Alain Chouet — Wikipédia

Alain Chouet
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Alain Chouet en mai 2015.
Naissance (77 ans)
Paris
Nationalité Drapeau de la France française
Profession
Activité principale
ancien officier de renseignement
Formation

Alain Chouet, né le à Paris, est un ancien officier de renseignement français, coauteur de plusieurs ouvrages concernant l’islamisme et le terrorisme.

Biographie[modifier | modifier le code]

Jeunesse et études[modifier | modifier le code]

Alain Chouet suit des études d'arabe à l'Institut national des langues et civilisations orientales. Il suit également des études de droit, et obtient une licence de droit et une maîtrise de droit à l'université d'Assas. Il est également diplôme d'études supérieures de science politique de la même université.

Parcours professionnel[modifier | modifier le code]

Alain Chouet passe le concours d'entrée de la Direction générale de la Sécurité extérieure (DGSE) en [1]. Il est admis et, après une première phase en centrale, il est envoyé à l'ambassade de France à Beyrouth comme secrétaire d'ambassade. Il y reste de 1974 à 1976, avant d'être envoyé pendant trois ans à Damas (1976-1979).

Revenant à Paris, il est nommé chef du bureau de coordination des recherches et opérations anti-terroristes (1980-1985), puis est chargé de mission à l'ambassade de France à Rabat (Maroc).

Il fait une première incursion dans le renseignement comme conseiller technique sur les affaires touchant à l'islam et au terrorisme auprès du directeur du renseignement (1996-1999). Il est nommé chef du Service de Renseignement de Sécurité à la DGSE, qui remplace l'ancienne section du contre-espionnage, en 2000-2001. Il quitte cette institution en 2001[2].

Il est chercheur associé à l'European Security Intelligence and Strategy Center, chargé de conférence au diplôme universitaire d'études des menaces criminelles contemporaines, université de Paris II.

Prises de position[modifier | modifier le code]

Disparition d'al-Qaïda[modifier | modifier le code]

Selon Alain Chouet, l'organisation terroriste Al-Qaïda aurait disparu entre 2002 et 2004, certains ayant été tués et d'autres dispersés. Il dénonce l'utilisation systématique de ce « label » pour décrire toute action radicale islamique, notamment chez les journalistes qui font l'amalgame entre l'organisation proprement dite Al-Qaïda et n'importe quel activiste islamiste radical. Il remet aussi en cause l'approche sur-militarisée qui sert à éliminer ce groupe :

« On a pris une mitrailleuse pour tuer un moustique, mais les dégâts sont patents. […] Et le premier effet de cette croisade ratée a été d'alimenter le vivier de volontaires […][3]. »

En 2010, il déclare : « J’estime, sur la base d’informations sérieuses, d’informations recoupées, que al Qaïda est morte sur le plan opérationnel dans les trous à rats de Tora Bora en 2002[4]. »

Causes de la guerre en Syrie[modifier | modifier le code]

Analysant la situation en Syrie, il avance que l'opposition au régime ne se bat pas fondamentalement pour davantage de démocratie de type occidental, mais est mue par des motivations avant tout d'ordre religieux. Selon lui, la guerre civile a été initiée par les Frères musulmans (sunnites) pour combattre le pouvoir des Alaouites et des autres minorités syriennes. Il condamne la fourniture d'armes aux rebelles syriens[5].

Inutilité de la torture[modifier | modifier le code]

Alain Chouet s'oppose à l'usage de la torture, dans le domaine militaire comme dans le domaine du renseignement. Il s'oppose ainsi à l'utilisation de la torture par la CIA depuis les attentats du 11 septembre 2001[6]. Il explique cette réflexion par le raisonnement que « sous la torture l'individu parlera le plus possible pour que cela s'arrête », là où la corruption financière, « guidée par l'appât du gain, parlera le plus possible pour éviter que l'argent ne s'arrête ».

Services de sécurité belge[modifier | modifier le code]

Après les attentats du 13 novembre 2015 à Paris, il critique à plusieurs reprises les services de sécurité belges, qu'il considère n'être pas au niveau. Dans une lettre d'excuses adressée à l'administrateur général de la Sûreté de l'État en Belgique, Jean-Francois Mouchel, chef de la DGSE, explique qu'Alain Chouet ne fait plus partie des services depuis quatorze ans et n'a donc plus accès aux informations classifiées. Il ajoute que « sur le fond, les opinions de M. Chouet ne sont pas seulement fausses et injurieuses : elles sont aussi indécentes[2],[7]. », Alain Chouet lui répond que la fuite de Salah Abdeslam à Molenbeek, qui y trouve refuge, ainsi que les attentats du 22 mars 2016 à Bruxelles, confirment son jugement[8].

Critiques[modifier | modifier le code]

Selon un ancien membre de la DGSE écrivant sous le pseudonyme « Abou Djaffar », Alain Chouet est un « excellent connaisseur du monde arabe, [qui] a fait ses armes au Liban et en Syrie » mais « il a, tout au long de sa carrière, combattu des mouvements terroristes classiques organisés à la mode occidentale. Il n’a ainsi jamais vraiment compris le fonctionnement intime de la mouvance jihadiste ». Selon lui, Alain Chouet est « obsédé par les Frères musulmans égyptiens » et a « longtemps refusé d’envisager l’existence d’une mouvance terroriste échappant au contrôle d’un État ou d’une organisation religieuse[4]. »

Publications[modifier | modifier le code]

  • « L'Islam confisqué » - in Moyen Orient: médiations, migrations, démocratisations, sous la direction de R. Bocco et M.R. Djalili, PUF, Paris, 1994.
  • « La désintégration par le politique » - in Tribus, tribalisme et États au Moyen Orient, Maghreb-Machrek n°147, Paris, .
  • (coauteur) Xavier Raufer (directeur), Anne-Line Didier, Richard Labévière & Leïla N., Atlas de l’Islam radical, Paris, CNRS éditions, 2007 (ISBN 978-2-271-06577-3).
  • La Sagesse de l'Espion, Éditions du 81, Paris, 2010 (ISBN 978-2-915543-33-9).
  • Au cœur des services spéciaux – La menace islamiste : fausses pistes et vrais dangers, entretien avec Jean Guisnel, La Découverte, Paris, 2011.
  • Sept pas vers l'Enfer - Séparatisme islamiste : le désarrois d'un officier de renseignement, préface de Pierre Conesa, Flammarion, Paris, 2022.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Gérald Arboit, Des services secrets pour la France. Du dépôt de la Guerre à la DGSE(1856-2013), CNRS, (ISBN 978-2-271-08038-7, lire en ligne)
  2. a et b « Les renseignements français s'excusent auprès des renseignements belges », La Libre Belgique, 20 novembre 2015.
  3. « Ex-chef de la DGSE : "Al Qaida est mort en 2002" » sur Dailymotion.
  4. a et b Abou Djaffar, « Petite et modeste leçon de journalisme », sur le blog Terrorismes, guérillas, stratégie et autres activités humaines, 13 février 2010.
  5. « Syrie - Alain Chouet : "Ce n'est pas en armant des salafistes qu'on trouvera une solution" », entretien, Le Point.fr, 16 mars 2013.
  6. Thinkerview, « 35 ans de DGSE, une pointe de diamant ? Alain Chouet » (consulté le )
  7. « Franse geheime dienst biedt excuses aan Belgen aan », De Standaard, 21 novembre 2015
  8. Le salafisme, voilà l'ennemi: un ancien responsable de la DGSE brise le silence, Charles Jaigu, lefigaro.fr, le 4 février 2022.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Article connexe[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]