rimbaud ou encore les paroles de la chanson « Land » sur l'album Horses), ainsi que des artistes d'autres domaines[précision nécessaire], se sont déclarés influencés aussi bien par sa poésie que par son parcours[154].

Néologismes

  • « abracadabrantesque » (« Le Cœur volé »)
  • « pioupiesque » (« Le Cœur volé »)
  • « bleuïtés » (« Le Bateau ivre »)
  • « nacreux » (« Le Bateau ivre »)
  • « bombiner » (« Voyelles »)
  • « robinsonner » (« Roman »)
  • « percaliser » (« Les Assis »)
  • « boulus » (« Les Assis »)
  • « hargnosités » (« Les Assis »)
  • « s'illuner » (« Les Poètes de sept ans »)
  • « La Daromphe » (dans ses lettres, surnom donné à sa mère, forgé à partir de daronne)

Iconographie

Portraits de Rimbaud par ses contemporains

Source : Jean-Jacques Lefrère, Face à Rimbaud, éd. Phébus, 2006.

Arthur Rimbaud, photographe

Comptant partir pour le continent africain, Arthur Rimbaud écrit à sa famille le pour leur annoncer qu'il a commandé au colonel P. Dubar[175], à Lyon tout le matériel photographique nécessaire afin d'en tirer « une petite fortune, en peu de temps, […] les reproductions de ces contrées ignorées et des types singuliers qu'elles renferment devant se vendre en France[176] ». Il reçoit enfin son appareil en mars 1883.
Installé dans la succursale de Harar, en avril, Rimbaud fait parvenir trois photographies à sa famille : « …de moi-même par moi-même. […] Ceci est seulement pour rappeler ma figure, et vous donner une idée des paysages d'ici[177]… » Le 20 mai, il leur écrit : « La photographie marche bien. C'est une bonne idée que j'ai eue. Je vous enverrai bientôt des choses réussies. » Le 26 août 1883, Rimbaud écrit à Bardey qui est à Vichy : « J'avais lâché ce travail [de photographe] à cause des pluies… Je vais le reprendre avec le beau temps et je pourrais vous envoyer des choses vraiment curieuses. »

De retour à Aden, en janvier 1885 : « Je ne vous envoie pas ma photographie ; j'évite avec soin tous les frais inutiles[178]. » Et le  : « L'appareil photographique, à mon grand regret, je l'ai vendu, mais sans perte. »

Nous ignorons le nombre de photographies faites par Rimbaud. Il s'agit d'épreuves d'époque au citrate réalisés par contact à partir de négatifs sur plaque de verre d'un format 13 × 18 cm avec émulsion de gélatine et bromure d'argent.

Voici les seules qui nous sont parvenues identifiées :

  • Autoportrait, « …debout sur une terrasse de la maison[177] [Mazeran, Viannay et Bardey de Harar]… » (18 × 13 cm), 1883[179].
  • Autoportrait, « …debout dans un jardin de café[177] [au Harar]… » (18 × 13 cm), 1883[180].
  • Autoportrait, « …les bras croisés dans un jardin de bananes[177] [au Harar] » (18 × 13 cm), 1883[181].
  • Sotiro, l'adjoint de Rimbaud[183], en tenue de chasseur parmi des bananiers du « jardins de Raouf Pacha »[184].
  • Cour intérieure de la maison Bardey (sur la gauche, on aperçoit la rampe de l'escalier qui mène à la terrasse où Rimbaud s'est photographié). Au verso de cette photographie, est inscrit : « Vue du magasin de manutention. Fabricant de daboulas (sac en cuir) à l'heure du Kât (Khat) »[185], (122 × 16 cm), 1883.
  • La place du marché de Harar[186].
  • La coupole du mausolée de Cheikh-Ubader, père protecteur de la ville de Harar ; lieu vénéré des Hararis (12 × 17 cm)[186].

Une huitième photographie serait, selon Serge Plantureux, mentionnée au catalogue de la bibliothèque de Charleville-Mézières : Portrait de Ahmed Ouady, militaire égyptien[187].

En 2019, Hugues Fontaine découvre dans les fonds du Weltmuseum de Vienne (Autriche) trois photographies prises par Arthur Rimbaud en Afrique vers 1887[188]. Celles-ci font partie des archives de l'explorateur autrichien Philipp Paulitschke, qui précise dans son registre que les clichés auraient été pris par Rimbaud. Ces trois photographies représentent un guerrier éthiopien se faisant laver les pieds par un enfant, la Katama (citadelle) de Ras Darghé, et enfin deux enfants autour d'une table[189]. Le musée Arthur Rimbaud a dédié en 2019 une exposition à « Rimbaud photographe », qui dévoilait notamment ces trois photographies.

Portraits posthumes

Illustrations de l'œuvre

Adaptations musicales de l’œuvre

Opéras

  • Lorenzo Ferrero : Rimbaud, ou Le Fils du soleil, opéra en trois actes, 1978.
  • Matthias Pintscher : L'Espace dernier, « théâtre musical en quatre parties sur des textes et images autour de l'œuvre et de la vie d'Arthur Rimbaud », 2004 (créé à l'Opéra-Bastille).

Poèmes mis en musique contemporaine

Poèmes mis en chansons

Hommages

Musées

  • 1994 : inauguration du musée Rimbaud, quai Arthur-Rimbaud, à Charleville-Mézières, dans l'ancien moulin ducal de Charles de Gonzague.
  •  : inauguration de la « maison Rimbaud », à Harar. Malgré le nom qui lui a été attribuée, cette vaste et luxueuse bâtisse en bois à étages d'inspiration indienne, ne fut pas habitée par Arthur Rimbaud, car construite après sa mort.
  •  : jour anniversaire des 150 ans de sa naissance : inauguration de la Maison des Ailleurs, 7 quai Arthur-Rimbaud, à Charleville-Mézières. La famille Rimbaud l'habita de 1869 à 1875.

Monuments

Plaques commémoratives

Parcours Rimbaud à Charleville-Mézières

Depuis 2015, la ville de Charleville-Mézières fait réaliser des fresques monumentales réinterprétant les poèmes d'Arthur Rimbaud par le street art, afin de permettre aux promeneurs de lire sa poésie directement depuis l'espace public[205].

Romans

Bandes dessinées

Hommages en chansons

Cinéma

Émissions de radio

Pièces de théâtre

  • Et Dieu créa Rimbaud, pièce écrite par Michael Zolciak, avec Vincent Marbeau et Jonathan Kerr, jouée en novembre et décembre 2015 : à la Comédie Saint-Michel à Paris.
  • Une Saison en enfer, mise en scène et avec Carole Bouquet, théâtre Hébertot, 2017.
  • Une Saison en enfer, mise en scène d'Ulysse Di Gregorio, avec Jean-Quentin Châtelain, théâtre du Lucernaire, 2017.

Logiciel informatique

En 1991, année de célébration de la disparition du poète, est lancé le logiciel ARThur, conçu sur Amiga par Claude Douay et Michel Fages (pour Rimage) dans le but de mieux percevoir la pertinence visionnaire du poème « Voyelles », utilisé tel un algorithme informatique : il suffisait d'y rentrer un texte en ASCII ou de saisir un mot au clavier pour obtenir rapidement une palette, incrémentée par la présence des voyelles itérées pour l'occasion, et mise en œuvre dans des infographies abstraites (sur le modèle fractal) avec une genèse aussitôt perceptible à l'écran. Ce fut le premier logiciel bureautico-graphique « certifié rigoureusement inutile »[209].

Horticulture

Rose 'Arthur Rimbaud'.

Festivals

Un Festival de cinéma indépendant porte son nom : Les Rimbaud du Cinéma.

Le Festival de musique « Le cabaret vert » qui a lieu chaque année à Charleville-Mézières, a pris cette dénomination en référence à un poème d'Arthur Rimbaud.

Timbres

Débat pour une entrée au Panthéon

En , une centaine d'intellectuels et écrivains, soutenus par neuf anciens ministres de la Culture et par la ministre en titre, Roselyne Bachelot, défendent l'entrée au Panthéon de Rimbaud « en même temps » que Paul Verlaine. Leur pétition, qui met en avant l'homosexualité des poètes (mais ne propose pas de les faire rentrer au Panthéon « en couple »), est signée par plus de 5 000 personnes et les 2 000 membres de la fondation Verlaine et Rimbaud[211],[212]. Elle suscite immédiatement un vif débat. L'arrière-arrière petite-nièce de Rimbaud s'oppose à cette « panthéonisation », mais sans en avoir le droit moral ni juridique[213]. D'autres écrivains et universitaires expriment également leur désapprobation à travers plusieurs appels et textes[214]. Dans le monde politique et en opposition très forte aux anciens ministres signataires, Dominique de Villepin, auteur de plusieurs essais sur la poésie, signe lui aussi une tribune dans Le Monde pour s'insurger contre ce projet qui « serait trahir ces esprits rebelles » et « réduire leur œuvre respective à leur passion amoureuse »[215].

On relève notamment que la majorité des critiques reconnus ayant écrit de multiples essais sur Rimbaud, ou dirigé les éditions de son œuvre, tels Pierre Brunel, André Guyaux, Jean-Luc Steinmetz ou Steve Murphy, s'opposent tous à ce projet, qui leur semble une récupération et dénaturation de la révolte « libre » du poète[216]. Et de même que les surréalistes s'élevèrent contre l'édification d'une statue de Rimbaud à Charleville en 1927[217], la plupart des écrivains et poètes vivants ayant écrit sur Rimbaud, s'opposent à cette célébration, comme Gérard Macé, Marcelin Pleynet, Alain Borer, Bernard Noël, Christian Prigent, Pierre Michon[218]. Outre la récupération et la dénaturation, beaucoup d'opposants dénoncent une procédure institutionnelle incohérente par rapport à la personnalité du poète ainsi que la superficialité d'une association à une homosexualité qui ne reste pas avérée[219]. Au-delà de la question du Panthéon, ce très vif débat confirme à la fois la place de « l'enjeu homosexuel » à travers cette commémoration et l'importance de Rimbaud dans l'imaginaire français. Dans un courrier daté du adressé à l'avocat de la famille, le Président de la République française Emmanuel Macron rejette l'idée d'une entrée au Panthéon et adopte ainsi le souhait de la famille de conserver la sépulture du poète dans le caveau familial[220].

Écoles

Notes et références

  1. Henri Meschonnic, « Il faut être absolument moderne, un slogan de moins pour la postérité », Modernité modernité, coll. Folio-Essais, Gallimard, 1994, p. 121-127.
  2. « Visionneuse - Archives départementales des Ardennes », sur archives.cd08.fr (consulté le ), p. 316
  3. « Série du greffe : naissances. (3E/3134) », sur Mnesys (consulté le )
  4. « Base de données Léonore Archives nationales, Cote: LH//2332/37 » (consulté le )
  5. « Roche-et-Méry 1821-1827, Naissances : acte du 11 mars 1825 », sur archives.cd08.fr (consulté le ), vue 16
  6. « 1849-1853 - Mariages : acte no 7 du 8 février 1853 », sur archives.cd08.fr (consulté le )
  7. « Charleville - Naissances 1852-1854 : acte no 159 du 3 novembre 1853 », sur archives.cd08.fr (consulté le )
  8. Cécile-A., « Une trouvaille aux Archives ! », sur Gamory, (consulté le )
  9. « Charleville, Naissance 1855-1857 : acte no 92 du 6 juin 1857 », sur archives.cd08.fr (consulté le ).
  10. « Charleville 1858-1860 : acte no 122 du  », 2E105 79, Archives départementales des Ardennes, vue 63.
  11. Archives des Ardennes en ligne, acte no 112 du 3/6/1860, vue 320
  12. Lefrère 2020, p. 30.
  13. Le poème est daté du « 26 mai 1871 », mais il ne s'agirait que d'une date symbolique. Le poète qui n'aime pas « Dieu ; mais les hommes […] Noirs, en blouse » commémorait vraisemblablement la Semaine sanglante. Dans le même ordre d'idées, le poème « Les Pauvres à l'Église » est daté évasivement de 1871 dans une lettre du mois de juin. Certains poèmes pourraient être plus anciens qu'on ne le croit de quelques mois.
  14. Henri Matarasso, Album Rimbaud..., Gallimard, (OCLC 583914711).
  15. « Les premiers dessins du poète Rimbaud à 10 ans », sur bfmtv.com (consulté le )
  16. C'est sous ce nom qu'existait alors en province le Concours général. Cf. Lefrère 2001, p. 24.
  17. Lefrère 2001, p. 54.
  18. Lettres d'Arthur Rimbaud à Ernest Delahaye sur mag4.net.
  19. Lefrère 2020, p. 94.
  20. Possible référence au poème de Victor Hugo « Ce que dit la bouche d'ombre » dans Les contemplations.
  21. Lefrère 2020, p. 124.
  22. Lettre écrite le , au lendemain de la proclamation de la République.
  23. Georges Izambard, Rimbaud tel que je l'ai connu, Mercure de France, 1963, chapitre XIII, p. 111.
  24. Lettre datée du .
  25. Georges Izambard, Rimbaud tel que je l'ai connu, Mercure de France, 1963, chapitre IV, p. 33-34.
  26. Arthur Rimbaud, « Au Cabaret Vert, cinq heures du soir » Accès libre, sur Poetica, (consulté le ).
  27. Après avoir été en possession de divers collectionneurs, ils sont conservés au département des Manuscrits de la British Library de Londres, depuis 1985.
  28. Pseudonyme emprunté à Jean Baudry, comédie d'Auguste Vacquerie, créée au Théâtre-Français en .
  29. Texte découvert en avril 2008 à Charleville-Mezières par Patrick Taliercio, cinéaste, lors du tournage d'un documentaire sur "La 2ème fugue de Rimbaud" et authentifié par Jean-Jacques Lefrère, spécialiste de Rimbaud et auteur de plusieurs ouvrages sur le poète, dans Le Figaro du . Ainsi, « Le Rêve de Bismarck » figure dans la troisième édition de la Pléiade des Œuvres complètes de Rimbaud, réalisée sous la direction d'André Guyaux, parue en février 2009.
  30. Notamment celui d'Ernest Delahaye qui, dans Souvenirs familiers à propos de Rimbaud, Verlaine et Germain Nouveau, éditions Albert Messein 1925, raconte une anecdote, tenue de Rimbaud et située à Villers-Cotterêts sur le trajet de son retour à pieds de Paris à Charleville après ce séjour durant la Commune.
  31. (en) « Full text of "Revue d'Ardenne et d'Argonne" », sur archive.org (consulté le ).
  32. Selon Paul Verlaine, Rimbaud aurait composé à la suite de la semaine sanglante (du 21 au 28 mai) un poème intitulé « Les Veilleurs », probablement en alexandrins et comptant 52 vers, que Verlaine décrit dans Les Poètes maudits comme « ce que M. Arthur Rimbaud a écrit de plus beau, de beaucoup ! » Ce poème n'a pas été retrouvé.
  33. Claude Jeancolas, Rimbaud, Flammarion, 1999, p. 335.
  34. Théodore de Banville lui aurait demandé pourquoi il n'avait pas écrit « Je suis comme un bateau ivre... », à la suite de quoi il l'aurait traité de « vieux con ». Arthur Rimbaud – Œuvres, Pocket Classiques, préface de Pascaline Mourier-Casile (1990), p. 16
  35. Par Charles de Saint Sauveur Le 4 août 2019 à 11h19, « Le jour où Paul Verlaine a tout plaqué pour suivre Rimbaud », sur leparisien.fr, (consulté le )
  36. « Découverte d’une lettre de Rimbaud », Frédéric Thomas, sur Parade sauvage, revue d'études rimbaldiennes,
  37. Arthur Rimbaud: Briefe und Dokumente (Berlin, 2021, S. 214–226). Documentation de la lettre à Jules Andrieu en allemand, Übersetzt und erläutert von Curd Ochwadt [Traduit et commenté par Curd Ochwadt]. Erweiterte Neuausgabe 2021 [Nouvelle édition augmentée 2021].
  38. Selon le journal tenu par sa sœur Vitalie.
  39. Lettre adressée à Ernest Delahaye, vraisemblablement datée du par erreur, car le cachet de la poste affiche la date du , selon Pierre Petitfils, Rimbaud, éd. Julliard, coll. « Les Vivants », 1982, p. 247).
  40. Lettre de Verlaine à Delahaye du .
  41. Arthur Rimbaud : Œuvre-vie, établie par Alain Borer, éd. Arléa, 1991, p. 461.
  42. aujourd'hui : rue Baron-Quinart. Voir Lefrère 2001, p. 410).
  43. Lettre de Delahaye à Verlaine, conservée à la Bibliothèque littéraire Jacques-Doucet. Cf. Frédéric Eigeldinger et André Gendre, Delahaye témoin de Rimbaud, éd. La Baconnière, Neuchâtel, 1974, p. 241.
  44. Article sur lunion.presse.fr.
  45. Claude Jeancolas, Les Voyages de Rimbaud, éd. Balland, 1991, p. 152.
  46. Les escales et étapes mentionnées sont une retranscription de la lettre du , envoyée à Ernest Millot par Ernest Delahaye.
  47. Retranscription de la lettre du , envoyée par Ernest Delahaye à Ernest Millot, pour lui annoncer la « grande nouvelle » du retour de Rimbaud.
  48. Rimbaud - Œuvres complètes, Bibliothèque de la Pléiade, édition établie par Antoine Adam, Gallimard, 1972, version originale : p. 303 - traduction française : p. 1096.
  49. Ernest Delahaye, Rimbaud - l’Artiste et l’être moral, éd. Messein, 1923.
  50. Manuscrit conservé à la Bibliothèque littéraire Jacques Doucet, feuillet 29 (Frédéric Eigeldinger et André Gendre, Delahaye témoin de Rimbaud, la Baconnière, 1974, p. 257).
  51. Œuvres complètes, Bibliothèque de la Pléiade, 1972, p. 773.
  52. Lettre écrite à Roche, le , au rédacteur en chef du Petit Ardennais qui venait de consacrer un article au poète le 15 décembre. Voir Œuvres complètes, Bibliothèque de la Pléiade, 1972, p. 716.
  53. Paterne Berrichon, La Vie de Jean-Arthur Rimbaud, société du Mercure de France, 1897.
  54. Lettre d'Ernest Delahaye à Verlaine, Bibliothèque littéraire Jacques Doucet.
  55. Lefrère 2020, p. 648.
  56. Manuscrit conservé à la Bibliothèque littéraire Jacques Doucet (Lefrère 2001, p. 762).
  57. Raymond Perrin, Rimbaud, un pierrot dans l'embêtement blanc. Lecture de La Lettre de Gênes de 1978, L'Harmattan, 2009, p. 8.
  58. Lettre à sa famille du .
  59. Œuvres complètes de la Pléiade, 1972, p. 310.
  60. Le mont Olympe est le point culminant des monts Troodos.
  61. Lettre aux siens du .
  62. a et b Lettre aux siens du 17 août 1880.
  63. Lettre à sa famille du 25 août 1880.
  64. Lettre à sa famille du 22 septembre 1880.
  65. Lettre à sa famille du 13 décembre 1880.
  66. Ian Campbell, « The bïrïll man of Harer: The contribution of Arthur Rimbaud to the evolution of a uniquely Ethiopian drinking-vessel », Annales d’Éthiopie, vol. XXVI, 2011, p. 179-205 [lire en ligne].
  67. Lettre du 4 mai 1881.
  68. Lettre à Monsieur de Gaspary, vice-consul de France à Aden, du 28 janvier 1883.
  69. Lettre à sa famille du 20 mars 1883.
  70. Rimbaud, Œuvres complètes, établies par Pierre Brunel, La Pochothèque, 1999, p. 7.
  71. Lefrère 2001, p. 868-869.
  72. Alban Caussé et Jacques Desse, « Rimbaud, Aden, 1880 », Revue des deux Mondes, septembre 2010.
  73. Lefrère 2001, p. 873.
  74. Lettre aux siens du 5 mai 1884.
  75. La photographie de cette jeune femme est conservée au musée Arthur-Rimbaud de Charleville-Mézières ; elle est issue de l'album d'Alfred Bardey.
  76. Lettre du 19 juin 1884.
  77. Lettre aux siens du 10 septembre 1884.
  78. Contrat de Rimbaud avec la maison Bardey, d'Aden, dans Œuvres complètes, établies par Antoine Adam, Bibliothèque de la Pléiade, 1979, p. 395.
  79. Trafic, dans cette acception vieillie, désignait alors un commerce de marchandises (n'ayant rien d'illicite ou de clandestin). On disait trafiquant d'armes, mais aussi trafiquant de perles, etc. Utilisé depuis le XVIe siècle le mot « trafiquant » n'avait pas encore un sens péjoratif (désignant un négoce illicite), apparu au milieu du XIXe siècle. On parle aujourd'hui plus volontiers de « négociants », même si le commerce des armes a considérablement pris de l'importance…
  80. a et b http://www.rootsandculture.net/arthur-rimbaud-en-ethiopie/ : « À cette époque, les trois constructeurs de l'Éthiopie, Ménélik II, Mekonenn et Hailé Sélassié I sont réunis. » Soit une trentaine d'années avant l'avènement officiel du fascisme italien.
  81. « La Bataille d’Adwa (1896) », sur Blogspot.fr (consulté le ).
  82. « Ménélik avait une armée de 100 000 hommes équipés de fusils modernes, sans compter ceux qui n'avaient que des armes à feu anciennes ou des lances. La bataille d'Adoua fut une éclatante victoire pour Ménélik et pour l'Éthiopie. Baratieri avait attaqué le 1er mars 1896. Le 1er mars était un jour de fête pour l'église éthiopienne et le général italien Baratieri pensait que beaucoup de soldats seraient occupés par des rites religieux. Au lieu de cela, il tomba sur 100 000 hommes armés et prêts à en découdre. L'Éthiopie resta ainsi cette seule terre africaine non colonisée. » (Roots & Culture).
  83. Engagement de Pierre Labatut, conclu le 5 octobre 1885 et certificat délivré par Alfred Bardet le 14 octobre, dans Œuvres complètes, Bibliothèque de la Pléiade, 1979, p. 403 & 404.
  84. Labatut et Rimbaud au ministre des Affaires étrangères, dans Œuvres complètes, Bibliothèque de la Pléiade, 1979, p. 415.
  85. Lettre à Ottone Schanzer, Les Nouvelles Littéraires, .
  86. Lettre du 22 octobre 1885.
  87. Jules Borelli, Éthiopie méridionale, 1890, p. 200
  88. Jules Borelli, Éthiopie méridionale, 1890, p. 200-201
  89. Lettre au Vice-consul de France, Émile de Gaspary, du , dans Œuvres complètes, Bibliothèque de la Pléiade, 1979, p. 461.
  90. « Arthur Rimbaud : French poet », sur Encyclopedia Britannica (consulté le ).
  91. L’Éthiopie méridionale – Journal de mon voyage aux pays Amhara, Oromo et Sidama - septembre 1885 à novembre 1888, Paris, Ancienne maison Quantin, librairies-imprimeries réunies, 1890.
  92. Lettre à Bardey du 26 août 1887.
  93. Lettre du 30 juillet 1887.
  94. « Lettre du consul de France à Massaouah au marquis de Grimaldi-Régusse, le 12 août 1887 », dans Œuvres complètes, Bibliothèque de la Pléiade, 1979, p. 429.
  95. Lefrère 2001, p. 1009.
  96. http://www.mag4.net/Rimbaud/lettre-bosphore-18870820.html.
  97. Lefrère 2001, p. 1035-1038.
  98. Le poème sera publié dans la revue La Cravache parisienne du .
  99. Jules Borelli, Éthiopie méridionale, 1890, p. 406-407
  100. Lefrère 2001, p. 1047-1048, 1074.
  101. Témoignages de Jules Borelli à la biographe anglaise Enid Starkie et à Paterne Berrichon et témoignage d'Armand Savouré à Georges Maurevert et à Isabelle Rimbaud[100].
  102. Notice de Édouard Joseph Bidault de Glatigné, Catalogue général de la BnF.
  103. Lettre à ses mère et sœur du 18 mai 1889.
  104. Lefrère 2001, p. 1101.
  105. On ne sait si Rimbaud a répondu à cette lettre qui sera retrouvée dans ses affaires après sa mort[104].
  106. Edmond de Goncourt, Journal III, 1887-1896, Paris, Robert Laffont, , 1466 p. (ISBN 978-2-221-05945-6), p. 537.
  107. Thierry Dardart, Dernière caravane pour Zeïlah, Pignicourt, Thierry Dardart, , 180 p. (ISBN 978-2-9560309-0-4, BNF 45478426, lire en ligne)
  108. Lefrère 2001, p. 1129.
  109. a et b Alain Borer, Rimbaud en Abyssinie, Seuil, , 384 p. (ISBN 978-2-02-106520-6, présentation en ligne).
  110. Andrea Schellino, « Ferrandi », dans Jean-Baptiste Baronian (dir.), Dictionnaire Rimbaud, Paris, Robert Laffont, 2014.
  111. Ines Horchani, « Trois passants considérables devant la source coranique, Hugo, Rimbaud, Gide », Romanischestudien,‎ (lire en ligne)
  112. Cf. Jérémy Collado, « Arthur Rimbaud, l'impossible héritage marseillais », sur slate.fr, 31 janvier 2015, consulté le 28 juin 2016.
  113. Malcolm de Chazal, « Rimbaud inconnu », chronique du 20 juillet 1968, in Comment devenir un génie, Paris, Éditions Philippe Rey, 2006.
  114. Hamza Boubakeur, Le Coran, traduction et commentaire, Paris, Maisonneuve et Larose, 1972.
  115. Extraits de la lettre adressée à sa mère et à sa sœur. Dans sa détresse, Rimbaud fait des erreurs en datant sa lettre au vendredi 23 mai alors que le cachet de la poste marseillaise porte la date du jeudi 21 mai. Cf. Œuvres complètes, Bibliothèque de La Pléiade, 1979, p. 665 et note p. 1179.
  116. Œuvres complètes, Bibliothèque de La Pléiade, 1979, lettres datées du 29 mai, p. 666 et du 11 juin, p. 669.
  117. Isabelle Rimbaud, Rimbaud mourant, éd. Manucius, 2009, p. 82.
  118. Isabelle Rimbaud, Rimbaud mourant, p. 86.
  119. Lettre d'Isabelle à sa mère du 22 septembre 1891, citée dans Œuvres complètes, Bibliothèque de La Pléiade, 1979, p. 698.
  120. Lettre d'Isabelle Rimbaud à sa mère, Marseille, 28 octobre 1891
  121. Cinq ans plus tard, dans une lettre à Paterne Berrichon, datée du , elle révélera « une exclamation qui revenait sans cesse sur ses lèvres : Allah ! Allah Kerim ! (« C'est la volonté de Dieu ! ») ». Voir Œuvres complètes, Bibliothèque de La Pléiade, 1979, p. 754.
  122. Respectant les dernières volontés de son frère, Isabelle fit le nécessaire pour léguer sept cent cinquante thalers à son domestique Djami Wadaï — comme il était mort depuis peu, ce furent sa veuve et son jeune enfant qui héritèrent de ce legs.
  123. Acte de décès (Marseille. Décès de 1891. Novembre. Registre 8. Vue 18/45. Acte no 776), sur le site des Archives départementales des Bouches-du-Rhône (lire en ligne).
  124. Paterne Berrichon, La Vie de Jean-Arthur Rimbaud, société du Mercure de France, 1898, p. 98.
  125. Louis Forestier, « Dictionnaire Rimbaud », Arthur Rimbaud, Œuvres complètes et correspondance, coll. Bouquins, Robert Laffont, p. CXVI.
  126. Frédéric Rimbaud n'ayant pas été prévenu du décès de son frère cadet, Vitalie Rimbaud et sa fille Isabelle sont les seules personnes qui assistent à l'enterrement. Voir Lefrère 2001, p. 166.
  127. Deux ans après sa mort, en date du , Germain Nouveau lui écrit une lettre dans laquelle il dit qu'il serait heureux d'avoir de ses nouvelles, signant « ton vieux copain d'antan bien cordial ». Cela montre le silence qui entoure sa mort (Lire en ligne).
  128. « L'Écho de Paris », sur Gallica, (consulté le ) : « On annonce la mort d'Arthur Rimbaud. Il rentrait en France après une longue absence, pour se faire soigner d'une affection à la jambe contractée dans ses voyages. Il est mort en rade de Marseille. Son corps a été inhumé dans le cimetière de Charleville, le 23 novembre, au moment même où un incident rappelait de nouveau l'attention sur son nom et sur ses poésies, les Illuminations. », p. 4.
  129. Cimetières de France et d'ailleurs
  130. Traduction du latin en français : conspecto = apercevoir.
  131. Lefrère 2001, p. 166.
  132. Pamphlet contre les Versaillais, au moment où le gouvernement Thiers s'apprête à écraser la Commune.
  133. Source : Arthur Rimbaud - Œuvre-vie, édition établie par Alain Borer, Arléa/Le Seuil, 1991, p. 264 à 282.
  134. « Bruxelles, boulevard du Régent » est une indication de lieu au début du poème plutôt qu'un véritable titre ; de même il est indiqué « juillet » mais au début du poème, il s'agit donc plus vraisemblablement de la date de la scène évoquée plutôt que de la date de composition – de même qu'après le titre du poème « Le Forgeron » il est indiqué Tuileries, 20 juin 1792 ».
  135. Lefrère 2001, p. 475.
  136. Source : Arthur Rimbaud - Œuvre-vie, édition établie par Alain Borer, Arléa/Le Seuil, 1991, p. 169.
  137. Voir détail des éditions.
  138. Dans la 2e édition de 1888, seront ajoutés : Marceline Desbordes-Valmore, Villiers de l'Isle-Adam et Pauvre Lelian (anagramme de Paul Verlaine), illustré de six portraits dessinés par Luque.
  139. a et b Lefrère 2001, p. 319-323.
  140. Bernard Teyssedre, Arthur Rimbaud et le foutoir zutique, Éditions Léo Scheer, (lire en ligne)
  141. a et b Antoine Adam, « Notices, Notes et variantes », dans Œuvres complètes, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », , p. 915-910.
  142. a et b Antoine Adam, « Notices, Notes et variantes », dans Œuvres complètes, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », , p. 949-9720
  143. Ernest Delahaye écrit le 21 août 1896 à Paterne Berrichon : « Rimbaud a fait éditer la Saison à Bruxelles à ses frais - générosité momentanée de Mme R. »
  144. Olivier Bivort, « Remarques sur l'alchimie du verbe », dans Rimbaud dans le texte, Presses universitaires du Mirail, (lire en ligne), p. 134.
  145. « Il courut tous les Continents, tous les Océans, pauvrement, fièrement (riche d'ailleurs, s'il l'eût voulu, de famille et de position, après avoir écrit, en prose encore, une série de superbes fragments, les Illuminations, à tout jamais perdus, nous le craignons bien. » Verlaine, Les Poètes maudits, Léon Vanier, 1884, p. 38.
  146. Antoine Adam, « Notices, Notes et variantes », dans Œuvres complètes, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », , p. 972-975.
  147. Antoine Adam, « Notices, Notes et variantes », dans Œuvres complètes, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », , p. 924-926.
  148. Robert Goffin, Fil d'Ariane pour la poésie, A. G. Nizet, (lire en ligne), p. 255.
  149. Jean-Pierre Giusto, Rimbaud créateur, Publications de la Sorbonne (thèse de doctorat) - Presses universitaires de France, (lire en ligne).
  150. a et b Baronian 2014.
  151. Anne-Marie Fortier, René Char et la métaphore Rimbaud : la lecture à l'œuvre, Presses de l'Université de Montréal, (lire en ligne).
  152. Youness Bousenna, « Le Grand Jeu, une révolte vers l’absolu », PhiLitt,‎ (lire en ligne).
  153. Robert Bréchon, Henri Michaux : La poésie comme destin, Éditions Aden, (lire en ligne), p. 253.
  154. Claude Jeancolas, Rimbaudmania : l'éternité d'une icône, Textuel, coll. « Littérature Beaux Livres », , 314 p. (ISBN 978-2-84597-368-8).
  155. Conservée au musée Arthur-Rimbaud, à Charleville-Mézières.
  156. Lefrère 2001, p. 209-210.
  157. Philippe Émile Jacobs, dit Jacoby, photographe établi à Charleville, créa le quotidien Progrès des Ardennes[156].
  158. Étude sur cette photo par Aban Caussé et Jacques Desse sur le site issuu.com (Les Libraires Associés). Des comparaisons permettent de relier la photo sans peu de doute au photographe Vassogne qui exerçait à Charleville.
  159. Conservée au musée Arthur-Rimbaud, à Charleville-Mézières. 1re publication : Marguerite-Yerta Méléra, Rimbaud, Firmin-Didot et Cie, 1930. Une photographie retouchée, centrée sur Arthur fut publiée huit ans plus tôt en frontispice du tome 1 d'Arthur Rimbaud - Œuvres complètes, éd. La Banderole, 1922.
  160. Conservée au musée Arthur-Rimbaud, à Charleville-Mézières. 1re publication : Ernest Delahaye, La Revue littéraire de Paris et de Champagne, mai-juin 1906. Des retirages au format carte de visite réalisées par Carjat existent.
  161. Un tirage (8 × 4,2 cm, médaillon 5 × 4,1 cm), non exécuté par Carjat est conservé dans le fonds Claudel du Département des manuscrits de la Bibliothèque nationale de France, « site Richelieu / Louvois », Paris. Première publication : en frontispice du tome 2 d'Arthur Rimbaud - Œuvres complètes, éd. La Banderole, 1922.
  162. Première publication dans un supplément offert aux abonnés d'Histoires littéraires, no 28, octobre-novembre-décembre 2006.
  163. Publié pour la première fois dans Le Figaro littéraire du .
  164. Première publication dans Le Figaro Littéraire du .
  165. Conservés à la Bibliothèque littéraire Jacques-Doucet, administrée par la Chancellerie des universités de Paris.
  166. La bonne orthographe est : Cheikh Othman.
  167. Arnaud Delas, spécialiste de clichés anciens, rendit publique sa découverte en 1998. Ce cliché est conservé au musée Arthur-Rimbaud, à Charleville-Mézières. Première publication : Claude Jeancolas, L’Afrique de Rimbaud, éd. Éditions Textuel, 1999.
  168. L'Express du .
  169. Lefrère 2001, p. 999.
  170. En référence aux lettres à sa famille écrite à Aden, les 17 et . À la suite de l'identification de l'explorateur Édouard-Henri Lucereau sur la photo, puis de la lettre autographe de celui-ci, datée du , provenant du Centre des archives diplomatiques de Nantes[168], Caussé, Desse et Lefrère pensent pouvoir dater le cliché au mois d', sachant que Lucereau sera assassiné en , au cours d'une expédition[169].
  171. Parue en avril, dans la 1re éd. des Poètes maudits, éd. Lutèce.
  172. En couverture du no 318 de janvier 1888 de la collection Les Hommes d'Aujourd'hui, consacré à Rimbaud. Publié par Paul Verlaine, édité par la Librairie Vanier.
  173. Paru en septembre dans la 2e éd. des Poètes maudits.
  174. Conservé au musée Arthur-Rimbaud, à Charleville-Mézières.
  175. L'agent de la factorerie Mazeran, Viannay et Bardey, qui l'avait recruté après de son arrivée à Aden, en .
  176. Extrait de la lettre d'Aden, adressée à ses mère et sœur, le .
  177. a b c et d Extrait de la lettre datée du , adressée à sa famille.
  178. Extrait de la lettre écrite à Aden, le .
  179. Conservé au musée Arthur-Rimbaud, Charleville-Mézières. Première publication : François Ruchon, Rimbaud - Documents iconographiques, coll. « Visages d'hommes célèbres », éd. Pierre Caillet, Vésenaz-Genève, 1946.
  180. Conservé au musée Arthur-Rimbaud, Charleville-Mézières. Première publication, en frontispice du tome 3 d'Arthur Rimbaud - Œuvres complètes, éd. La Banderole, 1922.
  181. Conservé au Département des Estampes et de la Photographie de la Bibliothèque nationale de France, Paris. Première publication : Lidia Herling Croce, Rimbaud à Chypre, à Aden et au Harar (Documents inédits), « Études rimbaldiennes » no 3, éd. Les Amis de Rimbaud, 1972, p. 5.
  182. Lefrère 2001, p. 813.
  183. Le Grec, Sotiros Konstantinescu Chryseus, dit Sotiro, avait été recruté chez Mazeran, Viannay et Bardey lors de la création du comptoir de Harar[182].
  184. Lettre de Bardey à Rimbaud du 24 juillet 1883, envoyée depuis Vichy.
  185. Cliché conservé au musée Arthur-Rimbaud, Charleville-Mézières.
  186. a et b Photographie conservée au musée Arthur-Rimbaud, Charleville-Mézières.
  187. « Arthur Rimbaud et la Factorerie ou Le Premier Studio Photographique du Harar », article du , sur plantureux.fr.
  188. « Article de francetvinfo »
  189. Hugues Fontaine, Arthur Rimbaud photographe, Paris, éditions Textuel, , 224 p. (ISBN 978-2-84597-782-2)
  190. Pierre Dufour épousa Isabelle Rimbaud en 1897. Après la mort de celle-ci (en 1917), il se remarie. Il meurt en 1922 et est enterré dans le caveau de Charleville.
  191. En frontispice du livre de Marcel Coulon, Problème de Rimbaud, poète maudit, Paris, 1923.
  192. Exposition L'Or Des Iles, villa de Noailles à Hyères, en juillet-août 1991.
  193. a et b Parue dans Rimbaud vu par des peintres contemporains, Henri Matarasso éditeur, Paris, 1962.
  194. Parue dans Les Poètes maudits, de Paul Verlaine, éd. Les Bibliophiles du Palais, 1938.
  195. Parue dans Le Regard bleu de Rimbaud, Claude Jeancolas, éd. F.V.W., Paris, 2007.
  196. L'une est parue pour un article de Stéphane Mallarmé dans la revue nord-américaine The Chap Book, du  ; l'autre pour Le Livre des masques, Remy de Gourmont, Paris, 1896.
  197. « Tard Bourrichon : musique : Rimbaud », sur tard-bourrichon.fr (consulté le ).
  198. « Écouter Rimbaud sur la toile », sur abardel.free.fr (consulté le ).
  199. Poèmes en vers figurant dans la section « Alchimie du verbe » d'Une Saison en Enfer.
  200. Production P.E.S (Productions et Éditions Sonores, Paris), distribuée par les Industries Musicales et Electriques Pathé Marconi sous références 2 C 06411 473 et 2 C 06411 474
  201. Claude Carton (texte), Claude Van Luyn (photos), Rimbaud, retour sur images…, Éditions Anciaux, 2004.
  202. Inauguration d'un poème mural « Le Bateau ivre » d'Arthur Rimbaud.
  203. Voir la fin de la dernière lettre, datée : Parmerde, Juinphe 72.
  204. Même s'il est fort probable que Rimbaud y ait lu « Le Bateau ivre », il est à préciser qu'aucun témoin n'a rapporté les poèmes qui furent lus ce soir-là.
  205. « site du musée Arthur Rimbaud »
  206. http://www.yves-simon.com/disco/textes/t_abyssinie.htm.
  207. Référence à la chanson « Land » de Patti Smith sur l'album Horses.
  208. Podcast.
  209. AmigaNews no 32, 2 janvier 1991 le site.
  210. Notice sur le site Wikitimbres.fr.
  211. « Le Panthéon de Rimbaud et Verlaine », sur France Culture, (consulté le )
  212. « Rimbaud et Verlaine, « symboles de la diversité », bientôt au Panthéon ? », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  213. « La famille de Rimbaud s'oppose à son entrée au Panthéon avec Verlaine », sur www.20minutes.fr (consulté le )
  214. « « La panthéonisation de Rimbaud et Verlaine relève d’une idéologie bien pensante et communautariste » », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  215. Dominique de Villepin, « N'entre pas ici, Arthur Rimbaud », Le Monde, 3 octobre 2020 [1].
  216. Jean-Luc Steinmetz : « L’art libéré de toute couronne mortuaire. Arthur Rimbaud et Paul Verlaine, stupeur au Panthéon », L'Humanité, 25 septembre 2020 [2] ; entretien avec André Guyaux : « Rimbaud et Verlaine au Panthéon ? “Laissons les poètes libres !” », L'Obs, 11 septembre 2020 [3].
  217. Permettez !, tract du 23 octobre 1927, signé notamment par Louis Aragon, André Breton, Robert Desnos, Paul Éluard, Michel Leiris, Benjamin Péret, Raymond Queneau, avec en exergue cette phrase d’Ernest Delahaye, l’ami fidèle de Rimbaud : « J’aurais moins compris Rimbaud sans le surréalisme. »
  218. Alain Borer : « Panthéoniser Rimbaud et Verlaine serait un contresens », La Croix, 15 septembre 2020 [4] ; contre la panthéonisation de Rimbaud et Verlaine : « Les ennemis jurés d’Arthur Rimbaud et de Paul Verlaine », texte signé par François Leperlier, et de nombreuses personnalités du monde poétique, comme Bernard Noël, Christian Prigent, Dominique Rabourdin, Georges Sebbag, Anne-Marie Beeckman, dans Poezibao, 9 novembre 2020 [5]. Voir aussi le texte de Vincent Teixeira, « La mascarade des embaumeurs. Rimbaud et les Panthéonades », paru sur le site des éditions Pierre Mainard [6].
  219. Robin Richardot, « Rimbaud au Panthéon, les rimbaldiens se rebellent », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
  220. « Arthur Rimbaud n’entrera pas au Panthéon, conformément au souhait de sa famille, a décidé Emmanuel Macron », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
  221. LGT Arthur Rimbaud sur atrium-sud.fr.
  222. LGT Arthur Rimbaud sur ac-lille.fr.

Voir aussi

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Bibliographie

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Témoignages

  • Paul Verlaine, Arthur Rimbaud, monographie publiée dans la revue Les Hommes d'aujourd'hui, no 318, vers janvier 1888 ; texte sur wikisource.
  • Henri Peyre, Rimbaud vu par Verlaine (lettres échangées, articles, préfaces et poèmes de Verlaine relatifs à Rimbaud), Ėditions A.-G. Nizet, Paris, 1975, 221 p.
  • Isabelle Rimbaud, Reliques (Rimbaud mourant, Mon frère Arthur, Le Dernier voyage de Rimbaud, Rimbaud catholique), Mercure de France, Paris, 1921, 215 p.
  • Ernest Delahaye, Rimbaud - l’Artiste et l’être moral, éd. Cerf, coll. « Littérature », 2007 (1re éd. 1923), 115 p. (ISBN 978-2-204-08344-7).
  • Isabelle Rimbaud, Rimbaud mourant, éd. Manucius, coll. « Littéra », 2009, 130 p. (ISBN 978-2-84578-104-7). Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Georges Izambard, Rimbaud tel que je l’ai connu, éd. La Part Commune, 2010 (1re éd. 1947 Mercure de France), 230 p.
  • Ernest Delahaye, Mon ami Rimbaud, illustré par Jean-Michel Vecchiet, éd. Naïve, coll. « Livre d’heures », dirigée par Jean Rouaud, 2010, 48 p. (ISBN 978-2-350-21215-9).
  • Alfred Bardey, Barr-Adjam (préface de Claude Jeancolas), L’Archange Minotaure, 2010, 512 p. (ISBN 978-2-35463-052-2).

Correspondance

  • Arthur Rimbaud, Correspondance 1888-1891, échanges entre Rimbaud et Alfred Ilg, jeune ingénieur suisse établi en Abyssinie, préface et notes de Jean Voellmy, Nrf Gallimard, 1965.
  • Rimbaud, Je ne suis pas venu ici pour être heureux, Correspondance, ensemble de quelque deux cent lettres choisies, présentée et annotées par Jean-Luc Steinmetz, Flammarion, Paris, 2015 ; rééd. 2021 (ISBN 978-2-0802-4428-4).
  • Sur Arthur Rimbaud. Correspondance posthume,

Biographies

Dictionnaires

  • Jean-Baptiste Baronian (dir.), Dict