Anasse Kazib — Wikipédia

Anasse Kazib
Illustration.
Anasse Kazib en 2021.
Biographie
Date de naissance (36-37 ans)
Lieu de naissance Sarcelles (Val-d'Oise)
Nationalité Française
Parti politique NPA (2017-2021)
RP (depuis 2021)
Syndicat SUD Rail
Profession Cheminot aiguilleur
Site web anassekazib.fr

Anasse Kazib, né en 1987 à Sarcelles, est un syndicaliste cheminot et militant trotskiste français.

Délégué syndical de SUD Rail à la gare du Bourget, il devient une figure du mouvement cheminot en 2018, année où il intègre Les Grandes Gueules de RMC. Depuis 2017, il est membre de Révolution permanente, courant du Nouveau Parti anticapitaliste qui prend son indépendance en 2021. Il tente de se présenter à l'élection présidentielle de 2022, mais échoue à recueillir les parrainages nécessaires.

Famille et carrière professionnelle[modifier | modifier le code]

Anasse Kazib naît en 1987 à Sarcelles (Val-d'Oise)[1], où il grandit[2], dans une famille de cinq enfants. Son grand-père était tirailleur marocain durant la Seconde Guerre mondiale. Ses parents, originaires d'Essaouira, arrivent en France au début des années 1970[3]. Son père est aiguilleur[4] à la SNCF, sa sœur y travaille également[5],[6]. Son père était agent contractuel[5] et, marocain, n'a jamais pu obtenir le même statut que ses collègues français en raison de ses origines, situation identique à celle de plusieurs centaines d'autres travailleurs immigrés ; le caractère discriminatoire de leur statut est reconnu par la justice en 2018, lors de l'affaire des Chibanis[4],[7].

Anasse Kazib travaille comme coursier pour des laboratoires chimiques avant de devenir cheminot en 2012, aiguilleur à la gare de triage du Bourget[4],[5]. Il gagne autour de 1 800 euros par mois selon ses primes. Sa femme est comme lui employée de la SNCF, dans la région de Paris Nord, depuis le milieu des années 2000[2],[4]. Ils se sont mariés à 21 ans et ont deux enfants[2].

Engagement syndical et politique[modifier | modifier le code]

Premiers engagements[modifier | modifier le code]

Anasse Kazib dit être né dans une famille ancrée à gauche, qui à toujours voté « soit pour le Parti socialiste, soit pour Lutte ouvrière ». Il affirme avoir pris part à une manifestation pour la première fois lors des émeutes de 2005 puis lors du mouvement contre le contrat première embauche l'année suivante, alors qu'il était au lycée[3].

Délégué syndical au Bourget[modifier | modifier le code]

Syndiqué à SUD Rail Paris Nord, Anasse Kazib forme en 2014 une section au Bourget, où il est désigné délégué syndical l'année suivante[6],[8]. Elle compte quarante-quatre membres en 2018[4].

Il participe au mouvement contre la loi Travail de 2016, durant lequel il est convaincu au trotskisme par la syndicaliste cheminote Laura Varlet, issue du Parti des travailleurs socialistes argentin. Il découvre grâce à elle le Manifeste du parti communiste de Karl Marx et Friedrich Engels et les textes de Léon Trotski. Il adhère l'année suivante au Courant communiste révolutionnaire, courant situé à la gauche du Nouveau Parti anticapitaliste[4],[9], pour lequel il collabore au site d'information Révolution permanente[6]. Il se définit comme « marxiste révolutionnaire »[5],[10].

Grève des cheminots de 2018 et passage aux Grandes Gueules[modifier | modifier le code]

Anasse Kazib milite pour la grève contre l'ouverture du secteur ferroviaire à la concurrence et la fin du recrutement au statut en 2018, durant laquelle il critique la tactique de la grève perlée et affirme s'opposer aux « bureaucrates » des directions syndicales. Il se fait remarquer parmi l'« AG de Paris Nord », un bastion syndiqué[4]. La loi est cependant votée en [11].

Simultanément et à partir du mois de mars[4], il intervient régulièrement dans divers talk-shows sur LCI, CNews, C8 ou RT France[6],[10]. Il devient alors une figure médiatique du mouvement cheminot[4],[12]. Très suivi sur Twitter[2], il y partage ses principales interventions.

Après une première intervention remarquée[4],[6], il intègre l'émission des Grandes Gueules sur RMC en [6], qui lui apporte une notoriété[2]. Il intervient comme chroniqueur trois fois par mois, en alternance avec son travail de cheminot[4],[6]. Son profil est recherché par les présentateurs de l'émission[13], celui de « cheminot engagé de base, qui n'ait pas le discours convenu des leaders syndicaux » selon les propos d'Olivier Truchot[4]. Sur le plateau, il emploie un vocabulaire marxiste, évoquant la lutte des classes, le prolétariat ou la bourgeoisie[6], décriant le capitalisme, les violences sociales et les violences policières[2]. En conséquence, il devient la cible de harcèlement raciste sur les réseaux sociaux[4]. Il est écarté de l'émission en [13]. Il poursuit sa participation régulière à l'émission Touche pas à mon poste !, présenté par Cyril Hanouna sur C8[2],[14].

Durant le mouvement des Gilets jaunes, il se lie avec l'une de ses figures, Jérôme Rodrigues[5]. Il participe au mouvement social contre la réforme des retraites de 2019-2020[5].

Tentative de candidature à l'élection présidentielle de 2022[modifier | modifier le code]

Anasse Kazib fait acte de « pré-candidature » à l'élection présidentielle de 2022 le , lors d'un conseil politique du NPA. Cette candidature, refusée par la branche dite majoritaire, prend place dans une crise interne au parti, entre une frange radicale (à laquelle appartient le Courant communiste révolutionnaire) et une autre, davantage modérée, ouverte à des rapprochements ponctuels avec La France insoumise[14],[15]. Le Courant communiste révolutionnaire quitte finalement le NPA en , privant le parti de quelque 300 militants[1],[16]. Anasse Kazib maintient sa candidature et le NPA présente celle de Philippe Poutou[17],[18].

Peu après le lancement de la campagne, il est la cible d'une campagne de cyberharcèlement de menaces de mort venant de l'extrême droite[19]. En février, des affiches racistes sont collées à la Sorbonne où le candidat est invité à répondre à des questions d'étudiants[20]. Anasse Kazib se plaint d'une invisibilisation médiatique de sa candidature[21]. Du 1er janvier au 18 février 2022, son temps de parole sur l'ensemble des radios et des chaînes de télévision s'est élevé à 5 minutes selon l'Arcom[22]. Arrêt sur images remarque qu'il est aussi régulièrement absent lorsque les chaînes de télévision évoquent le classement des candidats selon le nombre de leurs parrainages[23].

Le 9 février 2022, le candidat est censé participer à une séance de questions-réponses avec les étudiants de l'université Panthéon-Sorbonne au sein du centre Panthéon. Cependant, à la suite d'une campagne d'intimidation menée par l'extrême droite quelques jours plus tôt, plusieurs centaines d'étudiants se rassemblent avant la conférence afin d'apporter leur soutien au candidat[24],[25]. Recensant plus de 450 personnes[26], Le Poing Levé décide de tenir la conférence à l'extérieur, compte tenu du fait que l'amphithéâtre octroyé par la présidence est trop petit. Anasse Kazib reçoit à cette occasion le soutien d'Assa Traoré, de Bruno Gaccio ou encore de SOS Racisme[24]. La direction de l'université dénonce ce rassemblement devant ses locaux et le 18 février le candidat est convoqué sur injonction du procureur de la République[27] pour « manifestation sur la voie publique sans déclaration »[28].

Il présente un programme communiste, révolutionnaire, écologiste, anti-impérialiste et luttant contre les discriminations[9],[29] et notamment en direction de la jeunesse[30]. Il bénéficie notamment du soutien d'Assa Traoré, militante contre les violences policières[9],[31],[32], du journaliste Taha Bouhafs[29], de la sociologue Kaoutar Harchi[33] ou de la militante transféministe Sasha Yaropolskaya[9].

L'organisation ne réussit cependant pas à réunir les parrainages nécessaires pour présenter Anasse Kazib à l'élection présidentielle. Elle n'en réunit que 160[34].

Prise de position[modifier | modifier le code]

En octobre 2023, après l'Opération Déluge d'al-Aqsa, Anasse Kazib relaie les images du franchissement de la frontière israélienne par les combattants de Gaza et déclare : « Soutien au peuple palestinien qui est debout face à cet État sanguinaire qu'est Israël »[35]. Auditionné par la suite par la police pour ces propos, il considère que l'État français veut « criminaliser toute solidarité avec le peuple palestinien »[36].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Sarah Dupont, Yovan Simovic et Marceau Taburet, « Présidentielle: Poutou, Arthaud, Kazib, trois trotskystes pour un petit capital », sur Libération, (consulté le ).
  2. a b c d e f et g « Anasse Kazib, le cheminot qui veut être candidat à la présidentielle et faire la révolution », sur StreetPress (consulté le ).
  3. a et b Soufiane Khabbachi, « France-Maroc : un café chez Anasse Kazib, après sa première campagne présidentielle », sur Jeune Afrique, (consulté le ).
  4. a b c d e f g h i j k l et m Mathieu Dejean, « Anasse Kazib, portrait d'un gréviste incontrôlé », sur Les Inrockuptibles, (consulté le ).
  5. a b c d e et f C. G., « De manifs en plateaux télé, le cheminot Anasse Kazib ouvre sa « Grande gueule » contre la réforme des retraites », sur Le Parisien, (consulté le ).
  6. a b c d e f g et h Lynda Zerouk, « Anasse Kazib, une « Grande gueule » made in SNCF », sur Arrêt sur images, (consulté le ).
  7. Narguesse Keyhani et Vincent-Arnaud Chappe, « De la manifestation au procès : la mobilisation pour les cheminots marocains de la SNCF », Sociologie du travail, vol. 61, no 4,‎ (lire en ligne).
  8. Romain Métairie, « Grève des agents SNCF de Paris Nord : « On bosse dans des tunnels avec des rats, des puces, et des cafards » », sur Libération, (consulté le ).
  9. a b c et d Léa Dang, « Anasse Kazib se veut le candidat de l’écologie prolétarienne », sur Reporterre, (consulté le ).
  10. a et b Gurvan Kristanadjaja, « Des AG à la télé, les nouveaux visages de la mobilisation », sur Libération, (consulté le ).
  11. « La révolte des cheminots », sur Ballast, (consulté le ).
  12. Gurvan Kristanadjaja, « SNCF : fils d'immigrés, la voie militante », sur Libération, (consulté le ).
  13. a et b « Anasse Kazib, cheminot et militant, viré des Grandes Gueules », sur Arrêt sur images, (consulté le ).
  14. a et b Jean-Loup Adenor, « Présidentielle 2022 : d'Alexandre Langlois à Anasse Kazib, ces « petits » candidats déjà déclarés », sur Marianne, (consulté le ).
  15. « Le NPA d'Olivier Besancenot au bord de la scission », sur lalettrea.fr, (consulté le ).
  16. « Scission au NPA : la direction accusée de "droitiser" le parti », sur Marianne, (consulté le ).
  17. C. B., « Qui est Anasse Kazib, le cheminot qui veut se présenter à l'élection présidentielle ? », sur L'Obs, (consulté le ).
  18. « Présidentielle 2022 : Anasse Kazib, candidat "marxiste" et adoubé par les décoloniaux », sur marianne.net, (consulté le ).
  19. Sarah Dupont, Yovan Simovic et Marceau Taburet, « Présidentielle : Poutou, Arthaud, Kazib, trois trotskystes pour un petit capital », Libération,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  20. Mathieu Dejean, « Une conférence d’Anasse Kazib se transforme en front antifasciste », Médiapart,‎ (lire en ligne).
  21. Dorine Goth, « Présidentielle : Anasse Kazib dénonce son faible temps de parole et veut saisir le CSA », sur actu.fr (consulté le ).
  22. Guillaume Novelo, « Révolutionnaire, Anasse Kazib veut porter une candidature "subversive" », sur 20 minutes (consulté le ).
  23. « Anasse Kazib, 122 parrainages, candidat fantôme à la télé », sur Arrêt sur image (consulté le ).
  24. a et b « Une conférence d'Anasse Kazib se transforme en front antifasciste », sur Médiapart, .
  25. Jean-Loup Adenor, « Provoqué par Génération identitaire, Anasse Kazib mobilise ses troupes place du Panthéon », Marianne,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  26. Meline Escrihuela, « Menacé par l'extrême droite, Anasse Kazib remplit le Panthéon », sur Bondy Blog, (consulté le ).
  27. « Le candidat Anasse Kazib convoqué par la police », sur Médiapart, .
  28. Mathilde Roche, « Pourquoi Philippe Poutou et Anasse Kazib ont-ils été convoqué par la police », Libération,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  29. a et b « Présidentielle 2022 : Anasse Kazib, candidat "marxiste" et adoubé par les décoloniaux », Marianne,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  30. Voir sur rue89bordeaux.com.
  31. Julie Carriat et Claire Mayer, « Élection présidentielle 2022 : les candidats trotskistes en campagne sans souci d’unité », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  32. Voir sur politis.fr.
  33. Voir sur positions-revue.fr.
  34. « Les parrainages validés par candidat - Conseil constitutionnel présidentielle 2022 », sur presidentielle2022.conseil-constitutionnel.fr.
  35. Paul Sugy, « Attaque contre Israël : le Parti des Indigènes adresse au Hamas sa «fraternité militante», le NPA appelle à l’intifada », sur Le Figaro, (consulté le )
  36. Christophe Ayad, Bertrand Bissuel, Sandrine Cassini, Aude Dassonville, Brice Laemle et Soazig Le Nevé, « La société française dans l’engrenage du conflit au Proche-Orient », sur lemonde.fr, (consulté le ).

Liens externes[modifier | modifier le code]

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