Anslech de Bricquebec — Wikipédia

Anslech de Bricquebec[1] ou Anslech (écrit parfois Anslec ou Ansleck[note 1]) est un guerrier viking[note 2] servant en tant qu'intendant à la cour de Guillaume Longue-Épée, dans les premiers temps du duché de Normandie.

Anslech dans les récits des chroniqueurs anglo-normands[modifier | modifier le code]

Autour de l'an mil, Dudon de Saint-Quentin évoque Anslech comme étant un des trois secretarii du jarl des Normands de la Seine, Guillaume Longue-Épée (c. 927-942). Il fait donc partie de l'entourage proche du fils de Rollon[2]. Une source plus tardive, le Roman de Rou, relate qu'Anslech soutient Guillaume Longue-Épée lorsque Rioulf, comte du Cotentin et de l'Évrecin, mena une importante rébellion contre lui. Il le convainc de le combattre, alors que l'abandon est proche. Le lieu est à l'ouest de Rouen dans ce qui devient le Pré de la Bataille[3],[note 3] entre les Normands de Guillaume Longue Épée et ceux du Cotentin menés par Riouf[5],[6]. Anslech reçoit de Guillaume Longue-Épée le château de Valognes. Cet édifice, datant des Mérovingiens, avait été rebâti par Rioulf avant de lui être confisqué[1].

On retrouve le même personnage sous la plume de Guillaume de Jumièges. Après l'assassinat de Guillaume Longue-Épée, Anslech forme avec Raoul dit Taisson l'Ancien et Bernard le Danois les « gardiens de tout le duché de Normandie »[7], en attendant la majorité du nouveau duc, Richard Ier. En 943, ils accueillent à Rouen Louis IV d'Outremer, roi des Francs, qui vient, en tant que suzerain, recevoir l'hommage des Rouennais.

Ascendance et descendance[modifier | modifier le code]

Les sagas norvégiennes et islandaises font d'Anslech un noble normand, d'origine danoise ou norvégienne, issue en tout cas de la vieille noblesse viking, baron de Bastembourg qui aurait reçu la baronnie de Bricquebec. Fils d’un supposé neveu de Rollon le Marcheur du nom de Rollon Turstain Brico (ou Hrolf Turstan ou Hrolf Turtain[note 4]), il serait le petit-fils d’un certain Rollanger Rognvaldsson, demi-frère de Rollon le Marcheur, et l’arrière-petit-fils de Rognvald Eysteinsson[9]. Cette généalogie n'est pas prouvée.

De même, sa descendance reste discutée. Une tradition tenace depuis le XVIIe siècle le considère comme l'ancêtre des familles de Montfort et Bertran par l'intermédiaire de son fils Tursten de Bastembourg (Richard). Cette affirmation est dépourvue de preuves[10]. Il aurait épousé Gerlotte de Blois (d), fille du comte de Blois, dont il eut Richard et Guillaume[8].

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. L'anthroponyme Anslech ou Anslec est issu du norrois Asleikr, connu aussi sous la forme islandaise Asleikur, mentionné par Snorri Sturluson entre autres. Cet ancien prénom, fréquent dans la Normandie ducale n'est plus attesté que dans la toponymie normande, où il est devenu « Anne- » dans les Anneville de Normandie et dans Annebecq.
  2. À cette époque, Vikings et Normands désignent un même peuple d'origine scandinave ; par opposition aux Francs avec qui ils constituent plus tard, sur les terres conquises par Guillaume Longue-Épée puis Guillaume le Conquérant, les normands de Normandie.
  3. La rue du Pré-de-la-Bataille rappelle cette confrontation[4].
  4. Selon André Davy, Hrolf Turtain, serait un fils more danico de Ragnvald, donc un frère consanguin de Rollon, et qui aurait épousé Ermina d'Avranches avec qui il aurait eu de cette union trois fils : Guillaume, à l'origine des seigneurs du Bec-Crespin, Anslech (Lancelot) de Bastembourg, ancêtre des barons de Bricquebec, Ansfroi le Dane, ancêtre des comtes d'Avranches et baron de La Haye-du-Puits[8].

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Pierre Leberruyer, « Valognes, résumé », Études normandes, L'association Études normandes, vol. 59, no 189,‎ , p. 113–114 (ISSN 0759-7533, e-ISSN 2645-1026, BNF 34348599, DOI 10.3406/etnor.1966.1327, lire en ligne, consulté le ).
  2. Dudon de Saint-Quentin, De moribus et actis primorum Normanniae ducum, Éd. Jules Lair, Caen, F. Le Blanc-Hardel, 1865, p. 220.
  3. Wace et Benoît de Saint-Maure, Roman de Rou, éd. Le Prévost et Langlois, 1827, p. 109.
  4. François Neveux, La Normandie des ducs aux rois : Xe au XIIe siècle, Rennes, Ouest-France, , 611 p., 21 cm (présentation en ligne), 1 - Essor du duché et expansion normande (911-1066), chap. 1 (« La fondation »), p. 35.
  5. Ernest d'Hauterive, « Intermédiaire des chercheurs et curieux de Normandie », Revue catholique d'histoire, d'archéologie et littérature de Normandie, Caen ; Évreux, s.l., vol. 35,‎ , p. 166 (ISSN 1245-6241).
  6. Jean Dubuc, Histoire chronologique de la Normandie et des Normands : des origines à 1204, Marigny, Eurocibles, coll. « Inédits et introuvables » (no 15), , 576 p., 22 cm (ISBN 978-2-914541-30-5), p. 156.
  7. Guillaume de Jumièges, Histoire des Normands, éd. Guizot, Brière, 1826, Livre IV, p. 79 (traduction française des Gesta Normannorum ducum écrit vers 1172)
  8. a et b André Davy, Les barons du Cotentin, Condé-sur-Noireau, Éditions Eurocibles, coll. « Inédits et introuvables du patrimoine Normand », , 319 p. (ISBN 978-2-91454-196-1), p. 55.
  9. Léchaudé d'Anisy, Recherches sur le Domesday, Le Saulnier, t. 1, 1842, p. 244-249.
  10. Christophe Maneuvrier, Paysages et sociétés rurales au Moyen Âge. Le Pays d’Auge jusqu’à la fin du XIIIe siècle, Thèse de doctorat, Université de Caen, 2000, vol. 1, (dactyl.), p. 98. L'ascendance douteuse d'Anslech est notamment reprise de Charles de Gerville, « Mémoires sur les anciens châteaux du département de la Manche », Mémoires de la Société des Antiquaires de Normandie, tome 1, 1825, p. 247.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]