Anémone de mer — Wikipédia

Actiniaria

Actiniaria
Description de cette image, également commentée ci-après
Planche des Formes artistiques de la nature d’Ernst Haeckel (1904) montrant plusieurs anémones de mer.
Classification
Règne Animalia
Embranchement Cnidaria
Classe Anthozoa
Sous-classe Hexacorallia

Ordre

Actiniaria
Hertwig, 1882

Les Actiniaria, aussi appelées anémones de mer, orties de mer ou encore actiniaires sont un ordre d'animaux marins au corps mou et très musclé, généralement fixés à un support.

Ce sont des cnidaires anthozoaires. L'anémone est constituée d'un polype solitaire à symétrie radiaire, sans squelette calcaire. Souvent ornées de couleurs vives, ces organismes développent de nombreux tentacules péribuccaux pourvus de cellules urticantes très vulnérantes. Leur symétrie, leurs couleurs et leurs tentacules qui évoquent les pétales d'une fleur, leur ont donné le nom vernaculaire d'anémone.

Description et caractéristiques[modifier | modifier le code]

Différentes anémones de mer
Anatomie de l'anémone. 1=tentacules, 2=pharynx, 3=gonades, 4=paroi, 5=mésentère[1] complet, 6=cinclide, 7=acontie, 8=disque pédieux[2], 9=muscle rétracteur[3], 10=mésentère incomplet, 11=stomate, 12=col, 13=bouche, 14=disque oral.
Les anémones peuvent adopter un mode de camouflage défensif qui évite le repérage par un prédateur : des verrues adhésives sur leur colonne favorisent l'accrochage des matériaux qu'elles trouvent autour d'elles (graviers, débris coquilliers, grains de sable, fragments d'algues calcaires)[4].
Poisson-clown dans une Entacmaea quadricolor
Une crevette symbiotique Periclimenes yucatanicus dans une anémone.
Une Calliactis polypus éjectant ses aconties.

Ce sont des polypes solitaires sans stade méduse, dépourvus d'exosquelette et dont la taille atteint de 1,25 cm à presque 2 m de diamètre. Les tentacules, habituellement nombreux, ont des nématocystes au poison urticant — mais seules certaines espèces sont douloureuses pour l'Homme — et des spirocystes[5]. Ils sont disposés en séries radiaires ou en cycles alternatifs qui sont étroitement liés à la disposition des mésentères.

Leur anatomie montre un pied qui s'ancre dans le sable ou s'attache sur des substrats durs par adhésion, comme une ventouse, surmonté d'un corps d'où rayonnent des tentacules lisses, pointus ou arrondis, disposés en un ou plusieurs cercles concentriques autour de la cavité buccale. Cette dernière est un orifice qui se trouve en position centrale, qui sert à la fois de bouche mais qui joue aussi le rôle d'anus[6]. Aucune anémone n'a de squelette calcaire, contrairement aux coraux[7], et leur symétrie fondamentale est hexaradiaire (symétrie centrale d'ordre 6, qui s'observe notamment au niveau du nombre des tentacules qui est un multiple de six)[6].

La cavité stomacale et la cavité du corps se confondent en un seul sac appelé cavité gastro-vasculaire qui assure une première phase de digestion extracellulaire (en) suivie par une phase finale de digestion intracellulaire. Cette cavité digestive s'ouvre à l'extérieur par un pharynx qui est une zone ectodermique invaginée. Le pharynx est parcouru par une gouttière longitudinale ciliée, le siphonoglyphe, qui assure la circulation de courants d'eau vers cette cavité, participant à la respiration, au maintien de la pression interne et à l'ingestion de particules alimentaires[8].

Malgré des ressemblances certaines, les anémones ne doivent pas être confondues avec les autres groupes de cnidaires sessiles mous : Alcyonacea, zoanthides, corallimorphes et autres.

Biologie et comportement[modifier | modifier le code]

Les anémones sont pour la plupart sédentaires, mais peuvent aussi se déplacer par glissement sur le fond et certaines peuvent même se déraciner brusquement et nager en cas d'attaque. En cas d'agression, certaines anémones de mer sont capables de projeter des filaments blancs urticants, appelés aconties. Ces filaments ont des effets semblables à ceux des méduses pour l'homme.

Les anémones de mer hébergent dans leurs tentacules des algues unicellulaires, des zooxanthelles endosymbiotiques, qui métabolisent l'énergie lumineuse en énergie exploitable par l'organisme (comme le corail) : une grande partie de leur énergie est d'origine solaire. De façon opportuniste, elles complètent leur menu à l'aide de plancton, de crevettes ou de petits poissons attrapés grâce à leurs tentacules, lesquels apportent ensuite la proie à l'orifice buccal pour la digestion, dans une cavité stomacale centrale. Les excréments sortent du corps par le même orifice[7].

On connaît relativement peu de prédateurs des anémones de mer, les plus voraces étant sans doute les tortues de mer. Cependant, certains mollusques comme le nudibranche Aeolidia papillosa sont aussi spécialisés dans la consommation d'anémones.

Les anémones de mer se reproduisent sexuellement ou par multiplication asexuée.

Symbioses et mutualismes[modifier | modifier le code]

Comme de nombreux autres cnidaires, les anémones de mer ont développé une symbiose avec les zooxanthelles de leurs tentacules, les zooxanthelles assurant la majorité des apports énergétiques nécessaires à la croissance et à la survie de leur hôte, notamment en sucres.

Une étude d'avril 2021 montre que les anémones de mer opèrent un tri entre les zooxanthelles et les autres microalgues : les secondes ne sont pas détruites, mais rejetées dans la nature par le système immunitaire des cellules infectées, alors que la réponse immunitaire est inhibée spécifiquement en présence des zooxanthelles[11],[12].

Quelques anémones de mer vivent également en mutualisme avec d'autres organismes, protégés contre leurs cellules urticantes par une carapace épaisse ou un mucus protecteur (notamment les poissons-clowns[13]). On y trouve ainsi des bernard-l'hermite (comme le « pagure à anémones » Dardanus deformis), les poissons-clowns, ou certaines petites crevettes, telle la Thor amboinensis[14]. Des symbioses plus complexes peuvent aussi avoir lieu, comme avec le crabe boxeur Lybia tessellata, qui porte en permanence une anémone (Boloceractis prehensa) dans chacune de ses pinces et les agite devant lui pour se défendre[15].

Menaces[modifier | modifier le code]

Les anémones de mer, comme les coraux, blanchissent sous l'effet du réchauffement climatique et elles dépérissent aussi à cause de la pollution et de la surpêche[16].

Classification[modifier | modifier le code]

La classification des anémones a été entièrement revue en 2014 par Rodríguez & Daly[17] : seuls deux sous-ordres sont désormais reconnus, l'essentiel des familles modernes étant comprises dans celui des Enthemonae, divisée en trois super-familles, dont une monotypique. Cette classification se substitue à celle héritée de Carlgren (début du XXe siècle), qui divisait les anémones en quatre sous-ordres (Endocoelantheae, Nyantheae - de loin le plus vaste -, Protantheae et Ptychodacteae)[18].

Les Actiniarias comprennent environ 1 200 espèces[19].

Actinostola sp.
Poisson-clown Amphiprion ocellaris dans une Heteractis magnifica
Anémones de mer à l'aquarium des Deux Océans

Selon World Register of Marine Species (5 janvier 2017)[18] :

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

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Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Feuillet tissulaire longitudinal. Les mésentères, disposés de manière radiaire, sont des cordons musculaires qui compartiment la cavité gastrovasculaire et maintiennent la base des tentacules et le pharynx en place en conservant au corps sa forme malgré la pression interne de l'eau.
  2. Cette sole pédieuse a une double fonction : fixation (disque pédieux formant ventouse par le jeu conjugué d'une musculature importante et de la sécrétion de mucus) et locomotion (lente reptation grâce aux contractions des cellules musculaires du disque basal). Une fois ce disque détaché, les anémones peuvent glisser sur leur substrat (voire se déplacer en pleine eau comme l'anémone des gorgones (en)).
  3. Le polype se tient normalement bien épanoui, mais en cas de dérangement, ce muscle leur permet de se rétracter pour devenir moins apparent.
  4. (en) Shah Pinal D., Thakkar Nevya J., Tailor Parth A, Mankodi Pradeep C., « Surveillance of Gravel Attached Sea Anemone », Research Journal of Marine Sciences, vol. 3, no 3,‎ , p. 1-2.
  5. (en) J. Malcolm Shick, A Functional Biology of Sea Anemones, Springer, , p. 64-65.
  6. a et b « Anémones », sur DORIS.
  7. a et b Joël Ignasse, « Anémone de mer : moitié animal, moitié plante », .
  8. (en) Cleveland P. Hickman, Larry S. Roberts, Frances Miller Hickman, Biology of Animals, , p. 390.
  9. Ces pseudo-tentacules sont des expansions du disque oral. Se ramifient de façon dichotome en formant des rameaux aplatis, foisonnants, qui masquent la bouche et la colonne, elles portent des acrocystes (capsules bourrées de cellules urticantes).
  10. Épibiose sur certaines algues rouges et brunes (Laminaires), sur les tubes de spirographe, grâce à des spirocystes.
  11. (en) Marie R. Jacobovitz, Sebastian Rupp, Philipp A. Voss et Ira Maegele, « Dinoflagellate symbionts escape vomocytosis by host cell immune suppression », Nature Microbiology, vol. 6, no 6,‎ , p. 769–782 (ISSN 2058-5276, DOI 10.1038/s41564-021-00897-w, lire en ligne, consulté le )
  12. « L’anémone de mer met à la porte les microalgues indésirables », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  13. « Poisson-clown et anémone de mer », sur aquarium-portedoree.fr.
  14. Thor amboinensis, sur Aquaportail.com
  15. Philippe Bourjon, « Lybia tesselata », sur SousLesMers.
  16. Florian Bardou, « Les poissons-clowns menacés par la destruction de leur habitat », sur liberation.fr, Libération,
  17. (en) E. Rodriguez et al., « Hidden among Sea Anemones: The First Comprehensive Phylogenetic Reconstruction of the Order Actiniaria (Cnidaria, Anthozoa, Hexacorallia) Reveals a Novel Group of Hexacorals », PLOS One,‎ (DOI https://dx.doi.org/10.1371/journal.pone.0096998, lire en ligne).
  18. a et b World Register of Marine Species, consulté le 5 janvier 2017
  19. (en) MARYMEGAN DALY, MERCER R. BRUGLER, PAULYN CARTWRIGHT, ALLEN G. COLLINS, MICHAEL N. DAWSON, DAPHNE G. FAUTIN, SCOTT C. FRANCE, CATHERINE S. MCFADDEN, DENNIS M. OPRESKO, ESTEFANIA RODRIGUEZ, SANDRA L. ROMANO & JOEL L. STAKE, « The phylum Cnidaria: A review of phylogenetic patterns and diversity 300 years after Linnaeus* »