Alexander McQueen — Wikipédia

Alexander McQueen
Alexander McQueen en 2009
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 40 ans)
MayfairVoir et modifier les données sur Wikidata
Sépulture
Kilmuir (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
Activités
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Autres informations
A travaillé pour
Givenchy (-)
Alexander McQueen (en)
Gieves & Hawkes
GucciVoir et modifier les données sur Wikidata
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Distinctions
Liste détaillée
Œuvres principales
No. 13 Climax (d), Dante (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Vue de la sépulture.

Alexander McQueen, de son nom complet Lee Alexander McQueen, né le à Lewisham à Londres et mort le à Mayfair, est un créateur de mode britannique[1]. Il est surnommé, en raison du côté parfois provocateur de certaines de ses collections, l'« Enfant terrible », et à l'instar d'autres créateurs tels que Stella McCartney ou Raf Simons, l'un des plus grands espoirs de la mode lors de sa carrière.

Biographie[modifier | modifier le code]

Parcours[modifier | modifier le code]

D'une famille modeste de Londres, sa mère est enseignante et son père a été chauffeur de taxi[2],[3]. Travaillant dès seize ans en tant qu'apprenti coupeur et tailleur chez Anderson & Sheppard, le tailleur de Savile Row du Prince Charles, puis chez d'autres tailleurs de cette rue de Londres dont Gieves & Hawkes, ainsi qu'à Milan chez Romeo Gigli[2],[3], il intègre directement le troisième cycle de la prestigieuse école Central Saint Martins de Londres[4]. Dès 1992, Alexander McQueen se fait remarquer par Isabella Blow[5] qui achète puis publie sa première collection[n 1] dans les pages du Vogue britannique ; elle l'encourage à changer son prénom de « Lee » pour « Alexander »[2],[6]. Blow, qui le prend sous son aile, lui restera fidèle jusqu'à sa mort[2], malgré les divergences : Blow a réellement « construit » la carrière du créateur dès ses débuts, mais celui-ci supporte de moins en moins cet héritage[7]. En a lieu son premier scandale avec sa collection « Le viol de l'Écosse », où ses mannequins portent des vêtements arrachés et des lacérations[8].

Remplaçant l'étoile montante John Galliano parti chez Dior, Alexander McQueen intègre en 1996 Givenchy où il officie jusqu'en 2001 ; plusieurs fois il lui succèdera : durant ses études à Saint Martin's puis maintenant chez Givenchy où, d'après lui, il sera moins bien traité que Galliano[9],[10]. Cette même année 1996, il reçoit le prix du « Créateur britannique de l'année » ; pourtant début 1997, sa première collection pour la maison de couture est « massacrée par la critique[2] ». Elle est inspirée par Jason et la toison d'or, faite justement d'or et de blanc uniquement[11]. « Je sais que c'était nul », dira-t-il au Vogue fin 1997 à propos de celle-ci[2]. Dès juillet de la même année pour son second défilé, il abandonne l'idée de s'appuyer sur les archives de la maison et se recentre sur son propre style plus sombre[11]. Durant ses années chez Givenchy, il se fait également remarquer par ses déclarations controversées, critiquant ses compatriotes Galliano ou Vivienne Westwood, et présentant le très respecté Hubert de Givenchy comme un couturier « mineur »[2].

En 1997, il rencontre Anne Ray qui deviendra son amie et le photographiera jusqu'en 2010[12],[13],[14].

C'est sous sa marque qu'Alexander McQueen se distinguera et trouvera la liberté de création et d'expression qu'il a toujours attendue à l'opposé de ses créations chez Givenchy[2]. « Il faut leur donner de l'extravagance ! » dit-il[3]. Ses collections sont ponctuées de scandales[2], et chacune d'elles possède un thème bien spécifique, comme la rencontre inopinée de pirates naufragés et d'indigènes (collection printemps-été 2003, Irere), ou bien un hommage au film d'Alfred Hitchcock[n 2] et à Kim Novak (collection automne-hiver 2005, Vertigo). Imprévisible, il se distingue également par la mise en scène de ses défilés, événements théâtraux[3],[15], où les mannequins peuvent évoluer tour à tour comme sur une piste de danse (collection printemps-été 2004, Deliverance) ou à la façon de pions de jeux d'échecs (collection automne-hiver 2005, It's Only A Game). Mais c'est sa réinterprétation de La Mort du cygne par Shalom Harlow lors de la collection printemps-été 1999 qui est l'apogée des défilés du créateur anglais qui s'est régulièrement fait remarquer par ses évènements souvent controversés[16]. Toujours en 1999, il crée la robe de mariée de Kate Winslet qui restera dans les annales[2].

En , le Gucci Group[n 3] acquiert 51 % des parts de la maison de couture Alexander McQueen[17]. « Passer à l'ennemi » de LVMH (propriétaire de Givenchy) vers le groupe Gucci[10] se fait dans la douleur et les coups bas : ces deux groupes français de luxe sont alors régulièrement en conflit[10],[18]. Cette « victoire » n'est même pas financière : le prêt-à-porter de McQueen a des résultats décevants[17] depuis des années[18]. Domenico De Sole, qui dirige Gucci, s'exprime pourtant crânement et Tom Ford, alors à la direction artistique du groupe, promet de laisser toute liberté à Alexander McQueen[19]. Yves Carcelle, patron de la division mode de LVMH, fait bonne figure, jusqu'à jouer l'indifférence envers le couturier anglais[20]. Pourtant, voilà un moment déjà que le conflit personnel entre Bernard Arnault et Alexander McQueen couvait, sur fond de tensions autour du financement de sa propre marque[10],[18]. Début 2001, le défilé Givenchy à Bercy, le dernier signé McQueen, est annulé[9].

Depuis l'hiver 2002, jusqu'à sa mort en 2010, Alexander McQueen dessinait aussi des collections masculines. Parmi les autres activités de sa maison, deux parfums féminins sont créés : Kingdom et MyQueen. Il a également dessiné un sac, nommé Novak en hommage au style, simple et sobre, de Kim Novak. Ce nom est également un clin d'œil aux sacs de la maison Hermès (le Kelly et le Birkin) et entend conférer au Novak un statut d'objet culte, et non pas de sac renouvelable chaque saison. Il reçoit en 2003 le prix international du Conseil des créateurs de mode américains.

Le , son défilé The Horn of Plenty (« La corne d'abondance ») résonne avec la crise économique de l'époque : « Alexander McQueen montre à la mode ce qu'elle est devenue : une caricature de féminité outrancière, coupée de la réalité, surnommant les névroses consuméristes ». Le , son défilé suivant est sur le thème de l'Atlantide (« Plato's Atlantis »). Son dernier show, The Bone Collector (« Le fossoyeur »), a lieu en [8]. Durant sa carrière, ce créateur « surdoué », torturé et arrogant aura alterné des défilés de vulgaire au baroque, du provocant au « flamboyant »[10],[21].

Alexander McQueen se suicide par pendaison, chez lui à Mayfair, le , la veille des obsèques de sa mère[22]. En hommage à Alexander McQueen, Laure Shang Wen Ji lui dédie la chanson To McQueen. Lady Gaga qui est très proche de lui et qui admire son travail lui rend hommage en 2010 aux Brit Awards, en lui dédiant son interprétation de Telephone.

Collaborations[modifier | modifier le code]

Création 2008 Alexander McQueen, The girl who lived in the tree, chapeau Philip Treacy.

Alexander McQueen collabore avec d'autres artistes, qu'ils fassent partie du monde de la mode, ou pas. On peut citer, entre autres, David Bowie, pour lequel il créa de nombreux costumes de scène[23] (notamment la redingote taillée dans un drapeau du Royaume-Uni[24]), le modiste Philip Treacy (en), ou le non conventionnel joaillier Shaun Leane ainsi que la chanteuse Lady Gaga qui porte une robe ainsi que des chaussures Alexander McQueen dans son clip Bad Romance[25], Vanessa Beecroft (avec laquelle il collabore pour VB47, au Peggy Guggenheim Museum, à Venise). Il travaille aussi avec la chanteuse Björk, pour qui il réalise le clip de Alarm Call, et de nombreuses robes (citons : la robe de mariée de Pagan Poetry, constellée de perles, une rouge avec des plumes d'autruche et des lames de verre qu'elle porte durant la tournée Vespertine, et celle qu'elle arbore à la cérémonie des Fashion Rocks, ou encore la robe faite de chaînes que porte la chanteuse Céline Dion dans son spectacle A New Day, à Las Vegas). Alexander McQueen collabore par ailleurs avec la danseuse Sylvie Guillem, le metteur en scène Robert Lepage et le chorégraphe Russel Maliphant en réalisant les costumes du spectacle Eonnagata, dont la première a lieu au théâtre Sadlers Wells de Londres en . Le film Guillem, sur le fil retrace les répétitions du spectacle depuis ses prémices jusqu'à la première Londonienne. On y voit Alexander McQueen créer les costumes des trois artistes, comme s'il sculptait leurs corps.

En 2006, Alexander McQueen travaille avec la maison Boucheron pour créer une version Haute joaillerie limitée et numérotée de son sac emblématique Novak, en utilisant le motif fétiche du serpent Boucheron comme fermoir[26]. Enfin, Alexander McQueen signe également un contrat avec la marque de vêtements sport Puma afin de dessiner des collections limitées, aux lignes haut de gamme, dans les années 2010[27].

Vie privée[modifier | modifier le code]

McQueen est ouvertement homosexuel[28]. Il contracte une union civile avec son compagnon George Forsyth en 2000 à Ibiza.

Documentaires[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Filmographie[modifier | modifier le code]

  • Loïc Prigent, Le testament d'Alexander McQueen, documentaire télévisé, France, 2015 ; Arte[29].
  • Ian Bonhôte, Peter Ettedgui, McQueen, documentaire sorti en 2018.

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Collection intitulée « Jack the Ripper Stalks his Victims »[3].
  2. Collection « The Birds » printemps/été 1995, le défilé se tient dans un entrepôt désaffecté[3].
  3. Gucci Group, devenu Kering en 2013.

Références[modifier | modifier le code]

  1. Sandrine Cochard, Alexander McQueen est mort, le 11 février 2010, 20minutes.fr.
  2. a b c d e f g h i et j Linda Watson, Vogue - La mode du siècle : Le style de chaque décennie, 100 ans de créateurs [« Vogue Twentieth Century Fashion - 100 years of style by decade and designer »], Éditions Hors Collection, , 255 p. (ISBN 2-258-05491-5), « Les créateurs : McQueen, Alexander », p. 187
  3. a b c d e et f Jonathan Metcalf (dir.) et al., Fashion : la mode à travers l'histoire [« Fashion. The Ultimate Book of Costume and Style »], DK, , 480 p. (ISBN 978-2-8104-0426-1), « Alexander McQueen », p. 418 à 419
  4. Stéphanie Chayet, « Les Anglais premiers de la classe », sur lepoint.fr, Le Point,
  5. « Alexander McQueen », sur tendances-de-mode.com, (consulté le )
  6. Clément Ghys, « Blow l’inspiratrice », sur liberation.fr, (consulté le )
  7. Colin McDowell, « Livres : McQueen et Galliano ou le côté obscur de la mode », sur Business of Fashion - lemonde.fr, (consulté le )
  8. a et b Loïc Prigent, « McQueen, le prince des ténèbres », Vanity Fair n°28, octobre 2015, pages 136-143.
  9. a et b Marchand 2001, p. 279.
  10. a b c d et e Nicole Penicaut, « McQueen s'évade chez Gucci », sur liberation.fr, (consulté le )
  11. a et b Vicky Chahine, « 1997, année stylistique », Le Point, no 2640,‎ , p. 110-111 (ISSN 0242-6005)
  12. « Rencontres d’Arles : portrait de l’artiste en homme-oiseau », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  13. Théodora Aspart, « 7 questions à Ann Ray, exposée aux Rencontres d'Arles », sur Vogue Paris,
  14. (en-US) « ann ray shares her massive archive of alexander mcqueen photos », sur I-d, (consulté le )
  15. Paquita Paquin, « Il va y avoir du sport », Culture, sur liberation.fr,

    « Le show d'Alexander McQueen restera le plus époustouflant de la saison. A dix mètres de hauteur, dans une galerie suspendue où souffle une tempête de neige, passe une robe parachute dans laquelle s'engouffre le vent. L'Anglais laisse exploser sa créativité au cœur d'une vaste étendue lunaire glacée. Débordant d'inspiration, […] »

  16. Cally Blackman (trad. Hélène Tordo), 100 ans de mode [« 100 years of fashion »], Paris, La Martinière, , 399 p. (ISBN 978-2-7324-5710-9, présentation en ligne), « Les conceptuels », p. 346
  17. a et b (en) Ginia Bellafante, « Front Row; Gucci secures a deal with Alexander McQueen Cookies are more gratifying than shoes A Bergdorf Goodman documentary » Accès limité, sur New York Times, (consulté le )
  18. a b et c Marchand 2001, p. 278.
  19. Marchand 2001, p. 275-276.
  20. Marchand 2001, p. 277-278.
  21. Marchand 2001, p. 277.
  22. « Alexander McQueen s'est suicidé à la suite de la mort de sa mère », Le Parisien,‎ (lire en ligne Accès libre)
  23. (en) Dana Thomas, « David Bowie, Alexander McQueen, and the Making of That Iconic 90s-Era Union Jack Coat », Vanities,‎ (lire en ligne)
  24. Marc Paytress (trad. Marie Lacor), Bowiestyle, Hugo & Compagnie, (1re éd. 1991), 160 p. (ISBN 9782755608694), p. 153
  25. Jennifer Neyt, « Alexander McQueen aux pieds de Lady Gaga », Vogue,‎ (lire en ligne Accès libre)
  26. « Alexander McQueen et Boucheron réinterprètent le sac Novak » Accès libre, sur FashionNetwork, (consulté le )
  27. « Alexander McQueen et Puma poursuivent leur collaboration », sur fr.fashionnetwork.com,
  28. (en) Alexander McQueen: enfant terrible and fashion genius
  29. « “Le Testament d'Alexander McQueen” de Loïc Prigent: un hommage inspirant », Les Inrocks,‎ (lire en ligne, consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Liens externes[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]