3e armée (Autriche-Hongrie) — Wikipédia

Insigne de la 3e armée, 1915.

La 3e armée austro-hongroise est une grande unité (armée) de l'armée austro-hongroise pendant la Première Guerre mondiale. Déployée sur le front de l'Est en Galicie, elle est ensuite envoyée sur le front serbe puis le front italien avant de retourner sur le front de l'Est.

Historique[modifier | modifier le code]

1914[modifier | modifier le code]

Galicie[modifier | modifier le code]

Bataille de Lemberg, septembre 1914, 3e armée (Third) au sud-est : offensive austro-hongroise (flèches rouges), contre-offensive russe (flèches bleues), retraite austro-hongroise vers les Carpates (pointillé rouge)
Transport de blessés austro-hongrois à Sandomierz, 1914-1918
Troupes austro-hongroises sur une route de montagne, 1914-1918

Constituée pendant la mobilisation de juillet 1914, la 3e armée est déployée en Galicie sous le commandement du général de cavalerie Rudolf von Brudermann. Elle est chargée de défendre la ville de Lemberg (Lviv), aux côtés de l'Armeegruppe du général Hermann Kövess (IIIe et XIIe corps), contre l'offensive de l'armée impériale russe, tandis que les 1re et 4e armées conduisent l'offensive en Pologne russe en direction de Lublin.

Le , les avant-gardes de cavalerie se rencontrent près de Jarosławice (Tuczępy). Tandis que le XIe corps reste en position devant Lemberg, le , le IIIe corps se déplace vers Zolotchiv et le XIIe vers Pomorzany (Końskie). Le , la 3e armée affronte les forces russes à Peremychliany. Les 28 et , elle se heurte à la 3e armée russe du général Nikolaï Rouzski dans la bataille de la Gnila Lipa (de) (Hnyla Lypa).

La 3e armée compte alors 115 bataillons d'infanterie et 376 canons contre 200 bataillons et 685 canons pour l'armée russe. Elle comprend les unités suivantes :

Lors de la bataille de Lemberg, la 3e armée austro-hongroise est prise de flanc par les Xe et XIIe corps russes (général Leonid Lech (en)) entre Janow et Gródek sur la Werescyca (affluent de rive gauche du Dniestr) tandis que les XIe, IXe et Xe corps russes mènent une attaque de rupture autour de Zolotchiv, à l'ouest de Lemberg. Le , la 3e armée, débordée, doit se replier en abandonnant Lemberg. Le , le général Rudolf von Brudermann est démis de ses fonctions. Il est remplacé par Svetozar Borojević von Bojna.

La retraite de la 3e armée laisse sans couverture les 1re et 4e armées austro-hongroises qui, à leur tour, subissent une lourde défaite à la bataille de Rava-Rouska (6-). Les armées austro-hongroises doivent abandonner la Galicie orientale et se replier vers les Carpates.

Carpates[modifier | modifier le code]

Entraînement des troupes de montagne austro-hongroises, 1914-1918
Bataille des Carpates, hiver 1914-1915 : stabilisation des positions sur les montagnes, encerclement de Przemyśl et échec des offensives de dégagement austro-hongroises

Le , la 3e armée se retire sur le San et, le , doit abandonner sa dernière tête de pont à Jarosław. La forteresse austro-hongroise de Przemyśl est assiégée par les Russes. Dégagée temporairement le par une contre-offensive de la 3e armée, elle est de nouveau encerclée le . La 2e armée austro-hongroise, qui couvrait le flanc droit de la 3e en Bucovine, est déplacée vers la Vistule en novembre, obligeant la 3e armée à allonger sa ligne de part et d'autre du col d'Oujok.

1915[modifier | modifier le code]

Carpates[modifier | modifier le code]

La bataille des Carpates, dans de dures conditions climatiques, se prolonge pendant tout l'hiver 1914-1915. La 3e armée fait face à la 8e armée russe (général Alexeï Broussilov). Plusieurs tentatives pour dégager Przemyśl échouent et la forteresse doit capituler le .

Pour renforcer la ligne des Carpates et soulager son allié austro-hongrois, l'armée allemande déploie deux nouvelles unités. L'armée du Sud (général Alexander von Linsingen) s'installe à partir de à droite de la 3e armée, entre celle-ci et l'Armeegruppe Pflanzer-Baltin. En , c'est le corps des Beskides (général Georg von der Marwitz) qui s'installe dans le massif des Beskides, sur son flanc gauche, entre les 2e et 3e armées.

Galicie[modifier | modifier le code]

Offensive de Gorlice-Tarnów , mai-septembre 1915 : reconquête de la Galicie

Au début de , la 3e armée prend part à l'offensive de Gorlice-Tarnów qui permet de reconquérir la Galicie orientale et la Bucovine. Elle comprend alors les unités suivantes :

Le , en raison de l'entrée de l'Italie dans la Première Guerre mondiale, le général Borojević von Bojna est muté à la tête de la 5e armée (de) sur le front italien. Il est remplacé par Paul Puhallo von Brlog (de). Le , la 3e armée est temporairement dissoute pour réorganisation. En , le VIIe corps est envoyé sur le front de l'Isonzo.

Balkans[modifier | modifier le code]

Campagne de Serbie, - : conquête de la Serbie et du Monténégro.
Jonction entre les forces hongroises et bulgares à Kladovo le , image de propagande bulgare

En , la 3e armée est reconstituée sous le commandement de Karl Tersztyánszky von Nádas et intégrée dans le groupe d'armées von Mackensen, sous direction allemande, sur le front serbe, afin de participer à la campagne de Serbie (-). Cependant, le chef d'état-major austro-hongrois Franz Conrad von Hötzendorf doit limoger Tersztyánszky en raison d'un conflit qui oppose celui-ci au comte István Tisza, premier ministre du royaume de Hongrie, sur l'emploi de travailleurs civils à des fins militaires. Tersztyánszky est remplacé par Hermann Kövess. Le feld-maréchal allemand August von Mackensen, qui a déjà travaillé avec Kövess sur le front de Pologne, le trouve « très sympathique ». En raison d'une pénurie d'effectifs, Conrad demande au Haut état-major allemand de lui fournir des renforts substantiels de troupes allemandes. Il obtient un corps d'armée dirigé par Eugen von Falkenhayn (de), frère du chef d'état-major général Erich von Falkenhayn, comptant 3 divisions : la 26e, venue de l'Armée wurtembergeoise qui a conservé un statut spécial dans l'armée allemande, et les 43e et 44e de réserve. Guillaume d'Urach, chef de la 26e division, appartient à la famille royale wurtembergeoise, et Eugen von Dorrer (de), chef de la 44e de réserve, a été le représentant wurtembergeois au sein du Haut état-major. La composante austro-hongroise de la 3e armée, les VIIIe et XIXe corps, comporte une forte proportion de troupes alpines[1].

La 3e armée est déployée au nord du Danube entre Sremska Mitrovica et Belgrade. Elle comprend les unités suivantes :

Du 7 au , les armées germano-austro-hongroises traversent le Danube, avec l'appui de 6 monitors, et s'emparent de Belgrade. La 3e armée atteint Šabac le , Valjevo le 25. Le 29, la 43e division de réserve allemande franchit le col du Rudnik. Le VIIIe corps continue son avance mais se heurte à de fortes contre-attaques serbes tandis que les troupes allemandes font leur jonction, à Kragujevac, avec leurs alliés de la 1re armée bulgare (en). Les 57e et 59e divisions austro-hongroises achèvent l'encerclement de l'armée serbe sur l'Ibar tandis que l'offensive bulgare de Kosovo, au sud, lui ferme la voie de la retraite vers la Macédoine.

À partir du , la 3e armée, forte de 101 000 fantassins et 1 170 cavaliers, engage une nouvelle série d'opérations offensives en direction du Monténégro. Le VIIIe corps, avançant en trois colonnes à partir d'une ligne Novi Pazar-Pristina-Prizren, poursuit l'armée serbe en retraite vers Podgorica et Shkodër. Le , la 3e armée achève la conquête du Monténégro en faisant sa jonction avec le XIXe corps (Ignaz Trollmann (en)) sur l'Adriatique.

1916[modifier | modifier le code]

Italie[modifier | modifier le code]

Front italien, 1915-1917
Troupes austro-hongroises dans le massif de Presanella, 1915

En , la 3e armée est déplacée vers l'ouest pour prendre part à l'offensive du Trentin contre l'armée italienne. Elle est placée à l'aile gauche de la 11e armée austro-hongroise (de) (Viktor von Dankl) qui assure l'offensive principale. La 3e armée compte alors 89 bataillons et demi (72 000 hommes) et 245 canons. Elle comprend les unités suivantes :

Seules les 18e et 48e divisions, à partir de , prennent effectivement part à l'offensive. Malgré des succès initiaux, elles sont arrêtées par la 1re armée italienne (Guglielmo Pecori Giraldi).

Galicie et Bucovine[modifier | modifier le code]

Offensive russe et contre-offensive germano-austro-hongroise de juillet 1917. Du nord au sud, forces des Empires centraux : armées allemandes Woyrsch et Linsingen, 2e armée austro-hongroise, armée du Sud allemande, 3e et 7e armées austro-hongroises. Forces russes : 2e armée, armée spéciale, 11e, 7e et 8e armées

À la fin de 1916, la 3e armée est réorganisée et envoyée sur le front de l'Est. Du au , elle est commandée par Karl von Kirchbach auf Lauterbach.

1917-1918[modifier | modifier le code]

Galicie et Bucovine[modifier | modifier le code]

Tchernivtsi en 1917

Du au , l'armée est commandée par Karl Tersztyánszky von Nádas, remplacé ensuite par Karl Křitek . À la fin de juillet, aux côtés de l'armée du Sud (Felix von Bothmer), elle prend part à l'offensive de Ternopil (de), réplique des Empires centraux à l'offensive russe de juillet. Elle comprend alors les unités suivantes :

Le , les 5e, 36e et 42e divisions reprennent Tchernivtsi, capitale de la Bucovine.

À partir du , à la suite de la révolution russe d'octobre-novembre, les opérations sont interrompues sur le front de l'Est. L'armistice du 15 décembre 1917 met fin aux hostilités.

La 3e armée est dissoute le .

Commandants[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b DiNardo 2015, p. 46-49.

Sources et bibliographie[modifier | modifier le code]