Anton Pannekoek — Wikipédia

Anton Pannekoek
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Voir et modifier les données sur Wikidata (à 87 ans)
WageningueVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom dans la langue maternelle
Antonie PannekoekVoir et modifier les données sur Wikidata
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Antonie Johannes Pannekoek (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Parentèle
Michiel Noordewier (d) (beau-frère)Voir et modifier les données sur Wikidata
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Anton Pannekoek, né le à Vaassen (Pays-Bas) et mort le à Wageningue, est un astronome, astrophysicien et militant marxiste néerlandais.

Il participe au développement du mouvement communiste aux Pays-Bas et en Allemagne et devient dans les années 1920 une figure du communisme de conseils, opposé aux conceptions de Lénine.

Biographie[modifier | modifier le code]

Militant de l'aile gauche de la IIe Internationale, ses positions le rapprochent de Rosa Luxemburg. Son courant de pensée a été appelé « Gauche germano-hollandaise »[2].

Dès 1914 et quoique néerlandais, il aurait été l'un des « théoriciens marxistes les plus appréciés en Allemagne »[3].

Opposant résolu à la Première Guerre mondiale, il rejoint dès 1919 la Troisième Internationale, dont il est exclu en 1921 en raison de ses positions de « communiste de gauche » et de son opposition à l'autoritarisme de Lénine.

Communiste de conseil, il rejette le stalinisme dès son apparition, convaincu d'emblée que ce courant n'a plus de rapport avec le marxisme. Il considère le régime de l'URSS non comme une forme de socialisme, même déformée, mais comme un capitalisme d'État. Il estime, comme Karl Marx et Rosa Luxemburg, que le communisme ne peut résulter que d'un processus révolutionnaire, aboutissant à un accroissement considérable de la démocratie et à la collectivisation des moyens de production. Il propose notamment d'étendre les libertés, de responsabiliser les individus afin de prévenir les dérives autoritaires d'une minorité (que serait l'avant-garde prônée par Lénine)[4].

Pendant la Seconde Guerre mondiale il rédige son ouvrage majeur, Les Conseils ouvriers, publié en 1946 en deux parties sous le pseudonyme de P. Aartsz. En 1944, alors qu'il rédige cet ouvrage, la plus grande partie de ses archives brûle lors de la bataille d'Arnhem. Pannekoek restera fidèle à ses convictions et correspondra par exemple avec Cornelius Castoriadis[5]. Son autobiographie Souvenirs est parue 22 ans plus tard aux Pays-Bas.

Il a suivi des études scientifiques, obtenant son doctorat en 1902. Professeur au sein de l'université d'Amsterdam, il y a fondé un Institut d'astronomie qui porte aujourd'hui son nom[6]. Docteur honoris causa de l'université Harvard, il a reçu en 1951 la médaille d'or de la Royal Astronomical Society. Un cratère lunaire de 71 km de diamètre porte son nom, ainsi que l'astéroïde (2378) Pannekoek. Il est également l'auteur d'une Histoire de l'astronomie, publiée en néerlandais puis traduite en anglais.

Associant photographies, annotations, diagrammes et dessins, il a développé une méthode permettant de représenter la Voie lactée. Considérant qu'aucune représentation ne nous rapproche mieux de la vérité que si l'on prend conscience que notre perception nous trompe, il préférait mettre à distance la photographie sans pour autant la négliger comme outil d'observation. Cette recherche aboutit à des planches d'une beauté plastique et poétique indéniable, alors qu'elles sont menées avec la plus grande rigueur scientifique[7].

Participation au mouvement socialiste marxiste avant 1914[modifier | modifier le code]

Pannekoek adhère au Sociaal-Democratische Abeiderpartij (Parti ouvrier social-démocrate hollandais) en 1901. Il se retrouve dès le début dans l'aile gauche de ce parti, aux côtés notamment de Herman Gorter et Henriette Roland-Holst.

En 1903 de grandes grèves éclatent aux Pays-Bas ; elles entrainent une accentuation de l'opposition entre gauche et droite dans le Parti. La gauche fonde De Tribune en 1907. En 1909 la scission est consommée. Le nouveau parti, le Sociaal-Democratisch partij (Parti social-démocrate) ne compte que quatre cents membres. Ce parti prônait des campagnes d'agitation en milieu ouvrier et une attitude de contestation pure et simple au Parlement.

Pannekoek, qui s'était déjà taillé une forte réputation de théoricien, ne participa pas sur place à ces événements car il était parti pour l'Allemagne en 1906, abandonnant pour un temps sa carrière universitaire. Il devait donner des cours à l'école que le Parti social-démocrate venait de créer à Berlin. La police prussienne s'y opposa (satisfaisant du même coup les désirs plus ou moins avoués de la droite du Parti qui trouvait Pannekoek "doctrinaire").

Pannekoek dut donc devenir propagandiste, journaliste et conférencier, rétribué par le Parti. Sa réputation de théoricien ne fit que grandir.

Outre l'insistance qu'il met sur la nécessité de la conscience de classe dans la lutte révolutionnaire, il critique la pratique et la théorie officielle du Parti social-démocrate. Il y voit l'influence des classes moyennes. Pannekoek énonce même une théorie de l'aristocratie ouvrière, qui a fait voir en lui un précurseur de Lénine sur ce point (théorie qu'il a abandonné par la suite, pour insister davantage sur la division du prolétariat en catégories par le système capitaliste, division qui aide au maintien de l'exploitation par son côté anti-unitaire). Il fait également remarquer qu'à l'Est, la bourgeoisie naissante cherche à adapter le socialisme à ses propres intérêts. À ces évolutions il faut selon lui répondre par une exaltation de l'action de masse qui est le facteur de cohésion qui permettra le développement des forces nécessaires.

En 1910 des luttes actives accompagnées de manifestations de rue renforcent la gauche, du moins dans les grandes villes. A Brème celle-ci est fortement implantée et détient le journal Bremer Burger Zeitung, auquel Pannekoek participe avec Karl Radek et Johann Knief. À la même époque Rosa Luxemburg commence une polémique contre Karl Kautsky : elle préconise la lutte pour une République en Allemagne, et le recours à la grève de masses. Pannekoek relance la discussion en publiant, en 1912, un article dans la Neue Zeit, l'organe théorique du Parti : Action de masse et Révolution. La contribution de Pannekoek dans cette polémique fut aussi marquante que celle de Rosa Luxemburg, en ce qu'elle forçait Kautsky à se "démasquer", à prôner ouvertement la tactique suivie par la social-démocratie, c'est-à-dire : faire mener la lutte par des délégués responsables, prenant des décisions, négociant avec les autorités au nom des masses, ne faisant que de temps en temps appel à l'action de celles-ci pour soutenir leur action propre. La polémique fut suivie avec attention par Lénine qui y fait allusion dans L'État et la Révolution, à la fois en félicitant Pannekoek mais aussi en l'accusant de manquer d'esprit pratique et d'ignorer les enseignements de la Commune de Paris. Ces critiques furent reprises par les bolchéviques qui reprochaient au Hollandais de négliger la nécessité selon eux de remplacer par un nouveau l'ancien pouvoir d'État. Pannekoek avait répondu par avance à ce type de critique en faisant remarquer que ce qui est justifié dans une phase donnée ne l'est plus nécessairement dans une autre et que c'est la lutte de classe elle-même qui détermine, en dernier ressort, la forme de l'organisation sociale. Pour Pannekoek, il fallait détruire l'État au plus vite.

Participation au mouvement radical après 1914[modifier | modifier le code]

Avec la déclaration de guerre allemande de 1914, la social-démocratie est submergée par une vague de nationalisme. Pannekoek rentre aux Pays-Bas et participe aux activités des divers groupes radicaux, et plus particulièrement à celles des tribunistes. Ceux-ci, par exemple, participèrent à la célèbre conférence de Zimmerwald en septembre 1915 qui décida la publication d'organes communs.

Henriette Roland-Holst et Pannekoek prennent la direction de la revue de langue allemande Vorbote qui ne connaitra que deux numéros et à laquelle collaboreront divers radicaux dont Lénine. Au contraire de ce dernier qui propose comme but un retour à la vieille tactique orthodoxe du marxisme, c'est-à-dire à celle des gauches d'avant-guerre, le Hollandais veut faire appel aux actions de masse pour dégager le socialisme nouveau qu'exige le caractère nouveau du capitalisme moderne. On voit ici se dégager l'idée de gestion de la société future, mais profondément transformée.

Cette période était, on s'en doute, assez agitée. À partir de 1916 des mouvements sauvages commencent à faire leur apparition. Il leur correspond la formation de nouveaux groupes politiques dont le plus important sera le Spartakusbund. Un autre, celui des Intemationalen Kommunisten Deutschlands (Communistes internationalistes d'Allemagne) de Brème se pose des questions plus théoriques sur l'organisation. Il rompt avec la social-démocratie et veut rompre aussi avec ses méthodes. La discussion s'étend dans leur organe légal qui ouvre ses colonnes à Karl Radek, Grigory Zinoviev, et Anton Pannekoek.

C'est dans cette atmosphère qu'arrive la nouvelle de la Révolution russe. Elle est accueillie avec enthousiasme. En Hollande, les tribunistes connaissaient des dissensions internes qui apparaissaient en filigrane dans les articles que Pannekoek consacre à la Révolution russe. En effet celui-ci justifie l'action des bolchéviques contre les critiques feutrées de la droite du petit parti, mais bien entendu, il maintient que l'avenir de la Révolution russe dépend du développement de la Révolution en Europe occidentale.

La Révolution allemande éclate en 1918 et se répand comme une trainée de poudre. Elle entraine la création de conseils d'ouvriers et de soldats. Mais ceux-ci présentent bien des caractères ambigus. Dans la réalité ils sont entre les mains du SPD et n'ont pas véritablement constitué l'organe de lutte élaboré par la classe elle-même. Celle-ci dans sa grande majorité s'en remet aux dirigeants traditionnels et, à y regarder de près, les conseils vidés de tout pouvoir réel, apparaissent comme une sorte de contre-feu entretenu avec prudence par les autorités, au sein desquelles figurent maintenant les cadres socialistes et syndicaux. Mais la situation offre pourtant des possibilités d'action plus grande aux extrémistes qui, encore et toujours, prônent l'auto-éducation des masses par et dans l'action. Il faut toutefois bien se rendre compte que leur influence s'arrête le plus souvent aux portes des usines. Cependant les divers groupuscules, non sans réticence, finissent par s'unir et créer, en 1919, le Parti communiste d'Allemagne (KPD). Il est remarquable que ce parti se prononçât contre la participation aux élections, en dépit de la prise de position contraire de Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht.

Il va de soi qu'au cours de cette période révolutionnaire les idées évoluaient rapidement. En particulier, les conseils faisaient l'objet de nombreuses discussions tant publiques qu'écrites. On essayait de dégager les perspectives ouvertes par la nouvelle forme d'organisation, en essayant de dépasser les ambiguïtés que la situation réelle présentant. Bien évidemment Pannekoek prit sa part, bien qu'en Hollande, dans cette discussion.

C'est dans le contexte de la création du Kommunistiche Arbeiter Parti Deutschlands (Parti communiste ouvrier d'Allemagne, KAPD) que Pannekoek rédigea, pour le deuxième congrès de la Troisième Internationale, sa brochure Révolution mondiale et tactique communiste (mars 1920).

Cette brochure s'articule sur deux plans : l'un est une tentative d'analyse de la révolution russe proprement dite, vue comme le point de départ des révolutions de l'Asie contre le Capital occidental, l'autre est une critique du socialisme radical.

Ce dernier, renouant avec la tradition de la gauche du parti social-démocrate, voulait utiliser la tactique radicale mais restait en fait lié aux formes traditionnelles, celles du parlementarisme et du syndicalisme. Pannekoek peut donc à bon droit prédire l'échec de toutes tentatives de front populaire simplement par analogie avec le passé : au mieux elles aboutiraient à l'impuissance et à la faillite, au pire elles deviendraient un facteur de désagrégation des forces révolutionnaires.

En ce qui concerne la Russie, tout dépend de la Révolution en Europe de l'Ouest et en Amérique. En effet l'arriération du pays rend inévitable l'apparition d'une bureaucratie d'État et d'entreprise qui, fusionnant avec l'ancienne, amènera un nouveau pouvoir des chefs. Ceux-ci seront, de plus en plus, forcés de pactiser avec le capitalisme pour assurer la durée de la Russie. C'est pourquoi il faut exiger que l'Internationale soit libérée de toute ingérence de Moscou.

À partir de ce moment, on peut dire que les grandes lignes de la critique que Pannekoek va adresser à la social-démocratie en général (sous sa forme classique comme léniniste), sont maintenant tracées. Elle s'articule autour d'une attaque de ce principe de base de toute société d'exploitation : il faut quelqu'un pour commander. Mais Pannekoek raisonnera en fonction des formes d'organisation nouvelles, apparues dans la grande crise révolutionnaire du début du siècle.

Après 1921 l'argent commence à manquer pour les publications de gauche et le nom de Pannekoek disparait ou presque des revues et publications politiques. Il retourne principalement à l'astronomie. Mais il ne s'agit pas d'une renonciation à la lutte, simplement les temps ont changé. Tout en restant lié à ce qu'il reste du mouvement, Pannekoek en vient maintenant à des préoccupations moins immédiates et se consacre à la réflexion plus profonde.

L'idée des Conseils[modifier | modifier le code]

Avec 1921 commence l'écroulement du mouvement révolutionnaire. Seuls quelques groupuscules subsistent, comme le Groep van Internationake Communisten (groupe des communistes internationaux) auquel Pannekoek participa.

C'est comme contribution aux activités de ce groupe qu'il écrivit Lénine Philosophe, publié en 1938 sous le nom de J. Harper. Dans cette brochure, non seulement Pannekoek donne son analyse de la Révolution russe, mais en critiquant l'ouvrage philosophique de Lénine Matérialisme et empiriocriticisme montre le caractère de matérialiste bourgeois de celui-ci et expose ses propres conceptions du marxisme et de la théorie de la connaissance.

Quelques textes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « http://hdl.handle.net/10622/ARCH01030 » (consulté le )
  2. Philippe Bourrinet, La Gauche communiste Germano-hollandaise : des origines à 1968, partiellement disponible en ligne, ce livre est cité par Christophe Bourseiller, Histoire générale de l'Ultra-gauche, Denoël, 2003.
  3. L’Humanité, (lire en ligne)
  4. Cécile Denis, Continuités et divergences dans la presse clandestine de résistants allemands et autrichiens en France pendant la Seconde Guerre mondiale : KPD, KPÖ, Revolutionäre Kommunisten et trotskystes, (thèse de doctorat réalisée sous la direction d’Hélène Camarade, soutenue publiquement le 10 décembre 2018 à l’université Bordeaux-Montaigne) (lire en ligne)
  5. Correspondance Chaulieu-Pannekoek.
  6. Site de l'institut Pannekoek.
  7. Marxist Astronomy. The Milky Way According to Anton Pannekoek, Lauren Collee, The Public Domain Review, 27 octobre 2021.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]