Alfred von Tirpitz — Wikipédia

Alfred von Tirpitz
Alfred von Tirpitz

Nom de naissance Alfred Tirpitz
Naissance
Küstrin, Nouvelle-Marche de Brandebourg, Prusse
Décès (à 80 ans)
Ebenhausen, commune de Schäftlarn, Allemagne
Origine Allemand
Allégeance Drapeau de l'Empire allemand Empire allemand
Grade Großadmiral (grand-amiral de l'Empire)
Années de service 18651916
Commandement Chef de la Kaiserliche Marine (1914-1916)
Conflits Première Guerre mondiale
Hommages Anobli en 1900

Alfred von Tirpitz (en allemand: /ˈalfʁeːt fɔn ˈtɪʁpɪt͡s/[1], Son? Écouter [Fiche]), né le à Küstrin en Prusse et mort le à Ebenhausen en Allemagne, est un militaire et homme politique allemand. Avec le titre de Großadmiral, il est à l'origine de la Marine impériale allemande qui a pris part à la Première Guerre mondiale.

Biographie[modifier | modifier le code]

Origines et débuts[modifier | modifier le code]

Alfred Tirpitz naît à Küstrin, une localité du Brandebourg. C'est le fils d'un conseiller à la cour de justice prussienne : Rudolf Tirpitz (1811-1905). Il grandit pourtant à Francfort-sur-Oder, à l'est de Berlin. En 1865, à l'âge de seize ans, il intègre la Marine prussienne où il est cadet sur la SMS Thetis, puis sert à l'École navale de Kiel. Il en sort sous-lieutenant en 1869, puis est nommé lieutenant (1872), lieutenant de vaisseau (1875) et Korvettenkapitän (1881).

Le à Berlin, Tirpitz épouse Maria Auguste Lipke (1860-1941), de onze ans sa cadette, fille de Gustav Lipke (de).

Grand-amiral et fondateur de la flotte allemande[modifier | modifier le code]

Le Großadmiral Alfred von Tirpitz est considéré comme le fondateur de la flotte de haute mer allemande. Il s'inscrit dans le Neue Kurs (nouveau cours) allemand : une fois l'unification terminée, il s'agit désormais de s'intéresser à la puissance allemande à l'extérieur de ses frontières. Le but était de créer une flotte qui pourrait être une menace en cas de guerre et qui pourrait servir de base à la Weltpolitik lancée à partir de 1890. Ainsi il en venait à la course aux armements germano-britannique. Des désaccords avec Guillaume II sur l'utilisation de la flotte à la guerre conduisirent le Großadmiral à sa démission du service actif.

Le plan Tirpitz, instrument de la Weltpolitik[modifier | modifier le code]

Le projet est accepté par le Reichstag[modifier | modifier le code]

Le , le prince von Bülow, secrétaire d'État aux Affaires étrangères, déclare au Reichstag que « l'Allemagne veut une place au soleil ». Comme le souhaitait Guillaume II, la présence allemande dans les eaux territoriales mondiales devenait urgente, il fallait une flotte digne de ce nom. L'affaire est confiée à Tirpitz. En déjà, il avait été nommé comme expert pour une étude sur la construction d'une flotte de guerre. Il devient secrétaire d'État à la Marine, au printemps 1897.

L'amiral aspire à convaincre le Reichstag de lui accorder les moyens budgétaires de son projet. Pour cela, sa mission est d'informer le peuple de la nécessité de telles mesures ; le ministère de la Marine devient le centre de la propagande. En , le Reichstag vote 400 millions de marks pour la construction de seize gros bateaux de guerre, de garde-côtes et de plusieurs dizaines de croiseurs. À cette époque, la mer devient un enjeu de puissance important en Europe, et l'Allemagne aspire à devenir une grande puissance maritime. Cependant ce n'est qu'en 1889 que le Royaume-Uni renforce la Royal Navy par de grands bateaux.

« Une politique mondiale pour tâche, une puissance mondiale pour but, et pour instrument, la flotte » (Guillaume II)[modifier | modifier le code]

Alfred von Tirpitz (1849-1930) en uniforme de grand-amiral.

En , les députés votent une nouvelle loi qui permet d'augmenter les effectifs de la marine : de 6 000 hommes en 1875, ils passent à 35 073 en 1903 et atteignent 80 000 en 1914. À la veille de la Première Guerre mondiale, la flotte allemande est la deuxième du monde avec une capacité totale de 980 000 tonnes. L'ouvrage d'Alfred Thayer Mahan, L'influence du pouvoir maritime dans l'Histoire, est une référence centrale pour toutes les puissances maritimes à cette époque-là. Il estime à vingt ans le temps nécessaire pour s'approprier la mer du Nord alors que Bülow pense plutôt renforcer la paix. Pourtant, le chancelier a reçu l'ordre de satisfaire toutes les conditions nécessaires pour que le plan Tirpitz puisse être réalisé : des années 1880 aux années 1900, l'Allemagne se tient à l'écart des conflits internationaux jusqu'à ce que la flotte soit prête. En parallèle, l'Allemagne marque le début de la seconde révolution industrielle européenne à partir des années 1880, le pays connaît une forte croissance démographique et la nécessité d'ouvrir de nouveaux marchés pour une expansion industrielle.

L'Allemagne, pays colonialiste : le rôle de Tirpitz[modifier | modifier le code]

Le règne de Guillaume II est très favorable à la Weltpolitik (politique mondiale) en rattachant à son nom des colonies : le Cameroun et le Togo en 1884, le Sud-Ouest africain allemand (l’actuelle Namibie) en 1884 et l'Afrique orientale allemande (l'actuelle Tanzanie) en 1885 pour l'exemple africain. Le Kaiser hésite entre construire une flotte de croiseurs, qui permettraient une présence allemande sur toutes les mers du monde ou une flotte de guerre, équipée de bâtiments lourds, pour s'emparer de la mer du Nord aux dépens de la Grande-Bretagne. Tirpitz de son côté, rédige un nouvel ouvrage intitulé : Allgemeine Gesichtspunkte bei der Feststellung unserer Flotte nach Schiftsklassen und Schiftstypen (français : Les points de vue généraux sur l'établissement de notre flotte d'après les types de bateaux). Le Reich s'intéresse également à l'Asie : l'Allemagne est la dernière venue dans cette partie du monde, ici comme ailleurs. À partir de 1884, elle s'établit en Nouvelle-Guinée, puis dans l'archipel Bismarck : elle devient une puissance du Pacifique. C'est à Tirpitz que revient l'initiative d'une installation allemande en Chine. Le , un comptoir est fondé dans la baie de Kiao-Tchéou (Tsingtao, Tsingtau en allemand), et il explique : « Si le commerce allemand devait cesser d'être un intermédiaire porteur des productions anglaises et chinoises, et s'il voulait jeter des produits allemands sur le marché chinois, il lui fallait à lui comme à notre escadre son propre Hong Kong. » (Tirpitz, Mémoires). Cette possession devient ainsi une base pour la flotte de guerre mais également un centre économique et culturel. Au sommet de sa gloire, Tirpitz est anobli par le Kaiser le  : il peut désormais s'appeler « Alfred von Tirpitz ».

Le réveil de la Grande-Bretagne et la fin du plan Tirpitz[modifier | modifier le code]

Alfred von Tirpitz, à l'office du Reich à la Marine (1915).

Tirpitz voue à la fois une haine et une admiration profonde pour le voisin britannique. Selon lui, la stratégie des croiseurs est inutile et ne met pas en avant la puissance allemande. Il faut au contraire pour combattre les Britanniques développer une flotte de guerre sans tenir compte de la diplomatie (au contraire de Bismarck) : c'est-à-dire mettre sur pied, avant 1905, deux escadres de huit vaisseaux chacune. Entre 1898 et 1918, la flotte est construite.[pas clair] Pour la Grande-Bretagne, il est hors de question d'attaquer l'Allemagne, mais plutôt d'établir des alliances : avec la France (1904) et avec la Russie (1906). Un vif sentiment anti-allemand se développe. En 1906, la flotte britannique est renouvelée et renforcée. L'Allemagne se rend rapidement compte que le plan Tirpitz n'est qu'une illusion. Tirpitz est nommé grand-amiral d'Allemagne, en 1911. Son plan s'avère insuffisant au début de la guerre, malgré une flotte de 300 vaisseaux, aussi les tensions montent entre le Kaiser et l'Amiral, à partir de 1915. Ce dernier démissionne de son poste de secrétaire d'État à la Marine le 15 mars 1916. En 1917, il fonde avec Wolfgang Kapp le parti nationaliste et pangermaniste Vaterlands Partei. Après la demande d'armistice, le parti compte 1,25 million d'adhérents, à son apogée.

En 1924, Tirpitz est élu député du DNVP (allemand : Deutschnationalen Volkspartei). L'année suivante, il soutient la candidature du maréchal von Hindenburg à la présidence de la République.

Il meurt en 1930 à Ebenhausen, dans la banlieue de Munich, âgé de 80 ans et est enterré au cimetière Waldfriedhof de Munich.

Son nom est donné au cuirassé Tirpitz, lancé en 1939.

De Gaulle dans La discorde chez l'ennemi publié en 1924, le tient pour l'un des principaux responsables de la défaite de l'Allemagne lors de la Première Guerre mondiale. Par ses pressions permanentes, dans et ensuite hors du gouvernement, pour une « guerre sous-marine renforcée » (c'est-à-dire une guerre totale, menée à partir du 1er février 1917), il a conduit à l'entrée en guerre déterminante des États-Unis.

Cinéma[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Annexes[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Volker Berghahn, Der Tirpitz-Plan. Genesis und Verfall einer innenpolitischen Krisenstrategie unter Wilhelm II. Droste, Düsseldorf 1971, (ISBN 3-7700-0258-X).
  • Michael Epkenhans, Die wilhelminische Flottenrüstung 1908–1914. Weltmachtstreben, industrieller Fortschritt, soziale Integration (= Beiträge zur Militärgeschichte. Band 32). Oldenbourg, München 1991, (ISBN 3-486-55880-3) (Zugleich : Münster, Universität, Dissertation, 1989).
  • Michael Epkenhans, Tirpitz und das Scheitern der Kaiserlichen Marine im Ersten Weltkrieg. In : Oliver von Mengersen (Hrsg.) : Personen – soziale Bewegungen – Parteien. Beiträge zur Neuesten Geschichte. Festschrift für Hartmut Soell. Manutius, Heidelberg 2004, (ISBN 3-934877-32-X), S. 15–36.
  • Michael Epkenhans, Tirpitz. Architect of the German high sea fleet. Potomac, Washington DC 2008, (ISBN 978-1-57488-444-9).
  • Michael Epkenhans, Jörg Hillmann und Frank Nägler, Skagerrakschlacht. Vorgeschichte – Ereignis – Verarbeitung (= Beiträge zur Militärgeschichte. Band 66). Oldenbourg, München 2009, (ISBN 978-3-486-58803-3).
  • (de) Michael Epkenhans, « Tirpitz, Alfred Peter Friedrich von », dans Neue Deutsche Biographie (NDB), vol. 26, Berlin, Duncker & Humblot, pas encore publié, p. 297–299 (noch nicht online verfügbar).
  • Holger H. Herwig (de), „Luxury“ Fleet – The Imperial German Navy 1888–1918. Routledge Library Editions, Humanity Books, 1987.
  • Rolf Hobson (de), Maritimer Imperialismus. Seemachtideologie, seestrategisches Denken und der Tirpitzplan 1875 bis 1914 (= Beiträge zur Militärgeschichte. Band 61). Oldenbourg, München 2004, (ISBN 3-486-56671-7) (Online).
  • Christian Jentzsch, Vom Kadetten bis zum Admiral. Das britische und das deutsche Seeoffizierkorps 1871 bis 1914, Berlin/Boston (De Gruyter Oldenbourg) 2018. (ISBN 978-3-11-060499-3). (ISBN 978-3-11-060897-7). (ISBN 978-3-11-060631-7)
  • Baldur Kaulisch, Alfred von Tirpitz und die imperialistische deutsche Flottenrüstung. Eine politische Biographie. Militärverlag der DDR, Berlin 1982; 3. durchgesehene Auflage Militärverlag der DDR, Berlin 1988, (ISBN 3-327-00651-2).
  • Patrick J. Kelly, Tirpitz and the Imperial German Navy. Indiana University Press, Bloomington IN 2011, (ISBN 0-253-35593-1).
  • Horst Dieter Reinhardt, Tirpitz und der deutsche Flottengedanke in den Jahren 1892–1898. Nolte, Marburg 1964 (Zugleich: Marburg, Universität, Philosophische Fakultät, Dissertation, 1964).
  • Christian Rödel, Krieger, Denker, Amateure. Alfred von Tirpitz und das Seekriegsbild vor dem Ersten Weltkrieg. Steiner, Stuttgart 2003, (ISBN 3-515-08360-X).
  • Jan Rüger, The Great Naval Game. Britain and Germany in the Age of Empire. Cambridge University Press, Cambridge 2007, (ISBN 978-0-521-87576-9).
  • Michael Salewski (de), Tirpitz. Aufstieg, Macht, Scheitern. Musterschmidt, Göttingen 1979, (ISBN 3-7881-0103-2).
  • Lawrence Sondhaus, Preparing for Weltpolitik. German sea power before the Tirpitz era. Naval Institute, Annapolis MD 1997, (ISBN 1-55750-745-7).
  • Corrado Pirzio-Biroli, Le Grand-Amiral von Tirpitz, mon aïeul : Entre triomphe et désastre, Michel de Maule, 2018.
  • Pierre Gilles Cézembre, « Alfred von Tirpitz : Le fondateur de la Marine impériale allemande », La grande histoire des armées, no 18 « Les grands amiraux combats navals légendaires »,‎ , p. 76-77

Article connexe[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]