Année internationale de la femme — Wikipédia

L’Année internationale de la femme (AIF) (International Women's Year ou IWY) est le nom attribué à l'année 1975 par l'Organisation des Nations unies (ONU). Entre 1976 et 1985 a également lieu la décennie des Nations unies pour les femmes (United Nations Decade for Women)[1].

Contexte[modifier | modifier le code]

L'ONU est fondée en 1945. Si un peu plus de la moitié des États membres seulement ont à cette époque accordé le droit de vote aux femmes ainsi que celui de travailler dans l'administration publique, la Charte des Nations unies mentionne l'égalité entre hommes et femmes. Comme l'organisation l'indique en 2000, « aucun document légal international n'avait auparavant affirmé avec une telle vigueur l'égalité de tous les êtres humains ou n'avait considéré la différence de sexe comme possible motif de discrimination »[2].

Jusqu'aux années 1970, l'ONU travaille à codifier et recenser les droits et les statuts des femmes dans tous les pays. Mais ces aspects formels et juridiques étant finalement jugés insuffisants pour assurer concrètement l'égalité, il est décidé d'organiser une conférence mondiale sur le sujet afin de pointer la persistance des discriminations les visant et de travailler à les faire disparaitre[2].

Histoire[modifier | modifier le code]

Le président américain Jimmy Carter rencontre les dirigeantes de l'année internationale des femmes à la Maison-Blanche, le 12 janvier 1979.

La première conférence mondiale sur les femmes (en) a lieu à Mexico (Mexique), du au [1]. Celle-ci, ainsi que le projet d'année internationale de la femme, font alors partie d'un vaste programme des Nations unies s'étendant sur la « décennie pour les femmes » (1976-1985), qui comprend notamment la rédaction de la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes[3], acceptée lors de la deuxième conférence (en), qui se tient en 1980 à Copenhague (Danemark). La troisième conférence (en) se déroule en 1985 à Nairobi, au Kenya, clôturant la décennie pour les femmes et fixant une série d'échéances pour les États membres, d'ici 2000, afin d'éliminer les discriminations fondées sur le genre dans les législations nationales. L'organisation de l'année internationale de la femme en 1975, menée par la secrétaire générale adjointe de l'ONU aux affaires sociales et humanitaires Helvi Sipilä, est très influencée par la montée en puissance des mouvements féministes dits de la « deuxième vague », qui se répand dans le monde au début des années 1970. Les déléguées aux conférences ont cherché à approfondir ces progrès par le biais d'une reconnaissance juridique de l'égalité femmes-hommes ainsi qu'à diffuser ces idées dans le monde en liant cette problématique au développement économique[2],[4],[5],[6],[7],[8],[9],[10].

La conférence de Mexico de 1975 réunit plus de mille déléguées issues de 133 États. Parmi les plus importantes figurent les Australiennes Elizabeth Anne Reid (en) et Margaret Whitlam (en)[11].

En parallèle de la conférence, un forum des ONG (International Women's Year Tribune) est également organisé, auquel assistent 4000 personnes[1]. Si en fonction de leur origine, elles mettent en avant des problématiques différentes (la paix pour celles du bloc de l'Est, l'égalité pour celles du bloc de l'Ouest, le développement pour celles issues des pays en développement), elles échangent et participent à internationaliser le mouvement féminin[2].

Controverse sur le sionisme[modifier | modifier le code]

La conférence de 1975 est également marquée par l'adoption de la résolution « Le sionisme est un racisme », préparant ainsi la résolution 3379 de l'Assemblée générale des Nations unies en 1975, le mois de novembre suivant[12],[13].

Une déclaration équivalente est également incluse dans une annexe à un rapport examiné lors de la conférence finale de la décennie des Nations unies pour la femme en 1985 à Nairobi[14]. Cependant, comme le note Marlin Levin dans son livre It Takes a Dream: The Story of Hadassah (1997) : « Bernice (en) a demandé [au président Ronald] Reagan de condamner publiquement la résolution de l'ONU. Il a accepté et promis que la délégation des États-Unis partirait de Nairobi si la résolution du sionisme-égal-racisme restait incluse dans la déclaration finale de la conférence »[14]. Bernice Tannenbaum convainc aussi le Sénat des États-Unis de condamner la résolution de la conférence et de demander son retrait[14]. Elle s'est également rendue personnellement au Kenya avec un projet de résolution du Sénat, où, accompagnée de Maureen Reagan (en), la fille du président Reagan et cheffe de la délégation américaine, elles ont répété la promesse du président de se retirer de la conférence si la résolution était maintenue dans la déclaration finale de la conférence[14]. Le Kenya a ensuite négocié un compromis dans lequel ce passage sur le sionisme est retiré du rapport final de la conférence[14].

L'emblème sur une pièce est-allemande de 1975.

Emblème[modifier | modifier le code]

L'année internationale de la femme a permis de diffuser l'emblème de la colombe de la paix, également utilisé depuis par la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes et la Force intérimaire des Nations unies au Liban. Il s'agit d'une colombe stylisée avec un symbole féminin et un signe égal ; il est créé par la designer Valerie Pettis, travaillant dans une société de publicité de New York et alors âgée de 27 ans. Il est devenu le symbole officiel de l'ONU Femmes[15] et reste utilisé dans les célébrations internationales de la Journée internationale des femmes[3],[4],[16],[17].

Évènements nationaux[modifier | modifier le code]

Colloque sur la promotion de la femme face aux responsabilités communales à Lomé.

Postérité[modifier | modifier le code]

À la suite de l'année internationale de la femme de 1975, plusieurs institutions et organisations sont créées[2] :

Notes et références[modifier | modifier le code]

(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « International Women's Year » (voir la liste des auteurs).
  1. a b et c (en) « 1st World Conference on Women, Mexico 1975 », Choike, Third World Institute (consulté le ).
  2. a b c d et e Département de l'information de l'ONU, « Les quatre conférences mondiales sur les femmes 1975-1995. Perspective historique », sur un.org, (consulté le ).
  3. a et b Kathleen Teltsch, "U.N. Wants It to Be More Than a 'Ladies' Meeting'", The New York Times, 10 May 1974.
  4. a et b Allison Dowie, Dangers on the Road to Complete Emancipation, Glasgow Herald, 22 October 1974.
  5. Arvonne S. Fraser. Becoming Human: The Origins and Development of Women's Human Rights, Human Rights Quarterly, Vol. 21, No. 4 (November 1999), pp. 853–906.
  6. WOMEN ON THE MOVE: Message from the Secretary-General, Gertrude Mongella, Secretariat of the Fourth World Conference on Women. United Nations. March 1994/No. 1.
  7. Implementation of the Nairobi Forward-looking Strategies for the Advancement of Women. United Nations General Assembly. A/RES/40/108, 13 December 1985, 116th plenary meeting.
  8. Mary K. Meyer, Elisabeth Prügl. Gender politics in global governance. Rowman & Littlefield, 1999, (ISBN 978-0-8476-9161-6), pp. 178–181.
  9. Anne Winslow. Women, politics, and the United Nations Volume 151 of Contributions in women's studies. Greenwood Publishing Group, 1995 (ISBN 978-0-313-29522-5), pp. 29–43.
  10. Chadwick F. Alger. The future of the United Nations system: potential for the twenty-first century. United Nations University Press, 1998 (ISBN 978-92-808-0973-2), pp. 252–254.
  11. a et b (en) « International Women's Year, 1975 », National Archives of Australia (version du sur Internet Archive)
  12. Text of resolution 3379 :
    TAKING NOTE of the Declaration of Mexico on the Equality of Women and Their Contribution to Development and Peace 1975, proclaimed by the World Conference of the International Women's Year, held at Mexico City from 19 June to 2 July 1975, which promulgated the principle that "international co-operation and peace require the achievement of national liberation and independence, the elimination of colonialism and neo-colonialism, foreign occupation, Zionism, apartheid and racial discrimina as the recognition of the dignity of peoples and their right to self-determination".; http://unispal.un.org/UNISPAL.NSF/0/761C1063530766A7052566A2005B74D1
  13. « jwa.org/exhibits/jsp/general.j… »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?).
  14. a b c d et e Sam Roberts, "Bernice Tannenbaum, Who Fought U.N. Resolution on Zionism, Dies at 101", 9 April 2015.
  15. [tools.unifem.org/unifem_logos/UNIFEM-GraphicStandards.pdf Graphic Standards]. UNIFEM Headquarters, United Nations Secretariat document, New York.
  16. Dangers on the road to complete emancipation. The Glasgow Herald. 22. October 1974.
  17. Dove Symbol for Women. Associated Press, The Calgary Herald. 10 May 1974.
  18. (en) « Forum 1975 » (version du sur Internet Archive)
  19. (en) Marian Sawer, « Red, White and Blue, What Do They Mean to You? The Significance of Political Colours »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), (consulté le )
  20. (en) « INTERNATIONAL WOMEN'S YEAR, GREATER CLEVELAND CONGRESS », Case Western Reserve University (consulté le )
  21. (en) « International Women's Year Conference Records »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), Thomas J. Dodd Research Center, University of Connecticut (consulté le )
  22. (en) « Women's Movement page 6 », SM Memory, State Library of South Australia (consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]