Alan Roura — Wikipédia

Alan Roura
Image illustrative de l’article Alan Roura
Alan Roura la veille du départ de la Route du Rhum 2018
Contexte général
Sport voile
Période active depuis 2012
Site officiel alanroura.com
Biographie
Nationalité Drapeau de la Suisse Suisse
Naissance (31 ans)
Lieu de naissance Onex (Suisse)
Surnom « MacGyver[1] »

Alan Roura, né le à Onex (Suisse), est un navigateur et skipper professionnel suisse. À 23 ans, dans le Vendée Globe 2016-2017, il est le plus jeune concurrent de l'histoire de l'épreuve, dont il termine 12e. En 2019, sur La Fabrique, deuxième Imoca du nom, il établit un record de traversée de l'Atlantique nord en solitaire sur un monocoque de 60 pieds, en 7 jours, 16 heures, 58 minutes et 25 secondes.

Biographie[modifier | modifier le code]

Jeunesse[modifier | modifier le code]

Alan Roura naît le , à Onex, dans le canton de Genève, en Suisse[2]. Dès l'âge de deux ans, il vit avec sa famille à bord d'un bateau à moteur, sur le lac Léman. Pour ses six ans, son père lui offre un Optimist. En 1998, la famille acquiert un voilier de 12,50 mètres, Ludmila[3].

En [2], les parents et leurs quatre enfants conduisent leur voilier à Port-Camargue. Ils embarquent dans l'idée d'un tour du monde où ils travailleraient sur place durant les escales[3]. Alan a huit ans. En ce qui le concerne, l'aventure va durer onze ans[4]. Il va grandir aux Antilles[3]. À 13 ans, il met fin à sa scolarité[5]. Il travaille avec son père comme couvreur-zingueur ou dans des chantiers navals[4]. À 15 ans, à Grenade, il achète et remet en état Gift[6], un Mini sur lequel il découvre la régate deux années durant[3].

En , il part sur Ludmila avec son père, à Papeete, puis en Nouvelle-Zélande et en Nouvelle-Calédonie. Le jour de ses 18 ans, il devient le plus jeune skipper à obtenir le brevet international de yachtmaster[7]. Mais son père et lui estiment qu'il est temps de vendre leur bateau, et de rentrer en Suisse[3].

Classe Mini[modifier | modifier le code]

En 2012, Alan s'installe en Bretagne[7]. À Douarnenez, il achète Navman[8], un prototype Mini en bois, en mauvais état[3]. En mai, il participe au Trophée Marie-Agnès Péron. Il termine 17e, sur 24 prototypes. En juin, avec Anabelle Boudinot, il prend le départ de la Mini-Fastnet. Le bateau démâte. En , Roura court la Mini Transat. Benjamin de l'épreuve, doté du plus petit budget, ne recevant en mer ni les bulletins météo ni les classements[7], il termine 11e sur 31 protos[8]. Il vend Navman[3].

Class40[modifier | modifier le code]

En , Roura prend le départ de la Route du Rhum[2] à la barre du Class40 Exocet, qu'il a loué pour six mois[9]. Le bateau prend l'eau, les avaries se multiplient. Roura doit s'arrêter à Roscoff. Il se blesse[3]. Il est contraint à l'abandon[9].

En 2015, sur Exocet devenu Club 103, Roura participe avec Juliette Petrès à la Transat Jacques-Vabre. Ils se classent 10es, sur 14 Class40[9].

Le premier Imoca La Fabrique[modifier | modifier le code]

Voilier rouge au ponton vu de trois quarts avant. Un homme dans une chaise de mât travaille à mi-mât.
La Fabrique, premier Imoca du nom, avant le Vendée Globe 2016.

La même année, Roura loue pour un euro symbolique[3] un Imoca, le plan Rolland Superbigou, que Bernard Stamm avait construit lui-même pour le Vendée Globe 2000[10]. En avril 2016, Roura se qualifie pour le Vendée Globe en courant la Calero Marinas Solo Transat Canaries-Newport[3],[11] (3e sur trois[10]).

Sur son bateau, en buste, de face, habillé en Corto Maltese, écharpe rayée autour du cou, souriant, barbu.
Alan Roura dans le chenal des Sables-d'Olonne, le jour du départ du Vendée Globe 2016.

Il s'agit à présent de mettre le voilier à même d'affronter un tour du monde en course. Un biscuitier suisse, La Fabrique, assure une part du budget, qui est le plus modeste de la flotte. Superbigou, l'un des plus vieux bateaux engagés[12], devient La Fabrique. La remise en état du bateau fait en grande partie appel au « sens de la bidouille » d'une équipe composée de quatre bénévoles : Roura, son amie et deux copains de la Classe Mini[3].

Voilier rouge de profil. Sur le quai, une foule considérable.
Le premier La Fabrique dans le chenal des Sables-d'Olonne, le jour du départ du Vendée Globe 2016.

Roura, 23 ans, est le plus jeune concurrent de l'histoire de l'épreuve[4]. Il se met en valeur durant la course en faisant preuve d'une belle combativité et aussi de beaucoup de sang-froid. Le directeur de course Jacques Caraës avoue qu'il éprouvait « des doutes » à son sujet avant le départ. « Alan Roura, dit-il, m'a très largement surpris. C'était un garçon que je ne connaissais pas. Quand il a perdu son safran au pire moment dans l'océan Indien et qu'il m'a appelé une heure plus tard pour me dire qu'il avait réussi à mettre le safran de secours, j'étais vraiment étonné[13]. » Roura termine à une respectable 12e place — et à la première place des bateaux d'ancienne génération — sur un Imoca mis à l'eau 17 ans plus tôt[5]. Il a passé en mer 105 jours, 20 heures, 10 minutes et 32 secondes[14].

Le deuxième La Fabrique[modifier | modifier le code]

Au ponton, voilier blanc à l'arrière, rouge à l'avant, vu de trois quarts arrière.
La Fabrique, deuxième Imoca du nom, la veille du départ de la Route du Rhum 2018.

La performance lui vaut un surcroît de confiance de la part de son sponsor, qui se dit prêt à financer l'achat de l'ancien Brit Air d'Armel Le Cléac'h, un plan Finot-Conq lancé en 2007. La Fabrique accepte également d'assurer le budget de remise à niveau et le budget de fonctionnement[3]. « J'ai bien fait de me faire mal sur le Vendée Globe, conclut Roura, car c'est là que je les ai convaincus[3]. »

Le bateau devient La Fabrique, deuxième Imoca du nom. En , Roura court la Transat Jacques-Vabre avec Frédéric Denis. Ils terminent 9es, sur 13 Imoca[15].

De profil, voilier blanc et rouge, voiles amenées, immobile au milieu d'un bassin.
Le deuxième La Fabrique, la veille du départ de la Route du Rhum 2018.

De janvier à , le bateau est en chantier. On lui adjoint des foils « en G »[16]. En novembre, Roura prend le départ de la Route du Rhum. Il embarque un spinnaker plutôt qu’un grand gennaker, ce qui va le pénaliser au reaching[3]. Il termine 7e, sur 20 Imoca[17].

Le , sur La Fabrique, à la vitesse moyenne de 15,57 nœuds, Roura améliore de 12 heures et 22 minutes le record de traversée de l'Atlantique nord en solitaire sur un monocoque de 60 pieds (7 j 16 h 58 min 25 s)[18],[19]. En août, dans la Fastnet Race, où les Imoca courent en double, La Fabrique, mené par Roura et Sébastien Audigane, termine 11e sur 20 Imoca[20],[16]. En novembre, dans la Transat Jacques-Vabre, Roura et Audigane terminent 21es sur 29 Imoca[21],[16].

Le , il prend le départ du Vendée Globe 2020-2021 qu'il termine en 95 jours à la 17e place le 11 février 2021.

Hublot[modifier | modifier le code]

Voilier jaune et noir vu en entier, amarré au ponton, devant l'ancienne basse de sous-marins allemande de Lorient.
Hublot en juillet 2022, à Lorient, son port d'attache.

En octobre 2021, un mécène suisse achète l'Imoca d'Alex Thomson, le Hugo Boss de 2019, pour le mettre à la disposition de Roura[22],[23]. En mars 2022, le bateau devient Hublot, du nom du sponsor qui couvre les frais de fonctionnement, l'horloger suisse Hublot[24].

En mai, Roura termine 15e de la Bermudes 1000 Race[25]. « Hublot est un bateau vraiment génial, déclare-t-il à l'arrivée, mais ce n’est pas un grand fan du près et moi non plus[26] ! » Le navigateur axe donc sa préparation sur le près[27]. En juin, il est 7e de la Vendée-Arctique[28]. En septembre, il finit 13e sur 24 dans les 48 Heures Solo du Défi Azimut[29].

En novembre, il termine 21e sur 38 Imoca dans la Route du Rhum[30]. C'est, pour Roura, une grosse déception : « On s’est préparés toute l’année à faire du près, du coup finalement, au près j’ai presque sauvé les meubles et au final je n’ai pas fait assez de portant pendant l’année et on a fait quand même pas mal de portant sur la course. Les alizés n’étaient pas très bien établis, la mer était formée : le bateau n’a pas volé une seule fois au portant, il était sous l’eau tout le temps. Je n’ai pas vraiment vu son potentiel[27]. »

En 2023, quatre courses en double sont au programme. Le co-skipper de Roura est Simon Koster. Les résultats sont toujours décevants : 8es sur 13 dans la Bermudes 1000 Race[31], 17es sur 29 Imoca dans la Fastnet Race[32], 18es sur 33 dans les 48 heures du Défi Azimut[33], 19es sur 40 Imoca dans la Transat Jacques-Vabre[34],[33]. Simon Koster est pourtant un excellent régatier et un coureur au large éprouvé : en Class40, il a terminé 2e de la Transat Jacques-Vabre 2021 et 4e de la Route du Rhum 2022. Roura en déduit que les piètres résultats de Hublot ne sont pas imputables au skipper, ou pas entièrement au skipper. Il semble bien que le bateau soit en cause[35]. La saison se conclut sur une course en solitaire, le Retour à la Base. Roura termine 15e sur 32[36].

Le chantier d'hiver 2023-2024 est l'occasion de doter Hublot d'une étrave spatulée, à l'exemple des autres Imoca[37]. Pour des raisons budgétaires, le remplacement des fois en C (conçus pour le portant) par des foils plus polyvalents n'est pas à l'ordre du jour[35].

Palmarès[modifier | modifier le code]

  • 2014. 5e sur 15 protos dans la Mini-Fastnet, avec Ludovic Méchin, à bord de Microvitæ[39]
  • 2018 :
    • 1er en série de la Plastimo Lorient, à bord du Mini Tyrion 944, en double avec Amélie Grassi[42].
    • 7e sur 20 Imoca dans la Route du Rhum 2018, en 15 jh, 25 min 37 s, à la barre du deuxième La Fabrique[43]
  • 2023, à la barre de Hublot :
    • 8e sur 13 dans la Bermudes 1000 Race, en double avec Simon Koster[31]
    • 17e sur 29 Imoca dans la Fastnet Race, en double avec Koster[32]
    • 18e sur 33 dans les 48 heures du Défi Azimut, en double avec Koster[33]
    • 19e sur 40 Imoca dans la Transat Jacques-Vabre, en double avec Koster[34],[33]
    • 15e sur 32 dans le Retour à la Base[36]

Publications[modifier | modifier le code]

L'Aventure au bout du rêve, Lausanne, Favre, 2017, 165 p. (ISBN 978-2-8289-1638-1).

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Alan Roura : « Ils m'appellent MacGyver », sur 20min.ch, 5 janvier 2017 (consulté le 9 juin 2020).
  2. a b et c « Bio express », sur leparisien.fr, 30 octobre 2016 (consulté le 6 juin 2020).
  3. a b c d e f g h i j k l m et n Jacques Guyader, « Vendée Globe. Alan Roura : « J'ai toujours tiré le diable par la queue », sur ouest-france.fr, 13 octobre 2019 (consulté le 6 juin 2020).
  4. a b et c Guillaume Loisy, « Alan Roura, gamin, Suisse et fauché », sur sport24.lefigaro.fr, 4 novembre 2011 (consulté le 9 juin 2020).
  5. a et b « Vendée Globe. Le plus jeune skipper, Alan Roura, termine 12e », sur ouest-france.fr, 20 février 2017 (consulté le 9 mars 2020).
  6. « 62 Altern Group C1 », sur histoiredeshalfs.com, mars 2012 (consulté le 9 juin 2020).
  7. a b et c « Alan Roura », sur lafabriquesailingteam.ch (consulté le 9 juin 2020).
  8. a b c d e f et g « 284, Essentialy E8 », sur histoiredeshalfs.com, janvier 2020 (consulté le 9 juin 2020).
  9. a b c d e f et g « Exocet FRA 103 », sur histoiredeshalfs.com, février 2020 (consulté le 9 juin 2020).
  10. a et b « A19 Superbigou SUI 77 », sur histoiredeshalfs.com, novembre 2019 (consulté le 9 juin 2020).
  11. « Calero Marinas Solo Transat », sur caleromarinas.com, 2017 (consulté le 9 juin 2020).
  12. Floriane Galaud, « Vendée Globe. Alan Roura : « J'ai du sang salé dans les veines », sur rts.ch, 6 novembre 2016 (consulté le 9 juin 2020).
  13. Philippe Eliès, « Jacques Caraës : « Le Vendée Globe doit rester une course », sur letelegramme.fr, 13 mars 2017 (consulté le 17 mars 2017).
  14. a et b « Classement Vendée Globe 2016-2017 », sur vendeeglobe.org (consulté le 10 juin 2020).
  15. a et b « La Fabrique, neuvième de la Transat Jacques-Vabre en Imoca », sur transatjacquesvabre.org, 21 novembre 2017 (consulté le 9 juin 2020).
  16. a b c d et e « F17 Brit Air, FRA 62 », sur histoiredeshalfs.com, mars 2020 (consulté le 9 juin 2020).
  17. « Route du Rhum : Roura termine au 7e rang », sur rts.ch, 20 novembre 2018 (consulté le 9 juin 2020).
  18. a et b (en) John Reed, « WSSR newsletter no 312. Transatlantic 60 ft records. Alan Roura. », sailspeedrecords.com, (consulté le ).
  19. Jacques Guyader, « Record Atlantique nord. Le Suisse Alan Roura pulvérise le record de Marc Guillemot ! », sur ouest-france.fr, 19 juillet 2019 (consulté le 9 juin 2020).
  20. a et b « Alan Roura termine 11e de la Fastnet Race », sur tdg.ch, 5 août 2019 (consulté le 9 juin 2020).
  21. a et b « Alan Roura termine au 21e rang », sur rts.ch, 12 novembre 2019 (consulté le 9 juin 2020).
  22. Jacques Guyader, « Vendée Globe. Alan Roura : « On était plusieurs à vouloir acheter Hugo Boss », sur voilesetvoiliers.ouest-france.fr, 27 octobre 2021 (consulté le 28 octobre 2021).
  23. Grégoire Surdez, « Alan Roura voulait une fusée, il a eu un sous-marin », sur tdg.ch, 26 octobre 2023 (consulté le 21 février 2024).
  24. Grégoire Surdez, « Alan Roura avait le bateau, il a aussi le sponsor », sur lematin.ch, 22 mars 2022 (consulté le 22 mars 2022).
  25. a et b « Classement de la course », sur guyaderbermudes1000race.com, 16 mai 2022 (consulté le 15 janvier 2023).
  26. « Interviews des marins à l'arrivée », sur guyaderbermudes1000race, 14 mai 2022 (consulté le 15 janvier 2022).
  27. a et b « Route du Rhum : « Je suis très frustré », sur alanroura.com, 23 novembre 2022 (consulté le 15 janvier 2023).
  28. a et b « Vendée-Arctique. Dalin vainqueur, Beyou et Ruyant sur le podium : le classement définitif », sur ouest-france.fr, 17 juin 2022 (consulté le 15 janvier 2023).
  29. a et b « Classements », sur defi-azimut.net, 2022 (consulté le 14 janvier 2023).
  30. a et b « Alan Roura (Hublot), 21e en Imoca », sur imoca.org, 23 novembre 2022 (consulté le 14 janvier 2023).
  31. a et b « Guyader Bermudes 1000 Race – 2023 », sur imoca.org (consulté le 20 février 2024).
  32. a et b « Rolex Fastnet Race – 2023 », sur imoca.org (consulté le 21 février 2024).
  33. a b c et d « A39 Rockliffe Bill III, GBR 99 », sur histoiredeshalfs.com, 2023 (consulté le 20 février 2024).
  34. a et b « Transat Jacques-Vabre : Alan Roura et Simon Koster 19es, sur televersoix.ch (consulté le 21 février 2024).
  35. a et b « L’heure des bilans pour Alan Roura. Une année 2023 « positive » malgré des déceptions », sur voilesetvoiliers.ouest-france, 28 décembre 2023 (consulté le 21 février 2024).
  36. a et b Grégoire Surdez, « Alan Roura au bout de l’effort », sur lematin.ch, 12 décembre 2023 (consulté le 21 février 2024).
  37. « Une nouvelle étrave pour Hublot », sur voilesetvoiliers.ouest-france.fr, (consulté le 20 février 2024).
  38. « Mini-Fastnet 2013 - Classement - prototype », sur classemini.com (consulté le 11 juin 2020).
  39. « Mini-Fastnet 2014 - Classement - prototype », sur classemini.com (consulté le 11 juin 2020).
  40. « be.brussels (Exocet) », sur classements.snt-voile.org (consulté le 11 juin 2020).
  41. « Mini-Fastnet 2015 - Classement - prototype », sur classemini.com (consulté le 11 juin 2020).
  42. « La Plastimo Lorient Mini racontée par Alan Roura et Amélie Grassi », sur courseaularge.com, 10 avril 2018 (consulté le 18 mars 2023).
  43. « Classement de la Route du Rhum 2018 », sur ouest-france.fr (consulté le 10 juin 2020).
  44. « Alan Roura (La Fabrique), 17e du Vendée Globe ! », sur vendeeglobe.org, (consulté le ).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]