Arseni Iatseniouk — Wikipédia

Arseni Iatseniouk
Арсеній Яценюк
Illustration.
Arseni Iatseniouk en 2018.
Fonctions
Premier ministre d'Ukraine[N 1]

(2 ans, 1 mois et 18 jours)
Élection
Réélection
Président Oleksandr Tourtchynov
(intérim)
Petro Porochenko
Gouvernement Iatseniouk I et II
Législature VIIe et VIIIe
Coalition VOB-Svoboda-NU
(2014)
BPP-NF-S-CHA-VOB
(2014-2015)
BPP-S-NF-S-VOB
(2015-2016)
Prédécesseur Oleksandr Tourtchynov
(intérim)
Mykola Azarov
Successeur Volodymyr Hroïsman
Député de la Rada

(5 jours)
Élection 26 octobre 2014
Circonscription Scrutin de liste
Législature VIIIe

(6 ans, 3 mois et 1 jour)
Élection 30 septembre 2007
Réélection 28 octobre 2012
Circonscription Scrutin de liste
Législature VIe et VIIe
Président de la Rada

(11 mois et 8 jours)
Législature VIe
Prédécesseur Oleksandr Moroz
Successeur Oleksandr Lavrynovytch
Ministre des Affaires étrangères

(8 mois et 13 jours)
Président Viktor Iouchtchenko
Premier ministre Viktor Ianoukovytch
Prédécesseur Volodymyr Ohryzko
Successeur Volodymyr Ohryzko
Ministre de l'Économie

(10 mois et 8 jours)
Président Viktor Iouchtchenko
Premier ministre Youriï Yekhanourov
Prédécesseur Serhi Teryokhin
Successeur Volodymyr Makoukha
Biographie
Nom de naissance Arseni Petrovytch Iatseniouk
Date de naissance (49 ans)
Lieu de naissance Tchernivtsi, RSS d'Ukraine, Union soviétique
Nationalité Drapeau de l'URSS Soviétique (1974-1991)
Drapeau de l'Ukraine Ukrainienne
(depuis 1991)
Parti politique NSNU (jusqu'en 2008)
Front pour le changement
(2008-2013)
VOB (2013-2014)
NF (depuis 2014)
Père Petro Ivanovytch Iatseniouk
Mère Maria Hryhorivna Bakaï
Conjoint Tereziya Victorivna Hur
Enfants 2
Diplômé de Université nationale de Tchernivtsi
Institut d'économie de Tchernivtsi
Profession Avocat
Économiste

Signature de Arseni IatsenioukАрсеній Яценюк

Arseni Iatseniouk
Présidents de la Rada
Premiers ministres d'Ukraine

Arseni Petrovytch Iatseniouk (en ukrainien : Арсеній Петрович Яценюк[1], prononcé [ɐrˈsɛnʲij pɛtˈrɔvɪt͡ʃ jɐt͡sɛˈnʲuk]), né le à Tchernivtsi (Czernowitz) en Bucovine soviétique, est un homme d'État, économiste et avocat ukrainien.

Proche de Ioulia Tymochenko, il devient Premier ministre d'Ukraine le , à la suite de la révolution ukrainienne. Il présente sa démission le , mais celle-ci est rejetée une semaine plus tard par la Rada (Parlement ukrainien). En septembre 2014, il crée un nouveau parti, le Front populaire (en ukrainien Народний фронт), qui arrive en tête des élections législatives du mois suivant. Il démissionne de nouveau le . Volodymyr Hroïsman lui succède.

Biographie[modifier | modifier le code]

Formation et carrière[modifier | modifier le code]

Le père d'Arseni Iatseniouk, Petro Ivanovytch Iatseniouk (uk), est historien, vice-doyen de la faculté d'histoire de l'université de Tchernivtsi en 2002[2]. Sa mère Maria Hryhorivna Iatseniouk (uk), née Bakaï, était professeur au département d'études françaises de l'université.

Étudiant à l'université d'État de Tchernivtsi, dont il sort diplômé, le jeune Iatseniouk ouvre très tôt un cabinet d'avocat, avant d'étudier le commerce à l'Institut d'économie de Tchernivtsi (uk), antenne locale de l'université d'économie et de commerce de Kiev. Entre 1998 et 2001, il collabore à Avalbank, filiale de la Raiffeisen Zentralbank, à Kiev, avant de se tourner vers la politique.

Débuts en politique[modifier | modifier le code]

Arseni Iatseniouk commence sa carrière politique sur le terrain local comme ministre de l'Économie de la république autonome de Crimée de septembre 2001 à janvier 2003. Nommé vice-président de la Banque nationale d'Ukraine en novembre 2003, il seconde alors Serhiï Tihipko, considéré comme l'une des figures économiques les plus respectées de l'Ukraine. En septembre 2005, il est nommé ministre des Affaires économiques dans le gouvernement de Iouriï Iekhanourov. Sur la scène internationale, le jeune ministre engage des pourparlers avec l’Union européenne, puis l’Organisation mondiale du commerce (OMC), deux organisations auxquelles l’Ukraine souhaiterait adhérer. En mars 2007, sur la proposition du président Viktor Iouchtchenko, le Parlement approuve la nomination de Iatseniouk au ministère des Affaires étrangères, conformément aux dispositions de la Constitution s'agissant des nominations du ministre de la Défense et du chef de la diplomatie.

Président du Parlement[modifier | modifier le code]

Placé en troisième position sur la liste Notre Ukraine lors des élections législatives d'octobre 2007, il est élu député. Après de longues négociations entre les partis représentés au Conseil suprême, Iatseniouk en est élu président par ses pairs, en obtenant 227 voix sur 450 députés. En , alors que l'Ukraine s'engage dans une importante crise politique, Iatseniouk, lassé, annonce officiellement son intention de quitter la présidence du Parlement. Une initiative largement soutenue par les députés, qui approuvent sa démission. Après avoir quitté ses fonctions, et, par conséquent, son habit de second personnage de l'État, Iatseniouk annonce son intention de fonder « une nouvelle force politique, capable de proposer un véritable changement pour le pays ».

Candidature à l'élection présidentielle de 2010[modifier | modifier le code]

Les résultats en faveur de Iatseniouk lors du premier tour de l'élection présidentielle de janvier 2010.

Le , Arseni Iatseniouk rend publique la fondation du Front pour le changement, un parti proche du BIouT, la coalition dirigée par le Premier ministre, Ioulia Tymochenko. L'ancien président de la Rada ne cache pas son intention d'être candidat à l'élection présidentielle prévue pour janvier 2010. L'ancien ministre, qui affirme ne bénéficier d'aucune alliance avec quelconque force politique, annonce alors sa décision de présenter sa candidature, en toute circonstance. Sa campagne présidentielle est une des plus chères, estimée entre 60 et 70 millions de dollars. Iatseniouk promet, dans l'hypothèse d'une élection, de dissoudre le Parlement afin de pouvoir travailler avec l'appui d'une nouvelle majorité favorable à sa politique. Il affirme également son intention de refuser toute proposition politique émanant de la part d'un candidat qualifié au second tour de l'élection présidentielle, en échange de son soutien public et d'un appel au vote en sa faveur.

Le , Iatseniouk recueille sur son nom 1 711 749 voix, soit 6,96 %, se classant à la quatrième place derrière les deux candidats qualifiés pour le second tour de l'élection, Viktor Ianoukovytch avec 35,32 % et Ioulia Tymochenko créditée de 25,05 %, et Serhiï Tihipko, candidat du parti travailliste et ancien président de la Banque nationale. Cependant, il devance le président sortant, Viktor Iouchtchenko, sévèrement sanctionné par les Ukrainiens, avec seulement 5,45 % des voix. Intéressé par l'éventuel soutien de Iatseniouk, le vainqueur de l'élection présidentielle, Viktor Ianoukovytch, appelle, en mars 2010, Iatseniouk à rejoindre le gouvernement. Mais celui-ci décline la proposition du nouveau chef de l'État, préférant siéger dans l'opposition.

Élections législatives de 2012[modifier | modifier le code]

Candidat aux élections législatives d'octobre 2012 comme tête de liste de son parti, le Front pour le changement, Arseni Iatseniouk déclare que l'idée d'une coalition regroupant toutes les grandes forces de l'opposition, y compris celle de Ioulia Tymochenko, emprisonnée depuis 2011, serait à l'étude. En avril 2012, l'ensemble des partis d'opposition signent une charte de coalition, baptisée « Le Front a existé, le Front existera ».

Figure emblématique de cette coalition, Iatseniouk est considéré comme l'un des personnages importants de ces élections, se présentant comme le chef d'une opposition décidée à prendre le pouvoir au Parti des régions du président Viktor Ianoukovytch[3],[4]. Défendant l'image d'une classe politique déterminée à combattre la corruption, il dénonce alors les risques évidents de fraudes électorales lors des dépouillements[5].

Premier ministre[modifier | modifier le code]

Iatseniouk en décembre 2013 lors de l'Euromaïdan.

Lors du mouvement contestataire de l'hiver 2013-2014, il apparaît comme un des chefs de l'opposition avec Vitali Klitschko et Oleh Tyahnybok.

Le , cinq jours après la destitution du président Viktor Ianoukovytch par la Rada, Iatseniouk est nommé Premier ministre[6] par le président par intérim Oleksandr Tourtchynov. Le , il est maintenu dans ses fonctions par le nouveau président d'Ukraine Petro Porochenko, élu le 25 mai précédent.

Il démissionne le , dans un contexte de crise au sein de la coalition parlementaire au pouvoir[7]. Le Parlement, la Rada, rejette finalement sa démission le [8].

En septembre 2014, il crée un nouveau parti, le Front populaire (en ukrainien Народний фронт, élu le 25 mai) en vue des élections législatives ukrainiennes de 2014[9].

Le 26 octobre 2014, le Front populaire arrive en tête des élections législatives anticipées en remportant 22,17 % des suffrages exprimés, devant la formation du président Porochenko, le Bloc Petro Porochenko, qui arrive en deuxième position, avec 21,81 % des suffrages. Cependant, le système électoral permet au Bloc Petro Porochenko d'obtenir 132 des sièges à la Rada contre 82 au Front populaire, assurant néanmoins la formation d'une large coalition pro-européenne.

Le 27 novembre 2014, lors de la première session du nouveau parlement, la coalition pro-européenne composée de cinq partis (Bloc Petro Porochenko, Front populaire, Samopomich, Parti radical et Batkivtchina) propose la reconduction d'Arseni Iatseniouk au poste de Premier ministre, qui est approuvée à une très large majorité de 341 députés. Iatseniouk s'engage alors « à défendre l'indépendance du pays face à l"invasion militaire russe » et déclare : « Nous avons sur les épaules une mission historique, celle de préserver notre État et défendre notre indépendance ».

Son gouvernement est approuvé par la Rada le 2 décembre 2014[10].

Le lors d'une interview sur la chaîne publique allemande Das Erste, il déclare que c'est l'URSS qui a envahi l'Ukraine et l'Allemagne durant la Seconde Guerre mondiale et qu'il ne faut permettre que cela se produise à nouveau[11],[12],[13].

Devenu de plus en plus impopulaire dans l'opinion publique, il est jugé responsable de la stagnation des réformes contre la corruption et doit faire face aux démissions du ministre de l'économie Aivaras Abromavicius[14] et du vice-procureur général Vitali Kasko, tous deux réformateurs[15].

Le , le président Petro Porochenko appelle à sa démission ainsi qu'à celle du procureur général Viktor Chokine[16]. Le jour-même, la mention de censure contre le gouvernement est rejetée[17], obtenant 194 voix sur les 226 requis[18].

Le , la coalition gouvernementale éclate après le retrait de Samopomitch[19].

Le , Iatseniouk annonce lors d’une déclaration télévisée enregistrée sa démission, alors qu'il est en difficulté depuis plusieurs semaines avec la coalition gouvernementale qui le soutenait[20]. Volodymyr Hroïsman est désigné pour lui succéder[21].

Le , la séance parlementaire censée approuver sa démission et former le nouveau gouvernement a été ajournée au 13 avril[22]. Celui-ci lui succède le 14 avril[23].

Après son départ du gouvernement[modifier | modifier le code]

Un temps pressenti pour être candidat à l'élection présidentielle ukrainienne de 2019 et alors que son parti chute dans les sondages, il annonce le qu’il préfère se consacrer aux élections législatives[24].

Notes et références[modifier | modifier le code]

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Notes[modifier | modifier le code]

  1. Démissionnaire, il laisse le premier vice-Premier ministre Volodymyr Hroïsman assumer provisoirement ses propres fonctions du au .

Références[modifier | modifier le code]

  1. Son nom de famille est aussi parfois transcrit Yatseniouk en français.
  2. « Співробітники кафедри », sur chnu.edu.ua (consulté le ).
  3. « Ukraine : dernier jour de campagne avant les élections législatives », Le Point, .
  4. « Les partis politiques ukrainiens réfléchissent l'après-scrutin », Euronews, .
  5. « Ukraine : l’opposition craint des fraude lors du dépouillement », Euronews, .
  6. (uk) « Nomination du gouvernement ukrainien », espreso.tv.
  7. « Ukraine : le Premier ministre Arseni Iatseniouk démissionne », lepoint.fr, 24 juillet 2014.
  8. « Les députés ukrainiens rejettent la démission du Premier ministre Iatseniouk », sur fr.euronews.com, .
  9. « Iatseniouk devient chef du conseil politique du « Front Populaire », Tourtchinov est chef du bureau central », Ukrayinska Pravda, septembre 2014.
  10. « Trois ministres étrangers dans le nouveau gouvernement en Ukraine », Le Monde, 2 décembre 2014.
  11. Jens Bernert, « Jazenjuk: Aggression wie gegen Hitler », freitag.de, 8 janvier 2015.
  12. « Jazenjuk enttarnt Sowjetrussen », spiegel.de, 8 janvier 2015.
  13. « Moscou choqué par les propos du Premier ministre ukrainien », Courrier international, 19 janvier 2015.
  14. « Ukraine : le ministre de l'Économie claque la porte et dénonce le blocage des réformes », sur www.lexpress.fr (consulté le ).
  15. lefigaro.fr, « Ukraine : nouvelle démission pour corruption », sur Le Figaro (consulté le ).
  16. Lefigaro.fr avec AFP, « Ukraine : Porochenko demande la démission de son Premier ministre », sur Le Figaro (consulté le ).
  17. « Ukraine crisis: PM Yatsenyuk survives no-confidence vote - BBC News », sur BBC News (consulté le ).
  18. Le Point, magazine, « Ukraine : le Premier ministre Arseni Iatseniouk échappe à une motion de censure », sur Le Point (consulté le ).
  19. « La coalition au pouvoir en Ukraine perd sa majorité », sur lemonde.fr (consulté le ).
  20. « Impopulaire et critiqué, le Premier ministre de l’Ukraine démissionne », sur lemonde.fr (consulté le ).
  21. Le Point, magazine, « Le Premier ministre ukrainien Arseni Iatseniouk annonce sa démission », sur Le Point (consulté le ).
  22. « L'Ukraine échoue à se doter d'un nouveau gouvernement », sur TV5MONDE (consulté le ).
  23. « Ukraine : le président du Parlement, Volodymyr Groïsman, nommé Premier ministre », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  24. (en) « Yatsenyuk shuns presidential race, prepares party for parliamentary elections », sur Kyiv Post, .

Liens externes[modifier | modifier le code]