Abdelfattah Mourou — Wikipédia

Abdelfattah Mourou
عبد الفتاح مورو
Illustration.
Abdelfattah Mourou en 2014.
Fonctions
Président de l'Assemblée des représentants du peuple
(intérim)

(3 mois et 19 jours)
Vice-président Faouzia Ben Fodha
Législature Ire
Prédécesseur Mohamed Ennaceur
Successeur Rached Ghannouchi
Premier vice-président de l'Assemblée des représentants du peuple

(4 ans, 11 mois et 9 jours)
Élection
Président Mohamed Ennaceur
Législature Ire
Prédécesseur Meherzia Labidi Maïza
(première vice-présidente de l'Assemblée constituante)
Successeur Samira Chaouachi
Député de la deuxième circonscription de Tunis

(4 ans, 11 mois et 11 jours)
Élection 26 octobre 2014
Groupe politique Ennahdha
Biographie
Date de naissance (75 ans)
Lieu de naissance Tunis (Tunisie)
Nationalité tunisienne
Parti politique Ennahdha (1981-1992)
Indépendant (2011-2012)
Ennahdha (2012-2020)
Diplômé de Université de Tunis
Profession Avocat

Abdelfattah Mourou
Présidents de l'Assemblée des représentants du peuple

Abdelfattah Mourou (arabe : عبد الفتاح مورو) ou Abdel Fattah Mourou, né le à Tunis[1],[2], est un homme d'État tunisien.

Biographie[modifier | modifier le code]

Formation[modifier | modifier le code]

Fils de marchand, issu d'une famille d'origine morisque[3], il fait ses études au Collège Sadiki. Il poursuit ensuite des études de droit à l'Université de Tunis et obtient, en 1970, une licence en droit et une autre en sciences islamiques[1]. Il exerce le métier de juge jusqu'en 1977, lorsqu'il devient avocat[4].

Parcours militant[modifier | modifier le code]

Abdelfattah Mourou au début des années 1980.

Très tôt, il rejoint un ordre soufi, appelé Madaniyya, créé au début du XXe siècle et appelant à l'origine au rejet de la présence étrangère en Tunisie. Il commence ses activités islamistes dans les années 1960, en prêchant dans les lycées et les mosquées[2].

En 1969, il fait la connaissance de Rached Ghannouchi dans une mosquée de Tunis et se met d'accord avec lui pour fonder un mouvement islamique en Tunisie. En 1973, en tentant d'organiser une assemblée d'une centaine de personnes à Sousse, Mourou, Hmida Ennaifer et Ghannouchi sont arrêtés par la police. À la suite de cet incident, il est décidé de créer une organisation clandestine, la Jamâa Al-Islamiya, qui se décompose en structures régionales et nationales[5]. Elle est active principalement dans les mosquées et les universités et édite un journal, El Maarifa, diffusé librement dans certains kiosques et dans les librairies proches de l'organisation.

Mourou devient l'un des grands prêcheurs de la capitale et le leader populaire de la Jamâa Al-Islamiya. Celle-ci devient en 1981 le Mouvement de la tendance islamique (Ennahdha) dont Mourou est le numéro deux. Toutefois, le mouvement est rapidement la cible de la répression : Mourou est arrêté et passe deux ans en prison. Après l'attaque du commissariat de police de Bab Souika, en 1991, il est à nouveau détenu[2]. Il fait l'objet, en 1992, d'une campagne de diffamation de la part du régime qui vise à le discréditer personnellement[6].

Après cette nouvelle détention, Mourou adopte une approche de conciliation, dénonce la violence et annonce la suspension de son appartenance au mouvement Ennahdha[7]. Mourou cesse alors toute activité politique en Tunisie mais continue de pratiquer son métier d'avocat.

Engagement institutionnel[modifier | modifier le code]

Le , à la suite du retour d'exil de Rached Ghannouchi, Mourou laisse entendre qu'il va exercer à nouveau une activité politique. À la suite d'un appel du prédicateur Youssef al-Qaradâwî, Ghannouchi déclare que Mourou se chargerait de la campagne électorale de son parti lors de l'élection de l'Assemblée constituante en . Mais Mourou confirme son divorce qui est alors présenté comme définitif avec le mouvement Ennahdha et se présente à l'élection en tant qu'indépendant, dans le cadre d'une alliance centriste, l'Alliance démocratique indépendante[8], constituée de plusieurs personnalités indépendantes et de partis politiques qui se sont joints à cette alliance[9].

Au terme du congrès d'Ennahdha, tenu du 12 au , il fait son retour au bureau exécutif en tant que vice-président et représentant personnel du président Rached Ghannouchi pour les questions d'intérêt général[10].

En , il est violemment agressé par un militant islamiste radical qui le blesse légèrement à la tête[11].

Il est élu à l'Assemblée des représentants du peuple lors des élections du 26 octobre 2014, avant d'en être élu premier vice-président.

Le , à la mort du président Béji Caïd Essebsi, il assure l'intérim à la tête du Parlement quand Mohamed Ennaceur devient président de la République par intérim. Le conseil de la Choura d'Ennahdha choisit le suivant de le désigner comme candidat du parti à l'élection présidentielle du 15 septembre[12].

Le , il annonce qu'il quitte la politique[13],[14].

Vie privée[modifier | modifier le code]

Il est père de quatre garçons et une fille. Il porte dans sa vie de tous les jours une tenue, typiquement tunisienne, qu'il a adopté à l'âge de 18 ans.

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b (ar) Saïda Bou Helal, « Tous les Tunisiens ont été brûlés par le feu de l'ancien régime mais les islamistes ont été à l'intérieur du four »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur assabah.com.tn, .
  2. a b et c (en) « Abdelfattah Mourou », dans Emad Eldin Shahin, Political Ascent: Contemporary Islamic Movements in North Africa, Boulder, Westview Press, (ISBN 978-0-813-33617-6).
  3. Ahmed Manaï, « Hommage à Cheikh Abdel Fettah. Le dernier des Moriscos ! »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur tunisitri.net, .
  4. (ar) « Préparation de l'Assemblée mondiale de la jeunesse musulmane », sur saaid.net (consulté le ).
  5. « Tunisie, Rached Ghannouchi remonte aux origines d'Ennahdha », sur gnet.tn, (consulté le ).
  6. « Rapport alternatif au deuxième rapport périodique de la Tunisie au Comité contre la torture de l'ONU » (I-11), Lettre bimensuelle de la Fédération internationale des ligues des droits de l'homme, n°267, novembre 1998.
  7. « Mohamed Zrig contre le ministre de la citoyenneté et de l'immigration »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur reports.fja.gc.ca, .
  8. « L'Alliance Mourou, Jourchi et Masmoudi révèle ses 27 listes (sur 33) », sur leaders.com.tn, (consulté le ).
  9. Chawki Rouissi, « Abdelfettah Mourou : Bientôt Ennahdha sans Rached Ghannouchi », sur tunisienumerique.com, (consulté le ).
  10. « Nouveau bureau exécutif d'Ennahdha : Mourou et Akrout y reprennent place », sur leaders.com.tn, (consulté le ).
  11. « Bagarre dans une mosquée en Tunisie », sur lefigaro.fr, (consulté le ).
  12. « En Tunisie, Ennahda désigne son vice-président comme candidat à la présidentielle », sur france24.com, (consulté le ).
  13. Maher Chaabane, « Tunisie : Abdelfattah Mourou annonce son retrait de la vie politique », sur webdo.tn, (consulté le ).
  14. Nadia Dejoui, « Abdelfattah Mourou quitte la politique », sur leconomistemaghrebin.com, (consulté le ).

Liens externes[modifier | modifier le code]