Érichthonios (Athènes) — Wikipédia

Érichthonios
Naissance d'Érichthonios : Athéna reçoit le nouveau-né des mains de Gaïa, stamnos attique à figures rouges, -470--460, Staatliche Antikensammlungen (Inv. 2413)
Fonction
Roi d'Athènes
Biographie
Père
Conjoint
Enfant

Dans la mythologie grecque, Érichthonios (en grec ancien Ἐριχθόνιος / Erikhthónios) est le quatrième roi légendaire d'Athènes[1].

Mythe[modifier | modifier le code]

Les textes sont souvent confus à son égard, mélangeant son mythe à celui de son petit-fils, Érechthée. Il est probable qu'il s'agisse d'un seul personnage ensuite dédoublé ou, de manière moins plausible, que les deux aient été confondus par la suite[2]. Il est le fils de Gaïa et Héphaïstos.

Selon Homère, Érichthonios est le fils de Gaïa seule (la Terre)[3],[4]. Dans une autre version, épris d'Athéna, Héphaïstos tente de la posséder alors que celle-ci se refuse à toute union. Au moment où il la tient presque, celle-ci réussit à s'échapper mais le dieu éjacule sur l'une des cuisses de la déesse (ou directement à terre) qui l'essuie avec un tissu de laine qu'elle jette à terre[5]. La Terre, Gaïa, ainsi fécondée donne naissance à Érichthonios, nom qui explique les circonstances de sa naissance — ἔριον / érion, laine, et χθών / khthốn, la terre[6]. Ce fils d'Héphaïstos est probablement originellement un « feu fondateur »[7].

Gaïa confie l'enfant à Athéna qui le recueille et l'élève, une légende qui permet d'affilier les Athéniens à Athéna, sans qu'elle perde son précieux statut de déesse vierge[8]. Selon d'autres auteurs, Érichthonios est un autochtone, c'est-à-dire un enfant spontané de la Terre[9]. L'enfant a pour particularité d'être mi-homme mi-serpent, tout comme Cécrops. Selon Hygin, Athéna remet ensuite l'enfant, enfermé dans un coffre, aux filles de Cécrops : Pandrose, Aglaure et Hersé, tout en leur défendant formellement de l'ouvrir. L'ordre est respecté par Pandrose, mais pas par Aglaure et Hersé et les jeunes filles, terrorisées à la vue de l'enfant, se jettent du haut de l'Acropole[10]. Selon Ovide[11], Pandrose est elle aussi coupable car elle jette un œil dans la boîte sur l'insistance de sa sœur Aglaure. Euripide relate aussi le mythe[12]. Cet événement donne lieu à une fête en l'honneur d'Athéna et Aphrodite, la nuit du solstice d'été, l’Arrephoria.

Érichthonios prend possession du trône d'Athènes, et établit plusieurs cultes importants[13] :

On lui attribue aussi l'invention du char à quatre roues, du jeu de l’apobate[13]. C’est sur le char qu’il a inventé que Zeus l'enlève ensuite au ciel pour en faire la constellation du Cocher. Il épouse Praxithée, une naïade. Elle lui donne un fils, Pandion, qui lui succéde sur le trône.

Culte[modifier | modifier le code]

Coupe attique à figures rouges (kylix). Personnages représentés : Kekrops, Gaia / Ge, sortant de terre, donne le bébé Érichthonios à Athéna, Héphaistos, Herse, Athènes - Peintre de Codros, env. 440-435 av. J.-C. - Trouvé à Tarquinia - Altes Museum Berlin

Érechthéion[modifier | modifier le code]

Érichthonios fait l'objet d'un culte héroïque à Athènes. Immédiatement à l'est du Pandroséion se trouvait l'Érechthéion, le sanctuaire dédié à Érechthonios[14]. C'était un parvis en forme de quadrilatère à l'air libre. L'objet principal de l'Érechthéion était un olivier dédié à Athéna. Dans son ombre, un autel est dédié à Zeus Herkeios (« Zeus du Parvis »). Une porte dans le mur ouest donnait un accès direct à l'intérieur du Pandroséion. Une autre porte était aussi connectée directement avec le Pandroséion et le porche nord[15]. On peut donc estimer que le Pandroséion était une annexe de l’Érechthéion, plus vaste. Ceci est possiblement lié à la façon dont le mythe de Pandrosos est intimement lié à celui de la naissance d'Érichthonios.[Interprétation personnelle ?]

Pandroséion[modifier | modifier le code]

Selon Pausanias,

« pour un certain temps les Arrephoroi sont pourvus par la déesse : et quand le festival arrive elles doivent faire certaines cérémonies durant la nuit[16]. Elles portent sur leur têtes ce que les prêtresses d'Athéna leur donnent, et ni celles qui donnent ni celles qui portent ne savent ce qui leur est donné. Dans la ville pas loin d'Aphrodite-dans-les-Jardins est un endroit fermé avec une entrée naturelle vers une descente qui va sous terre ; c'est là où les vierges vont. Elles y laissent ce qu'elles y ont porté, prennent une autre chose qu'elles ramènent couvert. Elles sont ensuite renvoyées, et d'autres filles vierges sont amenées à l'Acropole pour les remplacer. »

— Pausanias, Description de la Grèce [détail des éditions] [lire en ligne], I, 27, 4

. Ce rituel est fait chaque année ; ces vierges ne servent qu'une année à l'Acropole.

Iconographie[modifier | modifier le code]

Ce thème est traité par plusieurs maîtres de l'école d'Anvers, comme :

Sources[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. Chronique de Paros, 9.
  2. Gantz, p. 233.
  3. « Enfant de la terre du blé » : Homère, Iliade [détail des éditions] [lire en ligne], II, 548, trad. Philippe Jaccottet, ou « Érékhtheus que nourrit Athènè, fille de Zeus, après que la terre l’eut enfanté ».
  4. Pierre Brulé, La fille d’Athènes : la religion des filles à Athènes à l’époque classique. Mythes, cultes et société, collection de l’Institut des sciences et techniques de l’Antiquité, 1987, (no)363, p. 21.
  5. P. Brulé, op. cit., p. 14.
  6. Scholie du vers IV, 8 de l'Iliade ; Etymologicum Magnum, à l'article « Érechtheus ».
  7. Jean Haudry, Le feu dans la tradition indo-européenne, Archè, Milan, 2016 (ISBN 978-8872523438), p. 311
  8. Maria Daraki, « Nicole Loraux, Les enfants d'Athéna. Idées athéniennes sur la citoyenneté et la division des sexes, Paris, F. Maspero, « Textes à l'appui », 1981, 287 p. », Annales. Histoire, Sciences Sociales, vol. 37, nos 5-6,‎ , p. 795–799 (ISSN 0395-2649 et 1953-8146, DOI 10.1017/s0395264900099522, lire en ligne, consulté le )
  9. Harpocration citant la Danaïde (fr. 2 PEG) et Pindare (fr. 253 SM).
  10. Bibliothèque du Pseudo-Apollodore 3, 14, 6.
  11. Ovide, Métamorphoses [détail des éditions] [lire en ligne] 2, 558–560
  12. Euripide, Ion 271–273
  13. a et b Pierre Brulé, La fille d’Athènes : la religion des filles à Athènes à l’époque classique. Mythes, cultes et société., collection de l’Institut des sciences et techniques de l’Antiquité, 1987, (no)363, p. 18.
  14. (en) H. A. Shapiro, "The Cult of Heroines: Kekrops' Daughters", 1995, in Pandora: Women in Classical Greece, ed. Ellen D. Reeder (Princeton, NJ: Princeton University Press, 1995), 41.
  15. (en) M. Hurwit, The Athenian Acropolis: History, Mythology, and Archaeology from the Neolithic Era to the Present (Cambridge: Cambridge University Press, 2000), 204.
  16. La nuit du solstice d'été

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :

  • (en) Timothy Gantz, Early Greek Myth, Johns Hopkins University Press, [détail de l’édition], p. 233-239.
  • Nicole Loraux :
    • Les Enfants d'Athéna. Idées athéniennes sur la citoyenneté et la division des sexes, Seuil, coll. « Points / Essais », Paris, 1990 (ISBN 2020124688),
    • Né de la terre. Mythe et politique à Athènes, Seuil, coll. « La Librairie du XXe siècle », Paris, 1998 (ISBN 2020282402).
    • « L'autochtonie : une topique athénienne : Le mythe dans l'espace civique », Annales. Économies, Sociétés, Civilisations, vol. 34ᵉ année, no 1,‎ , p. 3-26 (lire en ligne)

Liens externes[modifier | modifier le code]