Énergie au Chili — Wikipédia

Énergie au Chili
Image illustrative de l’article Énergie au Chili
Parc éolien de Canela
Bilan énergétique (2022)
Offre d'énergie primaire (TPES) 1 566,2 PJ
(37,4 M tep)
par agent énergétique pétrole : 47,6 %
bois : 15,6 %
gaz naturel : 14,1 %
électricité : 11,5 %
charbon : 11,3 %
Énergies renouvelables 27 %
Consommation totale (TFC) 1 113,7 PJ
(26,6 M tep)
par habitant 56,8 GJ/hab.
(1,4 tep/hab.)
par secteur ménages : 18,1 %
industrie : 37,3 %
transports : 35,1 %
services : 7 %
agriculture : 1,3 %
pêche : 0,9 %
Électricité (2022)
Production 88,04 TWh
par filière thermique : 44,9 %
hydro : 23,2 %
autres : 17 %
éoliennes : 10,1 %
biomasse/déchets : 4,9 %
Combustibles (2022 - PJ)
Production pétrole : 17,7
gaz naturel : 42,0
charbon : 0,2
bois : 243,2
Commerce extérieur (2022 - PJ)
Importations pétrole : 799,1
gaz naturel : 178,2
charbon : 176,6
Exportations pétrole : 48,6
Sources
Agence internationale de l'énergie[1],[2]
NB : dans le bilan énergétique, l'agent "bois" comprend l'ensemble biomasse-déchets.

Le secteur de l'énergie au Chili est marqué par la pauvreté du pays en ressources fossiles : il ne produit que 19 % de ses besoins de gaz naturel et 0,1 % de ceux de charbon et importe 97,6 % de ses besoins en pétrole.

La consommation d'énergie primaire du Chili se situe 77 % au-dessus de la moyenne mondiale et 171 % au-dessus de celle de l'Amérique latine. Elle est dominée par les énergies fossiles : 73 % en 2022, dont 47,6 % de pétrole, 14,1 % de gaz naturel et 11,3 % de charbon ; les énergies renouvelables apportent les 27 % restants, dont 15,6 % de biomasse, 4,7 % d'hydraulique et 6,8 % d'éolien et solaire.

L'électricité représentait 23,9 % de la consommation finale d'énergie du Chili en 2021 ; la production d'électricité était assurée en 2022 à 44,9 % par les combustible fossiles : charbon 22,4 %, gaz naturel 19,6 % et pétrole 2,8 % ; les énergies renouvelables totalisent 55,1 %, dont 23,2 % d'hydroélectricité (très variable d'une année à l'autre), 16,4 % de solaire, 10,1 % d'éolien, 4,9 % de biomasse et 0,5 % de géothermie. Le gouvernement a fixé l'objectif de parvenir à 70 % de renouvelables en 2050 et les installations solaires et éoliennes se développent rapidement. La part du solaire photovoltaïque dans la production totale d'électricité fin 2022 est estimée à 17 % et place le pays au 3e rang mondial. Plusieurs centrales solaires thermodynamiques sont en construction dans le nord du pays. Le Chili se situe fin 2022 au 5e rang en Amérique pour sa puissance installée éolienne.

Les émissions de CO2 liées à l'énergie par habitant au Chili étaient en 2021 supérieures de 1,4 % à la moyenne mondiale et de 115 % à celle de l'Amérique latine. Elles provenaient pour 64 % du pétrole, 21 % du charbon et 13 % du gaz naturel.

Production d'énergie fossile[modifier | modifier le code]

La production d'hydrocarbures au Chili est minime. La Terre de Feu a été explorée vers 1950 et a révélé quelques gisements. Concernant le charbon, les ressources sont un peu plus importantes. La production annuelle est de l'ordre de 8 millions de tonnes, dont deux tiers proviennent de la nouvelle mine (ouverte en 2013) de Mina Inverno sur l'Île Riesco, la mine de charbon la plus méridionale du Monde[3].

En 2022, le Chili a produit 42 PJ de gaz naturel (19 % des besoins du pays en gaz), 17,7 PJ de pétrole brut (2,4 % de la demande de produits pétroliers) et 0,25 PJ de charbon (0,1 % de la demande de charbon)[1].

Importation, transformation, consommation d'énergie fossile[modifier | modifier le code]

Pétrole[modifier | modifier le code]

La consommation de pétrole du Chili s'établit à 744,8 PJ en 2022, en progression de 175 % par rapport à 1990. Elle est presqu'entièrement importée (315,6 PJ de pétrole brut et 483,5 PJ de produits pétroliers)[1].

Le pays possède trois raffineries, toutes propriétés de l'Empresa Nacional del Petróleo. Celle de Concón possède une capacité de 100 000 b/j, celle de Concepción 110 000 b/j, enfin une toute petite raffinerie (15 000 b/j) se trouve à Punta Arenas dans l'extrême sud. Les deux premières sont équipées de technologies de conversion profonde. La quasi-totalité du brut utilisé est importé, essentiellement de pays de la région : Équateur, Argentine, Brésil, Colombie[3].

Ces raffineries suffisent quasiment à la couvrir la consommation nationale d'essence, de fioul lourd, de GPL et de kérosène, en revanche elles fournissent moins de la moitié du gazole nécessaire, le pays importe donc massivement ce carburant des États-Unis, de Corée du Sud et du Japon[3]. La distribution de carburant est dominée par Empresas Copec.

Gaz naturel[modifier | modifier le code]

Le réseau de gaz naturel du pays n'est pas unifié, ce qui divise le Chili en trois marchés gaziers indépendants. La partie nord est alimentée en gaz par le terminal d'importation de gaz naturel liquéfié de Mejillones, ouvert en 2010[4]. La partie centrale du pays, qui comprend la capitale Santiago, possède un autre terminal d'importation, à Quintero, ouvert en 2009[5]. Enfin, un troisième réseau existe à la pointe sud du pays, alimenté, lui, par la modeste production nationale.

Les trois réseaux sont chacun relié à l'Argentine, et le gaz était jadis largement importé de ce pays. Mais la fourniture de gaz argentin s'est effondrée à partir de 2006, l'Argentine ayant du mal à couvrir sa demande intérieure[3]. Cet événement a lourdement pénalisé le Chili, qui n'avait à l'époque aucun autre approvisionnement en gaz.

En 2002, il fut proposé par le gouvernement de Suárez de construire un gazoduc entre la Bolivie et le Chili, et un terminal d'exportation GNL à Mejillones au Chili, permettant à la Bolivie (pays enclavé) d'exporter son gaz sur les marchés mondiaux. Ce projet rencontre une énorme opposition en Bolivie et est finalement abandonné.

Consommation d'énergie primaire[modifier | modifier le code]

Avec une consommation d'énergie primaire de 78,96 GJ/habitant en 2022, le Chili se situe 77 % au-dessus de la moyenne mondiale : 44,7 GJ en 2021, et 171 % au-dessus de celle de l'Amérique latine : 29,14 GJ, mais 39 % au-dessous de celle de la France : 129,4 GJ[6].

Consommation intérieure brute d'énergie primaire au Chili par source (PJ)
Source 1990 % 2000 % 2010 % 2020 % 2022 % 2022 var.
2022/1990
Charbon 104,5 17,8 128,6 12,2 186,9 14,5 281,6 17,8 176,9 11,3 % +69 %
Pétrole 270,9 46,2 438,6 41,6 628,4 48,6 636,2 40,3 744,8 47,6 % +175 %
Gaz naturel 47,8 8,2 218,0 20,7 187,1 14,5 202,0 12,8 221,1 14,1 % +362 %
Total fossiles 423,2 72,2 785,2 74,5 1 002,4 77,6 1 119,8 70,9 1 142,8 73,0 % +170 %
Hydraulique 32,1 5,5 66,7 6,3 78,2 6,1 78,7 5,0 73,6 4,7 % +129 %
Biomasse 131,2 22,4 197,7 18,8 206,4 16,0 320,2 20,3 243,8 15,6 % +86 %
Éolien, solaire, géoth. 1,3 0,1 59,6 3,8 106,1 6,8 % ns
Total EnR 163,3 27,8 264,4 25,1 285,9 22,1 458,5 29,1 423,5 27,0 % +159 %
Solde exp.électricité 4,3 0,4 3,4 0,3 0 0 ns
Total 586,6 100 1 053,9 100 1 291,7 100 1 578,3 100 1 566,3 100 % +167 %
Source des données : Agence internationale de l'énergie[1].

Secteur électrique[modifier | modifier le code]

L'électricité représentait 23,9 % de la consommation finale d'énergie du Chili en 2021[1].

L'objectif du gouvernement est de s'affranchir des énergies fossiles en portant à 70 % la part des renouvelables dans la production d'électricité d'ici 2050[7].

Production d'électricité[modifier | modifier le code]

Production d'électricité au Chili par source (TWh)
Source 1990 % 2000 % 2010 % 2020 % 2022 % 2022 var.
2022/1990
Charbon 6,53 35,5 8,47 21,1 16,87 27,9 26,07 31,0 19,74 22,4 % +202 %
Pétrole 1,77 9,6 1,70 4,3 8,47 14,0 1,73 2,1 2,48 2,8 % +40 %
Gaz naturel 0,19 1,0 10,45 26,1 10,69 17,7 15,29 18,2 17,28 19,6 % x91,9
Total fossiles 8,48 46,2 20,62 51,5 36,03 59,6 43,09 51,3 39,50 44,9 % +366 %
Hydraulique 8,93 48,6 18,52 46,2 21,72 35,9 21,87 26,0 20,43 23,2 % +129 %
Biomasse 0,96 5,2 0,94 2,3 2,25 3,7 5,24 6,2 4,31 4,9 % +348 %
Géothermie 0,22 0,3 0,47 0,5 % ns
Éolien 0,33 0,5 5,60 6,7 8,87 10,1 % ns
Solaire PV 7,97 9,5 14,16 16,1 % ns
Solaire thermq 0,31 0,3 % ns
Autres sources 0,11 0,2 0 0 0 % ns
Total EnR 9,89 53,8 19,46 48,5 24,41 40,4 40,90 48,7 48,54 55,1 % +391 %
Total 18,37 100 40,08 100 60,43 100 83,99 100 88,04 100 % +379 %
Source des données : Agence internationale de l'énergie[8]

Le Chili, qui se préparait à accueillir fin 2019 la 25e conférence de l'ONU sur les changements climatiques (COP25), a annoncé en ne plus vouloir construire aucune centrale au charbon, puis en vouloir fermer dans les cinq ans huit de ses 28 centrales à charbon ; ces huit centrales représentent 20 % de la capacité énergétique du pays, et leur fermeture abaissera les émissions de CO2 du secteur électrique de 3 à 4 Mt/an (millions de t/an) ; les centrales au charbon totalisent 5 500 mégawatts et produisent 40 % de l'électricité du pays ; le plan énergétique chilien vise 100 % d'électricité d'origine renouvelable d'ici 2040. Le président Sebastian Pinera a cependant précisé que le pays conserverait ces centrales en « réserve stratégique »[9].

Centrales hydroélectriques[modifier | modifier le code]

Selon l'Association internationale de l'hydroélectricité (IHA), la production hydroélectrique du Chili s'élevait en 2022 à 20 TWh, soit 2,8 % du total sud-américain, au 8e rang, loin derrière le Brésil (423 TWh), le Vénézuela (68 TWh) ou l'Argentine (31 TWh), et 0,45 % du total mondial. La puissance installée de ces centrales s'élevait à 7 289 MW, soit 4 % de la puissance installée hydroélectrique en Amérique du Sud (6e rang) et 0,5 % du total mondial. En 2022, 477 MW ont été mis en service, en particulier du fait de l'inauguration des centrales de Las Lajas et d'Alfalfal II. La Ocean Renewable Power Company installe le premier système hydrocinétique de rivière du pays dans la municipalité de Chile Chico[10].

En 2017, les centrales hydroélectriques du Chili totalisent une puissance de 7 271 MW ; elles ont produit 21,67 TWh[11].

Le développeur chilien Energía Valhalla a annoncé en 2015 un projet de construire un aménagement hybride solaire/hydraulique dans le désert d'Atacama, dans la zone côtière de Caleta San Marcos, à 100 km au sud d'Iquique, combinant la centrale solaire Cielos de Tarapacá (600 MW) et la centrale de pompage-turbinage Espejo de Tarapacá (300 MW) qui utilisera les excédents de production solaire pour pomper de l'eau de mer depuis l'Océan pacifique jusqu'à un réservoir situé à 600 mètres d'altitude ; la construction devait commencer fin 2016[12],[13].

La politique énergétique du pays impose aux fournisseurs d'électricité exploitant plus de 200 MW de capacité de produire au moins 20 % de leur électricité à partir d'énergies renouvelables d'ici 2025[13].

Le Río Biobío a été équipé de plusieurs centrales :

  • centrale de Ralco (764 MW), mise en service en 2004[14] ;
  • centrale de Pangue (456 MW), mise en service en 1996[14] ;
  • centrale d'Angostura (320 MW), mise en service en 2012 à Quilaco sur le Río Biobío, à 63 km au sud-est de Los Ángeles[15].
Barrage de Rapel, 2009

Le barrage de Rapel (320 MW), mis en service en 1968 dans la région O'Higgins au confluent des rivières Cachapoal et Tinguiririca, a créé le plus vaste lac artificiel du Chili, avec une capacité de 700 millions de m³[15].

La centrale d'El Toro (448 MW) a été mise en service par Endesa en 1973 sur le Río de la Laja dans la province de Ñuble[14] ; plus en aval ont été construites la centrale d'Antuco (300 MW), mise en service en 1981, et la centrale Abanico (136 MW), mise en service en 1948, qui à elles trois produisent en moyenne 3 800 GWh par an[16].

La centrale de Colbún (474 MW) a été mise en service en 1985 dans la région du Maule par la société Colbún, qui est aussi propriétaire des centrales d'Angostura (320 MW), Canutillar (172 MW), Machicura (95 MW), Rucúe (178 MW) et une dizaine d'autres de moindre importance[17].

La centrale de Pehuenche (570 MW) a été mise en service en 1991 dans la région du Maule et appartient à ENEL[18].

Éoliennes[modifier | modifier le code]

Les éoliennes ont produit 8 869 GWh en 2022, soit 10,1 % de la production d'électricité du Chili[8].

Production d'électricité éolienne au Chili[8]
Année Production (GWh) Accroissement Part prod.élec.
2009 79 0,1 %
2010 332 +320 % 0,5 %
2011 338 +2 % 0,5 %
2012 409 +21 % 0,6 %
2013 554 +35 % 0,8 %
2014 1443 +160 % 2,0 %
2015 2115 +47 % 2,8 %
2016 2449 +16 % 3,1 %
2017 3521 +44 % 4,4 %
2018 3588 +2 % 4,4 %
2019 4897 +36 % 5,8 %
2020 5602 +14 % 6,7 %
2021 7628 +36 % 8,7 %
2022 8869 +16 % 10,1 %

Le Chili se situe fin 2022 au 5e rang en Amérique pour sa puissance installée éolienne avec 4 268 MW, soit 2,1 % du total américain. Les nouvelles installations en 2022 ont atteint 824 MW (+23,9 %) ; en 2021 : 615 MW[19].

Les parcs éoliens du Chili totalisent fin 2019 une puissance installée de 2 145 MW, en progression de 269 MW en 2017, 204 MW en 2018 et 526 MW en 2019 ; un appel d'offres multi-énergies a alloué 2,2 TWh/an en 2017 à un prix moyen compétitif de 32,5 $/MWh ; un nouvel appel d'offres multi-énergies de 5,6 TWh/an était prévu en [20].

Les premiers parcs éoliens chiliens ont été ceux de Canela I (18 MW) et Canela II (69 MW), tous deux mis en service en 2007.

Le parc éolien d'El Arrayán (115 MW), le plus puissant du Chili, a été mis en service en 2014 à 400 km au nord de Santiago dans la zone côtière d'Ovalle, région de Coquimbo, pour alimenter en électricité la mine de cuivre de Los Pelambres[21].

EDF EN lance en les travaux du parc Cabo Leones (115 MW), dans la région d'Atacama[7].

Solaire[modifier | modifier le code]

Géothermie[modifier | modifier le code]

Les Andes étant une zone volcanique, le Chili bénéficie d'un potentiel géothermique important, que le ministre de l'énergie chilien estimait en 2011 à plus de 6 000 MW[22].

Un permis a été sollicité en 2012 pour un projet de centrale de 70 MW dans la concession de San Gregorio, dans le sud du pays[23].

Réseaux de transport et distribution d'électricité[modifier | modifier le code]

Le développement des énergies renouvelables est entravé par des goulets d'étranglement dans les réseaux, en particulier au nord. En juin 2019, la mise en service de la ligne de 753 km Cardones-Polpaico a contribué à alléger ces contraintes[20].

Pour l'électricité, le pays possède des réseaux non connectés, au nombre de quatre[24],[25]. Le secteur électrique chilien a été privatisé et ouvert à la concurrence en 1982.

Une ligne d'interconnexion de 600 km est en cours de construction par Engie pour relier les réseaux nord et centre ; elle sera mise en service fin 2017[7].

Le SIC (centre du pays)[modifier | modifier le code]

Le Sistema Interconectado Central est de loin le plus important, s'étendant de la région des Lacs à la Région d'Atacama, comprenant la région de la capitale et englobant 93 % de la population du pays. Ce réseau comprend fin 2016[26] :

  • 3 393 MW de barrages avec lac de retenue
  • 2 967 MW de centrale au gaz
  • 2 785 MW d'hydraulique au fil de l'eau
  • 2 654 MW de centrales au gazole
  • 2 365 MW de centrales au charbon
  • 927 MW d'éoliennes
  • 775 MW en panneaux photovoltaïques
  • 459 MW de thermique biomasse
  • 365 MW de mini-hydraulique

Le SING (grand nord)[modifier | modifier le code]

Le Sistema Interconectado del Norte Grande, dans le nord du pays, comporte une population bien plus faible, mais alimente les immenses mines de cuivre, grosses consommatrices d'électricité. On trouve sur ce réseau[26] :

  • 1 947 MW de centrales au charbon
  • 1 457 MW de centrales au gaz naturel
  • 317 MW de générateurs diesel
  • 182 MW de photovoltaïque
  • 89 MW éoliens
  • 16 MW mini-hydraulique

La pointe sud[modifier | modifier le code]

Enfin, dans l'extrême sud, existent deux réseaux locaux, le Sistema Eléctrico de Magallanes et le Sistema Eléctrico de Aysén. Le premier comporte exclusivement des centrales thermiques (environ 100 MW), alimentées par les gisements locaux. Le deuxième a une capacité de 50 MW, partagée entre des groupes diesel, des centrales hydroélectrique au fil de l'eau et trois éoliennes.

Consommation d'électricité[modifier | modifier le code]

La consommation d'électricité par habitant s'élève en 2022 à 4,2 MWh au Chili, supérieure de 17 % à la moyenne mondiale : 3,6 MWh en 2021 et de 56 % à celle du Brésil (2,7 MWh), mais inférieure de 36 % à celle de la France (6,6 MWh)[27].

La consommation d'électricité du Chili s'élevait en 2021 à 76 320 GWh, dont 58,9 % dans l'industrie, 19,6 % dans le secteur résidentiel, 16,7 % dans le secteur tertiaire, 3,2 % dans l'agriculture et la pêche, 1,6 % dans les transports[8].

Politique énergétique[modifier | modifier le code]

Le président Sebastian Piñera annonce le que le Chili ne construira plus aucune centrale thermique à charbon, alors que 40 % de la fourniture d'électricité est en 2018 issue de 28 centrales thermiques à charbon d'une capacité totale de 5 500 MW. Sebastian Pinera a fixé un objectif de production de 70 % d'énergies renouvelable à l'horizon 2030, contre 20 % actuellement, et même 100 % en 2040[28].

Une décennie de sécheresse a transformé des terres arables en désert dans la partie centrale du Chili et dégradé la fiabilité des centrales hydroélectriques. Le Chili est le premier pays latino-américain à décider une sortie complète du charbon. Un plan a été publié en 2019 pour fermer d'ici 2024 huit centrales à charbon, soit 1 000 MW et les autres centrales à charbon d'ici 2040. L'initiative RELAC (Renewable Energy for Latin America and the Caribbean - Énergie renouvelable pour l'Amérique latine et les Caraïbes) a fixé un objectif collectif de 70 % d'énergies renouvelables en 2030. Le Chili devrait dépasser dès 2020 son objectif 2025 de 20 % d'énergie propre. Une taxe carbone est entrée en vigueur en 2017 ; elle s'applique aux émissions de CO2, SO2, NOx et de particules fines[20].

Difficultés de la transition[modifier | modifier le code]

Le gouvernement a promis de sortir du charbon d'ici à 2040. En 2023, la vingtaine de centrales au charbon encore actives dans le pays ne représentent plus que 17 % du mix électrique, contre 40 % en 2017, mais elles jouent encore un rôle crucial pour stabiliser le réseau électrique qui peine à accueillir de plus en plus de productions renouvelables intermittentes. Enel a fermé ses trois unités. À Tocopilla, Engie a fermé définitivement en 2022 ses deux dernières unités au charbon et l'américain AES fermera ses deux unités en mars 2024. À Mejillones, 150 kilomètres au sud de Tocopilla, Engie a encore trois centrales à fermer ; deux doivent cesser de produire fin 2025 et la dernière doit être convertie au gaz. Le Chili atteint 63 % de production renouvelable en 2023, dont 32 % d'hydroélectricité et 31 % de solaire et éolien (contre 12 % en 2018). Mais les réseaux électriques, capables d'amener l'énergie produite au nord du pays, vers les zones plus habitées du centre et du sud, sont complètement saturés, si bien que leurs gestionnaires refusent une partie de la production pendant les heures où elle est la plus élevée ; ainsi, la centrale de Coya ne peut injecter sur le réseau, entre 10 heures du matin et 15 heures, que 40 MW sur les 180 MW qu'elle peut produire ; elle s'est équipée d'un système de batteries, parmi les plus grands d'Amérique latine, afin de minimiser le gâchis d'énergie excédentaire refusée par le réseau. Entre janvier et mai 2023, le Chili a atteint un record de 735 GWh d'énergie renouvelable refusée par le réseau électrique. Au total, 10 % de l'énergie verte produite en 2023 a ainsi été perdue. Ces pertes persisteront jusqu'à la mise en service de la deuxième ligne électrique reliant le nord au sud, annoncée pour 2028, puis désormais attendue pour 2031. La congestion du réseau fait tomber quotidiennement les prix à zéro sur le marché de l'électricité, fragilisant certains acteurs des énergies renouvelables, dont plusieurs se sont déclarés insolvables. Des projets se préparent afin d'utiliser l'énergie excédentaire pour produire de l'hydrogène vert à destination de l'industrie minière[29].

Impact environnemental[modifier | modifier le code]

Les émissions de gaz à effet de serre liées à l'énergie au Chili s'élevaient en 2022 à 83 Mt CO2eq, en progression de 168 % par rapport à 1990, mais en recul de 12 % par rapport à 2019. Les émissions dues au charbon ont atteint 17,8 Mt en 2022, soit 21 % des émissions du pays ; elles ont progressé de 80 % de 1990 à 2022. Les émissions dues au pétrole s'élevaient à 53 Mt, soit 64 % du total ; leur progression atteint 179 % en 32 ans. Le gaz naturel est responsable de 13 % des émissions. Les émissions de CO2 liées à l'énergie par habitant étaient en 2022 de 4,09 tonnes ; en 2021, elles étaient à 4,32 tonnes, supérieures de 1,4 % à la moyenne mondiale : 4,26 t et de 115 % à celle de l'Amérique latine : 2,01 t[30].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d et e (en) Agence internationale de l'énergie, « Energy Statistics Data Browser : Chile Balances 2022 », sur www.iea.org, .
  2. Indicateurs du développement dans le monde - Chili : population, Banque mondiale.
  3. a b c et d « AIE : document sur la sécurité énergétique du Chili », sur Agence International de l'énergie, (consulté le )
  4. « Mejillones Liquefied Natural Gas (LNG) Terminal », sur Hydrocarbons Technology (consulté le )
  5. « Chile’s Quintero LNG terminal boosts capacity », sur LNG World News (consulté le )
  6. (en) Energy Statistics Data Browser - Total energy supply (TES) per capita : Chile, Agence internationale de l'énergie, 21 décembre 2023.
  7. a b et c Au Chili, l’offensive des groupes français sur le renouvelable, Les Échos, 6 février 2017.
  8. a b c et d (en)Energy Statistics Data Browser : Chile Electricity 2022, Agence internationale de l'énergie, 21 décembre 2023.
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Annexes[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]