Amenemhat IV — Wikipédia

Amenemhat IV
Image illustrative de l’article Amenemhat IV
Sphinx d'Amenemhat IV, dont la tête est retravaillé à l'époque romaine
Période Moyen Empire
Dynastie XIIe dynastie
Fonction roi
Prédécesseur Amenemhat III
Dates de fonction -1797 à -1790 (selon D. B. Redford & N. Grimal)
Successeur Néférousobek
Famille
Grand-père paternel Sésostris III ?
Père Amenemhat III ?
Mère Hétepti
Conjoint Néférousobek ?
Deuxième conjoint Concubine ?
Enfants avec le 2e conjoint Sékhemrê-Khoutaouy Amenemhat-Sobekhotep Ier
Sékhemkarê Amenemhat-Senbef
Fratrie Néférousobek ?
Néférouptah II ?
Hathorhétépet ?
Nébouhétépet ?
Sathathor II ?
Sépulture
Nom Pyramide d'Amenemhat IV
Type Pyramide
Emplacement Mazghouna

Amenemhat IV est le dernier roi de la XIIe dynastie de -1797 à -1790[1]. Il continue l'œuvre de son prédécesseur Amenemhat III et sera remplacé par Néférousobek après un règne d'une dizaine d'années tout au plus.

Famille[modifier | modifier le code]

Pour Aidan Mark Dodson, elle est la mère d'Amenemhat IV[2]. Cette affirmation repose sur l'étude d'une inscription où elle est indiquée comme « Mère du roi » (mwt-nisw.t). Cependant, dans ces titres, à aucun moment elle n'est indiquée comme « Fille du roi » (sȝ.t-nỉsw.t), « Épouse du roi » (ḥm.t-nỉsw.t) ou encore « Sœur du roi » (snt-nisw.t), ce qui fait dire à ces mêmes égyptologues qu'elle n'était pas d'origine royale.

Hotepti est donnée comme une des filles d'Amenemhat III selon quelques spécialistes, dont Jacques Kinnaer, ou comme une de ses épouses[3]. Si c'est le cas, alors Néférousobek, qui est son successeur sur le trône et une probable fille d'Amenemhat III, est soit sa tante, soit sa sœur.

Il est donné comme le père des deux premiers rois de la XIIIe dynastie : Sékhemrê-Khoutaouy Amenemhat-Sobekhotep Ier et Sékhemkarê Amenemhat-Senbef, en effet ces rois portent des noms de Sa-Rê de la forme Amenemhat-nom, ce qui fait dire à certains que la partie du nom Amenemhat est en l'honneur de leur père, cette pratique étant suivie par plusieurs rois de la dynastie[4],[5].

Règne[modifier | modifier le code]

Le Canon royal de Turin place Amenemhat IV dans la colonne 6, rangée 1, et lui attribue un règne de 9 ans, 3 mois et 27 jours[4]. Amenemhat IV est également inscrit dans la liste d'Abydos (no 65) et dans la table de Saqqarah (no 21), toutes deux datant du Nouvel Empire. Dans son Ægyptiaca, Manéthon le nomme Ammenemes et indique un règne de huit années. En tout cas, le règne d'Amenemhat semble avoir été pacifique et sans incident. Amenemhat IV est bien attesté par des artefacts contemporains, dont un certain nombre de scarabées et de sceaux-cylindres[6].

Arrivée au pouvoir[modifier | modifier le code]

Amenemhat IV est peut-être arrivé au pouvoir en tant que corégent de son prédécesseur Amenemhat III[7], dont le règne marque l'apogée de la période du Moyen Empire. La corégence serait attestée par de nombreux monuments et artefacts où les noms des deux rois sont cités en même temps, de manière parallèle[7]. La durée de cette corégence est incertaine ; elle aurait pu durer de un à sept ans[7], bien que la plupart des spécialistes pensent qu'elle n'a duré que deux ans[5],[7].

Activités hors d'Égypte[modifier | modifier le code]

Quatre expéditions dans les mines de turquoise de Sarabit al-Khadim dans le Sinaï sont datées de son règne par des inscriptions in situ. La dernière a eu lieu dans sa neuvième année sur le trône et pourrait être la dernière expédition du Moyen Empire, puisque la prochaine inscription date du règne d'Ahmôsis Ier, environ 200 ans plus tard[5]. En son an 2, Amenemhat IV a envoyé une autre expédition pour exploiter une mine d'améthyste dans le Ouadi el-Houdi, dans le sud de l'Égypte. Le chef de l'expédition était le trésorier adjoint Sahathor[8]. Plus au sud, on connaît à Koumma, en Nubie, trois enregistrements du niveau du Nil qui sont explicitement datés de ses années 5, 6 et 7 sur le trône, montrant que la présence égyptienne dans la région a été maintenue de son vivant[5].

D'importantes relations commerciales ont dû exister pendant son règne avec la ville de Byblos, sur la côte du Liban actuel, où un coffre en obsidienne et en or ainsi qu'un couvercle de jarre portant le nom d'Amenemhat IV ont été trouvés[5]. Une plaque en or montrant une offrande d'Amenemhat IV à un dieu peut également provenir de cette ville[9].

Récemment, des fouilles à Ouadi Gaouasis sur la côte de la mer Rouge ont produit deux coffres en bois et un ostracon portant un texte en écriture hiératique mentionnant une expédition au pays de Pount en l'an 8 d'Amenemhat IV, sous la direction du scribe royal Djedy[10]. Deux fragments d'une stèle le représentant et datant de son an 7 ont été trouvés à Bérénice sur la mer Rouge[11],[12].

Monuments[modifier | modifier le code]

Amenemhat IV a achevé le temple de Rénénoutet et Sobek à Médinet Mâdi commencé par Amenemhat III[13],[14],[15], qui est le seul temple intact du Moyen Empire existant encore selon Zahi Hawass[16]. Les fondations du temple, les bâtiments administratifs, les greniers et les résidences ont été mis au jour par une expédition archéologique égyptienne début 2006. Amenemhat IV a peut-être aussi construit un temple dans le nord-est du Fayoum à Qasr el-Sagha[17].

Amenemhat IV est responsable de l'achèvement d'un sanctuaire au temple d'Hathor dans le Sinaï[18] et pourrait également avoir entrepris des travaux à Karnak où un piédestal pour une barque sacrée portant les noms d'Amenemhat III et IV a été trouvé en 1924[5],[19],[20],[21],[22].

Après son règne[modifier | modifier le code]

Amenemhat IV est suivi sur le trône par Néférousobek, probable fille d'Amenemhat III. Après le cours règne de cette dernière, la XIIe dynastie s'est achevée et a été remplacée par la XIIIe dynastie, beaucoup plus faible[4]. Bien que les deux premiers souverains de cette dynastie aient pu être des fils d'Amenemhat IV, l'instabilité politique est rapidement devenue courante et les rois ont rarement régné au-delà de quelques années. L'afflux d'immigrants asiatiques dans le delta du Nil, qui avait commencé sous les règnes du prédécesseur d'Amenemhat IV, s'est accéléré sous son propre règne, devenant complètement incontrôlable[23]. Sous la XIIIe dynastie, la population asiatique du delta fonda un royaume indépendant dirigé par des rois de descendance cananéenne formant la XIVe dynastie et régnant à partir d'Avaris[4], forçant les rois de la XIIIe dynastie à abandonner la Basse-Égypte, puis petit à petit la Moyenne-Égypte. 80 ans environ après le règne d'Amenemhat IV, l'administration [de l'État égyptien] semble s'être complètement effondrée[4], marquant le début de la Deuxième Période intermédiaire. Les successeurs des rois de la XIIIe dynastie ne contrôlent alors qu'un territoire réduit avec pour capitale Thèbes[4].

Sépulture[modifier | modifier le code]

La tombe d'Amenemhat IV n'a pas été identifiée. Il est néanmoins souvent associé à la pyramide sud de Mazghouna en ruine. Aucune inscription n'a été trouvée à l'intérieur de la pyramide pour établir l'identité de son propriétaire, mais sa ressemblance architecturale[24] avec la deuxième pyramide d'Amenemhat III à Hawara a conduit les égyptologues à dater la pyramide de la fin de la XIIe ou du début de la XIIIe dynastie[25]. Moins probable, Amenemhat IV pourrait avoir été enterré dans la première pyramide d'Amenemhat III à Dahchour, puisque son nom a été trouvé sur une inscription dans le temple mortuaire[5].

À Dahchour, à côté de la pyramide d'Amenemhat II, les vestiges d'une autre pyramide datant du Moyen Empire ont été découverts lors de travaux de construction. La pyramide n'a pas encore été fouillée, mais un fragment portant le nom royal Amenemhat a été mis au jour. Il est donc possible que cette pyramide appartienne à Amenemhat IV, bien qu'il existe aussi des rois de la XIIIe dynastie qui portaient le nom d'Amenemhat et qui auraient pu construire la pyramide. Le fragment de relief peut aussi provenir de la pyramide voisine d'Amenemhat II[26].

Titulature[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Selon D. B. Redford, N. Grimal
  2. Dodson et Hilton 2004, p. 92 et 104.
  3. Michel Dessoudeix, Chronique de l'Égypte ancienne : Les pharaons, leur règne, leurs contemporains, Arles, Actes Sud, , 786 p. (ISBN 978-2-7427-7612-2), p. 165
  4. a b c d e et f Kim Steven Bardrum Ryholt, The Political Situation in Egypt during the Second Intermediate Period, c. 1800 – 1550 BC, Carsten Niebuhr Institute Publications, vol. 20. Copenhagen, Museum Tusculanum Press, 1997
  5. a b c d e f et g Darrell D. Baker, The Encyclopedia of the Pharaohs : Volume I : Predynastic to the Twentieth Dynasty 3300–1069 BC, Stacey International, , 587 p. (ISBN 978-1-905299-37-9), p. 457–458
  6. See for example seals 22 and 38 p. 113 and 121 and pl. VI and IX in: Percy Newberry, Scarabs: An introduction to the study of Egyptian seals and signet rings, with forty-four plates and one hundred and sixteen illustrations in the text, 1906, available online copyright-free
  7. a b c et d William Joseph Murnane, Ancient Egyptian Coregencies, Studies in Ancient Oriental Civilization (SAOC) 40, Chicago, The Oriental Institute, 1977, available online, direct access to pdf
  8. Ashraf I. Sadek, The Amethyst Mining Inscriptions of Wadi el-Hudi, Part I: Text, Warminster 1980, (ISBN 0-85668-162-8), p. 44-45, no. 21
  9. Gold openwork plaque showing Amenemhat IV, on the British Museum website
  10. El-Sayed Mahfouz, Amenemhat IV at Wadi Gawasis, Bulletin de l'Institut français d'archéologie orientale (BIFAO) 2010, vol. 110, [165-173, 485, 491 - 11 p., (ISBN 978-2-7247-0583-6), see also [1]
  11. Astonishing archaeological discoveries help rewriting the history of the Ancient Egyptian harbour
  12. M. Hense et O.E. Kaper, « A stela of Amenemhet IV from the main temple at Berenike », Nederlands Instituut voor het Nabije Oosten, vol. 72, nos 5–6,‎ , p. 585–601
  13. Dieter Arnold, Nigel Strudwick (éditeur), Helen M. Strudwick (éditrice, traductrice), The Encyclopaedia of Ancient Egyptian Architecture', I.B. Tauris, (ISBN 978-1-86064-465-8), p. 145.
  14. Edda Bresciani, Antonio Giammarusti, « Sobek's double temple on the hill of Medinet Madî », Les Dossiers d'archéologie, no 265,‎ , p. 132–140 (lire en ligne).
  15. The temple of Renenutet at Medinet Madi or Narmuthis.
  16. Middle East Times: Egypt finds clue to ancient temple's secret April 7, 2006
  17. Ian Shaw, Ancient Egypt: A Very Short Introduction, Oxford University Press (2004), (ISBN 978-0-19-285419-3), excerpt available online, see p.
  18. Flinders Petrie, Researches in Sinai, New York, Dutton, (lire en ligne), p. 63, 92-93 & 98.
  19. Maurice Pillet, « Rapport sur les travaux de Karnak (1923–1924) », Annales du service des antiquités de l'Égypte (ASAE), no 24,‎ , p. 53–88 (lire en ligne).
  20. Henri Gauthier, « À propos de certains monuments décrits dans le dernier rapport de M. Pillet », Annales du service des antiquités de l'Égypte (ASAE), no 24,‎ , p. 196–197 (lire en ligne).
  21. Photos of the pedestal
  22. Labib Habachi, New Light on Objects of Unknown Provenance (I): A Strange Monument of Amenemhet IV and a Similar Uninscribed One, vol. 26, Göttingen, Göttinger Miszellen (GM), , p. 27–36.
  23. Toby Wilkinson, The Rise and Fall of Ancient Egypt, Bloomsbury Paperbacks, (ISBN 978-1-4088-1002-6, lire en ligne), p. 183.
  24. Flinders Petrie, G. A. Wainwright, E. Mackay, The Labyrinth, Gerzeh and Mazghuneh, Londres, (lire en ligne).
  25. William C. Hayes, The Scepter of Egypt: A Background for the Study of the Egyptian Antiquities in The Metropolitan Museum of Art, vol. 1 : From the Earliest Times to the End of the Middle Kingdom, MetPublications, (lire en ligne), p. 136–138.
  26. Mark Lehner, The Complete Pyramids, Londres, Thames & Hudson, (ISBN 0-500-05084-8), p. 184.

Bibliographie[modifier | modifier le code]