Abdallah Hamdok — Wikipédia

Abdallah Hamdok
عبد الله حمدوك
Illustration.
Abdallah Hamdok en 2019.
Fonctions
Premier ministre du Soudan

(1 mois et 12 jours)
Chef de l'État Abdel Fattah al-Burhan
Gouvernement Non formé
Prédécesseur Lui-même
Successeur Osman Hussein (intérim)

(2 ans, 2 mois et 4 jours)
Chef de l'État Conseil de souveraineté
Gouvernement Hamdok I et II
Prédécesseur Mohamed Tahir Ayala (indirectement)
Successeur Lui-même
Biographie
Date de naissance (68 ans)
Lieu de naissance Kordofan du Sud
Nationalité Soudanaise
Parti politique Indépendant

Abdallah Hamdok
Premiers ministres du Soudan

Abdallah Hamdok (en arabe : عبد الله حمدوك), né en 1956 dans l'ancienne province de Kordofan, est un homme d'État soudanais. Il est Premier ministre du gouvernement de transition du au et du au .

Économiste à la Banque africaine de développement puis à la Commission économique pour l'Afrique, il est nommé Premier ministre en après la Révolution soudanaise. Le , il est arrêté par des hommes armés lors d'un coup d’État avant d'être réinstallé dans ses fonctions un mois plus tard. Il démissionne ensuite en début d'année 2022.

Biographie[modifier | modifier le code]

Il est marié à Mona Abdullah.

Études[modifier | modifier le code]

Né en 1956 au Kordofan[1], Abdallah Hamdok a d'abord obtenu un baccalauréat en sciences de l'université de Khartoum, puis a rejoint la School of Economic Studies de l'université de Manchester, où il obtient un doctorat en économie[2].

Carrière professionnelle[modifier | modifier le code]

Abdallah Hamdok en 2017.

Dans les années 1980, Hamdok travaille au ministère des Finances soudanais[3], avant le coup d'État de 1989[4] ayant mené le général Omar el-Bechir au pouvoir. Il s'exile par la suite et rejoint le Zimbabwe où il travaille pour la société de conseils Deloitte.

De 2011 à 2018, il travaille comme secrétaire exécutif adjoint à la Commission économique pour l'Afrique[5],[6] et a par ailleurs exercé à l'Organisation internationale du travail et à la Banque africaine de développement. En , il décline le poste de ministre des Finances, et conserve ainsi son poste à la CEA[7].

Premier ministre du gouvernement de transition[modifier | modifier le code]

Désignation[modifier | modifier le code]

En , quatre mois après le renversement d'Omar el-Bechir dans le cadre de la révolution soudanaise, il est choisi comme Premier ministre du gouvernement de transition par l'Alliance pour la liberté et le changement, la principale coalition d'opposition[8],[9]. Il prête serment le [10].

Premières mesures[modifier | modifier le code]

Ses principaux mandats consistent à renouer avec les pays étrangers, en obtenant la fin des sanctions américaines, de même qu'avec le Fonds monétaire international (FMI). Il doit également diversifier l'économie et mettre fin aux conflits armés[11] dans les six mois. Pour cela, il envisage de mettre en place une commission chargée de pourparlers de paix. Enfin, il promet la mise en place d'un gouvernement équilibré entre hommes et femmes et représentatif des différentes régions du pays[12].

Il forme son gouvernement le , composé de dix-huit ministres dont quatre femmes[13], dont Asma Mohamed Abdallah, qui occupe le poste régalien de ministre des Affaires étrangères[14]. Le nouveau cabinet prête serment le [15].

Politique étrangère[modifier | modifier le code]

Abdallah Hamdok avec le secrétaire au Trésor des États-Unis, Steven Mnuchin.

Le , l'Union africaine lève la suspension du Soudan[16].

En , Hamdok se rend aux États-Unis. Il espère obtenir le retrait du pays de la liste des pays soutenant le terrorisme. Les États-Unis décident de nommer un ambassadeur à Khartoum pour la première fois en 23 ans[17].

À la différence du général Abdel Fattah al-Burhan, président du Conseil souverain, Abdallah Hamdok est opposé à un rapprochement diplomatique avec Israël[18].

Politique intérieure[modifier | modifier le code]

Le , il se rend au Darfour, région qu'il promet de pacifier. La revendications des habitants de transférer l'ex-président Bechir à la Cour pénale internationale[19] restent cependant en suspens, du fait de l'opposition des militaires qui avaient pris le pouvoir en [20].

Le , il annonce la dissolution de l'ancien parti au pouvoir, le Congrès national[21]. Le , les syndicats du pays, proches de l'ancien pouvoir, sont dissous[22]. La loi sur les châtiments corporels, inspirée par la charia, est également abrogée[23].

Le , il survit à un attentat à la bombe[24].

Le , l'excision est pénalisée[25].

Le , après des manifestations, un remaniement est effectué avec le remplacement de onze ministres dont celui de la Santé, des Finances et des Affaires étrangères[26].

Il tente, sans succès, de placer sous le contrôle de l’État les entreprises gérées de façon opaque par l'armée[27].

En , un accord avec le Fonds monétaire international (FMI) en échange d'une aide économique et de l'annulation d'une partie de la dette du Soudan insiste sur la nécessité de « réduire le rôle de l’État dans l’économie et mobiliser les investisseurs privés ». Il est également souligné, s’agissant des entreprises publiques, qu’une stratégie est nécessaire « pour déterminer lesquelles sont à privatiser »[28].

Coup d’État en 2021[modifier | modifier le code]

Fin 2021, son gouvernement apparaît comme affaibli en raison des tensions avec l'armée, de la crise économique et de son impopularité. Les mesures d'austérité telles que la suppression des subventions sur les denrées de première nécessité, imposées par le FMI, accentuent la pauvreté en particulier dans les zones rurales. Le , une tentative de coup d’État menée par des officiers et des civils liés à l'ancien régime de Bechir aurait été repoussée. Courant octobre, des manifestations organisées à l'initiative d'une faction dissidente des Forces pour la liberté et le changement menée par un leader du Darfour, Mini Minawi, et Gibril Ibrahim, jusque-là ministre des Finances, réclament la prise du pouvoir par l'armée. Des manifestations pro-gouvernement civil sont organisées en retour, en particulier par le Parti communiste soudanais, qui lui même s'oppose au gouvernement d'Abdallah Hamdok et revendique la dissolution des milices des Forces de soutien rapide[29].

Quatre jours après des manifestations massives en soutien à la création d'un gouvernement civil, un coup d’État conduit à l’arrestation des dirigeants issus de la société civile dans la matinée du [30]. Abdallah Hamdok est d’abord retenu chez lui avec son épouse, les putschistes cherchant à lui faire signer une déclaration de soutien au coup d’État. Devant son refus, il est emmené vers une destination inconnue. L'état d'urgence est décrété par le général Abdel Fattah al-Burhan et les communications (internet et téléphone) sont coupées. L'Association des professionnels soudanais (le principal groupe politique pro-démocratique du pays) et le Parti communiste appellent, peu avant que les communications ne soient interrompues, à la mobilisation pour faire échec au coup d'État. Des manifestations sont réprimées par l'armée, faisant plusieurs morts[31].

Sous la pression des manifestations et d'une partie de la communauté internationale, le régime militaire consent le 21 novembre à réintégrer Abdallah Hamdok dans sa fonction de Premier ministre après un mois de résidence surveillée. Il démissionne toutefois officiellement de ses fonctions le [32].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (en) « Abdalla Hamdok: Who is Sudan's new prime minister? », sur www.aljazeera.com (consulté le ).
  2. Le Point Afrique, « Soudan : Abdallah Hamdok, un économiste pour diriger la transition », sur Le Point, lepoint.fr, (consulté le ).
  3. « Abdalla Hamdok | UNIDO », sur www.unido.org (consulté le )
  4. « Soudan : un putsch attendu », sur Le Monde.fr, Le Monde, (ISSN 1950-6244, consulté le ).
  5. « Abdalla Hamdok appointed Acting Executive Secretary of the Economic Commission for Africa | United Nations Economic Commission for Africa », sur www.uneca.org (consulté le )
  6. « ECA staff bid adieu to Abdalla Hamdok - “a brilliant, true Pan-Africanist” | United Nations Economic Commission for Africa », sur www.uneca.org (consulté le )
  7. « Soudan : Abdalla Hamdok décline finalement le poste de ministre des Finances », sur Financial Afrik, (consulté le ).
  8. (en) Khalid Abdelaziz, « Sudan opposition to nominate economist Abdalla Hamdok as PM: sources », sur U.S., Reuters, (consulté le ).
  9. « Soudan: le nouveau Premier ministre Abdalla Hamdok confirmé le 20 août - RFI », sur RFI Afrique (consulté le ).
  10. Soudan: le premier ministre de transition investi, Le Figaro, 21 août 2019.
  11. Le Point Afrique, « Soudan - Abdalla Hamdok : les défis économiques qu'il doit relever », sur Le Point, lepoint.fr, (consulté le ).
  12. Le Point, magazine, « Le gouvernement soudanais doit être annoncé d'ici jeudi », sur Le Point, lepoint.fr, (consulté le ).
  13. Le Point, magazine, « Soudan: Abdallah Hamdok dévoile le premier gouvernement post-Béchir », sur Le Point, lepoint.fr, (consulté le ).
  14. Le Point, magazine, « Soudan: Abdallah Hamdok dévoile son gouvernement, le premier post-Béchir », sur Le Point, lepoint.fr, (consulté le ).
  15. « Au Soudan, le premier gouvernement post-Béchir prête serment », sur France 24 (consulté le )
  16. AfricaNews, « L'UA lève la suspension du Soudan après la formation d'un gouvernement civil », sur Africanews (consulté le )
  17. « Réchauffement spectaculaire des relations entre les Etats-Unis et le Soudan », sur Le Point, lepoint.fr, (consulté le ).
  18. « Soudan : duel entre civils et militaires autour de la normalisation avec Israël – Jeune Afrique », sur JeuneAfrique.com,
  19. « Soudan: en visite inédite, le Premier ministre dit vouloir pacifier le Darfour », sur La Croix (consulté le )
  20. « Au Soudan, le parti d'Omar el-Béchir dissous », Le Temps,‎ (ISSN 1423-3967, lire en ligne, consulté le )
  21. « Soudan: le parti de Béchir dénonce sa dissolution par un "gouvernement illégal" », sur Le Point, lepoint.fr, (consulté le ).
  22. « Soudan : les autorités dissolvent les organisations professionnelles », sur www.lorientlejour.com, (consulté le ).
  23. « Soudan – Omar el-Béchir : son parti n'a plus droit de cité - Le Point », sur Le Point, lepoint.fr, (consulté le ).
  24. « Soudan : le Premier ministre Abdallah Hamdok échappe à un « attentat terroriste » à Khartoum – Jeune Afrique », sur JeuneAfrique.com, jeuneafrique1, (consulté le ).
  25. « Soudan : l'excision désormais hors la loi - Le Point », sur Le Point, lepoint.fr, (consulté le ).
  26. (en) « Sudan PM Abdalla Hamdok replaces ministers in sweeping reshuffle », sur www.aljazeera.com (consulté le ).
  27. Célian Macé, « Au Soudan, le pouvoir militaire contesté défend (surtout) son magot », sur Libération,
  28. Pierre Barbancey, « Coup d'État au Soudan : de molles condamnations internationales », sur L'Humanité, (consulté le )
  29. Pierre Barbancey, « Soudan. Face aux défenseurs de l’armée, les révolutionnaires s’organisent », sur L'Humanité,
  30. (en) The Associated Press, « Sudan's PM detained, leading general says military will run the country », sur cbc.ca, (consulté le )
  31. Pierre Barbancey, « Au Soudan, le coup d'État des soudards », sur L'Humanité,
  32. « Soudan: le Premier ministre civil Abdallah Hamdok annonce sa démission », RFI,‎ (lire en ligne)

Liens externes[modifier | modifier le code]