Ancien hôpital général de Dijon — Wikipédia

Ancien hôpital général de Dijon
Entrée historique de l'ancien hôpital générale, rue de l'hôpital.
Présentation
Type
Destination initiale
Destination actuelle
Cité de la Gastronomie de Dijon
Style
Construction
A partir de 1204
Patrimonialité
Logo monument historique Classé MH (1908, chapelle)
Logo monument historique Inscrit MH (1930, Façade)
Logo monument historique Inscrit MH (1937, Statues)
Logo monument historique Inscrit MH (2007, Bâtiments)
Site web
Localisation
Commune
Coordonnées
Localisation sur la carte de Dijon
voir sur la carte de Dijon
Localisation sur la carte de la Côte-d’Or
voir sur la carte de la Côte-d’Or
Localisation sur la carte de Bourgogne-Franche-Comté
voir sur la carte de Bourgogne-Franche-Comté
Localisation sur la carte de France
voir sur la carte de France

L'Hôpital général[1], Hôpital du Saint-Esprit ou Hôpital Notre-Dame de la Charité de Dijon est un ancien hôpital et le site historique de l'actuel CHU de Dijon.

Fondé au XIIIe siècle par le duc Eudes III de Bourgogne, il est doté en partie d'une toiture en tuile vernissée de Bourgogne. Les divers bâtiments de ce plus vieil hôpital de Dijon ont été inscrits ou classés au titre des monuments historiques au cours du XXe siècle[2]. Désaffecté en 2015, le site a fait l'objet d'un projet de reconversion pour devenir la cité internationale de la gastronomie et du vin.

Historique[modifier | modifier le code]

En 1204, le duc Eudes III de Bourgogne fonde les Hospices de Dijon dans le faubourg de l’Ouche, au sud de Dijon, sur une île de l’Ouche (avant que les bras de la rivière ne soient comblés), afin d’éviter la contagion des maladies, pour recueillir les enfants abandonnés, les pèlerins, les passants et soigner les indigents et les malades. Il en confie l’administration aux hospitaliers du Saint-Esprit fondé vers 1180 par Guy de Montpellier pour aider « tous les déshérités de la vie ».

Au XVIe siècle le maire de Dijon et des échevins remplacent les religieux à la direction de l'institution qui devient hôpital Notre-Dame de la Charité et annexe l’Hospice Sainte-Anne fondé en 1640 (monastère des Bernardines de Dijon et église Sainte-Anne de Dijon contiguë).

Au XVIIe siècle l’hôpital bénéficie des mesures prises par le roi Louis XIV pour la création d’hôpitaux généraux. L’hôpital Notre-Dame de la Charité obtient ce titre d’hôpital général en 1669. Les réaménagements successif déménagent le cimetière du site de l'hôpital vers l'actuel pont des Tanneries[3] (jusqu'en 1841) et font disparaitre l'ensemble médiéval, dont il ne subsiste plus que la Chapelle Sainte-Croix de Jérusalem, aujourd'hui intégré dans l'ensemble architectural moderne[4].

Au cours du XIXe siècle l’hôpital se modernise et les personnes âgées déménagent pour être installés en 1911 à l'hospice de Champmaillot. Le le Chanoine Kir (maire de Dijon de 1945 à 1968) pose la première pierre du nouvel hôpital du bocage dans le quartier de l'université de Dijon, où sont transférés de nombreux services. Au fur et à mesure de l'agrandissement de ce nouveau site, le nombre de services présents à l'hôpital général diminue.

Avec l'avènement du nouveau bocage central, le transfert des derniers services, des urgences et de l'hélicoptère du SAMU a lieu en 2015. L'hôpital général ferme et le CHU de Dijon abandonne ce site au profit de la Cité internationale de la gastronomie et du vin, qui ouvre ses portes en 2022[5].

Description[modifier | modifier le code]

Chapelle Sainte-Croix de Jérusalem[modifier | modifier le code]

La chapelle Sainte-Croix-de-Jérusalem est édifiée en 1459, au frais de frère Simon Albosset, religieux du Saint-Esprit, sacristain puis commandeur de l'hôpital du Saint-Esprit[6]. A vocation funéraire, pour exposer les défunts avant leur inhumation ou célébrer leur mémoire, elle est alors situé dans le cimetière de l'hôpital, dans son enceinte. Celui-ci est déplacé au XVIIe siècle pour permettre l'extension de l'hôpital, mais la chapelle subsiste pour être intégrée dans les bâtiments construits lors de cette extension[7].

Description[modifier | modifier le code]

Sa façade est ornée d'un haut-relief du XVIe siècle intitulé Notre Dame de Lorette, représentant la maison de la Vierge portée par les anges sur le côté gauche de la porte, d'un Christ bénissant du XVe siècle en haut de la porte lui même surplombé d'un ensemble nommé "Le pélican et les instruments de la Passion"[8](à l'époque médiévale, le pélican est fréquemment rattaché à la figure du Christ[9]).

Mise au tombeau entourée de peintures murales célébrant les fondateurs de la chapelle.

À L'intérieur, la chapelle abrite en dessous d'une grande trinité une mise au tombeau entourée de deux peintures murales représentant à gauche frère Pierre Crapillet, "commandeur de l'hospital du St Esprit sous le magistère duquel cette chapelle fût construite" agenouillé devant Guy Bernard,"évêque de Langres qui la consacra"; à droite Simon Albosset, le fondateur de la chapelle qu'il tient dans ses mains devant Saint Simon, "son patron". La pierre tombale de Simon Albosset, sous laquelle il repose est située en dessous du groupe de la mise au tombeau.


Le côté gauche de la chapelle est orné de trois hauts reliefs remarquables en calcaire polychrome retraçant des scènes de la vie du Christ, probablement issus d'un retable de l'hôpital, ainsi que du cénotaphe de Jean Jacotot, conseiller au Parlement de Bourgogne et victime de la peste en 1638.

Rénovation de 2020-2022[modifier | modifier le code]

La rénovation de la chapelle en vue de sa réouverture au public dans le cadre de la Cité internationale de la gastronomie et du vin a permis de mieux connaitre ce bâtiment jusque là fermé au public, malgré le projet avant la Seconde guerre mondiale d'y établir un musée des hospices.

Pendant 18 mois, la toiture en tuiles vernissées et naturelles (panachées à 80/20%) a été rénovée avec des teintes fidèles aux anciennes tuiles, dont 30% ont pu être récupérée. Le clocheton, couvert d'ardoise, a retrouvé la polychromie perdue de son épi de faîtage original, reproduit en fac-similé. Le coq en zinc le surplombant, datant de la rénovation du XIXe siècle, a été remplacé par sa copie exacte en cuivre, matériaux plus pérenne[10].

Au cours de cette rénovation, le message d'un plâtrier travaillant à la rénovation de la chapelle en 1856 a été découvert.

La Grande chapelle[modifier | modifier le code]

La grande chapelle de l'hôpital longitudinale de 90 m est construite entre 1504 et 1533. Elle fait alors office de salle d’accueil des malades.

En 1670 l'architecte Martin de Noinville (élève de Mansart) élève la façade de la grande chapelle, en style classique, avec la statue d'une femme accompagnée d'enfants intitulée la charité au-dessus de la porte principale. En 1843 le tout est surmonté d'un campanile décoré de deux statues symbolisant la foi et l'espérance.

La chapelle est désacralisée le au cours d'une messe d'exécration célébrée par l'archevêque de Dijon, Mgr Roland Minnerath[11]. Elle est réaménagée en salle d'exposition sur les climats de Bourgogne au sein de la cité de la Gastronomie et renommée à ce titre en "Chapelle des Climats"[12].


Réplique réduite du Puits de Moïse de la Chartreuse de Champmol[modifier | modifier le code]

En 1508, une réplique réduite du Puits de Moïse de la Chartreuse de Champmol (nécropole des ducs de Bourgogne) est réalisée pour le cimetière de l'hôpital au bord de l'Ouche. Elle est alors située, comme la chapelle Sainte-Croix de Jérusalem, dans l'enceinte du cimetière de l'hôpital. Déplacée en 1703, elle est démontée en 1956 puis réinstallée à proximité de ce qui était alors l'école de médecine en 1968[13].

L'apothicairerie[modifier | modifier le code]

Apothicairerie de l'hôpital général de Dijon
L'apothicairerie et ses pots de faïence.

Une apothicairerie hospitalière y est établie en 1644, celle qui nous est parvenue date cependant du début des années 1690. Son fonctionnement requiert les apothicaires de la ville de Dijon et non un personnel interne à l'hospice.

Selon les archives, le , on demande à Piron apothicaire de remplacer les pots d'étain par des pots de faïence commandés au faïencier dijonnais François Sigault, rue Maison-Rouge pour un coût de 90 livres. Les peintres Pierre Guillaume Duboc (attesté maître faïencier en Institut de l’information scientifique et technique, page 12/60), Nicolas Couplet et Charles Laborey ont œuvré à leur décoration, si bien que de nos jours, on peut admirer les objets classés à ce titre suivants : 46 pots de type chevrettes[14], 39 pots canon[15], auxquels s'ajoutent quatre grands vases[16], dont deux fontaines, décor d'influence Nevers voire Rouen.

Démontée au printemps 2015[17], elle est réinstallée dans le parcours d'exposition du 1204 - Centre d’interprétation de l’architecture et du patrimoine (Ciap) au sein de la Cité internationale de la gastronomie et du vin[18].

Domaine viticole[modifier | modifier le code]

Vins de Bourgogne, gérés en fermage par le Château de Marsannay.

L'institution reçoit au cours de ses huit siècles d’existence des dons et legs qui lui ont permis de constituer un important domaine viticole (à l'image des célèbres Hospices de Beaune et des Hospices de Nuits-Saint-Georges). Le CHU possède ainsi aujourd'hui plus de 23 hectares de vignes, dont 7 ha sont exploités par le Château de Marsannay, répartis sur les vignobles de la côte de Nuits et de la côte de Beaune du vignoble de Bourgogne, sur les communes d'Aloxe-Corton, Beaune, Pernand-Vergelesses, Pommard, Puligny-Montrachet, Savigny-lès-Beaune[19]...

Protection[modifier | modifier le code]

L'ancien hospice bénéficie de multiples protections au titre des monuments historiques[2] : un classement en 1908 pour la chapelle Sainte-Croix, une inscription en 1930 pour la façade de la chapelle, une inscription en 1937 pour la statue de la Vierge à l'Enfant, la statue de religieux en pierre, la statue du diacre en pierre, la copie ancienne du Puits de Moïse, et d'un inscription en 2007 pour divers éléments des bâtiments et structures (dont l'apothicairerie en totalité)[20].

Cinéma[modifier | modifier le code]

Plusieurs scènes du début du film "Le Repos du guerrier", avec Brigitte Bardot, ont été tournées à Dijon, dont une à l'intérieur de l'hôpital et une à l'extérieur[21].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. [1]
  2. a et b « Hôpital général, ancien hospice du Saint-Esprit », notice no PA00112275, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
  3. Carole Fossurier, « Autopsies à l’Hôpital Général de Dijon (1785-1841) », Archéopages. Archéologie et société, no 43,‎ , p. 60–67 (ISSN 1622-8545, DOI 10.4000/archeopages.2176, lire en ligne, consulté le )
  4. Office de Tourisme de Dijon métropole, Focus: L'ancien hôpital général de Dijon, studio Muchir Desclouds, , 8 p. (lire en ligne), p. 3
  5. « Dijon : la cité internationale de la gastronomie et du vin ouvrira le 21 décembre 2021 », sur France Bleu, (consulté le )
  6. « Restauration de la Chapelle Sainte-Croix de Jérusalem | Dijon patrimoine en ville », sur patrimoine.dijon.fr (consulté le )
  7. Christine Lamarre, « L'Hôpital Général », brochure de l'office du tourisme de Dijon,‎
  8. La chapelle Sainte-Croix de Jérusalem, chapelle du cimetière de l'hôpital médiéval, panneau d'information de la chapelle.
  9. « Le bestiaire de la Bible : le pélican, symbole de l’amour du Christ », sur Aleteia, (consulté le )
  10. « PATRIMOINE : La chapelle Sainte-Croix de Jérusalem retrouve son épi de faîtage polychrome », sur infos-dijon.com (consulté le )
  11. « Dijon: L'hôpital général est désormais vide », sur France 3 Bourgogne-Franche-Comté (consulté le )
  12. « Cité Internationale de la Gastronomie et du Vin - Dijon », sur www.citedelagastronomie-dijon.fr (consulté le )
  13. « La réplique du Puits de Moïse décoffrée ! | Dijon patrimoine en ville », sur patrimoine.dijon.fr (consulté le )
  14. « Pots chevrettes », notice no IM21010142, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Palissy, ministère français de la Culture
  15. « Pots canon », notice no IM21010141, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Palissy, ministère français de la Culture
  16. « Pots à pharmacie et fontaines à eau potable », notice no PM21000863, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Palissy, ministère français de la Culture
  17. « Côte-d'Or - Patrimoine. Dijon : un trésor dans les cartons ? », sur www.bienpublic.com (consulté le )
  18. « Dijon - Patrimoine. L’apothicairerie sera remontée dans la Cité de la gastronomie », sur www.bienpublic.com (consulté le )
  19. « Patrimoine viticole du CHU | CHU Dijon Bourgogne », sur www.chu-dijon.fr (consulté le )
  20. La fiche Mérimée précise : Les façades et toitures des bâtiments de l'hôpital général, l'autel majeur et la clôture du chœur de la grande chapelle, la pharmacie en totalité, les façades et la grille de la cour Henry Grangier, les façades et toitures des anciens communs du XVIIIe siècle et du dépositoire du XIXe siècle, la margelle et la superstructure du puits du XVIIe siècle dans la cour Berrier, les deux murs de soutènement, les parapets bordant les rives de l'ancien cours de l'Ouche et la terrasse sud, dite du Président Berbisey, les deux piliers du portail fermant le pont sur l'ancien cours de l'Ouche et ledit pont ([...].
  21. [2] Le Bien public

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Christine Lamarre, L’hôpital de Dijon au temps des Lumières, Langres, D. Gueniot, , 303 p. (ISBN 978-2878252941)

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]