Évangélisation — Wikipédia

L'évangélisation est le fait d'annoncer l'Évangile, c'est-à-dire la « Bonne Nouvelle » de Jésus-Christ, et donc de faire connaître la foi chrétienne en la résurrection, celle du Fils de Dieu puis des hommes.

Étymologie[modifier | modifier le code]

Le mot « évangélisation » vient de « évangile », lui-même issu du grec ancien εὐαγγέλιον / euangélion, « bonne nouvelle ».

Généralités[modifier | modifier le code]

L'évangélisation, l'annonce de l'Évangile, vient de la Grande Mission donnée aux disciples par Jésus après sa Résurrection, dans l’évangile selon Matthieu[1].

Les premiers récits d'évangélisation ont lieu dans la Bible, avec les récits des Actes des Apôtres ou les pèlerins d'Emmaüs annoncent aux disciples réunis au Cénacle la « Bonne Nouvelle » de la Résurrection du Christ qui s'est révélé à eux.

Le but des missions est de partager le message de l'Évangile et faciliter les conversions potentielles de ceux qui se montrent intéressés.

Le terme est parfois associé, à tort selon les chrétiens, à du prosélytisme[2],[3],[4].

Les apôtres[modifier | modifier le code]

On n'emploie pas encore le mot d'« évangélisation » dans les Actes des Apôtres ; il n'est pas question non plus de « conversion au christianisme », à une époque où le christianisme n'existait pas comme religion séparée du judaïsme. La conversion au sens propre (le changement de religion) n'était alors envisagée que pour les païens, non pour les Juifs (dont les apôtres faisaient partie).

Les expressions utilisées sont les suivantes :

  • Pierre et Jean s'emploient à « instruire le peuple et annoncer, dans le cas de Jésus, la résurrection des morts », Actes, 4,1 ; « ils instruisent le peuple », Actes 5,25.
  • « Une grande puissance marquait le témoignage rendu par les apôtres à la résurrection du Seigneur Jésus », Ac 4,32.
  • Pierre « rendait témoignage », Ac 2,40.
  • Les autorités religieuses interdisent aux apôtres d'« enseigner le nom de Jésus », Ac 4,18 et 5,28.
  • « Ils enseignaient », Ac 5,21.
  • « Ils ne cessaient d'enseigner et d'annoncer la Bonne Nouvelle de Jésus Messie », Ac 5,42.
  • Ils « allèrent de lieu en lieu, annonçant la Bonne Nouvelle de la Parole », Ac 8,4.
  • Philippe « proclamait le Christ », Ac 8,5.
  • Pierre et Jean, après avoir « annoncé la parole du Seigneur… », Ac 8,25. etc.

L'action évangélisatrice[modifier | modifier le code]

L'action de l'Esprit Saint[modifier | modifier le code]

L'évangélisation se fait par l'action de l'Esprit Saint envoyé par le Christ aux apôtres à la Pentecôte :

« Le Christ envoyé par le Père a donné à son Église l’Esprit Saint pour la fécondité de l’évangélisation. Sans le Christ uni à son Église, impossible de saisir cette vision trinitaire du mystère de l’évangélisation. Ce point de vue est nettement biblique »[5].

Formes de diffusion[modifier | modifier le code]

L'évangélisation peut prendre différentes formes, comme la prédication, la distribution de Bibles ou de tracts, journaux et magazines, par les médias, le témoignage, l'évangélisation de rue[6],[7],[8].

Église catholique[modifier | modifier le code]

Chez les catholiques, l'éducation aux sacrements fait partie de l'évangélisation, la messe étant, selon le concile Vatican II, source et sommet de la vie chrétienne.

Les missions[modifier | modifier le code]

En 1622, le pape Grégoire XV centralise la gestion des missions en créant la Congrégation pour l'évangélisation des peuples (Sacra Congregatio de Propaganda Fide) par la bulle Inscrutabili divinae providentiae.

On peut parler de quatre grandes périodes de mission :

  1. L'expansion du christianisme du Ve au XVe siècle.
  2. Missions catholiques aux XVIe et XVIIe siècles.
  3. Missions catholiques de 1622 à la fin du XVIIIe siècle ou missions pontificales (1re partie).
  4. Missions catholiques aux XIXe et XXe siècles.

Evangelii Nuntiandi[modifier | modifier le code]

Le pape Paul VI publie l'exhortation apostolique Evangelii Nuntiandi le à la suite des travaux du synode des évêques qui a été consacré à ce thème les mois précédents. Par son objectif, le texte se situe dans la continuité du concile Vatican II : « rendre l’Église du XXe siècle encore plus apte à annoncer l’Évangile à l’humanité du XXe siècle »[9].

Le texte affirme le rôle de tout chrétien dans la diffusion de l'annonce de l'Évangile. À ce titre, les laïcs ont un rôle à jouer, complémentaire de celui des prêtres consacrés. Pour Paul VI, « le champ propre de leur activité évangélisatrice, c’est le monde vaste et compliqué de la politique, du social, de l’économie, mais également de la culture, des sciences et des arts, de la vie internationale, des mass media ainsi que certaines autres réalités ouvertes à l’évangélisation comme sont l’amour, la famille, l’éducation des enfants et des adolescents, le travail professionnel, la souffrance »[10].

Evangelii Nuntiandi souligne l'importance primordiale du témoignage de vie, mais couplée à une annonce explicite : « Il n’y a pas d’évangélisation vraie si le nom, l’enseignement, la vie, les promesses, le Règne, le mystère de Jésus Fils de Dieu ne sont pas annoncés »[11].

Ce texte marque les bases de ce qui deviendra la « nouvelle évangélisation ».

La « nouvelle évangélisation » catholique[modifier | modifier le code]

Journées mondiales de la jeunesse, un évènement d’évangélisation, à Copacabana (Rio de Janeiro), Brésil, en 2013.

C'est en Amérique latine que la nouvelle évangélisation s'est d'abord diffusée et non pas en réponse à une menace de sécularisation, contrairement à la nouvelle évangélisation diffusée dans les pays européens, mais en signe de fidélité au message chrétien[12].

Énumérant les « méthodes » de cette nouvelle évangélisation, le journal La Croix cite

  • la primauté du spirituel, de la rencontre avec le Christ à travers groupes de louanges ou écoles de prière, mais aussi par le renouveau de pratiques qui ont été délaissées quelque temps : processions, pèlerinages, adoration eucharistique... ;
  • parallèlement, le recours à des temps forts chaleureux et festifs ;
  • une annonce publique de l'évangile, recentrée sur son noyau fondamental, le kérygme ;
  • l'utilisation d'outils de communication et de formation ;
  • la promotion de figures de sainteté contemporaines ;
  • l'attention simultanée aux questions sociales (défense des personnes en difficulté) et éthiques (défense de la vie)[13].

Pour ce qui est de la première annonce, l'évangélisation dans un sens plus restreint, les moyens sont aussi très variés[14], limités uniquement par l'imagination : dans la rue, en porte à porte, à la plage, en autostop, en discothèque, par internet, etc.

Du 7 au s'est tenu au Vatican le Synode des Évêques sur la nouvelle évangélisation pour la transmission de la foi chrétienne[15].

Du 16 au 18 septembre 2021, s'est tenue au Vatican une rencontre organisée par le Conseil Pontifical pour la Promotion de la Nouvelle Evangélisation, destinée aux responsables de la catéchèse dans les conférences épiscopales européennes, sur le thème "Catéchèse et catéchistes pour la Nouvelle Evangélisation"[16]. Cette rencontre faisait suite à la parution, le 23 mars 2020, du nouveau Directoire pour la catéchèse[17] et à la publication, le 11 mai 2021, du Motu Proprio Antiquum Ministerium[18] du pape François instituant le ministère de catéchiste.

Églises protestantes[modifier | modifier le code]

La London Missionary Society a été fondée en 1795[19].

En 1831, l'Agence missionnaire presbytérienne a été fondée par l'Église presbytérienne aux États-Unis d'Amérique[19].

Évangélisme[modifier | modifier le code]

Passion Conferences, un festival de musique et d’évangélisation au Georgia Dome à Atlanta (Géorgie), États-Unis, en 2013.

L'évangélisation occupe une place importante dans le christianisme évangélique[20]. Elle prend forme dans la distribution de prospectus et de Bibles, la formation de disciples, l’appui aux églises et l'aide humanitaire chrétienne[21]. Diverses organisations missionnaires évangéliques se sont spécialisées dans l’évangélisation au cours de l’histoire. En 1792, la Mission mondiale de BMS est fondée à Kettering (Angleterre) par William Carey[22],[23]. En 1814, les Ministères internationaux sont fondés par les Églises baptistes américaines USA aux États-Unis[24]. Dès 1838, l'Église d'Écosse œuvre pour l'évangélisation des Juifs de Palestine[25]. En 1865, OMF International est fondée par Hudson Taylor en Angleterre[26]. En 1893, à Lagos au Nigeria, SIM est fondée par Walter Gowans, Rowland Bingham et Thomas Kent[27]. Samuel E. Hill, John H. Nicholson et William J. Knights fondent Gideons International, une organisation qui distribue gratuitement des Bibles dans les hôtels et motels, les hôpitaux, les bases militaires, les prisons et pénitenciers, les écoles et les universités, à Janesville au Wisconsin, États-Unis, en 1899[28].

En 1922, l'évangéliste canadienne évangélique Aimee Semple McPherson, fondatrice de l’Église Foursquare, est la première femme à utiliser la radio pour atteindre un public plus large aux États-Unis[29]. En 1951, le producteur Dick Ross et l’évangéliste baptiste Billy Graham ont fondé la société de production cinématographique World Wide Pictures, qui réalisera des vidéos sur ses prédications et des films chrétiens [30].

Jeunesse en Mission est fondée en 1960 aux États-Unis par Loren Cunningham et Darlene, sa femme[31],[32],[33]. La chaîne Christian Broadcasting Network a été fondée en 1961 à Virginia Beach, aux États-Unis, par le pasteur baptiste Pat Robertson [34].

En 1974, Billy Graham et le Comité de Lausanne pour l'évangélisation du monde ont mis en place le Premier congrès international sur l'évangélisation mondiale à Lausanne[35]. En 1974, Reinhard Bonnke a fondé l'association missionnaire « Christ pour toutes les nations (CfaN) » (Christ for all Nations) dont le siège se trouve à Francfort, en Allemagne [36]. Des centaines d'églises évangéliques de confessions différentes ont fondé l'organisation Billion Soul Harvest (en) en 2002, afin d'atteindre 1 milliard de personnes avec le message de l'Évangile[37].

En , le TopChrétien, un portail web chrétien évangélique et un réseau social, est lancé par Éric Célérier, pasteur chrétien des Assemblées de Dieu de France et Estelle Martin, une Suissesse[38]. En , GodTube, un site de partage de vidéos liées au christianisme, surtout évangélique, est fondé par Christopher Wyatt de Plano (Texas) aux États-Unis, à l'époque étudiant au Dallas Theological Seminary[39].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Craig Ott, Stephen J. Strauss, Timothy C. Tennent, Encountering Theology of Mission, Baker Academic, États-Unis, 2010, p. 36
  2. « Le pape François dénonce la confusion entre évangélisation et prosélytisme à l’approche du mois missionnaire extraordinaire », La Croix,‎ (lire en ligne).
  3. Jean-Paul Willaime et Flora Genoux, « Pour les évangéliques, l'idée reste qu'être croyant, cela doit se voir », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  4. Loup Besmond de Senneville, « Les protestants évangéliques revendiquent d’avoir le droit de dire leur foi », La Croix,‎ (lire en ligne).
  5. Initiation à la théologie de la nouvelle évangélisation
  6. Roswith Gerloff, Afe Adogame, Klaus Hock, Christianity in Africa and the African Diaspora: The Appropriation of a Scattered Heritage, Continuum, Royaume-Uni, 2011, p. 190
  7. George Thomas Kurian, James D. Smith III, The Encyclopedia of Christian Literature, Volume 2, Scarecrow Press, États-Unis, 2010, p. 95
  8. Martin I. Klauber, Scott M. Manetsch, Erwin W. Lutzer, The Great Commission: Evangelicals and the History of World Missions, B&H Publishing Group, États-Unis, 2008, p. 123
  9. Evangelii Nuntiandi, paragraphe 2
  10. Evangelii Nuntiandi paragraphe 70
  11. Evangelii Nuntiandi paragraphe 21-22
  12. La nouvelle évangélisation, c'est l'« annonce » du Christ, dans ZENIT le 17/11/2011, [lire en ligne]
  13. Céline Hoyeau, Les nouvelles méthodes de la nouvelle évangélisation, La Croix, 5 novembre 2010
  14. . Jean-Baptiste Maillard en a fait une étude dans le livre Dieu est de retour, aux éditions de l'Œuvre. Il tient aussi un blog consacré à ce sujet
  15. Nouvelle évangélisation : le prochain Synode est sur les rails, dans Radio Vatican le 27/02/2012, [lire en ligne]
  16. Catéchèse et catéchistes pour la nouvelle évangélisation
  17. Directoire pour la Catéchèse, 2020
  18. Antiquum Ministerium
  19. a et b (en) Mark A. Lamport, Encyclopedia of Christianity in the Global South, vol. 2, USA, Rowman & Littlefield, , p. 656.
  20. Gerald R. McDermott, The Oxford Handbook of Evangelical Theology, Oxford University Press, Royaume-Uni, 2013, p. 170, 350
  21. Lamport 2018, p. 255.
  22. Robert E. Johnson, A Global Introduction to Baptist Churches, Cambridge University Press, Royaume-Uni, 2010, p. 99
  23. (en) J. Gordon Melton et v Baumann, Religions of the World : A Comprehensive Encyclopedia of Beliefs and Practices, USA, ABC-CLIO, , p. 292.
  24. George Thomas Kurian, Mark A. Lamport, Encyclopedia of Christianity in the United States, Volume 5, Rowman & Littlefield, États-Unis, 2016, p. 63
  25. Les juifs d'Europe et de Palestine : voyage de M.M. Keith, Black, Bonar et Mac Cheyne envoyés par l'Église d'Écosse, L.-R. Delay, (lire en ligne)
  26. Lamport 2018, p. 148.
  27. Melton et Baumann 2010, p. 2738.
  28. George Thomas Kurian, Mark A. Lamport, Encyclopedia of Christianity in the United States, Volume 5, Rowman & Littlefield, États-Unis, 2016, p. 962
  29. Christopher H. Sterling, Biographical Encyclopedia of American Radio, Routledge, États-Unis, 2013, p. 253
  30. John Lyden, The Routledge Companion to Religion and Film, Taylor & Francis, Abingdon-on-Thames, 2009, p. 82
  31. (Fer 2005, p. 143)
  32. Brian Stiller, Evangelicals Around the World: A Global Handbook for the 21st Century, Thomas Nelson, États-Unis, 2015, p. 22
  33. Erwin Fahlbusch, Geoffrey William Bromiley, The Encyclodedia of Christianity, Volume 3, Wm. B. Eerdmans Publishing, États-Unis, 2003, p. 584
  34. Randall Herbert Balmer, Encyclopedia of Evangelicalism: Revised and expanded edition, Baylor University Press, USA, 2004, p. 157
  35. Lamport 2018, p. 451.
  36. Marchelle Michel, After Africa, Reinhard Bonnke Plans Gospel Crusades Across US, charismanews.com, États-Unis, 24 avril 2013
  37. The Christian Post Reporter, Billion Soul Pastors Conference Convenes All-Star Cast of Speakers, christianpost.com, États-Unis, 27 janvier 2006
  38. Michel Béghin, Ce jour-là, le 15 juillet 1999, naît le Top Chrétien, christianismeaujourdhui.info, Suisse, 15 février 2015
  39. Heidi Campbell, When Religion Meets New Media, Routledge, Abingdon-on-Thames, 2010, p. 191

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

Encycliques[modifier | modifier le code]

Décrets[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Frédéric Manns, Qu'est-ce que la nouvelle évangélisation ?, Montrouge, Bayard, , 1re éd. (1re éd. 2012), 188 p. (ISBN 978-2-227-48346-0) Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Philippe Maury, Évangéisation et politique, Genève, Éditions Labor et fides, (1re éd. 1957), 168 p.
  • André Fossion, "Repenser l'évangélisation", in Nouvelle Revue Théologique, oct.-déc.2019, tome 141,n°4 p.583-596.
  • André Fossion, Une nouvelle fois. (re)Commencer à croire, Ed.Lumen Vitae. Bruxelles, 2004, (ISBN 2-87324-216-7)
  • Bria, I., et al., Dictionnaire œcuménique de missiologie. Cent mots pour la mission, Paris: Cerf, 2001.
  • Samuel Gance, Anton ou la trajectoire d'un père, L'histoire du père Anton Docher. L'Harmattan, Paris, 2013, 208 p. (ISBN 978-2-336-29016-4)
  • Jean-Baptiste Maillard, Christophe Marger, Jean-Philippe Pontoizeau, Évangéliser sur internet, mode d'emploi, éditions des Béatitudes, 2019, 208 p.

Liens externes[modifier | modifier le code]