Aluku — Wikipédia

Aluku

Populations importantes par région
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Drapeau de la Guyane Guyane 21 000[1]
Autres
Langues aluku

Granman Adam (1862-1863).

Les Alukus (/a.lu.ku/) ou Bonis (du nom de leur premier chef, Boni Okilifuu), sont une population bushinenguée — littéralement, les « Noirs des forêts », aussi appelés « Noirs marrons » — issus de descendants d’esclaves africains évadés des plantations néerlandaises aux XVIIe et XVIIIe siècles[2]. Ils vivent en Guyane française. Ils parlent l'aluku, un créole à base lexicale anglaise.

Histoire[modifier | modifier le code]

Avant eux s'étaient échappés d'autres esclaves : les premiers forment le groupe Saramaca, les seconds le groupe Djuka puis les Aluku. S'enfonçant, peu à peu, dans la forêt amazonienne, ils finirent par s'installer à la fin du XVIIIe siècle le long des berges du fleuve Maroni (qui est aujourd'hui la frontière entre la Guyane française et le Suriname). Actuellement[Quand ?], la grande majorité des Aluku vit sur les berges du Lawa, autre nom du Maroni dans sa partie haute.

Au fur et à mesure des brassages entre les différentes populations en fuite ils formèrent une nouvelle ethnie. Les combats menés pour leur liberté contre les troupes hollandaises, mais aussi contre les Djukas et les Saramacas, frères ennemis vivant plus au nord, créèrent un sentiment d'appartenance à un même peuple habitant indifféremment d'un côté ou de l'autre du fleuve, aujourd'hui frontière.

Aujourd'hui, la fraction la plus importante et la plus anciennement occupée du territoire des Alukus est située dans la région de Maripasoula, avec les communes et villages de Maripasoula, Papaichton, Cormontibo, Assissi, Loka, Tabiki, et Agoodé en Guyane française, et Cottica, au Suriname. Une autre partie, très en aval, se situe près de l'embouchure du fleuve avec les villages d'Apatou et de Maïman. De nombreux Alukus vivent également à Saint-Laurent-du-Maroni, à Cayenne, à Kourou ainsi qu'à Mana.

Langue[modifier | modifier le code]

Leur langue est un créole à base anglaise (environ à 90 %), similaire aux langues parlées par les Saramacas et les Djukas.

Organisation sociale[modifier | modifier le code]

Les Alukus vivaient de cueillette, de chasse, de pêche et de cultures nomades situées loin de leurs habitations. Aujourd'hui, dans leur ensemble, ils semblent avoir passé le point de non-retour vers la société de consommation, l'économie marchande et la modernité. De nombreux Bonis sont embauchés comme « conducteurs d'embarcations fluviales » (piroguiers) par l'armée de terre, au sein du 9e RIMa. Selon Bernard Delpech, ils subissent une « déstabilisation de la base matérielle traditionnelle, transformation des mentalités, altération des règles de vie collective »[3].

Le chef des Alukus est appelé Gran Man. Il disposait autrefois d'un pouvoir politique. Le Gran Man Tolinga fut élu maire de Papaichton, mais son successeur ne fut pas élu maire[4]. Un grand man a également été désigné à Maripasoula, créant une situation inédite avec deux grands mans. Des capitaines sont désignés dans chaque village[4].

Musique et danse[modifier | modifier le code]

Les traditions aluku de musiques dansées et de parler en musique *
Domaine Musiques et danses
Lieu d'inventaire Guyane
* Descriptif officiel Ministère de la Culture (France)

Les traditions alukus de musiques dansées et de parler en musique ont été classés à l'inventaire du patrimoine culturel immatériel en France en 2017.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Guyane française: composition ethnolinguistique », sur www.axl.cefan.ulaval.ca (consulté le ).
  2. Le Suriname actuel correspond à l'ancienne colonie de la Guyane néerlandaise.
  3. Bernard Delpech, « Les Aluku de Guyane à un tournant : de l'économie de subsistance ala société de consommation », Cahiers d'Outre-Mer, no 182,‎ (résumé).
  4. a et b Yan Giron, Guylaine Diallo-Bourguignon et Pierre-Yves Le Bail, « Étude de faisabilité d'une pisciculture vivrière à Papaïchton », sur Cofrepeche, .

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Littérature orale[modifier | modifier le code]

  • Serge Anelli, Nongo : Proverbes aloukous, Cayenne, Les deux fleuves, 1990, 69 p.
  • Serge Anelli, Mato : contes des Aloukous de Guyane, recueillis, transcrits et traduits, Paris, Conseil International de la Langue Française, 1994, 137 p.
  • Philippe Dakan, Napi Tutu : l'enfant, la flûte et le diable, conte aluku raconté en , Cayenne, CRDP de Guyane, 2003, 25 p.

Études[modifier | modifier le code]

  • Jules Brunetti, La Guyane française. Souvenirs et impressions de voyage (1840), Len Pod, .
  • (en) Wim Hoogbergen, The Boni Maroon wars in Suriname, Leiden, Brill, , 254 p. (ISBN 90-04-09303-6, lire en ligne).
  • Jean-Marcel Hurault, Les noirs réfugiés Boni de la Guyane Française, Dakar, IFAN, , 362 p..
  • Jean Moomou, Le monde des Marrons du Maroni en Guyane, 1772-1860 : la naissance d'un peuple : les Boni, Matoury, Ibis rouge, , 216 p. (ISBN 2-84450-206-7)
  • Jean Moomou, « Boni et Amérindiens : relations de dominants/dominés et interculrelles en Guyane (fin XIXe siècle : années 1990) », Outre-mers, vol. 98, no 370,‎ , p. 273-299 (lire en ligne).
  • Jean Moomou, Les marrons Boni de Guyane : luttes et survie en logique coloniale, 1712-1880, Matoury,, Ibis rouge, , 597 p. (ISBN 978-2-84450-422-7)
  • Jean-Louis Garel de Ayala, Boni, Maréchal de la Nation Aluku. Tribu française du Mawina konde, Saint-Laurent du Maroni, Association Melodya, [email protected], 2017 (t1), 2018 (t2), non-dispo (t3)

Filmographie[modifier | modifier le code]

  • Les Bonis, film de Geneviève Wiels, Radio France Outre-mer, Paris, 1997, 45 min (VHS)
  • (en) Bush negroes, film d'Alain Sanchis et Bernard Orosco, Radio France Outre-mer, Paris, 1997, 50 min (VHS)
  • Les funérailles de Kotoïda, film de Jean-Marcel Hurault, CNRS images, Meudon, 2009 (cop. 2006), 21 min (DVD)
  • Songe et awasa : danses traditionnelles aluku, Label Guadeloupe, CRDP Guyane, 2009, DVD + brochure (14 p.)

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]