Alphonse Ier (roi de Portugal) — Wikipédia

Alphonse Ier
Le Fondateur, Le Conquérant
Illustration.
Alphonse Ier de Portugal, enluminure du XVe siècle issue de la Généalogie des rois de Portugal.
Titre
Roi de Portugal

(46 ans, 4 mois et 9 jours)
Couronnement
Prédécesseur Création du titre
Successeur Sanche Ier
Comte de Portugal

(26 ans, 8 mois et 26 jours)
Prédécesseur Henri de Bourgogne
Successeur Suppression du titre
Biographie
Dynastie Dynastie de Bourgogne
Nom de naissance Alphonse Henriques
Date de naissance
Lieu de naissance Guimarães,
comté de Portugal
Date de décès (à 76 ans)
Lieu de décès Coimbra,
royaume de Portugal
Père Henri de Bourgogne
Mère Thérèse de León
Conjoint Mathilde de Savoie
Enfants Sanche Ier
6 enfants
Héritier Sanche Ier
Rois de Portugal

Alphonse Ier, aussi connu en portugais Afonso Henriques (Alphonse fils de Henri), surnommé le « Conquérant », le « Fondateur » ou le « Grand,  » , né traditionnellement le à Guimarães, ou à Viseu, mort le à Coimbra) est comte puis premier roi de Portugal de 1139 à sa mort.

Le fils de Henri de Bourgogne et de Thérèse de León est, tout d'abord, comte du Portugal de 1112 à 1139. Il conquiert de haute lutte l'indépendance de son comté contre le royaume de Castille et León. Il est le père de sept enfants dont Sanche Ier qui lui succède sur le trône.

Contexte[modifier | modifier le code]

À la fin du XIe siècle, la politique ibérique était dominée par la Reconquista : l'expulsion de l'État maure, successeur du califat de Cordoue, de toute la péninsule ibérique. L'aristocratie militaire étant insuffisante, Alphonse VI de Castille marié à Constance de Bourgogne, fit appel à des membres de la famille de son épouse pour lutter contre les Maures. En échange, Alphonse VI donna la main de ses filles aux chefs de l'expédition et de grands privilèges royaux aux autres.

Ainsi l'héritière Urraque de Castille se maria avec Raymond de Bourgogne, second fils du comte de Bourgogne. La demi-sœur d'Urraque, la princesse Thérèse de León, fille illégitime d'Alphonse VI, épousa Henri de Bourgogne, l'oncle de Raymond. Par cette alliance, Henri devient comte de Portugal. De ce mariage est né Alphonse Henriques.

Biographie[modifier | modifier le code]

Comte de Portugal[modifier | modifier le code]

Le père d'Alphonse Henriques, Henri de Bourgogne, meurt lorsqu'Alphonse Henriques a trois ans. Il hérite du comté de Portugal par sa mère, Thérèse de León, fille d'Alphonse VI de Castille, mais pas du duché de Bourgogne que son père, second dans la succession, n'avait pas obtenu.

Elevé à Guimarães, Alphonse Henriques est armé chevalier en 1122. Il a alors 13 ans et s'oppose politiquement, sous l'influence de l'archevêque de Braga, à sa mère qui appuyait le parti des Traba, une famille de la noblesse de Galice dont un des membres était l'amant de Thérèse de León. L'archevêque, forcé d'émigrer emmena l'enfant avec lui. Après la paix, il revient au comté de Portugal.

Entre-temps, de nouveaux incidents provoquent l'invasion du comté par le roi Alphonse VII de Castille qui, en 1127, encercle Guimarães où se trouve Alphonse Henriques, afin de faire valoir ses droits sur le comté de Portugal, vassal du royaume de Castille. Comme Alphonse Henriques lui a promis fidélité, Alphonse VII de Castille renonce à conquérir la cité. Mais quelques mois plus tard, en 1128, les troupes menées par la comtesse régente Thérèse de León rencontrent celles de son fils Alphonse, et c'est ce dernier qui l'emporte à la bataille de São Mamede et ainsi consacre son autorité sur le territoire portugais en prenant le gouvernement du comté. Alphonse devient le seul gouverneur, de facto, du comté de Portugal.

Roi de Portugal[modifier | modifier le code]

Statue du roi Afonso Henriques de Guimaraes.

Le comte concentre alors ses efforts pour obtenir du Saint-Siège l'autonomie totale de l'Église de Portugal et la reconnaissance de l'indépendance envers le roi de Castille. En 1139, après une victoire éclatante lors de la bataille d'Ourique contre les Maures, Alphonse Henriques est acclamé premier roi de Portugal par ses troupes. Les premiers documents où Alphonse s'intitule roi datent, précisément, de 1139–1140. Avant son titre était princeps (prince).

L'année suivante, il réaffirme ses prétentions sur la partie méridionale de la Galice lors de la bataille de Cerneja. Cette violation du traité de Tui provoque une réaction vigoureuse d'Alphonse VII de Castille. Les deux armées se rencontrent à Arcos de Valdevez. Le sort des armes est décidé lors d'un tournoi gagné par les chevaliers portugais.

Selon la tradition, l'indépendance est confirmée plus tard, aux Cortes de Lamego[1] quand le roi reçoit des mains de l'archevêque de Braga la couronne d'or et de pierreries de Portugal comme successeur des rois wisigoths. La reconnaissance de l'indépendance par le souverain castillo-léonais vient en 1143 avec le traité de Zamora. Elle serait due à l'ambition d'Alphonse VII de devenir empereur sur toute la péninsule Ibérique, et donc à la nécessité de disposer de rois comme vassaux en León et au Portugal.

Tombe d'Alphonse Ier au monastère de la Sainte-Croix de Coïmbre.

Dès lors, Alphonse Ier de Portugal cherche à consolider l'indépendance. Il fait d'importants dons à l'Église et fonde divers couvents. Il tente de conquérir du terrain au sud sur les Maures et prend Santarém et Lisbonne en 1147. Dans les régions dépeuplées reconquises, il installe des colons et invite les ordres religieux militaires comme les Templiers et les Hospitaliers à s'installer le long des frontières comme défenseurs contre les Maures. En 1179, le pape Alexandre III, par sa bulle Manifestis probatum, reconnaît le Portugal comme pays indépendant et vassal de l'Église à condition de lui payer un tribut.

En 1146, Alphonse Ier épouse Mathilde de Savoie, avec qui il a sept enfants dont Sanche Ier de Portugal, son successeur.

Il meurt le à Coimbra et y est enterré au monastère de Sainte-Croix.

Titre complet[modifier | modifier le code]

Roi des Portugais par la grâce de Dieu

Famille[modifier | modifier le code]

Ascendance[modifier | modifier le code]

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
8. Robert Ier le Vieux (1011 † 1076)
duc de Bourgogne
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
4. Henri de Bourgogne (1035 † 1066)
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
9. Hélie de Semur (1016 † ap.1055)
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
2. Henri de Bourgogne (1066 † 1112)
comte de Portugal
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
10. Bérenger Raymond Ier (1000 † 1035)
comte de Barcelone
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
5. Sibylle de Barcelonne (1035-ap.1074)
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
11. Gisèle de Lhuça (1005 † ap.1065)
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1. Alphonse Ier de Portugal
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
12. Ferdinand Ier de Castille (1016 † 1065)
roi de Castille et de León
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
6. Alphonse VI de Castille (1039 † 1109)
roi de Castille et de León
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
13. Sanche de León (1015 † 1067)
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
3. Thérèse de León (1080 † 1130)
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
14. Monio Moniz (1030 † 1097)
comte de Bierzo
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
7. Ximenès Moniz (1060 † 1128)
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
15. Muniadona Moniz
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Descendance[modifier | modifier le code]

De son mariage avec la reine Mathilde de Savoie (1125-1157) :

D'Elvira Gálter[2],[3] :

  • Urraca Afonso (1130–) ;
  • Teresa Afonso (1135–)[4].

Autres enfants illégitimes :

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Les études de l'historien Alexandre Herculano, au XIXe siècle, mettent sérieusement en doute la réalité de la tenue de ces Cortes, vraisemblablement inventées ultérieurement pour étayer l'indépendance de Portugal vis-à-vis de l'Espagne.
  2. (pt) António Caetano de Sousa, História Genealógica da Casa Real Portuguesa, Atlântida-Livraria Editora, Lda, 2e édition, Coimbra, 1946, Tome I, p. 36.
  3. (pt) Nobreza de Portugal e Brasil en trois volumes sous la direction d'Afonso Eduardo Martins Zuquete, Editorial Enciclopédia, 2e édition, Lisbonne, 1989, vol. I, p. 85.
  4. (pt) Memórias Histórico-Genealógicas dos Duques Portugueses do século XIX, João C.F.C.Castello Branco e Torres e Visc. Sanches de Baena, Academia Real das Sciencias, 1re édition, Lisbonne, 1883, p. 130.
  5. B. Galimard Flavigny (2006), p. 317–319.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Les Cahiers de l'Histoire, no 12, .

Liens externes[modifier | modifier le code]