Émile Licent — Wikipédia

Émile Licent
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Émile Licent (1876–1952) (nom d’adoption en chinois : 桑志华, pendant son séjour de travail en Chine) est un prêtre Jésuite, paléontologue et préhistorien français. Son apostolat l’a conduit à créer un groupe de recherche à Tianjin dans le domaine des sciences naturelles. Il a travaillé sur le terrain avec Pierre Teilhard de Chardin (1881-1955). Émile Licent a acquis en 25 ans de présence en Chine une vaste connaissance du pays, en particulier dans les domaines archéologique et paléontologique[1],[2].

Formation[modifier | modifier le code]

Émile Licent obtient son doctorat en sciences naturelles en 1912. Il se spécialise au début de sa carrière en entomologie.

Biographie[modifier | modifier le code]

Émile Licent a passé vingt-cinq ans à Tianjin, de 1914 à 1939[3], dans la concession française. Il y fit la connaissance d’Henri Bernard-Maître, jésuite et sinologue.

Début de présence en Chine[modifier | modifier le code]

Dès son arrivée à Tianjin, en mars 1914, il se lance dans l'exploration de la Chine. Entre 1914 et 1923, ses expéditions se répartissent dans différentes régions du nord et du centre de la Chine (bassin du fleuve Jaune, y compris les provinces du Shandong, Hebei, Shanxi, Henan, Shaanxi, Gansu, Mongolie-Intérieure et la partie orientale du plateau tibétain).

En 1916 il expédie des fossiles à Marcellin Boule, le professeur de paléontologie du Muséum national d'histoire naturelle, à Paris. Il communique ses découvertes de fossiles sur le plateau d'Ordos, près du Sjarra-osso-Gol[4] (faune du quaternaire) et, après avoir découvert des restes humains, il suggère d’envoyer un paléontologue expert en Chine.

Avec Pierre Teilhard de Chardin[modifier | modifier le code]

C’est ainsi que le Jésuite Pierre Teilhard de Chardin, chercheur formé par Marcellin Boule, prend la tête de la Mission paléontologique française en 1923, au moment où la compétition scientifique mondiale apporte de nouvelles découvertes. En 1921 une équipe internationale avait découvert à Zhoukoudian, près de Pékin, la première dent de Sinanthrope, ou Homme de Pékin, plus tard attribuée à Homo erectus.

En mai 1923, Pierre Teilhard de Chardin, docteur ès sciences en 1922 et vice-président de la Société géologique de France en 1923, va ainsi travailler, pour sa première campagne en Chine, sur les gisements de fossiles paléontologiques repérés au Gansu et sur le plateau d'Ordos par Émile Licent[1]. Ils découvrent aussi plusieurs sites d'industrie lithique du Paléolithique. En 1924, la mission achevée, Pierre Teilhard de Chardin rapporte en France un important matériel : lithique et faunique. Et il est dès lors bien décidé à affermir les liens scientifiques entre la France et la Chine.

Tous deux furent les premiers à examiner le site paléolithique de Shuidonggou (水洞 沟)[5] (Ningxia et Mongolie-Intérieure), dans le nord de la Chine[6].

Émile Licent travailla ainsi avec Pierre Teilhard de Chardin dans la conduite de la recherche archéologique dans les provinces septentrionales de la Chine au cours des années 1920[7].

Suite et fin de présence en Chine[modifier | modifier le code]

En 1924, Émile Licent crée à Tianjin le musée Hoangho Paiho (connu alors comme le « Musée Beijiang » par les Chinois), le premier de son genre en Chine du Nord, avec l’appui de l’ambassadeur de France : un institut de recherches biologiques continentales[1]. Le musée est ouvert au public en 1928. Il a survécu à la Seconde Guerre mondiale et a pris le nom de Musée d'histoire naturelle de Tianjin[8] en 1952[9].

En 1937, l'invasion japonaise du Nord de la Chine oblige Émile Licent à interrompre ses recherches. Il quitte la Chine en 1938, après la nomination d'un de ses collègues, Pierre Leroy (nom chinois adopté, 罗学宾), en tant que Directeur adjoint du Musée.

La plupart des fossiles de mammifères du Quaternaire, les restes des hommes de la Préhistoire, ainsi que leurs outils que lui et ses collègues ont découverts, sont restés dans le musée qu'il avait créé à Tianjin.

Hommages et distinctions[modifier | modifier le code]

Émile Licent était membre de l'Académie des sciences (France).

En 1927, Émile Licent fut désigné Chevalier de la Légion d'honneur par le gouvernement français pour son travail scientifique novateur et ses missions d’exploration en Chine[10].

En septembre 2015, une délégation de représentants de Tianjin est venue rendre hommage à ce chercheur, « dont les collections servent encore de base à des recherches scientifiques aujourd'hui »[11].

Publications[modifier | modifier le code]

  • Émile Licent, Dix années, 1914-1923, dans le bassin du Fleuve Jaune et autres tributaires du golfe du Pei Tcheu Ly, 1924
  • Émile Licent, Le musée Hoangho Paiho de Tientsin : douze années d'exploration dans le nord de la Chine (1914-1925), impr. de Jouve, Paris, 1926
  • Marcellin Boule, Henri Breuil, Émile Licent, Pierre Teilhard de Chardin, Le paléolithique de la Chine, Masson, Paris, 1928
  • Émile Licent, Les collections néolithiques du Musée Hoang ho Pai ho de Tien Tsin, éd. Tien Tsin - Mission de Sien Hsien, 1932
  • Émile Licent, Vingt deux années d'exploration dans le Nord de la Chine, en Mandchourie, en Mongolie et au Bas Tibet, 1914-1935, éd. Tientsin - Mission de Sien Hsien, 1935
  • Adrian Schuster: Die Tenebrioniden des Museums Hoangho-Pei Ho in Tientsin. Koleopterologische Rundschau. Band 26 (Nr. 1/2), März 1940, S. 15-24
  • Helmut Schütze: Émile Licent und sein Beitrag zur Carabus-Fauna Chinas (Coleoptera: Carabidae). Entomologische Zeitschrift 124(1), 2014, S. 57-60

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b et c Les Premiers hommes de Chine : 1 million à 35 000 ans av. J.-C., Dossiers d'Archéologie, éditions Faton, no 292, avril 2004, p. 18-29 : « Les premières missions archéologiques françaises », par Arnauld Hurel, en collaboration avec Christophe Comentale
  2. (zh) GAO Weiqing, "Sang Zhihua and Beijiang Museum", in Fossils (2002-2): p. 10-12
  3. Les tribulations d'un architecte belge en Chine : Gustave Volckaert, au service du Crédit Foncier d'Extrême-Orient, 1914-1954, T Coomans, LP Lau - Belgisch Tijdschrift voor Oudheidkunde , 2012 - lirias.kuleuven.be : « révèle un réseau fascinant de catholiques influents, y compris l'entrepreneur Gand René Van Herrewege, le diplomate chinois Lou Tsien-Tsiang, le missionnaire-architecte Alphonse De Moerloose, le jésuite naturaliste Émile Licent ».
  4. (en) [1], THE CHRONOLOGY OF PLEISTOCENE MODERN HUMANS in China, Korea, and Japan, S.G. Keates, 2009 (une dent humaine probablement du Pléistocène à Sjarra-osso-Gol)
  5. (en) [2] An engraved artifact from Shuidonggou, an Early Late Paleolithic Site in Northwest China, PENG Fei, GAO Xing, WANG HuiMin, CHEN FuYou, LIU DeCheng, PEI ShuWen : Chinese Science Bulletin, 2012
  6. (en) David B. Madsen, Li Jingzen, P. Jeffrey Brantingham, Gao Xing, Robert G. Elston and Robert L. Bettinger, "Dating Shuidonggou and the Upper Palaeolithic blade industry in North China", in Antiquity, 75.290, décembre 2001, p. 706, [3], 23 octobre 2007
  7. (en) Xing Gao, Qi Wei, Chen Shen, and Susan Keates, "New Light on the Earliest Hominid Occupation in East Asia", Current Anthropology, volume 46, 2005, pages S115–S120, DOI 10.1086/497666
  8. (zh) Tianjin Museum of Natural History
  9. (en) [4] Teilhard de Chardin - Biography, consulté le 07/06/2014
  10. cairn.info
  11. Journal Nord-Éclair, 25 septembre 2015

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]