Adonis (poète) — Wikipédia

Adonis
Adonis en Pologne, en 2011.
Fonction
Professeur
Biographie
Naissance
(94 ans)
Qassabine (Lattaquié, Syrie mandataire)
Nom de naissance
Ali Ahmed Saïd Esber
Pseudonymes
Adonis, أدونيسVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
libanaise (depuis )Voir et modifier les données sur Wikidata
Domiciles
Beyrouth (depuis ), Paris (depuis )Voir et modifier les données sur Wikidata
Formation
Activités
Conjoint
Khalida‏ Saeed (en) (depuis )Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
A travaillé pour
Université Saint-Joseph de Beyrouth
Shir (1957 - 1970) (en)
Université libanaise
Mawakif Magazine (1968 - 1994) (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Parti politique
Genre artistique
Distinction
Archives conservées par
Œuvres principales
The Static and the Dynamic: A Research into the Creative and the Imitative of Arabs (d), The Songs of Mihyar of Damascus (d)Voir et modifier les données sur Wikidata

Adonis (en arabe : أدونيس), pseudonyme d'Ali Ahmed Saïd (علي أحمد سعيد), est un poète et critique littéraire syrien d'expressions arabe et française, né le . Son pseudonyme se réfère au dieu d'origine phénicienne, symbole du renouveau cyclique.

Biographie[modifier | modifier le code]

Ali Ahmad Saïd naît à Qassabine près de Lattaquié au nord de la Syrie le , dans une famille alaouite. Il commence jeune à travailler dans les champs, mais son père l'incite aussi à apprendre la poésie. Il est scolarisé au lycée français de Tartous en 1942. En 1947, contre l'avis de ses parents, il se rend à la ville voisine où il trouve le président syrien Choukri al-Kouwatli. Saïd, alors âgé de 17 ans, veut se joindre à l'assemblée des poètes locaux pour honorer le président, mais on l'écarte. En insistant, il capte l'attention de ce dernier, qui demande à l'entendre. Le président décide alors de lui payer ses études[2]. Il obtient son baccalauréat à Lattaquié en 1949. C'est également à cette époque qu'il prend le pseudonyme d'Adonis lors de la publication de quelques poèmes. Il entre ensuite à l'université syrienne de Damas qu'il quitte en 1954 avec une licence de philosophie.

En 1955, il est emprisonné six mois pour appartenance au Parti nationaliste syrien, qui préconise une grande nation syrienne au Moyen-Orient. Après sa libération en 1956, il s'enfuit pour Beyrouth au Liban où il fonde avec le poète syro-libanais Youssouf al-Khal dans les années 1960, la revue Chi'r[3] (en arabe :شعر) ou Chiir, qui signifie «Poésie» : le manifeste d'une libération inconditionnelle de la tradition et d'un élan vers l'internationalisation de la poésie. Il obtient la nationalité libanaise en 1962. Adonis se consacre aussi plus principalement à ses activités littéraires qu'à ses activités politiques. En 1968, il fonde la revue Mawâkif[4] (en arabe : مواقف ), qui signifie «Positions» – aussitôt interdite dans le monde arabe – qui s'avère un espace de liberté en même temps qu'un laboratoire de rénovation «déstructurante» de la poésie. C'est là qu'il traduit en arabe Baudelaire, Henri Michaux, Saint-John Perse et en français Aboul Ala El-Maari. Adonis cherche le renouvellement de la poésie arabe contemporaine en s'appuyant sur son passé glorieux mais aussi en regardant la richesse de la poésie occidentale. À la suite de la guerre civile libanaise, il fuit le Liban en 1980 pour se réfugier à Paris à partir de 1985. Il est le représentant de la Ligue arabe à l'UNESCO.

Il est aujourd'hui considéré comme l'un des plus grands poètes arabes vivants, notamment à la suite de la disparition de Mahmoud Darwich[5]. Il est un autodidacte influent, voire iconoclaste, quant à la réévaluation critique de la tradition poétique arabe vis-à-vis des pressions intellectuelles, politiques et religieuses[6] du monde arabe actuel, l'exemple le plus frappant étant La Prière et l'Épée. Son œuvre[7] révèle plusieurs thèmes: injustice, dictature, guerre, misère... Il se saisit des évènements contemporains pour en faire des mythes, sans pourtant devenir un «poète engagé». Le Temps des villes démontre une connaissance exacerbée des grandes métropoles du monde arabe moderne[8]. Il a pris position dans Al-Hayat contre le port du voile[9]. Il cède, en 2011, ses archives à l'IMEC[10].

Il se montre très critique envers l'islam dans son livre d'entretiens avec la psychanalyste Houria Abdelouahed "Violence et islam". Adonis dénonce le caractère intrinsèque de la violence dans l’islam[11],[12],[13].

Il reçoit le prix littéraire Prince-Pierre-de-Monaco en 2016[14].

Œuvres[modifier | modifier le code]

Poésie[modifier | modifier le code]

Poème mural à Leyde, aux Pays-Bas.

Anthologie[modifier | modifier le code]

  • 2008 - Le Dîwân de la poésie arabe classique

Essais[modifier | modifier le code]

  • 1964 - Le Diwan de la poésie arabe (3 volumes), essais critiques
  • 1968 - Le Théâtre et les Miroirs
  • 1972 - Le Temps de la poésie
  • 1975 - Le Fixe et le Mouvant (3 volumes), thèse d'État.
  • 1980 - Préface pour les fins de siècles.
  • 1985 - Politique de la pensée.
  • 1993 - La Prière et l'Épée : essai sur la culture arabe.
  • 2007 - Le Livre (al-Kitâb) (Paris, Éditions du Seuil, coll. Réflexion).
  • 2009 - Le Regard d'Orphée, entretien, avec Houria Abdelouahed (Fayard, coll. Témoignages pour l'Histoire)
  • 2013 - Le Livre II (al-Kitâb) Hier Le lieu Aujourd'hui (Paris, Éditions du Seuil, coll. Réflexion).
  • 2014 - Printemps arabes, religion et révolution, coll. Politique, Éditions de la Différence, Paris[15].
  • 2015 - Adonis, Violence et Islam : Entretiens avec Houria Abdelouahed, Seuil, (ISBN 9782021288582)
  • 2015 - Le Livre III (al-Kitâb) Hier Le Lieu Aujourd'hui, Le Seuil.
  • 2017 - Soufisme et surréalisme, Éditions de la Différence, traduit par Bénédicte Letellier.
  • Avec Houria Abdelouahed, Prophétie et Pouvoir (Violence et Islam, tome 2), Seuil, 2019.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Reuven Snir, “Poète des secrets et des racines’: L’Adonis hallajien,” in: Adonis: un poète dans le monde d’aujourd’hui 1950-2000 (Paris: Institut du monde arabe, 2000), pp. 171-172.
  • Reuven Snir, "A Study of Elegy for al-Ḥallāj by Adūnīs,” Journal of Arabic Literature 25.2 (1994), pp. 245-256.
  • Reuven Snir, “Adūnīs – The Acts of the Wind” [en hébreu], Helicon — Anthological Journal of Contemporary Poetry 30 (1999), pp. 50–55.

Distinctions[modifier | modifier le code]

Prix[modifier | modifier le code]

Honneurs[modifier | modifier le code]

Décorations[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « https://research.reading.ac.uk/diasporicarchives/collections/ »
  2. Récit d'Adonis dans l'émission Ça rime à quoi sur France Culture le dimanche 14 avril 2013.
  3. (ar) محمد الشارخ- صخر, « الأرشيف: شعر », sur أرشيف الشارخ للمجلات الأدبية والثقافية العربية (consulté le ).
  4. (ar) محمد الشارخ- صخر, « الأرشيف: مواقف », sur أرشيف الشارخ للمجلات الأدبية والثقافية العربية (consulté le ).
  5. « Adonis : «Avec l’islam, la poésie a dû se séparer de la pensée» », Libération.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  6. « أدونيس والخطاب الصوفي / خالد بلقاسم - Sudoc », sur www.sudoc.fr (consulté le ).
  7. « حوار مع أدونيس : الطفولة، الشعر، المنفى / صقر أبو فخر - Sudoc », sur www.sudoc.fr (consulté le ).
  8. « الهوية والحرية : المدن العربية في شعر أدونيس / جان نعوم طنوس - Sudoc », sur www.sudoc.fr (consulté le ).
  9. Tounes
  10. 3/10/2011, « Les précieuses archives du poète Adonis confiées à un institut français », sur lexpress.fr (consulté le ).
  11. « Le réquisitoire du grand poète syrien Adonis contre la religion musulmane », sur Slate.fr (consulté le ).
  12. « Adonis : "Sur le plan intellectuel, l’islam n’a plus rien à dire" », sur Le Matin d'Algérie (consulté le ).
  13. Suleiman Mourad, « Les égarements et contresens du poète Adonis sur l'islam », sur Orient XXI, (consulté le ).
  14. Thierry Clermont, « Le poète Adonis, Prix Prince Pierre de Monaco 2016 », Le Figaro,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  15. Catherine Simon, « Adonis : « Nous, Arabes, n'avons pas rompu avec la tradition autoritaire » », sur Le Monde, (consulté le ).
  16. (en) « Adonis, pristagare 28 maj 2016 », sur dagerman.se (consulté le ).
  17. (en) « 2017 PEN/NABOKOV AWARD FOR ACHIEVEMENT IN INTERNATIONAL LITERATURE », sur PEN America, (consulté le ).
  18. Archives des nominations et promotions dans l'ordre des Arts et des Lettres.

Annexes[modifier | modifier le code]

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Liens externes[modifier | modifier le code]