Appel de Stockholm — Wikipédia

L'appel de Stockholm est une pétition contre l'arme nucléaire lancée depuis Stockholm le . L'appel intervient dans le cadre de la guerre froide au moment où des membres du Parti communiste ou des intellectuels proches lancent un certain nombre de mouvements et d'initiatives en faveur du pacifisme.

Contexte[modifier | modifier le code]

Références à l'appel de Stockholm dans le film Avant le déluge (1954).

Après les États-Unis qui ont rendu public leur programme d'armement nucléaire puis bombardé Hiroshima et Nagasaki en 1945, l'Union soviétique fait exploser sa première bombe atomique expérimentale RDS-1 le , mais reste loin derrière les États-Unis pour le nombre de vecteurs, et peine à établir la parité[1].

Dans ce contexte naît le Mouvement mondial des partisans de la paix — d'inspiration communiste —, animé en France par des intellectuels engagés aux côtés du Parti communiste français, comme Frédéric Joliot-Curie[2], Jean Orcel, Louis Aragon, Jean Bruller ou Pablo Picasso, dénonçant le risque de guerre atomique généré, selon eux, par l'armement nucléaire des « pays impérialistes »[3].

Cette dénonciation prend une dimension exceptionnelle lorsque le Comité du Congrès mondial des partisans de la paix (réuni à Stockholm) lance, le , « l'appel de Stockholm » qui exige notamment « l'interdiction absolue de l'arme atomique »[4].

Alors que la « guerre froide » devient « chaude » avec la guerre de Corée (le ), cette campagne rencontre un véritable succès populaire, recueillant officiellement 15 millions de signatures (plus vraisemblablement une dizaine de millions) en France. Dans le monde, le Mouvement revendique plus de 500 millions de signatures, chiffre gonflé par le comptage systématique de l'ensemble des populations du bloc de l'Est. Pour l'historien Pierre Milza, ces chiffres sont « totalement incontrôlables et de toute évidence hautement fantaisistes »[5].

Malgré le zèle des militants communistes, ce mouvement d'opinion ne se transforme pas en organisation de masse durable.

Contenu de l'appel[modifier | modifier le code]

« APPEL
Nous exigeons l'interdiction absolue de l'arme atomique, arme d'épouvante et d'extermination massive des populations.
Nous exigeons l'établissement d'un rigoureux contrôle international pour assurer l'application de cette mesure d'interdiction.
Nous considérons que le gouvernement qui, le premier, utiliserait, contre n'importe quel pays, l'arme atomique, commettrait un crime contre l'humanité et serait à traiter comme criminel de guerre.
Nous appelons tous les hommes de bonne volonté dans le monde à signer cet appel. »

— Stockholm,

Critiques[modifier | modifier le code]

Des représentants du neutralisme issus de la gauche non communiste tels que Claude Bourdet ou Maurice Lacroix refuseront de signer l'Appel. Hubert Beuve-Méry écrit ainsi dans Le Monde :

« L'Appel de Stockholm... est une arme de guerre froide. Et nous nous refusons à le signer parce que, précisément, nous sommes pour la paix... Serviteurs de la dictature stalinienne, les signataires de l'Appel de Stockholm doivent être partout dénoncés[5]. »

Quelques signataires[modifier | modifier le code]

Opposants[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. (en) J. M. Siracusa and D. G. Coleman, « Scaling the Nuclear Ladder: Deterrence from Truman to Clinton » [PDF], sur Harvard University, .
  2. Michel Pinault, Frédéric Joliot-Curie, Odile Jacob, Paris 2000
  3. Stéphane Courtois et Marc Lazar, Histoire du PCF, Paris, PUF, 1995, 480 p.
  4. Jeannine Verdès-Leroux, « Qui a signé l'appel de Stockholm ? », L'Histoire, no 151,‎ .
  5. a et b Pierre Milza, Les mouvements pacifistes et les guerres froides depuis 1947, Publications de l'École Française de Rome, Année 1987, 95, pp. 265-283.
  6. Verdès-Leroux 1992.
  7. a b et c « Édith Piaf », L'Humanité, , p. 2.
  8. Claude Lecomte, « Jacques Chirac, sabre au clair », L'Humanité, .

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]