Adama Barrow — Wikipédia

Adama Barrow
Illustration.
Adama Barrow en avril 2018.
Fonctions
Président de la République de Gambie
En fonction depuis le [N 1]
(7 ans, 3 mois et 4 jours)
Élection
Réélection 4 décembre 2021
Vice-président Fatoumata Tambajang
Ousainou Darboe
Isatou Touray
Alieu Badara Joof
Muhammad B.S. Jallow
Prédécesseur Yahya Jammeh
Biographie
Date de naissance (59 ans)
Lieu de naissance Basse Santa Su (Gambie)
Nationalité gambienne
Parti politique PRN (2006-2007)
PDU (2007-2019)
PNP (depuis 2019)
Conjoint 2[1]
Enfants 5 (dont 1 décédé)
Profession chef d'entreprise
Religion islam

Adama Barrow
Présidents de la République de Gambie

Adama Barrow, né le à Mankamang Kunda, est un dirigeant d'entreprise et homme d'État gambien, membre du Parti démocratique unifié. Il est élu président de la République de Gambie le . Sa prise de fonction, prévue pour le [2], est au départ incertaine à la suite de l'état d'urgence décrété par le président sortant Yahya Jammeh et la prolongation de trois mois de son mandat par l'Assemblée nationale. Réfugié au Sénégal, Adama Barrow prête néanmoins serment le comme président de la République, à l'ambassade de Gambie, tandis que les États d'Afrique de l'Ouest pressent Yahya Jammeh de lui céder le pouvoir. Il est réélu lors de l'élection présidentielle de .

Biographie[modifier | modifier le code]

Adama Barrow est né en 1965 dans le village de Mansajang Kunda (de), à la périphérie sud de la ville de Basse Santa Su, dans l'Est de la Gambie. Il effectue sa scolarité à Koba Kunda puis à Banjul avant de recevoir une bourse pour l’école secondaire musulmane[3].

Carrière professionnelle[modifier | modifier le code]

Il travaille ensuite pour Alhagie Musa and Sons jusqu'à devenir directeur des ventes. En 1996, il devient un militant du Parti démocratique unifié (UDP). Au début des années 2000, il quitte la Gambie pour Londres, où il se forme aux métiers de l'immobilier, tout en travaillant comme gardien dans la sécurité[3]. Il reste trois ans et demi au Royaume-Uni[4].

Il devient garde du corps d'un homme d’affaires gambien, Momodou Moussa Ndiaye, père de l'épouse de l'ancien président Dawda Jawara (renversé en 1994 par le lieutenant Yahya Jammeh), puis lance une agence immobilière, avec une certaine réussite[4].

Carrière politique[modifier | modifier le code]

Élection présidentielle de 2016[modifier | modifier le code]

Adama Barrow est choisi comme candidat unique de sept partis d'opposition pour l'élection présidentielle du . Il remporte l'élection à l'unique tour de scrutin en recueillant 43,3 % des suffrages, contre le président sortant au pouvoir depuis 22 ans Yahya Jammeh[3],[5] qui arrive second avec 39,6 % des suffrages. Le troisième candidat Mammah Kandeh obtient 17,1 % des voix[2].

Le , Yahya Jammeh instaure l'état d'urgence[6] et le lendemain, le Parlement prolonge son mandat de trois mois, jusqu'au [7].

Président de la République[modifier | modifier le code]

Inauguration d'Adama Barrow en 2017, au cours des célébrations de l'indépendance.

Le , il prête serment à l'ambassade de Gambie à Dakar[8],[9]. Devant le refus de Yahya Jammeh de lui céder le pouvoir, malgré les injonctions de la CÉDÉAO, l'armée sénégalaise pénètre alors en territoire gambien dans le courant de l'après-midi lors d'une opération militaire. Le soir même, le chef de l'armée gambienne, le général Ousman Badjie, déclare à des ressortissants occidentaux qu'il n'ordonnera pas à ses hommes de résister en cas d’intervention des troupes africaines[10]. Le , Yahya Jammeh accepte de se retirer et de quitter le pays, après une médiation des dirigeants guinéen Alpha Condé et mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz[11],[12]. Il part en exil le lendemain soir pour Conakry, avant de rejoindre la Guinée équatoriale[13].

Le , il nomme Fatoumata Tambajang au poste de vice-présidente[14]. Le , il retourne en Gambie[15].

Le , lors de la prière à la mosquée King Fahd de Banjul à laquelle il participe, Adama Barrow échappe à une tentative d'assassinat. L'assaillant, un certain Babucarr Njie, déclare être un militaire des Forces armées gambiennes, anciennement détaché à la garde rapprochée de l'ex-président Yahya Jammeh. Il est interpellé par la gendarmerie sénégalaise en possession d'un pistolet automatique de calibre 9 mm de marque Helwan avec un chargeur garni de huit cartouches à balles réelles[16].

Le , le jour de la fête nationale, a lieu la cérémonie de son investiture, au cours de laquelle il prête de nouveau serment[17].

En , un groupe de pro-Barrow agresse un journaliste lors d'un entretien[18].

Le , son parti le PDU remporte 31 des 53 sièges lors des législatives[19].

Le , la Gambie adhère à nouveau au Commonwealth[20].

Élu pour un mandat de cinq ans à la tête d'une coalition de partis d'opposition, dont le Parti démocratique unifié (UDP) de son vice-président Ousainou Darboe, Adama Barrow revient au cours de son mandat sur sa promesse électorale de se retirer au bout de trois ans. La charte fondatrice de la « Coalition 2016 » prévoyait en effet qu'il dirige un gouvernement provisoire avant de se retirer pour laisser place à une élection présidentielle anticipée à laquelle l'ensemble des candidats d'opposition auraient pu se présenter dans des conditions pleinement libres et démocratiques, à l'exception du président sortant. Un mouvement de partis politiques et d'organisations de la société civile organisent courant 2019 d'importantes manifestations sous le nom de « Three Years Jotna » (« Trois ans, il est temps » dans un mélange d'anglais et de wolof). Les manifestants réclament son départ du pouvoir à la date du troisième anniversaire de sa prise de fonction, le , mais se voient opposer un refus catégorique de la part de Barrow, qui réaffirme son intention de poursuivre son mandat et même de se présenter à l'élection présidentielle de 2021. Fin janvier 2020, immédiatement après une manifestation ayant tourné à l'émeute, le gouvernement prend un tournant répressif à l'encontre des contestataires, procédant à une centaine d'arrestations, fermant deux radios et promettant des « conséquences graves » à tous ceux qui soutiennent le mouvement, qui est officiellement interdit[21],[22],[23]..

Entre-temps, le gouvernement entame en la rédaction d'un projet de nouvelle constitution, qui prévoit la mise en place d'institutions assurant une véritable séparation des pouvoirs, ainsi notamment que la limitation du chef de l'État à un mandat de cinq ans, renouvelable une seule fois, via un scrutin à deux tours au lieu d'un[24]. En accord avec la constitution de 1997, le projet doit alors être voté à la majorité qualifiée des trois quarts des parlementaires, avant une éventuelle mise à référendum. Les 58 membres de l'Assemblée nationale se déchirent cependant sur la question de la rétroactivité de la limitation à deux mandats, qui permettrait éventuellement au président Barrow d'effectuer un troisième mandat si son premier, débuté sous une version antérieure de la constitution, n'était pas pris en compte[25]. Ces dissensions amènent Adama Barrow à limoger Ousainou Darboe ainsi que plusieurs ministres de l'UDP le , avant de fonder dix mois plus tard son propre parti, le Parti national du peuple (NPP)[26],[27].

Le projet de nouvelle constitution est finalement rejeté en deuxième lecture le , seuls 31 députés ayant voté pour — avec 23 députés contre et 4 s'étant abstenus —, loin de la majorité requise de 44 voix. Les opposants au projet rassemblent alors les soutiens de l'ex-président Yahya Jammeh ainsi que plusieurs de ceux d'Adama Barrow lui-même, ce qui amène ce dernier à être accusé d'avoir organisé l'échec du projet, et de poursuivre une « tendance récurrente à mimer le système laissé par l'ancien régime »[28],[29].

En , Adama Barrow et l'Alliance patriotique pour la réorientation et la construction (APRC) de l'ancien président Yahya Jammeh scellent une alliance[30],[31]. Ce dernier désavoue publiquement l'accord — qu'il déclare avoir été conclu sans lui en faire part — et pousse à la démission le président de l'APRC, Fabakary Tombong Jatta. Ce désaccord aboutit à un schisme au sein de l'APRC avec la formation de factions rivales entre les fidèles de Jammeh qui appellent à voter pour Mammah Kandeh, et ceux réaffirmant leur volonté de respecter l'accord[32]. Il est réélu président de la Gambie en décembre, avec 53 % des suffrages[33]. Il prête serment et commence son second mandat le [34].

Le 21 décembre 2022, le gouvernement de la Gambie annonce avoir déjoué une tentative de coup d'Etat militaire, qui aurait eu lieu la veille. L'ex-ministre des Affaires présidentielles Momodou Sabally, ainsi que plusieurs soldats ont été arrêté et interrogé[35].

Vie personnelle[modifier | modifier le code]

Adama Barrow a deux femmes et cinq enfants. Le , son fils Habib, 8 ans, meurt après s'être fait attaquer par plusieurs chiens[36].

Prix et reconnaissance[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Vainqueur de la présidentielle de décembre 2016, il est reconnu par la communauté internationale mais en exil à Dakar, après le refus de Yahya Jammeh de lui céder le pouvoir. Celui-ci quitte finalement le pouvoir le 21 janvier au terme d'un accord. Le 26 janvier, Barrow retourne en Gambie.

Références[modifier | modifier le code]

  1. (en) Oluwatobi Bolashodun, « Meet the look-alike wives of new Gambian President Adama Barrow », sur Naij.com, .
  2. a et b « Gambie : le nouveau président Adama Barrow organise la transition », sur France 24, (consulté le ).
  3. a b et c Malang Toure, « Qui est Adama Barrow, le nouveau président gambien ? », sur SeneNews.com, (consulté le ).
  4. a et b « Gambie : qui est Adama Barrow, l'homme qui a détrôné Jammeh ? », Radio France internationale,‎ (lire en ligne).
  5. « En Gambie, le président Yahya Jammeh reconnaît sa défaite à la présidentielle », Le Temps,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  6. « Gambie : à la veille de la fin de son mandat, Jammeh décrète l’état d’urgence - RFI », sur RFI Afrique (consulté le ).
  7. « Le mandat prolongé du président Jammeh fait perdurer l'impasse politique en Gambie », sur Radio-Canada.ca (consulté le ).
  8. Le Monde Afrique, « Adama Barrow, le nouveau président de Gambie, a prêté serment au Sénégal », sur Le Monde, (consulté le ).
  9. (en) « Gambia crisis: Barrow sworn in in Senegal as Jammeh stays put », BBC News, 19 janvier 2017.
  10. « Crise en Gambie sur la prise de pouvoir. Intervention des troupes sénégalaises », sur Ouest-France, (consulté le ).
  11. AFP, AP et Reuters, « Gambie : le président sortant Yahya Jammeh accepte de quitter le pouvoir », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  12. Patricia Huon, « Acculé, le dictateur Jammeh quitte le pouvoir et la Gambie », Libération,‎ (lire en ligne).
  13. Cyril Bensimon, « Gambie : sous la pression de la Cédéao, le président sortant Yahya Jammeh part en exil », sur Le Monde, (consulté le ).
  14. « Gambie : une femme comme nouvelle vice-présidente », sur Métro (consulté le ).
  15. « Gambie : Adama Barrow rentre au pays ce 26 janvier - RFI », sur RFI Afrique (consulté le ).
  16. Agence congolaise de presse, 13 février 2017.
  17. La-Croix.com, « La Gambie s’offre une double fête », sur La Croix (consulté le ).
  18. « Gambie : le syndicat de la presse condamne l'agression d'un journaliste par des militants pro-Barrow - JeuneAfrique.com », sur JeuneAfrique.com (consulté le ).
  19. La-Croix.com, « Législatives en Gambie : premières élections post-Jammeh », sur La Croix (consulté le ).
  20. Anna Pujol Mazzini, « La Gambie rejoint le Commonwealth après quatre ans d’absence », sur jeuneafrique.com, (consulté le )
  21. « Tension politique en Gambie : des manifestants réclament le départ du Président Adama Barrow », sur Afrik.com, Afrikcom, (consulté le ).
  22. « Gambie : le gouvernement durcit le ton face à la contestation anti-présidentielle – Jeune Afrique », sur JeuneAfrique.com, jeuneafrique1, (consulté le ).
  23. « Gambie : est-on en train d'assister à un retour de la dictature ? », sur Franceinfo, (consulté le ).
  24. « Comment une alliance Barrow-Jammeh a torpillé un projet de constitution en Gambie », sur BBC News Afrique, (consulté le ).
  25. AfricaNews, « Gambie : projet de Constitution pour deux mandats présidentiels », sur Africanews, (consulté le ).
  26. « Le vice-président de la Gambie limogé », sur BBC News Afrique, (consulté le ).
  27. (en) AfricaNews, « Gambia president launches own party after rift with ruling coalition », sur Africanews, (consulté le ).
  28. « Le Parlement gambien rejette le projet de nouvelle Constitution », sur RFI, RFI, (consulté le ).
  29. « Gambie: l'Assemblée rejette le projet de nouvelle Constitution », sur www.africaradio.com (consulté le ).
  30. (ro) « Gambian President and Ex-Dictator Form Coalition Ahead of Polls », sur www.bloomberg.com (consulté le ).
  31. « Gambie : Jammeh offrira-t-il un second mandat à Adama Barrow ? », sur Voa Afrique (consulté le ).
  32. (en) « Gambia: Police Detain Top Official of Jammeh's Backed 'No Alliance Movement', Others », sur allAfrica.com, allafrica, (consulté le ).
  33. Théa Ollivier, « En Gambie, Adama Barrow remporte la présidentielle », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  34. « Gambie : Adama Barrow a prêté serment pour un deuxième mandat », sur sene.news,
  35. « En Gambie, le gouvernement dit avoir déjoué une tentative de coup d’Etat », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  36. « Décès d'un fils du président élu gambien Adama Barrow », sur VOA (consulté le ).
  37. « Guinée : Adama Barrow élevé à la dignité de grand-croix de l’ordre national du Mérite », sur Mosaiqueguinee.com, (consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]