Adolf Loos — Wikipédia

Adolf Loos
Adolf Loos vers 1904.
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 62 ans)
Kalksburg (en) ou VienneVoir et modifier les données sur Wikidata
Sépulture
Nationalités
Formation
Activités
Père
Adolf Loos (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Fratrie
Helene Dülberg (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Conjoints
Claire Beck Loos (à partir de )
Elsie Altmann-Loos (en)
Lina Loos (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Propriétaire de
Doctor Emma Veronika Sanders (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Mouvement
Représenté par
Élèves
Zlatko Neumann (d), Josef Berger (d), Jean Welz, Otto Breuer (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Œuvres principales
Vue de la sépulture.

Adolf Loos, né le à Brünn en Autriche-Hongrie (actuelle Brno en Tchéquie) et mort le à Vienne, est un architecte autrichien, défenseur du dépouillement intégral dans l’architecture moderne.

Biographie[modifier | modifier le code]

S'il n'a jamais rencontré Louis Sullivan, Adolf Loos est profondément influencé par l'École de Chicago dès le début du siècle, après un voyage aux États-Unis. En , il effectue son voyage de noces dans les Cyclades : l'architecture dépouillée des villages exerce sur lui une profonde impression. De retour en Autriche, il s'oppose au courant de la Sécession viennoise (courant architectural autrichien proche de l'Art nouveau) et à d'autres mouvements, dont Neues Bauen et le Deutscher Werkbund. Il ne fera jamais partie d'un mouvement bien défini, étant plutôt le précurseur d'un nouveau mouvement de pensée lancé par Otto Wagner, qui prône l'utilisation juste des éléments de l'architecture sans faux-semblant. Il va à l'encontre de la Sezession, jugée décadente car « décorative ». Loos considère l'ornement comme un artifice complet, qui engendre la laideur. L'ornementation architecturale doit être issue du matériau et non être « plaquée » dessus.

Sa vision sociale et humaniste de l'architecture va marquer toute l'architecture du XXe siècle, notamment grâce à son écrit le plus fameux : Ornement et Crime (1908), qui sera publié par Le Corbusier dans sa revue L'Esprit Nouveau. Il est à ce titre considéré comme un des grands précurseurs de l'architecture moderne.

Looshaus, la « Maison sans sourcils », Michaelerplatz, Vienne.

Adolf Loos est considéré comme un homme hors de son temps, notamment lors du projet conçu sur la Michaelerplatz à Vienne : la Looshaus, initialement la maison de couture Goldman & Salatch, fut la source d'une polémique car la sobriété détonante de sa façade dans le centre historique de Vienne, en face du palais impérial, choquait la bourgeoisie traditionaliste de l'époque, conditionnée par un éclectisme décoratif qui est notamment celui du Ring viennois.


En 1920, il est nommé directeur du Département d'urbanisme à Vienne. Il propose alors plusieurs projets de cités ouvrières. L'immeuble en gradins est un des thèmes récurrents de son travail. Il est aussi à l'origine du Raumplan, plan en trois dimensions avec des pièces de hauteurs variables selon les besoins. Il prend en compte avec attention les séparations jour/nuit, lieux publics/privés, qu'il articule par des escaliers. Loos développe une monumentalité qui n'est pas académique, et préfigure le brutalisme de la fin du XXe siècle.

Entrée de la maison Tzara à Paris.

Il a influencé Richard Neutra, Rudolf Schindler et a découvert Oskar Kokoschka. Il a eu pour disciple Paul Engelmann.

Claire Beck, sa troisième épouse, photographe et écrivain, est l'auteur de l'ouvrage Adolf Loos – A Private Portrait[1] dédié à Adolf Loos.

L'architecte a été condamné en 1928 pour pédophilie par le tribunal de Vienne[2].

Réalisations[modifier | modifier le code]

Nom Type Pays Ville Adresse Années
Café Museum non résidentiel Drapeau de l'Autriche Autriche Vienne 1899
Appartement Turnowsky[3] résidentiel Drapeau de l'Autriche Autriche Vienne Wohllebengasse 19 1900
Kärntner Bar ou American Bar[4] non résidentiel Drapeau de l'Autriche Autriche Vienne 1907-1908
Looshaus[4] non résidentiel Drapeau de l'Autriche Autriche Vienne 1909-1911
Magasin Kniže & Co non résidentiel Drapeau de l'Autriche Autriche Vienne Graben 13 1910-1913
Librairie Manz non résidentiel Drapeau de l'Autriche Autriche Vienne Kohlmarkt 16 1912
Salon P.C. Leschka & Co non résidentiel Drapeau de l'Autriche Autriche Vienne Spiegelgasse 13 1923
Anglo-Österreichische Bank non résidentiel Drapeau de l'Autriche Autriche Vienne Mariahilferstrasse 70 1914
Maison Horner résidentiel Drapeau de l'Autriche Autriche Vienne Nothargasse 3 1912
Maison Steiner[5] résidentiel Drapeau de l'Autriche Autriche Vienne St. Veitgasse 10 1910
Maison Scheu résidentiel Drapeau de l'Autriche Autriche Vienne Larochegasse 3 1912-1913
Maison Rufer résidentiel Drapeau de l'Autriche Autriche Vienne Schliessmanngasse 11 1922
Maisons de la cité ouvrière du Werkbund résidentiel Drapeau de l'Autriche Autriche Vienne Woinovichgasse 13:19 1930-1932
Maisons de cité Lainz[3] résidentiel Drapeau de l'Autriche Autriche Vienne Hermesstrasse 1921
Maison Spanner résidentiel Drapeau de l'Autriche Autriche Gumpoldskirchen 1923
Maison Moller[6] résidentiel Drapeau de l'Autriche Autriche Vienne Starkfriedgasse 19 1927-1928
Maison Khuner[4] résidentiel Drapeau de l'Autriche Autriche Kreuzberg 1929-1930
Maison Tristan Tzara[4] résidentiel Drapeau de la France France Paris 15 avenue Junot 1926-1927
Villa Karma[5] résidentiel Drapeau de la Suisse Suisse Clarens 1903-1906
Château de Bauer[7] résidentiel Drapeau de la Tchéquie Tchéquie Brno 1925
Maison Müller résidentiel Drapeau de la Tchéquie Tchéquie Prague Stresovicka 820 1928-1930
Maison Winternitz résidentiel Drapeau de la Tchéquie Tchéquie Prague Na Cihlarce 10 1931-1932
Maison du directeur de la raffinerie Rohrbach résidentiel Drapeau de la Tchéquie Tchéquie Rohrbach 1931-1932
Maison Reitler résidentiel Drapeau de l'Autriche Autriche Vienne Elßlergasse 9 1922


Projets[modifier | modifier le code]

  • « The Chicago Tribune Column » (la Colonne du Chicago Tribune), projet de concours, Chicago, 1922
  • Maison Moissi (projet) 1923, au Lido de Venise[4]
  • Maison de Joséphine Baker

Expositions[modifier | modifier le code]

  • Adolf Loos - Exposition Du Cinquantenaire (23.02. – 16.04.1983) Paris (Institut français d'architecture avec Institut Culturel Autrichien, Paris) Ancienne Galerie, 6, rue du Tournon, 75006 Paris[8]
  • Gründerzeit: Adolf Loos (11.04.1987 – 21.06.1987) Städtische Galerie der Stadt Karlsruhe, Karlsruhe, Allemagne[9]
  • Adolf Loos (02.12.1989-25.02.1990) (exposition conjointe sur 3 sites) Albertina, Wien Museum, Looshaus, Vienne[10]
  • Adolf Loos « Private Spaces » (14.12.2017 – 25.02.2018) Museu del Dessiny de Barcelona, Espagne[11]
  • Adolf Loos « Private Spaces » (28.03.2018-24-06.2018) Caixa Forum Madrid, Espagne[11]
  • Wagner, Hoffman, Loos et le design de meuble du modernisme viennois (21.03.-07.10.2018) Hofmobiliendepot, Möbelmuseum Wien, Vienne[12]
  • Adolf Loos : Maisons privées (08.12.2020-14.03.2021) MAK Museum Angewandter Kunst (Musée des arts appliqués)[13]
  • « Loos2021 » (25.9.2020 – 30.5.2021) Salles Loos de la Bibliothèque de Vienne, (ancien appartement Boskovits) Bartensteingasse 9/5, 1010 Wien, Autriche[14],[15]

Écrits d'Adolf Loos[modifier | modifier le code]

Citations d'Adolf Loos[modifier | modifier le code]

  • « L'architecte est un maçon qui a appris le latin »
  • « L'homme le mieux habillé, le costume le plus moderne est celui qui attire le moins l'attention »

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (en)Adolf Loos: A Private Portrait article du 24 janvier 2013, Christopher Long, sur www.west86th.bgc.bard.edu, W86th Book Reviews.
  2. Cf. à ce propos Hanno Rauterberg, « Architektur und Verbrechen », Die Zeit, no 31,‎ (lire en ligne) : « Adolf Loos, un des grands constructeurs du mouvement Moderne, a été condamné à Vienne pour pédophilie. La chose a été longtemps passée sous silence (...) A l'issue du procès, il se félicita de ce que le juge ne l'avait condamné qu'à 4 mois de détention (vier Monaten strengem Arrest). Mais il dut s'estimer plus heureux encore que ses nombreux et prestigieux amis tiennent encore à lui : le compositeur Arnold Schönberg, le peintre Oskar Kokoschka et surtout l'écrivain Karl Kraus. A la mort de Loos, survenue cinq ans après sa condamnation, Kraus, qui plaçait encore l'architecte à la pointe de l'Avant-garde prononça son éloge funèbre : Tu étais perpétuellement tourné vers le futur, tu lui as insufflé la vie, tu l'as purifié, tu l'as rendu vivable... »
  3. a et b August Sarnitz, Adolf Loos : 1870-1933 : architecte, critique culturel, dandy, Taschen, (ISBN 2743451599, OCLC 1335727611, lire en ligne)
  4. a b c d et e Jerzy Elżanowski, Cornelia Lawrenz, Hanna Agostini et Ludivine Verbèke, Histoire de l'architecture, "National geographic, dl 2013, cop. 2013 (ISBN 978-2-8229-0031-7 et 2-8229-0031-0, OCLC 868810812, lire en ligne), p. 398-399
  5. a et b Lucio, ... Felici, Encyclopédie de l'art, LGF, (ISBN 2-253-13025-7 et 978-2-253-13025-3, OCLC 420824695, lire en ligne), p. 597-598
  6. (en) James Stevens Curl (en), A Dictionary of Architecture and Landscape Architecture (lire en ligne)
  7. (en) Via Aurea s.r.o, « The Bauer Chateau | Objects | Brno Architecture Manual. A Guide to Brno Architecture », sur www.bam.brno.cz (consulté le )
  8. Francois Chaslin, Adolf Loos, Pierre Mardaga Editeur, (ISBN 2-8700-9174-5)
  9. Erika Rödiger-Diruf, Gründerzeit: Adolf Loos, Städtische Galerie Karlsruhe, (ISBN 3-9233-4409-0)
  10. (de) Burkhard Rukschcio, Adolf Loos : Katalog zur Ausstellung, Vienna, Löcker Verlag, (ISBN 3-8540-9166-4)
  11. a b c d e f g et h Museu del Dessiny Fundacion Bancaria La Caixa, Adolf Loos, "Private Spaces", Fundacion Bancaria La Caixa, (ISBN 978-84-9900-190-6)
  12. (de) Eva B. Ottilinger, WAGNER, HOFFMANN, LOOS UND DAS MÖBELDESIGN DER WIENER MODERNE, Vienne, Böhlau Verlag, (ISBN 978-3-205-20786-3)
  13. (de) MAK Museum Moderner Kunst, « Adolf Loos » (consulté le )
  14. « Loos2021 », sur Tourist Info Vienna (consulté le )
  15. Eva B. Ottilinger, Burkhardt Rukschcio et Stefan Voglhofer, « Loos2021 Review », sur Austrian Federal heritage office, Bundesdenkmalamt (consulté le )

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • B. Rukschcio et R. Schnachel, Adolf Loos, Residenz Verlag, Salzburg et Vienne, 1982. Édition française, Pierre Mardaga, 696 p., (ISBN 978-2-87009-297-2).
  • Can Onaner, Adolf Loos et l'humour masochiste. L'architecture du phantasme, Genève, éditions MētisPresses, 2020, 240 p., (ISBN 978-2-940563-55-5).

Liens externes[modifier | modifier le code]

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