Abbaye Notre-Dame de Daoulas — Wikipédia

Abbaye Notre-Dame de Daoulas
Image illustrative de l’article Abbaye Notre-Dame de Daoulas
L’abbaye Notre-Dame de Daoulas vue de ses jardins.
Présentation
Culte Catholique romain
Style dominant roman et gothique
Protection Logo monument historique Classé MH (1886, 2004)
Site web http://www.cdp29.fr/daoulas-labbayeenbref.html
Géographie
Pays Drapeau de la France France
Région Bretagne
Département Finistère
Ville Daoulas
Coordonnées 48° 21′ 43″ nord, 4° 15′ 53″ ouest
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Abbaye Notre-Dame de Daoulas
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Abbaye Notre-Dame de Daoulas


L'abbaye de Daoulas est une ancienne abbaye de l'ordre de Saint-Augustin située dans la commune de Daoulas, dans le département du Finistère, dans la région Bretagne, en France.

Propriété du conseil départemental du Finistère depuis 1984, la gestion de l’abbaye est confiée à l'Etablissement Public de Coopération Culturelle (EPCC) Chemins du patrimoine en Finistère [1]. Depuis le , cinq domaines patrimoniaux du Finistère - l’Abbaye de Daoulas, l’Abbaye du Relec, le Manoir de Kernault, le Château de Kerjean et le Domaine de Trévarez - sont réunis au sein de cet établissement public de coopération culturelle « Chemins du patrimoine en Finistère ». Pour l’année 2009, ces 5 équipements ont accueilli 173 555 visiteurs, soit un peu plus de 10 % de la fréquentation totale des structures du Finistère.

L'église et le cloître de l'ancienne abbaye font l’objet d’un classement au titre des monuments historiques depuis le . Après une inscription en 1995, le porche de l'église abbatiale, dans sa totalité, fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques depuis le [2].

Expositions[modifier | modifier le code]

L'EPCC Chemins du patrimoine en Finistère organise des expositions ethnographiques ou socio-anthropologiques sur différents sujets transversaux liés à la diversité culturelle :

Liste des expositions de l'abbaye de Daoulas
  • 2019 : "Liberté, Égalité, Diversité"
  • 2018: "Cheveux chéris"
  • 2017 : "A fleur de peau"
  • 2016 : "Bonne fortune et mauvais sort"
  • 2015 : "Petits arrangements avec l'amour"
  • 2014 : "Le goût des autres"
  • 2013 : "Tous des sauvages !"
  • 2012 : "L’Air du temps"
  • 2011 : "Rencontres en Polynésie"
  • 2010 : "Grand Nord Grand Sud - Artistes inuit et aborigènes"
  • 2009 : "De la Grèce à Rome : Tarente et les lumières de la Méditerranée"
  • 2008 : "Berbères, de rives en rêves"
  • 2007 : "Primitifs ?"
  • 2006 : "Léopold Sédar Senghor"
  • 2006 : "Masques d'Asie"
  • 2005 : "Rêves d’Amazonie"
  • 2005 : "L'Herbier"
  • 2004 : "L’Europe des Vikings"
  • 2003 : "Vaudou"
  • 2002 : "Fées, elfes, dragons et autres créatures…"
  • 2000 : "Indiens des plaines, les peuples du bison"
  • 1999 : "Pérou - dieux, peuples et traditions"
  • 1999 : "La légende de Naymlap"
  • 1998 : "Le Royaume du Bhoutan"
  • 1997 : "Les Mayas au pays de Copàn"
  • 1997 : "L'Abbaye de Daoulas"
  • 1996 : "Collections Impériales, Tsars et Peuples de Russie"
  • 1994 : "Bretagne d'Or et d'Argent,les orfèvres de basse Bretagne"
  • 1993 : "Chine d’hier et d’aujourd’hui"
  • 1993 : "Rome face aux Barbares"
  • 1992 : "Chine antique, Voyage de l'âme"
  • 1992 : "Le voyage imaginaire de Victor Segalen"
  • 1991 : "La Bretagne au temps des ducs"
  • 1990 : "L’œuf, Nature et Symbole"
  • 1989 : "Couronnes du monde"
  • 1988 : "Avant les Celtes. L'Europe à l'âge du bronze"
  • 1987 : "Les inuits"
  • 1987 : "400 ans d'Art, Faïences et Porcelaines Françaises"
  • 1986 : "Au temps des Celtes"

Jardins[modifier | modifier le code]

Le conseil général, après en être devenu propriétaire en 1984, décide de créer un jardin de simples. Il s'agit tout d'abord d'une terrasse consacrée aux plantes médicinales de Bretagne, structuré selon le style des jardins d'abbayes du Moyen Âge et de la Renaissance (plantations en plates-bandes carrées, bordées de buis). En 1996 avec le passage à une surface de 4 000 m² le jardin est remodelé et étendu avec un jardin des plantes médicinales des cinq continents, des plantes tinctoriales, plantes médicinales en voie de disparition et des plantes médicinales toxiques[3].

Le jardin devient aussi un lieu d'échanges s'adressant aux particuliers ou aux professionnels à la recherche de savoirs et de compétences en matière de plantes médicinales. Il bénéficie d'une reconnaissance scientifique et du soutien du Conservatoire botanique national de Brest, de la faculté de pharmacie de Lille et de la Société française d'Ethnopharmacologie de Metz. Une collaboration s'établit avec des spécialistes des plantes (ethnopharmacologue, laboratoire d'homéopathie…).

À partir de 2015 les 3 Ha du parc clos sont réaménagés dans le cadre du projet de Jardin des Arbres Médicinaux. Il accueille au sein d’un parcours paysager une sélection d’arbres et d’arbustes médicinaux : la diversité des espèces illustre celle des pharmacopées constituées par les sociétés humaines dans leur rapport au corps, à la maladie, en fonction de leurs croyances ou connaissances scientifiques, et selon les ressources offertes par leur environnement.

Histoire[modifier | modifier le code]

L'ancienne abbaye est aujourd'hui divisée entre une école, un site culturel, une église et son cimetière.

La tradition rapporte que l'abbaye de Daoulas fut fondée en 1173 par Guyomarch IV de Léon, vicomte de Léon en expiation du meurtre de son frère Hamon, évêque de Léon, et qu'il y mit des chanoines réguliers de l'Ordre de Saint-Augustin. Cette fondation fut approuvée par Geoffroy, évêque de Quimper. Un château préexistant et appartenant au vicomte aurait été transformé en communauté abbatiale[4].

Mais la légende de saint Tadec et saint Judulus rapportée par Albert Le Grand dans la "Vie de saint Jaoua" et reprise ensuite par plusieurs auteurs évoque une fondation antérieure[5]: la légende dit qu'un seigneur du Faou, encore païen, ait commis un double crime[6] dans l'église de Daoulas :

« Ayant appris que les supérieurs des monastères de Cornouaille, dont saint Jaoua, s'étaient réunis non loin de ses terres pour conférer ensemble, ce seigneur (...) se fit accompagner d'une bande de soldats et enfonça les portes de l'église où se trouvaient les ennemis de l'ancienne religion. Saint Tadec (ou saint Tudec) fut massacré à l'autel[7] ; saint Judulus eut la tête tranchée au moment où il s'enfuyait vers Landévennec. Jaoua fut assez heureux de pouvoir regagner sain et sauf Brasparts. Cependant Dieu vengea ses serviteurs. Un dragon horrible ravagea le bourg du Faou et ses environs, le seigneur devint la proie du malin esprit, et il fallut toute la puissance de saint Pol, évêque de Léon, pour vaincre le monstre et guérir le meurtrier. Celui-ci, devenu chrétien, en réparation de son crime fonda le monastère de Daoulas, ou des deux plaies, des deux douleurs, au lieu même où saint Judulus avait été assassiné par lui[8]. »

L'abbé de Daoulas était de droit premier chanoine de la cathédrale Saint-Corentin de Quimper.

Plusieurs statues (celle de Saint-Jean-Baptiste qui se trouve dans l'église abbatiale, celles de saint Sébastien et saint André qui sont dans les jardins de l'abbaye) ont été réalisées par l'atelier ducal du Folgoët[9].

Chronologie[modifier | modifier le code]

  • vers 550 (selon la légende) : création d'un monastère (peut-être d'une église seulement) par le seigneur du Faou dont saint Jaoua aurait été le premier abbé et, après lui, saint Tugen (ou saint Tujan), tous deux patrons de Brasparts[10]. Le monastère est ensuite détruit pendant les invasions vikings.
  • 1173 : charte de fondation de l'abbaye (ordre de Saint-Augustin), par Guyomarch IV de Léon (ou Guiomar), vicomte du Léon, Nobile sa femme et ses fils Guyomarch et Hervé (pour expier le meurtre de son oncle Hamon, évêque de Léon, qu'il a commis en 1171), sur le site de son château de Daoulas.
  • 1218 (confirmé en 1243 et 1255) : l'abbaye de Daoulas se voit attribuer le droit d'annate sur les prébendes de la cathédrale de Quimper.
  • 1232 : consécration de l'abbatiale en présence des évêques Renaud de Quimper et Cadioc de Vannes. Période de prospérité de deux siècles qui voit se multiplier les donations importantes par les seigneurs de Léon et les évêques de Quimper.
  • L'abbaye subit des dégâts pendant la Guerre de Cent Ans, réparés pendant l´abbatiat de Jean Guerault (1350-1398).
  • 1519-1535 : construction d'un vaste chœur gothique à l'emplacement de l'abside romane. Plus large que l'édifice roman, il était long de trois travées et précédé d'un transept. Il s'achevait par une grande verrière.
  • 1566 : élargissement du bas-côté sud et ajout d'un porche sud typique de l'architecture régionale de la période, mélange de style gothique et renaissance.
  • 1600 nomination du premier Abbé commendataire.
  • 1692 : rattachement aux Jésuites (aumôniers de la marine de Brest).
  • 1771 : suppression du séminaire. Déclin de l'abbaye.
  •  : vente des bâtiments à des propriétaires privés (principalement François Guiastrannec, de Brest, qui revend quelque temps plus tard à l'ingénieur de la marine Barbé, qui vient habiter à Daoulas). Martelage des armoiries existantes.
  • vers 1800 : modification architecturale de l'abbaye (construction des bâtiments administratifs subsistant actuellement).
  • Deux premiers tiers du XIXe siècle : les héritiers du général Barbé abattent le corps principal des bâtiments monastiques, puis Mlle de Berdoaré, nouvelle propriétaire, vend des pierres des diverses constructions de l'abbaye, y compris du cloître, à tous ceux qui ont des constructions à faire.
  • 1880 : début de la restauration de l'abbaye par l'architecte diocésain Yves Bigot à l'initiative de son propriétaire François de Goësbriand. L'architecte décide de revenir à l'état roman supposé de l'abbatiale. Il rase le chœur gothique pour construire une abside néo-gothique, remanie le bas-côté sud et déplace le porche sud à son emplacement actuel au sud-ouest de l'église, le transformant en entrée de l'enclos paroissial.
  • 1947 : rachat par la Congrégation des Sœurs Franciscaines de Blois et transformation en école.
  • 1960 : l'abbaye devient une maison de repos.
  • 1984 : achat de l'abbaye par le Conseil général du Finistère.
  • 1985 : première exposition La pierre et la vie

L'abbaye de Daoulas, une seigneurie puissante[modifier | modifier le code]

L'Abbé de Daoulas et les religieux jouissaient de puissants et nombreux droits seigneuriaux : ils nommaient leurs officiers de justice, disposant par exemple du droit de prévôté[11] à Ploudiry, Sizun, Logonna, Forquilly (Saint-Éloy), Pontois (Ploudiry, La Martyre, Le Tréhou), Le Fresq (trève d'Irvillac), et les gardes de leurs bois, disposaient du droit de haute justice dans plusieurs paroisses (des fourches patibulaires étaient dressées par exemple à Saint-Éloy, à Irvillac, etc.), disposaient de « droit de cohuage[12] et de boutiques, foires et marchés, de mortuage[13], de four banal, de moulin, de pêche, poids, mesure, étalonnage, champart, corvées, écobues, etc. ». L'abbaye disposait de nombreuses rentes et redevances, par exemple « dîmes et prémices de blé à la trente-sixième gerbe » à Logonna (Logonna-Daoulas) ou le droit de « trois rais d'avoine payés annuellement par les seigneuries du Faou, d'Irvillac et de Logonna », etc. Elle bénéficiait aussi de droits d'annate et de prébendes sur les paroisses ou trèves de Bannalec, Berrien, Beuzec-Cap-Sizun, Carnoët, Kerfeunteun, Landeleau, Névet, Plomodiern, Plozévet, Scaër, Spézet, etc. En 1703, selon l'estimation de Dom Louis Pinson[14], l'abbaye jouissait annuellement de 12 000 livres de rentes[15].

L'Abbé de Daoulas jouissait aussi du droit d'offrande dans de nombreuses églises et chapelles (par exemple dans la chapelle de la Fontaine-Blanche en Plougastel), des droits d'honneurs et de préséances, d'enfeus et d'armoiries en maints endroits, par exemple dans l'église de la trève de Trévarn en Saint-Éloy.

Divers évêques successifs de Cornouaille avaient aussi consentis des droits à l'abbaye de Daoulas : dès 1173, l'évêque Geoffroy leur cède par exemple les bénéfices et prébendes des paroisses de Daoulas, Dirinon, Rumengol, etc. ; en 1218, l'évêque Guillaume leur consent les mêmes droits sur plusieurs autres églises et chapelles comme Sainte-Brigitte en Loperhet, Sainte-Nonne en Dirinon, Saint-Thomas en Landerneau, Saint-Baharn, Saint-Pierre et Sainte-Monique en Irvillac, etc.

Les revenus tirés du "Passage de Plougastel"[modifier | modifier le code]

Un aveu du indique que l'abbaye Notre-Dame de Daoulas disposait du tiers des revenus du "Passage de Saint-Jean", dit aussi "Passage de Treisguinec" « servant pour passer et repasser entre les paroisses de Daoulas, Plougastel et Guipavas[16] sur la rivière et bras de mer qui dévalle de la ville et port de Landerneau à Mulgun[17], le dit passage estant indivis o messire Robert du Louet, seigneur de Coët-Junval[18], Guillaume de Penencoët, seigneur de Keroual[19] et Jean de la Marre, seigneur de Kereraut[20], sous la charge de 18 sols de chevrente solidaire due à la seigneurie du Chastel[21] sur le total du dit passage par chacun an ». Le passage était alors affermé « par Alain Piriou, du village de Lesquivit[22], Guillaume Calvez et Béatrice Kerdoncuff, veuve Hiérome Cavez, demeurant au village du Passage de Plougastel, pour en payer par an 27 livres tournois »[23].

Un texte de 1748 indique que l'abbaye Notre-Dame de Daoulas percevait les revenus des dimanche, lundi et mercredi de chaque semaine, mais que le dimanche et le mercredi, peu de monde fréquente le Passage alors que « tous les mardis, il passe beaucoup de monde avec chevaux et charges pour le marché de Brest, le jeudi pour le marché de Gouesnou, le vendredi et samedi pour le marché de Brest-Recouvrance »[24].

L'abbaye de Daoulas bénéficiait de nombreuses autres sources de revenus, provenant souvent de "fondations" (des dons ou des droits qui lui sont accordés par tel ou tel personnage puissant) effectuées à son profit, la principale étant celle qui lui fut accordée en 1173 lors de sa création par Guyomarch IV de Léon, qui fut augmentée par certains de ses successeurs en 1186, par Hervé III de Léon (seigneur de Léon) ; en 1266, par Hervé V de Léon (seigneur de Léon) ; en 1317, par Hervé VI de Léon, seigneur de Noyon-sur-Andelle) ; par les évêques de Cornouaille et d'autres. Par exemple en 1317, Hervé VI de Léon donne un grand calice d'argent à l'abbaye et huit mesures de vin de Gascogne, mesure de Landévennec à l'usage de huit chanoines ou frères. Les bienfaiteurs, comme les membres des familles de Beuzit, de Kervern et de Tréanna, ou encore de riches marchands de Landerneau, etc. se voyaient accorder des droits de prééminence dans l'église abbatiale, ainsi que le droit d'y être inhumé[25].

Le rattachement au séminaire de la marine de Brest (1692)[modifier | modifier le code]

En 1692, le roi Louis XIV unit l'abbaye de Daoulas au séminaire royal des aumôniers de la marine à Brest, tenu par les Jésuites :

« (...) Le séminaire de la marine[26] établi à Brest par les pères Jésuites est obligé de supporter beaucoup de dépenses à cause du grand nombre d'Aumôniers qui y sont reçus et nourris suivant l'établissement du dit séminaire, lesquels sont employas sur les vaisseaux, flottes et escadres (...) et que le dit séminaire n'a pas de revenus suffisants pur y subvenir, à quoy ayant égard S.M. a accordé et fait don au dit séminaire de l'abbaïe de N.-D. de Daoulas, ordre de Saint-Augustin, diocèse de Quimper-Corentin, pour en être le titre éteint et supprimé, et tant la mense abbatiale que conventuelle, et tous les droits, fruits, profits et revenus qui en dépendent unis et incorporés au dit séminaire pour faire partie de sa fondation. (...)[27]. »

Les Jésuites se substituent désormais à l'abbé commendataire pour toucher les revenus de la mense abbatiale, les revenus de la mense conventuelle restant perçus par les chanoines de l'abbaye qui continuent à desservir leurs fondations. En 1693 ceux-ci ne sont que trois à résider à l'abbaye, d'autres résidant dans les prieurés dont ils étaient titulaires à Loperhet, Dirinon, Hanvec, etc. À la suite de procédures jusque devant le Conseil privé du Roi en raison de la contestation par les chanoines de cette décision, une transaction, confirmée par lettres patentes, datée du confirme l'attribution au séminaire de la marine des menses abbatiale et conventuelle, à charge pour le dit séminaire de payer une pension annuelle de 3150 livres aux chanoines[28]. Cette situation dura jusqu'à l'expulsion des Jésuites de France en 1762, date à partir de laquelle l'abbaye de Daoulas fut administrée directement par l'évêque de Cornouaille. Après la suppression du séminaire de la marine en 1771, les revenus de l'abbaye furent perçus par le chapitre de la cathédrale de Quimper.

L'abbaye de Daoulas armateur[modifier | modifier le code]

En 1695, le prieur claustral de l'abbaye, Gabriel Graleul de Plaisance, s'associe à deux marchands de Daoulas, Nicolas Du Pont et Pierre Le Par, pour financer l'armement de deux frégates, le Solide et l' Oiseau, destinées à la guerre de course[29].

Description de l'église abbatiale en 1695[modifier | modifier le code]

Une description anonyme de l'église abbatiale date de 1695 et est longuement citée par le chanoine Peyron :

« Le vaisseau de l'église abbatiale est parfaitement beau. Il est de 115 pieds de long et de 19 pieds ½ de large sur 35 à 36 pieds d'élévation, accompagné d'une autre aile de même longueur et élévation où est la chapelle du Rosaire. (...) Le grand autel est orné d'une des plus belles vitres, des plus historiques, des mieux peintes et la mieux conservée que l'on puisse voir. Elle est de 24 pieds de haut sur 16 de large. (...) Elle a été édifiée par les soins du frère Charles Jegou (...) et finie environ l'an 1530. Dans le premier tableau, cet abbé est représenté revêtu de ses habits pontificaux, à genoux sur un prie-Dieu, les mains jointes, et derrière lui est saint Augustin debout. (...) Il y a 19 tableaux représentant tous les mystères de notre foi. (...)[30] »

Le même auteur précise que cette grande vitre contient 19 autres tableaux et 30 blasons (dont il fournit la liste)[31] et précise encore l'existence d'un retable « de trois pieds de haut et 12 pieds de face » contenant 7 médaillons représentant l'Annonciation, la Visitation, la Nativité, etc. « de sculpture de Flandre dorée damasquinée la mieux qui se puisse voir ». Il décrit les tombeaux d'Olivier du Chastel, de Jean de Kerguiziau, de Charles Jegou, de Guillaume Le Lay[32], de Guillaume de Kerouartz[33], etc., ainsi que la magnificence du chœur, s'étend longuement sur les armoiries et écussons peints sur la voûte du sanctuaire dont il fournit aussi la liste, décrit les autels de sainte Catherine, de saint Érasme, de saint Yves, etc., la chaire à prêcher, les orgues, la chapelle du Faou (appelée ainsi car elle a été financée par les seigneurs du Faou et daterait de la fondation de l'abbaye) dont l'autel principal est consacré à saint Gilles, la chapelle de saint Goulven, celle de saint Mémor (assimilé à Daoulas avec saint Mamert[34]) avec ses nombreuses tombes, la chapelle du Rosaire, la chapelle Notre-Dame de Pitié, la chapelle de saint Pierre, etc. L'auteur décrit aussi les prééminences d'église accordées aux familles puissantes de la région.

Les prieurés dépendant de l'abbaye Notre-Dame de Daoulas[modifier | modifier le code]

Les moines augustins de Daoulas furent habiles à jouir de prieurés-cures, c'est-à-dire ayant charge d'âmes, sans être pour autant les véritables pasteurs des paroisses où ces bénéfices étaient situés, percevant les grosses dîmes, ne laissant que les menues et vertes dîmes au curé ou à son vicaire, auxquels ils payaient alors la portion congrue ; ils prélevaient aussi une partie des décimes. Parmi les paroisses concernées : Sizun, et Irvillac[35], Roscanvel, Rumengol, Plougastel, Plouguin, Coat-Méal, etc.

L'abbaye de Daoulas disposait du droit de haute justice comme le prouve des lettres patentes du roi Charles IX datant de 1567 qui autorisent Jean Le Prédour, abbé de Daoulas, à relever ses patibulaires à Saint-Éloy, tombées depuis quinze ans[36].

Liste des abbés[modifier | modifier le code]

Description[modifier | modifier le code]

Les bâtiments constituent un témoin exceptionnel de l'art en Bretagne de l'époque romane à nos jours. Les fouilles menée depuis 1990 semblent indiquer que la vocation monastique du site n'est pas antérieure au XIIe siècle[39], mais les vestiges de la salle capitulaire pourraient être plus anciens.

L'abbaye de Daoulas se compose de nos jours des bâtiments suivants :

  • L'abbatiale romane, aujourd'hui église paroissiale. Il ne subsiste que la façade ouest, la nef et le bas-côté nord qui datent du dernier quart du XIIe siècle[40]. À l'opposé des édifices majeurs édifiés en Bretagne à la fin du XIe siècle et au début du XIIe siècle qui présentent une forte animation murale et une volonté de structuration de l'espace (comme à l'abbatiale de Sainte Croix de Quimperlé ou dans le chœur de Saint-Gildas de Rhuys), l'abbatiale de Daoulas présente un parti-pris d'austérité volontairement archaïsant, rappelant les premières constructions romanes bretonnes, comme l'abbatiale Notre-Dame de Locmaria (Quimper)[41]. Cette volonté de dépouillement est bien dans l'esprit du temps, qui voit l'essor des ordres à règle sévère dont fait partie l'ordre de Saint Augustin qui détient l'abbaye.
  • La nef de sept travées (28 m de longueur, 12,5 m de hauteur) est couverte d'une charpente. Les arcades à double rouleau sont portées par des piles cruciformes à simple imposte. Elles occupent les deux-tiers de la hauteur du mur. Au-dessus, de grandes fenêtres très ébrasées sont percées dans le mur nu. Les travées ne sont pas marquée et le décor sculpté est banni. Au fond de la nef, le mur ouest est percé d'une porte soulignée de moulures et de colonnettes engagées. Au second niveau, trois fenêtres de belles tailles soulignées de moulures occupe toute la largeur du mur, surmontées d'une petite fenêtre au niveau du berceau en charpente.
  • Le chœur et les deux absidioles, voûtés en cul-de-four, prolongent directement la nef et les bas-côtés, sans transept. Ils sont néoromans (XIXe siècle), tout comme le bas-côté sud et son porche. Le mur de l'abside est animé d'une série de sept arcatures aveugles, supportées par des chapiteaux sculptés imitant ceux du cloître, où s'inscrivent dans l'axe trois fenêtres de plein cintre.
  • Les enfeus de la sacristie datent du XVIe siècle.
  • Le Porche des Apôtres, XVIe siècle, à l'entrée du cimetière, est l'ancien porche sud de l'abbatiale, déplacé lors de la restauration du XIXe siècle. La date "1566" est inscrite sur le socle de la statue de Saint Pierre. Mélange de style gothique et Renaissance, elle possède encore l'ensemble de ses statues. Celles de la façade postérieure (autrefois collée au bas-côté) sont anciennes mais y ont été placées lors du remontage.
  • Le Cloître, en kersantite, qui comprenait 44 piliers, date du dernier quart du XIIe siècle. C'est le cloître roman le mieux conservé de Bretagne. Partiellement détruit après le vente de l'abbaye comme bien national, il a été reconstitué sur trois côtés non couverts en 1880, sur une structure moderne. Il présente une alternance de colonnes simples et jumelées. Aux angles, quatre colonnes jointives font piliers. Les chapiteaux sont ornés de motifs végétaux stylisés. Certains tailloirs sont ornés de motifs géométriques. Dans le jardin du cloître, une vasque du XIIe siècle, construite à l'époque de l'abbé Guérault (1352-1398), de forme octogonale dont chacun des huit pans offre une ornementation différente : elle se trouve dans le jardin intérieur du cloître.
  • Cette vasque n'a pourtant aucune corrélation stylistique avec le cloître. Sur ce mobilier de prestige court une frise aux motifs géométriques savamment taillés. Cependant, il apparaît un bas-relief sculpté en méplat figurant une attaque animale. Ce type de sculpture met en évidence le dixième siècle, caractéristique d'une volonté de privilégier l'expressivité de la figure sur le motif. En outre la juxtaposition des différents traitements de la pierre tend à prouver que des artisans aux courants de pensée divergente ont pu cohabiter.
  • Les restes de la façade ouest de la salle capitulaire[42] à l'est du cloître. Au centre, percée dans le mur épais, une porte à simple rouleau est encadré de part et d'autre par deux baies géminées posées sur un mur bahut, supportées au centre par deux colonnes, et sur les côtés par deux colonnes engagées. La datation de ces vestiges fait débat en l'absence de sources historiques. De par leur style et leur facture archaïques, ils semblent antérieurs au cloître et à l'abbatiale. Des datations diverses ont été avancées, allant de l'époque pré-romane au début du XIIe siècle, donc antérieures à la donation du château de Daoulas par Guyomarch IV de Léon en 1173. Est-ce la preuve d'un établissement monastique antérieur ou un élément architectural construit à d'autres fins et réutilisé lors de la création de l'abbaye ?
  • La chapelle Notre-Dame-des-Fontaines est un simple oratoire déjà cité dans un acte de 1638, remanié en 1880 et restauré en 1986, issu de l'ancien chancel des moines. Deux anciennes stalles, avec sièges à miséricorde, s'y trouvent et proviennent de l'ancienne église gothique ainsi qu'une Vierge à l'Enfant, une statue de sainte Catherine, une autre de saint Thélo chevauchant un cerf, etc.
  • La Fontaine monumentale Notre-Dame-des-Fontaines[43] date dans son état actuel de 1550 (mais une fontaine existait antérieurement) et fut construite par l'abbé Olivier du Chastel; de style gothique, elle forme un rectangle de 6 mètres sur 4 mètres et contient une Vierge à l'Enfant tenant une pomme dans la main, symbole du péché originel. Elle a probablement été édifiée à l'emplacement d'un ancien lieu de culte païen, en particulier druidique comme une très ancienne statue située à proximité semble l'illustrer. Les trois bassins de la fontaine rappellent la Sainte Trinité. Le bassin de la fontaine est surmonté d'une sorte de petite chapelle gothique en pierre de Kersanton, couverte de deux rampants aigus avec clochetons aux quatre angles. Elle fut restaurée au XVIe siècle par l'abbé Olivier du Chastel. Cette fontaine fut par le passé l'objet d'une grande dévotion « qui n'est pas encore entièrement éteinte » écrivait le Ollivier, alors curé de Daoulas[44].
  • Un lavoir situé à proximité de la fontaine Notre-Dame-des-Fontaines
  • La "Maison du XVIIIe siècle" est le siège actuel des bureaux de l'association. Un beau cèdre centenaire se trouve dans la cour intérieure.
  • Un Jardin de plantes médicinales (650 espèces)
  • La buanderie

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Chemins du patrimoine en Finistère, « 5 sites d'exception en Finistère », sur Chemins du patrimoine en Finistère (consulté le )
  2. Notice no PA00089906, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
  3. Jardins médiévaux, Mic Chamblas-Ploton, la maison rustique, Flammarion, (ISBN 978-2-7066-1749-2)
  4. Albert Le Grand, "Les vies des saints de la Bretagne Armorique", J. Salaun, Quimper, réédition 1901,consultable https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5038760/f93.image.r=Daoulas.langFR
  5. Hippolyte Violeau, La maison du cap, Revue étrangère de la littérature, des sciences et des arts, 1848, consultable sur Gallica
  6. Selon une autre version, c'est Guyomarch IV de Léon qui serait le meurtrier
  7. Jacques Cambry, dans son Voyage dans le Finistère rapporte que saint Tadec fut tué au moment où il disait la messe, en train de prononcer ces mots :"nobis quoque peccatoribus", consultable Google Books
  8. P. Levot, "Daoulas et son abbaye", Bulletin de la Société Académique du Finistère, 1875, consultable https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2075543/f151.r=Daoulas.langFR
  9. jean-yves cordier, « Le gisant de Jean de Kerouzéré en l'église de Sibiril (Finistère). », sur aile.com, Le blog de jean-yves cordier, (consulté le ).
  10. « Abbaye ou Monastère Notre-Dame de Daoulas (Finistère) », sur infobretagne.com (consulté le ).
  11. Ce droit de prévôté se montait par exemple à la dix-huitième gerbe de blé au Fresq et à Saint-Éloy, au onzième des deniers et fruits sur certains villages de Logonna
  12. Droit à payer pour pouvoir entrer dans une cohue, c'est-à-dire un marché ou encore une assemblée de justice
  13. Droit pour le seigneur de s'approprier tous les meubles du premier mourant des mariés, réformé en 1127 lors du Concile de Nantes et alors attribué au clergé sous le nom de tierçage, ou tiers des meubles des décédés pour prix de leur sépulture. Ce droit est réduit au neuvième des biens meubles des décédés en 1309 (doit de neuf me)
  14. Dom Louis Pinson, "Histoire succincte et abrégée de l'abbaïe de Daoulas, 1703
  15. P. Levot, "Daoulas et son abbaye", Bulletin de la Société académique du Finistère, 1875, consultable gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2075543/f164.r=Daoulas.langFR
  16. Kerhuon faisait alors partie de la paroisse de Guipavas
  17. C'est-à-dire l'Élorn maritime
  18. Coëtjunval est situé dans la paroisse de Ploudaniel
  19. Paroisse de Guilers
  20. Actuellement écrit Kererot, village de Plougastel-Daoulas
  21. La seigneurie du Chastel dominait une bonne partie du Bas Léon (le pays compris entre Landunvez, la pointe Saint-Mathieu et Brest), leur château principal étant le château de Trémazan
  22. Village de la paroisse de Plougastel
  23. Chanoine Peyron, "L'Abbaye de Daoulas", Bulletin de la Société Archéologique du Finistère, 1897, consultable https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k207639m/f335
  24. Chanoine Peyron, "L'Abbaye de Daoulas", Bulletin de la Société Archéologique du Finistère, 1897, consultable https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k207639m/f336
  25. P. Levot, "Daoulas et son abbaye", Bulletin de la Société académique du Finistère, 1875, consultable https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2075543/f162.r=Daoulas.langFR
  26. Établi d'abord au Folgoët en 1681, ce séminaire fut confié aux Jésuites en 1686 et déplacé à Brest, dans le but d'entretenir une vingtaine d'aumôniers
  27. Brevet du roi Louis XIV rédigé à Versailles le , cité par le chanoine Peyron, "L'Abbaye de Daoulas", Bulletin de la Société Archéologique du Finistère, 1897, consultable https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k207639m/f512.tableDesMatieres
  28. Chanoine Peyron, "L'Abbaye de Daoulas", Bulletin de la Société Archéologique du Finistère, 1897, consultable https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k207639m/f515
  29. Chanoine Peyron, "L'Abbaye de Daoulas", Bulletin de la Société Archéologique du Fisistère, 1897, consultable https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k207639m/f403
  30. Chanoine Peyron, "L'Abbaye de Daoulas", Bulletin de la Société Archéologique du Finistère, 1897, consultable https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k207639m/f404 et pages suivantes
  31. Ce vitrail, signlé par Dom Morice comme un chef-d'œuvre de l'art a dû être détruit pendant la Révolution française
  32. Abbés de l'abbaye Notre-Dame de Daoulas
  33. Recteur de Logonna et chanoine de l'abbaye, décédé en 1614
  34. Léon Maître, Remarques sur les tombeaux percés d'une fenêtre, Revue archéologique, juillet 1916, consultable https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2036816/f288.image.r=Daoulas.langFR
  35. Jusqu'en 1233, date à laquelle l'abbaye de Daoulas abandonne une partie de ses droits sur Sizun et Irvillac à l'abbaye du Relecen échange de la "Maison de la Trinité" que celle-ci possédait à Daoulas
  36. http://www.infobretagne.com/irvillac.htm
  37. Amédée Bertin et Léon Maupillé, "Notice historique et statistique sur la baronie, la ville et l'arrondissement de Fougères", 1846, consultable https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k57623445/f514.image.r=Daoulas.langFR
  38. Chanoine Peyron, "L'Abbaye de Daoulas", Bulletin de la Société Archéologique du Finistère, 1897, consultable https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k207639m/f314
  39. « Inventaire du patrimoine culturel en Bretagne »
  40. « Base Mérimée : immeubles protégés au titre des Monuments historiques. »
  41. Marc Déceneux, la Bretagne romane, Editions Ouest France, , p 105-106
  42. « Inventaire du patrimoine culturel en Bretagne »
  43. http://fr.topic-topos.com/fontaine-notre-dame-des-fontaines-daoulas
  44. Lettre de M. Ollivier à Mgr l'Évêque de Quimper du , citée par le chanoine Peyron

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Pierre Levot, Daoulas et son abbaye, Brest, 1876 (extr. du Bulletin de la Société académique de Brest)
  • Paul Peyron, « L’abbaye de Daoulas », dans Bulletin de la Société archéologique du Finistère, 24, 1897, p. 49-70; 114-162; 197-231; 241-256; 317-330; 425-440.
  • Jean-Luc Deuffic, « Les documents nécrologiques de l'abbaye Notre-Dame de Daoulas », dans Bulletin de la Société archéologique du Finistère, 106, 1978, p. 83-102; 107, 1979, p. 103-148.
  • François Falc'hun, Jean-Luc Deuffic, Daoulas, Rennes, Ouest-France, 1981, 35-La Guerche-de-Bretagne, impr. Raynard, 32 p -ill. en coul., couv. ill. en coul., 23 cm.
  • Jean-Luc Deuffic, « Notre-Dame de Daoulas », dans Les Abbayes bretonnes [sous la direction de Daniel Andrejewski ; préface par Charles Le Quintrec], Rennes, Biennale des abbayes bretonnes. Paris : le Sarment : Fayard, 1983, 544 p.-[40] p. de pl. : ill. en noir et en coul., p. 129-138.
  • Jean-Luc Deuffic, « Anciennes coutumes de l'abbaye Notre-Dame de Daoulas », dans Bulletin de la Société archéologique du Finistère, 116, 1987, p. 223-228.
  • Marie-Thérèse Camus, « Daoulas, église Notre-Dame », dans Congrès archéologique de France, t. 165 (Finistère, 2007), Paris, Société française d'Archéologie, 2009, p. 85-110.
  • Plantes médicinales des cinq continents. Jardin médicinal de l'abbaye, Livret II, Daoulas, Abbaye de Daoulas, 2002, 191 p.

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