Albert Devèze — Wikipédia

Albert Devèze
Fonctions
Ministre de la Défense
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Ministre de la Défense
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Ministre de la Défense
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Député de la Chambre des représentants de Belgique
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Schaerbeek
Nom de naissance
Albert Joseph Charles DevèzeVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Allégeance
Activités
Autres informations
Parti politique
Grade militaire
Lieutenant-colonel
Conflit
Première et Deuxième Guerre mondiale
Distinction

Albert Devèze (Ypres, - Bruxelles, ) est un avocat, homme politique libéral belge, ministre d'État, vice-premier ministre et ministre à de nombreuses reprises.

Biographie[modifier | modifier le code]

Albert Devèze fait ses études secondaires à l'Institut Saint-Louis de Bruxelles et poursuit avec deux ans de philosophie et lettres. Il étudie ensuite trois ans à l'Université libre de Bruxelles (ULB) et en sort docteur en droit en juillet 1902. Il exerce en tant qu'avocat près de la Cour d'appel de Bruxelles. Il est bâtonnier du barreau de Bruxelles le 6 juillet 1937. En premières noces, il épouse Germaine Ozeray avec qui il a un fils et, en secondes, Suzanne Buisset, fille du député-bourgmestre de Charleroi Emile Buisset[1]. Initié à la loge maçonnique « Les Amis philanthropes » de Bruxelles dès le 27 janvier 1903, il accède aux plus hauts grades de l’Ordre[2].

Carrière militaire[modifier | modifier le code]

En août 1914 au déclenchement de la Première Guerre mondiale, il s'engage comme volontaire dans le 5e régiment de Ligne. Il passe quatre ans au front comme officier dans l'artillerie de tranchée puis de campagne. En avril 1919, il est nommé capitaine d'artillerie de réserve. En mai 1940, il fait la campagne des dix-huit jours comme major d'artillerie et sera nommé lieutenant-colonel honoraire en janvier 1946[1]. Pendant toute sa vie, Albert Devèze a apprécié l'armée, le port de l'uniforme et se voyait en quelque sorte comme le défenseur de la Patrie en péril[1].

Carrière politique[modifier | modifier le code]

Il s'engage en politique en 1905 dans les rangs des libéraux[1]. Il est conseiller communal de Schaerbeek de 1907 à 1921[3]. Le 2 juin 1912, il est élu député à la Chambre des Représentants de l'arrondissement de Bruxelles. Il sera constamment réélu jusqu'en 1958. De 1927 à 1933, il est président du parti libéral[1].

Vu ses affinités avec la vie militaire, Albert Devèze est repris à plusieurs reprises comme ministre de la Défense nationale au sein du gouvernement belge: dans le gouvernement Carton de Wiart (du 20 novembre 1920 au 16 décembre 1921), Theunis I (du 16 décembre 1921 au 6 août 1923), Theunis II (du 29 novembre 1934 au 25 mars 1935) et dans le gouvernement Van Zeeland I (du 25 mars 1935 au 13 juin 1936)[1].

Dans ses mémoires, le roi Léopold III lui reproche de l'avoir obligé à démettre le général Nuyten, no 1 de l'Armée belge, en 1934, et d'avoir orienté l'armée vers une stratégie de défense visant à défendre l'ensemble du territoire belge en cas d'agression allemande; stratégie électoralement rentable en Wallonie mais militairement irréaliste, affaiblissant ainsi le pays au moment où l'Allemagne se réarmait .

Il faut toutefois nuancer ce propos par l'affaire de Léo Campion et Hem Day. En 1933, Albert Devèze, ministre de la Défense Nationale, dépose un projet de loi interdisant toute propagande pacifiste et toute diffusion d'idées antimilitaristes (ce qui ne constitue sans doute pas une mesure opposée aux défenses belges). Sans attendre, Léo Campion et Hem Day renverront leurs livrets militaires et deviendront les premiers objecteurs de conscience[4].

Par ailleurs, la stratégie militaire de Devèze était de résister sur la frontière belge à une éventuelle offensive allemande visant notamment les Ardennes, en attendant l'arrivée de l'armée française (il fut ministre au temps où la convention militaire franco-belge était en vigueur) ; il crée pour cela les Chasseurs ardennais[1], unité d'élite de l'armée belge qui s'illustrera lors de la Campagne des dix-huit jours en mai 1940. Cette optique est remplacée après 1936, sous la pression flamande, voire flamingante (Los van Frankrijk ! (Libre de la France !)[5], et l'influence du pacifisme des socialistes, par la politique dite des mains libres visant à tenir la balance égale entre les grandes puissances, et donc à s'éloigner de la France. C'est pour cette raison qu'Albert Devèze s'est vu contraint de quitter le gouvernement Van Zeeland I en 1936[6].

Par la suite, il est ministre de l'Intérieur dans le gouvernement Pierlot II (du 18 avril 1939 au 3 septembre 1939) et Pierlot III d'union nationale (du 3 septembre 1939 au 23 août 1940)[1].

A la suite de la capitulation belge le 28 mai 1940, le Roi Léopold III fait appel à lui pour justifier sa décision de déposer les armes et envisage même la constitution d'un gouvernement royal en Belgique occupée. Albert Devèze prendra toutefois progressivement ses distances avec le roi et sera même menacé d'être arrêté par l'occupant[1].

Après la Deuxième Guerre mondiale, toujours estimé et incontournable, c'est lui qui définit la ligne libérale dans la Question royale: le Roi Léopold III n'a pas failli mais puisqu'il est l'objet de discorde, l'unité nationale et l'avenir de la monarchie exigent de lui l'effacement en faveur de son fils, le prince Baudouin[7].

De février 1946 à 1958, il est élu député de Bruxelles à la Chambre des représentants. Il est ministre des Affaires économiques dans le gouvernement Van Acker III (du 31 mars au 3 août 1946) et vice-premier ministre et ministre de la défense dans le gouvernement Eyskens I (du 11 août 1949 au 6 juin 1950). Malade, il renonce en mars 1957 à présider le groupe libéral à la Chambre des représentants[1].

Ayant reçu des funérailles religieuses, il a été inhumé dans la crypte des anciens combattants au cimetière de Schaerbeek[1].

Distinctions[8][modifier | modifier le code]

Il est nommé ministre d'État le 8 avril 1930.

Hommages[modifier | modifier le code]

En mai 1961, un buste en marbre à la mémoire d'Albert Devèze, œuvre du sculpteur Marcel Rau, a été érigé dans le square qui porte son nom à Ixelles[11]. Sur celui-ci figure la devise « Libertatem et patriam defendit » (il défend la liberté et la patrie).

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e f g h i j et k Catherine Lanneau, Nouvelle Bibliographie Nationale - volume 9, Bruxelles, Académie Royale des sciences, des lettres et des beaux-Arts de Belgique, , 414 p. (lire en ligne), p. 148-153
  2. Alain Colignon, « 2. Un homme d'influence à la plume facile », sur Belgium WWII (consulté le ).
  3. « M. Albert Devèze, ministre d'Etat est mort samedi matin à Bruxelles », Le Soir,‎ , p. 2
  4. Marcel Campion et Hem Day, « Dans le courrier de M. Devèze », Le Libertaire,‎ , p. 3
  5. Bruno De Wever, « De strijd tegen het Frans-Belgisch militair akkoord », sur digitale bibliotheek van de Nederlandse letteren, (consulté le )
  6. Maria de Waele, « Frankrijk-Vlaanderen », sur Nieuwe Encyclopedie van de Vlaamse Beweging (consulté le )
  7. Catherine Lanneau, Nouvelle Biographie nationale - Volume 9, Bruxelles, Académie Royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique, , 414 p. (lire en ligne), p. 153
  8. « Nécrologie », Le Soir,‎ , p. 8
  9. « Le duc d'Aoste en Belgique », L'Indépendance Belge,‎ , p. 3
  10. « Echos&nouvelles », L'Indépendance Belge,‎ , p. 1
  11. En face de l'entrée de l'Université libre de Bruxelles

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Emile Van Den Berghe, Albert Devèze, Bruxelles, La Renaissance du Livre ;
  • Catherine Lanneau, , Bruxelles, Académie Royale des sciences, des lettres et des beaux-Arts de Belgique, 2007, 414 p.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]