Antoine Bruny d'Entrecasteaux — Wikipédia

Antoine Reymond Joseph Bruny d'Entrecasteaux
Antoine Bruny d'Entrecasteaux

Surnom Chevalier d'Entrecasteaux
Naissance
Aix-en-Provence ou Entrecasteaux
Décès (à 55 ans)
Océan Pacifique
Origine Français
Allégeance Drapeau du royaume de France Royaume de France
Drapeau du Royaume de France Royaume de France
Arme Pavillon de la marine royale française Marine royale française
Grade Contre-amiral
Années de service 17521793
Commandement La Recherche
Conflits Guerre de Sept Ans
Guerre d'indépendance des États-Unis
Faits d'armes Expédition d'Entrecasteaux
Distinctions Chevalier de Saint-Louis
Hommages Son nom est donné à :
Autres fonctions Directeur-adjoint des ports et arsenaux
Gouverneur général des Mascareignes
Famille Famille de Bruny

D'azur au cerf courant d'or, au chef de même

Antoine Reymond Joseph de Bruni[1] d'Entrecasteaux, dit le « chevalier d'Entrecasteaux », né le à Aix-en-Provence ou au château d'Entrecasteaux, selon les sources[2], et mort le dans l'océan Pacifique, est un navigateur français qui partit en 1791, à la tête de deux frégates, La Recherche et L'Espérance, à la recherche de l'expédition de Jean-François de La Pérouse, explorant tour à tour les rivages de Nouvelle-Zélande, la Nouvelle-Calédonie, les îles Tonga et les côtes australiennes.

Biographie[modifier | modifier le code]

Origines et jeunesse[modifier | modifier le code]

Bruni d'Entrecasteaux, enfant.

Issu d'une famille de la noblesse de robe provençale, Antoine Reymond Joseph de Bruni d'Entrecasteaux est le troisième enfant (le deuxième fils) de Jean-Baptiste de Bruny, marquis d'Entrecasteaux (1701-1793), président à mortier du Parlement de Provence, et de Dorothée de L'Estang-Parade. Son frère Jean-Paul de Bruny d'Entrecasteaux (1728-1794), lui aussi président du Parlement de Provence, sera guillotiné sous la Révolution.

Le jeune d'Entrecasteaux, après des études au collège des Jésuites d'Aix-en-Provence[3], s'engage comme garde de la Marine en , à l'âge de quinze ans[3].

Une carrière d'officier de marine[modifier | modifier le code]

Embarqué en 1755 sur la frégate la Pomone, à Cadix et à Saint-Domingue. Il passe l'année suivante, au début de la guerre de Sept Ans, dans l'escadre de La Galissonière avec laquelle il participe, à bord de la Minerve, à la prise de Minorque le , contre la flotte de l'amiral Byng[4]. Il est promu enseigne de vaisseau en [4].

De cette époque à 1768, il effectue plusieurs croisières dans l'Océan atlantique et sur les côtes de France. En 1764, il embarque sur la frégate l'Hirondelle, commandée par M. de Chabert, et qui était destinée à faire une campagne d'observations astronomiques. À son retour il passe sur le vaisseau l'Etna, qui faisait partie de l'escadre aux ordres du comte du Chaffault, destinée à l'Amérique.

Lorsqu'en 1769 le maréchal de Vaux est chargé de soumettre la Corse, d'Entrecasteaux obtient le commandement d'une felouque dans la division navale aux ordres de M. de Broves, qui devait protéger cette expédition. Sa bravoure lors de l'expédition lui vaut d'être nommé lieutenant de vaisseau en .

À la suite de différentes affectations, de 1770 à 1776, dont une sur L'Alcmène commandée alors par son parent, le bailli de Suffren[5], il est fait chevalier de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis.

Lorsqu'en 1778, la guerre éclate entre la France et l'Angleterre, d'Entrecasteaux est nommé au commandement de la frégate l'Oiseau, de 32 canons de huit. Cette frégate est chargée de la protection des convois expédiés de Marseille dans les divers ports du Levant, principalement des corsaires barbaresques. Au cours d'une de ses traversées depuis Marseille vers Smyrne, alors qu'il escorte un nombreux convoi, il rencontre deux corsaires tunisiens, supérieurs en force; mais il manœuvre avec habileté et parvient à mettre son convoi en sûreté[6].

Au mois de il reçoit un brevet de capitaine de vaisseau, et M. de Rochechouart le choisit pour commander Le Majestueux, de 110 canons, sur lequel il arbore son pavillon. À la paix de 1783, le maréchal de Castries, alors ministre de la Marine, qui avait su apprécier le mérite de d'Entrecasteaux, le nomme directeur adjoint des ports et arsenaux[6].

Il obtient alors le commandement de la frégate la Mignonne qu'il mène au Levant, puis en 1782 celui du Majestueux, avec lequel il participe, sous les ordres du comte de Guichen, au combat du Cap Spartel.

Gouverneur dans l'Océan Indien[modifier | modifier le code]

Portrait de d'Entrecasteaux (1791) par Charles-Paul Landon, d'après un dessin d'Edme Quenedey (1756–1830).

Directeur-adjoint des ports et arsenaux, où il révèle des qualités d'organisation, le chevalier d'Entrecasteaux demande sa mise en retraite en 1785, pour des raisons familiales[6]. Il reçoit, la même année, le commandement de la Résolution, d'où il dirige, comme chef de division, les forces navales françaises en océan Indien.

Il s'y distingue par des navigations hardies : ouvrant une nouvelle route maritime vers la Chine, il choisit de passer le détroit de la Sonde, les Moluques, les Mariannes et les Philippines, jusqu'à Canton, en traversant, contre la mousson, des régions inexplorées et dangereuses.

Ce succès lui vaut d'être nommé gouverneur général des Mascareignes (Île-de-France, de Bourbon et île Rodrigues) en , poste qu'il occupe jusqu'en , date à laquelle il rentre en France.

À la recherche de Monsieur de La Pérouse[modifier | modifier le code]

En 1791, Louis XVI, inquiet du sort de l'expédition de La Pérouse dont il est sans nouvelles, lui demande de partir à sa recherche. Deux gabares sont armées pour l'occasion (rebaptisées pour l'occasion frégates) : La Recherche, commandée par d'Entrecasteaux, et L'Espérance, confiée à Huon de Kermadec. Elles appareillent de Brest le .

L'expédition ne permet pas de retrouver des traces de La Pérouse et se terminera de façon chaotique à Surabaya. Les navires passent à proximité de Vanikoro où vivaient encore certainement des rescapés du naufrage de la Boussole et de l'Astrolabe et d'Entrecasteaux, atteint de scorbut, succombe en mer au large de la Nouvelle-Guinée le 3 thermidor an I ()[7].

Son voyage, dont le récit fut publié par Élisabeth Rossel en 1809, fut cependant un succès indéniable puisqu'il permit la découverte de nombreuses terres alors inconnues. Il s'inscrit en ce sens dans la droite ligne des voyages scientifiques français, qui, de Bougainville à Dumont d'Urville, contribuèrent aux XVIIIe et XIXe siècles à une meilleure connaissance de l'Océan Pacifique et des Océaniens.

Hommages et postérité[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Ou Bruny.
  2. Il a été ondoyé le à Aix-en-Provence, et baptisé le à Aix également. Ses actes d'ondoiement et de baptême sont sur le site des archives départementales des Bouches-du-Rhône.
  3. a et b Hennequin 1837, p. 421
  4. a et b Hennequin 1837, p. 422
  5. D'Entrecastreaux est le neveu du bailli de Suffren
  6. a b et c Hennequin 1837, p. 423
  7. Jacques-Julien Houtou de La Billardière An VIII, p. 286
  8. Gomy (Y.), 1976.- Contribution à la connaissance des Histeridae de Nouvelle Calédonie. Nouvelle Revue d'entomologie, VI (2): 153-171.

Sources et bibliographie[modifier | modifier le code]

En français
  • Jacques-Julien Houtou de La Billardière, Relation du voyage à la recherche de La Pérouse, t. 1, Paris, H. J. Jansen, an viii, 442 p. (lire en ligne sur Gallica)
  • Jacques-Julien Houtou de La Billardière, Relation du voyage à la recherche de La Pérouse, t. 2, Paris, H. J. Jansen, anviii, 445 p. (lire en ligne sur Gallica)
  • Hélène Richard, Le voyage de d'Entrecasteaux à la recherche de Lapérouse, Paris, Éditions du Comité des travaux Historiques et Scientifiques,
  • Georges Pisier, D'Entrecasteaux en Nouvelle-Calédonie : 1792 et 1793, Société d'études historiques de la Nouvelle-Calédonie, , 148 p.
  • Maurice Dupont (préf. Etienne Taillemite, ill. Pierre-Yves Pavec), D'Entrecasteaux : rien que la mer, un peu de gloire, Éditions maritimes et d'outre-mer, , 404 p. (ISBN 978-2-7070-0059-0, OCLC 10794414)
  • Henri Barre, Voyageurs et explorateurs provençaux, , 341 p.
  • Jean-Pierre Ledru, D'Entrecasteaux à la recherche de la Pérouse : Deux sabots sur la mer, La Rochelle, La Découvrance, , 558 p. (ISBN 978-2-84265-521-1, BNF 41063810, lire en ligne)
  • Joseph Hennequin, Biographie maritime, vol. 3, Regnault, , 420-440 p. (lire en ligne)
  • Artaud de Montor, Encyclopédie des gens du monde, vol. 9, Librairie de Treuttel et Würtz, (lire en ligne), p. 579-580
  • Étienne Taillemite, Marins français à la découverte du monde : De Jacques Cartier à Dumont d'Urville, Paris, Éditions Fayard, , 725 p.
  • Yannick Romieux, « Une nouvelle contribution à l'histoire de la Pharmacie navale : Philippe Chaumet, D'Entrecasteaux à la recherche de Lapérouse (1791- 1793) ; sa Pharmacopée », Revue d'histoire de la pharmacie, vol. 84, no 311,‎ , p. 436-437 (lire en ligne, consulté le ).
En anglais
  • (en) Edward Duyker et Maryse Duyker, Bruny d’Entrecasteaux : Voyage to Australia and the Pacific 1791—1793, Melbourne, Miegunyah/Melbourne University Press, (1re éd. 2001), 392 p. (ISBN 978-0-522-84932-5 et 0522852327, BNF 45714023)
  • (en) Edward Duyker, Citizen Labillardière : A Naturalist’s Life in Revolution and Exploration (1755—1834), Melbourne, Miegunyah/Melbourne University Press, (1re éd. 2003), 383 p. (ISBN 978-0-522-85010-9 et 0522851606, BNF 38973993)

Liens externes[modifier | modifier le code]