Antoine Richepance — Wikipédia

Antoine Richepance
Antoine Richepance
Antoine Richepance, général de division (1770-1802), par Louis-Édouard Rioult, huile sur toile, 1846, Musée de l'Armée.

Naissance
Metz
Décès (à 32 ans)
Basse-Terre
Origine Français
Allégeance Drapeau du royaume de France Royaume de France (1785-1791)
Drapeau du Royaume de France Royaume de France (1791-1792)
Drapeau de la France République française (1792-1802)
Grade Général de division
Années de service 17851802
Conflits Guerres de la Révolution française
Faits d'armes Bataille de Siegburg
Bataille d'Altenkirchen
Bataille d'Altendorf
Bataille de Neuwied
Bataille de Novi
Bataille de Hohenlinden
Distinctions Nom gravé sous l'arc de triomphe de l'Étoile
Autres fonctions Capitaine général de la Guadeloupe (1802)

Antoine Richepance, né Richepanse[1], né le à Metz (Province des Trois-Évêchés), mort le à Basse-Terre (Guadeloupe), est un général français, actif pendant les guerres de la Révolution française. Il fut à la tête de l'armée expéditionnaire de la Guadeloupe, chargée d'y rétablir l'esclavage à la demande du consul Bonaparte. Son nom est gravé sous l'Arc de triomphe de l'Étoile.

Biographie[modifier | modifier le code]

Jeunesse et formation militaire[modifier | modifier le code]

Fils d'Antoine Richepanse, sous-officier du régiment de Conti dragons[2], Antoine Richepanse naît le , à Metz[3], place forte française des Trois-Évêchés. Suivant les traces de son père, Antoine est admis comme enfant de troupe dès l'âge de 5 ans, au régiment de Conti dragons. Sa formation militaire est typiquement celle d'un enfant de troupe sous l'Ancien Régime. Alors qu’il est à peine âgé de 15 ans, il s’engage dans les Chasseurs d’Alsace, en et gravit rapidement les premiers grades de la hiérarchie militaire. Maréchal des logis en 1785, il est promu maréchal des logis chef en 1788, peu avant la Révolution française.

Soldat de la Révolution[modifier | modifier le code]

Partisan de la Révolution, le jeune sous-officier se distingue dès les premières campagnes des armées révolutionnaires.

Promu sous-lieutenant en 1791[2], il est nommé lieutenant en , puis capitaine en et enfin chef d'escadron au 1er chasseurs à cheval, en . En 1796, commandant, il fait partie de l’armée de Sambre-et-Meuse. En juin, il contribue aux victoires de Siegburg et d'Altenkirchen, où il montre ses talents à la tête du 1er régiment de chasseurs[2].

Témoin de sa fougue, Kléber le nomme le général de brigade, écrivant à Jourdan :

« Je pense, mon cher camarade, que tu approuveras cette nomination, et que tu détermineras le gouvernement à la confirmer. J'y attache un intérêt d'autant plus vif, que ce parait être le vœu de tout le corps d'armée qui a été témoin de ses actions brillantes[4]. »

Général de cavalerie[modifier | modifier le code]

Son grade de général de brigade est confirmé par le Directoire quelques jours plus tard en [5]. Il a alors 26 ans.

Blessé d'un coup de sabre, à la bataille d'Altendorf, il s'illustre encore à la bataille de Wetzlar, puis à Strullendorf[6].

L’année suivante, en , il prend une grande part dans la victoire de Neuwied, où les Impériaux perdent 8 000 prisonniers, 27 pièces de canon et 7 drapeaux[7]. En 1798 il sert dans la Division Lemoine, sous le commandement de Kléber. Appelé en Italie en 1799, il commande la réserve de cavalerie de l'Armée d'Italie. Richepanse participe activement à la bataille de Novi, ce qui lui vaut d’être promu général de division par Championnet le [8]. Sa promotion est confirmée par le Consulat en . Placé sous le commandement de Moreau, le jeune général mène plusieurs combats victorieux à Waldshut en avril, et enfin à Kirchberg en .

Le , il affronte le flanc gauche des armées autrichiennes de l'archiduc Jean à Hohenlinden. Son attaque décisive permet à Moreau de remporter la victoire. Il participe encore avec succès aux combats de Hermsdorf, Strasswalchen, Frankenmarkt et Schwanenstadt en . Richepance est alors au faîte de son ascension.

Général en chef à la Guadeloupe[modifier | modifier le code]

L’armée du Rhin étant dissoute en , il est mis en disponibilité. Il est nommé Inspecteur général des troupes de cavalerie de la République batave.

En , il est nommé général en chef[2] de l'armée expéditionnaire de la Guadeloupe[9].

Il participe à une expédition sanglante (66 % de perte dans le corps expéditionnaire)[10], contre une partie des troupes françaises locales de couleur, qui impose le rétablissement de l'esclavage en Guadeloupe par voie de fait ()[11]. Entaché d'illégalité, le décret de Bonaparte daté du , qui « avalise cet attentat » aux droits de l'homme, ne sera jamais publié[12].

Ayant contracté la fièvre jaune en Guadeloupe, il meurt le [3] après 16 jours de maladie[2], à l’âge de 32 ans[7].

Mémoire et controverse[modifier | modifier le code]

Mort sous le Consulat, le général Richepance, mort en service à l'âge de 32 ans, est considéré par l'historien et biographe du XIXe siècle Charles Mullié comme « l’un des plus braves généraux de la République[7] », il est aussi célébré comme un héros de l'Empire puisque son nom est gravé sous l'arc de triomphe de l'Étoile à Paris. Napoléon fit nommer Richepance une rue de Paris, et ordonna, en 1803, que le fort Saint-Charles en Guadeloupe soit rebaptisé de son nom[13]. En 1810, l'Empereur anoblit sa veuve et son fils aîné en leur donnant une baronnie d'Empire. La décision de graver son nom sous l'arc de Triomphe a été prise en 1836.

Sur sa tombe, aujourd'hui anonyme, érigée à l'intérieur du fort Delgrès, est inscrit : « Mort à 32 ans. Mais combien n'a-t-il pas vécu pour la gloire et pour la patrie ». Dans deux courriers adressés aux présidents François Hollande en 2014, et Emmanuel Macron, le , le collectif LKP exige que la dépouille de Richepance quitte la Guadeloupe[14]. Une suite favorable n'a pas été obtenue à ce jour[15].

Pour les Guadeloupéens, Richepance incarne une mémoire négative de l'île, en raison de son rôle dans le rétablissement de l'esclavage. Le « fort Richepance »[16] a été rebaptisé « fort Saint-Charles » en 1960, puis, en 1989, « fort Delgrès », du nom de Louis Delgrès, le chef de bataillon créole célèbre pour sa résistance aux troupes venues rétablir l'esclavage[17] qui se suicida plutôt qu'être capturé par Richepance en 1802.

En , la ville de Paris a rebaptisé la rue Richepance en rue du Chevalier-de-Saint-George[18], imitée en 2004 par Metz[19] qui renomme le quai Richepance en quai Wiltzer[20]. À Rouen, la caserne Richepanse est devenue le quartier Pélissier en 1974.

Unions et postérité[modifier | modifier le code]

Fils d'Antoine Richepanse (1734-1808), ancien officier au régiment de Conti, député de la Loire au Corps législatif[21] (1802-1808), Richepance fils épousa, en premières noces, à Puligny-Montrachet (Côte-d'Or), Pierrette Gaudez (née à Tournus), dont il a eu :

  • Émilie Pierrette (1791-1871), mariée, le à Tournus, avec François Marie (1772 - Saint-Omer - - Sainte-Ruffine), chevalier Rousseau de Sibille de l'Empire, lieutenant-colonel du génie, dont postérité (plusieurs fils) ;

Le général Richepance convola en secondes noces, en 1797, avec Marie Joséphine Charlotte Antoinette de Damas (1776- - Paris), baronne Richepance et de l'Empire (), fille de François de Paule de Damas (né en 1736), seigneur du Rousset, puis capitaine au régiment de Beauce, dont il eut :

Galerie[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Richepance avec un C, né Richepanse. Voir Henri Forneron, Histoire générale des émigrés pendant la Révolution française, E. Plon-Nourrit, Paris, p. 184. Le changement d'orthographe s'est certainement fait à l'initiative de l'intéressé.
  2. a b c d et e Émile-Auguste Bégin, Biographie de la Moselle : histoire par ordre alphabétique de toutes les personnes nées dans ce département, t. 3, Metz, Verronais, , 535 p., 4 dl. : ill., prtr. ; 22 cm (OCLC 906296119, lire en ligne), p. 31-36.
  3. a et b Liste des généraux mosellans du consulat et de l'empire sur patrimoines.lorraine.eu.
  4. Gazette nationale : ou le moniteur universel, t. 16, Paris, Leriche, , 1126 p. (lire en ligne), p. 1058.
  5. Charles-Théodore Beauvais, Victoires, conquêtes, désastres, revers et guerres civiles des français depuis les temps les plus reculés jusques et compris la bataille de Navarin, Paris, Panckoucke, , 334 p. (lire en ligne), p. 31.
  6. Philippe Le Bas, « Altendorf (bataille d’) », France : dictionnaire encyclopédique, Paris, Firmin Didot frères, t. 1 A-az,‎ , p. 512 (lire en ligne, consulté le ).
  7. a b et c Charles Mullié, « Richepanse », Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850, Paris, Poignavant, vol. 2,‎ , p. 499 (lire en ligne, consulté le ).
  8. Côte S.H.A.T. : 7 Yd 346.
  9. Yves Bénot, Association pour l’étude de la colonisation européenne et Marcel Dorigny, Rétablissement de l’esclavage dans les colonies françaises, 1802 : ruptures et continuités de la politique coloniale française, 1800-1830 : aux origines d’Haïti : actes du colloque international tenu à l’Université de Paris VIII les 20, 21 et 22 juin 2002, Paris, Maisonneuve et Larose, , 591 p. (ISBN 978-2-7068-1692-5, lire en ligne).
  10. Gérard Lafleur, « La Guadeloupe de 1803 à 1816 : de l’Empire à la Restauration », Bulletin de la Société d’Histoire de la Guadeloupe, no 172,‎ , p. 1-116 (ISSN 2276-1993, DOI https://doi.org/10.7202/1035305ar, lire en ligne).
  11. « Guadeloupe, 1802 : le combat de Delgrès contre le combat de Richepance », sur manioc.org, (consulté le ).
  12. Jean-François Niort et Jérémy Richard, « L’arrêté consulaire du 16 juillet 1802 rétablissant l’esclavage à la Guadeloupe : du mystère à l’illégalité » [PDF], sur manioc.org, (consulté le ).
  13. Le fort des Adelphes (place d'Épinal) sera par ailleurs baptisé Richepance, en 1887, à la suite du décret Boulanger sur les noms des forts et casernes militaires
  14. « #27Mai2018 en Guadeloupe : que faire de l'encombrant général Richepanse ? », sur Outre-mer la 1ère (consulté le ).
  15. Janvier 2022
  16. Historique du Fort Delgrès sur le Portail de la Guadeloupe, consulté le 29 janvier 2013.
  17. Une plaque commémorant la résistance de Louis Delgrès à l'action du corps expéditionnaire en Guadeloupe a également été scellée dans l'enceinte du Panthéon à Paris.
  18. Émilie Tran Phong, « La rue Richepance devient celle du Chevalier-de-Saint-Georges », Le Parisien,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  19. Pierre Carrey, « À Sartrouville, l’encombrant général Richepanse », Libération,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  20. « Richepanse », sur tout-metz.com.
  21. « Richepanse (Antoine) », dans Adolphe Robert et Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français, Edgar Bourloton, 1889-1891 [détail de l’édition] [texte sur Sycomore].
  22. a b c et d « BB/29/974 page 271. », Titre de baronne accordé à Marie, Joséphine, Charlotte, Anne, Antoinette Damas, veuve du sieur général Richepance, par décret du . Paris ()., sur chan.archivesnationales.culture.gouv.fr, Centre historique des Archives nationales (France) (consulté le ).

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Charles Mullié, « Richepanse », Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850, Paris, Poignavant, vol. 2,‎ , p. 499 (lire en ligne, consulté le ).
  • Thierry Lentz et Denis Imhoff, La Moselle et Napoléon : étude d’un département sous le Consulat et l’Empire, Metz, Serpenoise, , 285 p., 24 cm (ISBN 978-2-901647-88-1, OCLC 17737569, lire en ligne).

Filmographie[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

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