Apollinaire de Clermont — Wikipédia

Apollinaire de Clermont
Illustration.
Extrait de l'enluminure Bataille entre Clovis et les Wisigoths, bibliothèque royale des Pays-Bas (1325-1335). Deuxième chef couronné de l'armée wisigothique, identifié comme Apollinaire. Blason analogue au premier des comtes d'Auvergne .
Titre
Comte d'Auvergne

(19 ans)
Prédécesseur Sidoine Apollinaire
Successeur Hortensius
Évêque de Clermont

(moins d’un an)
Prédécesseur Euphraise
Successeur Quintien
Biographie
Nom de naissance Apollinarius
Date de naissance vers 450
Lieu de naissance Clermont
Date de décès
Lieu de décès Clermont
Père Sidoine Apollinaire
Mère Papianilla
Conjoint Placidina
Enfants Arcade, Placidina II

Apollinaire (mort en 515) ou Apollinare en latin, est un comte d'Auvergne d'époque wisigothique à partir de 489.

Fils du poète et évêque Sidoine Apollinaire, il est chef du contingent auvergnat de l'armée wisigothique à la bataille de Vouillé où il se bat contre les francs pour le compte du roi des Wisigoths Alaric II. Il est nommé évêque de Clermont quelques mois avant son décès[1],[2].

Biographie[modifier | modifier le code]

Apollinaire est le fils de Sidoine Apollinaire et de son épouse Papianilla[3] (fille de l'empereur Avitus) et fait partie, via cette famille des Avitii, de la haute aristocratie arverne.

Après la cession de l'Auvergne aux Wisigoths par l’Empire Romain en échange de la Provence, Apollinaire s'approche de la cour du comte Victorius. Ce dernier va fuir Clermont à la suite d'un soulèvement de la population et rejoint l'Italie avec Apollinaire qu'il entraîne avec lui[4]. Après l'assassinat de Victorius en Italie, Apollinaire préfère rentrer en sa ville natale[5]. En 489, le roi wisigoth Alaric II le nomme comte d'Auvergne et Apollinaire reprend de cette manière la place de son ami Victorius[6].

La bataille de Vouillé[modifier | modifier le code]

En 507, les Francs de Clovis franchissent la Loire pour prendre les territoires gothiques de la Gaule. Le roi wisigoth Alaric II lève des troupes dont un nombre important d'Auvergnats et de Clermontois. Les deux armées se retrouvent confrontées à la bataille de Vouillé. Le comte Apollinaire de Clermont dirige le contingent arverne de l'armée wisigothique[7]. L'historien Grégoire de Tours écrit dans son Historia Francorum le déroulement de la bataille de Vouillé où les troupes auvergnates combattent dans le même rang que les Wisigoths d'Alaric contre l'armée franque de Clovis[8],[9].

« On vit marcher contre les Francs, avec une intrépidité étonnante, 10 000 citoyens de la ville d'Auvergne ayant à leur tête le fils du célèbre Sidoine Apollinaire. Le nouveau conquérant, Clovis, ne fut vainqueur que lorsqu'il ne trouva plus aucun Auvergnat pour lui disputer la victoire [...]. » - Histoire des Francs, Grégoire de Tours, traduction Guizot, L. I, p. 104.

La bataille est gagnée par les Francs, le roi Alaric II est tué tandis qu'Apollinaire ayant survécu réussit à mener la retraite des restes de l'armée wisigothique et à rejoindre Clermont. Une fois arrivé dans la cité, Apollinaire reste sur place avec une partie des troupes tandis que la majorité des soldats se replient sur Toulouse, la capitale du royaume wisigoth afin d'accompagner le jeune héritier au trône, Amalaric qui accompagnait son père.

Son retour en la capitale auvergnate marque notamment l'envoi de lettres à son cousin écrivain Avit de Vienne[10].

Épiscopat et arrivée des Francs en Auvergne[modifier | modifier le code]

À une date difficile à déterminer, une contre-offensive gothe a repris au moins les cités de Rodez et d'Albi[n. 1]. Grégoire de Tours nous raconte les mésaventures de l'évêque Quintien, un prêtre du patriarcat de Carthage exilé en Gaule à cause des Vandales et qui était devenu évêque de Rodez. Chassé de sa cité par le parti pro-wisigoth, il se réfugie à Clermont dont l'évêque paraît avoir été mis en place par les Burgondes alliés de Thierry. À la mort d'Euphraise en 515, le clergé l'élit pour son successeur, mais un complot ourdi par les femmes de la famille d'Apollinaire le renverse et installe à sa place l'ancien comte, Apollinaire de Clermont, qui reste fidèle au royaume wisigoth[11]. Lui et sa famille comptent et souhaitent le retour des Wisigoths.

C'est l'occasion d'une première intervention du roi Thierry Ier, fils de Clovis, mais impossible à dater[n. 2]. Le putsch d'Apollinaire lui sert de prétexte pour intervenir en Auvergne et définitivement l'annexer. Pour le reste, il se contente de rétablir Quintien, Apollinaire étant mort quelques mois après sa prise de l'épiscopat[12]. L'Auvergne reste sous l'administration d'un comte, Hortensius, d'origine gallo-romaine mais désormais dans la mouvance franque. Marié avec Placidina, Apollinaire laisse derrière lui une fille également du nom de Placidina et un fils du nom d'Arcade, fils qui soulèvera l'Auvergne contre les Francs en 532[13],[14].

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Contre-offensive wisigothe ou offensive ostrogothe. Tous les Wisigoths n'ont par ailleurs pas émigré après la conquête franque : c'est le cas notamment à Rodez. Il faut situer ces évènements après 510. La chronologie est celle d'E. Zöllner, Geschichte der Franken…, p. 66, précisée par M. Rouche, L'Aquitaine…, p. 490 note 1. - Cf. Grégoire de Tours, Histoire des Francs…, II, 36 : « Comme après la mort de Clovis, les Goths avaient envahi beaucoup de terres que ce dernier avait conquises… »
  2. Grégoire, bien informé sur tout ce qui concerne l'Auvergne, dispose apparemment de deux traditions orales : l'une issue de ses parents, l'autre de saint Gall ; mais elles se retrouvent fusionnées dans ses textes et mêlées de réminiscences littéraires. La question a été débrouillée quasi-simultanément par E. Zöllner, Geschichte der Franken…, p. 80 et par M. Rouche, L'Aquitaine…, p. 491 note 13. Cette solution suppose deux interventions de Thierry en Auvergne, la première entre 515-516 (épiscopat de Quintien) et 525 (épiscopat de Gall), l'autre sans doute en 532.

Références[modifier | modifier le code]

  1. Joël Schmidt, Le royaume wisigoth d'Occitanie, Paris, Perrin, , 194 p. (ISBN 978-2-262-02765-0, BNF 41289459)
  2. Godefroi Kurth, « Les comtes d'Auvergne au VIe siècle », Bulletin de l'Académie royale de Belgique, Académie royale de Belgique,‎ (lire en ligne)
  3. Eugène Baret, E. Thorin, Étude sur Sidoine Apollinaire et sur la société gallo-romaine au cinquième siècle, Base de données Remacle, (lire en ligne)
  4. Françoise Prévot, « Sidoine Apollinaire et l'Auvergne », Revue d'Histoire de l'Eglise de France, vol. 79, no 203,‎ , p. 243-259 (ISSN 0048-7988, lire en ligne)
  5. Bernadette Fizellier-Sauget, L'Auvergne de Sidoine Apollinaire à Grégoire de Tours : actes des XIIIème journées internationales d'archéologie mérovingienne : Clermont-Ferrand (3-6 octobre 1991), Clermont-Ferrand, Institut d'études du Massif Central, , 423 p. (ISBN 2-87741-082-X, lire en ligne)
  6. (en) Ralph Whitney Mathisen, « Emigrants, Exiles, and Survivors: Aristocratic Options in Visigothic Aquitania », Phoenix, Winnipeg, Classical Association of Canada, vol. 38,‎ , p. 159-170
  7. Jean-Luc Boudartchouk, « Processus politiques de déromanisation dans l’entité gothe des Gaules, le regnum tolosanum (413-508) », Archéopages - archéologie et société « Hors-Série n°3 - Nouveaux champs de la recherche archéologique »,‎ , p. 158-165 (ISSN 2269-9872, lire en ligne)
  8. Grégoire de Tours 2011, p. 44.
  9. Jean Anglade, Histoire de l'Auvergne, Paris, Hachette Littérature, (ISBN 2-01-000880-4, lire en ligne)
  10. Luce Pietri, Roland Delmaire, Janine Desmulliez, Pierre-Louis Gatier, « Les lettres d’Avit de Vienne. La correspondance d’un évêque «politique» », Correspondances : documents pour l'histoire de l'Antiquité tardive. Actes du colloque international, université Charles-de-Gaulle-Lille 3, 20-22 novembre 2003, Lyon, Maison de l'Orient et de la Méditerranée,‎ , p. 311-331 (lire en ligne)
  11. (en) Edward James, « Gregory of Tours, the Visigoths and Spain », Cross, crescent and conversion, Leyde ; Boston, Brill, the Medieval Mediterranean,‎ , p. 43-64 (ISBN 9789047432036, ISSN 0928-5520, lire en ligne)
  12. Brigitte Beaujard, « Le culte des saints chez les Arvernes aux Ve et VIe siècles : Actes des XIIIes journées internationales d'archéologie mérovingienne », L'Auvergne de Sidoine Apollinaire à Grégoire de Tours : histoire et archéologie, Clermont-Ferrand, Université Blaise-Pascal ; Association française d'archéologie mérovingienne ; Service régional de l'archéologie Auvergne,‎ (ISBN 2-87-741-082-X, ISSN 1248-4989, lire en ligne)
  13. (en) Ian N. Wood, « Early Merovingian Devotion in Town and Country », The Church in Town and Countryside, Cambridge University Press, vol. 16,‎ , p. 61-76
  14. (en) Ralph W. Mathisen, « Epistolography, Literary Circles and Family Ties in Late Roman Gaul », Transactions of the American Philological Association, Johns Hopkins University Press, vol. 111,‎ , p. 95-109

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]