Élevage ovin en Nouvelle-Zélande — Wikipédia

Élevage ovin en Nouvelle-Zélande
Image illustrative de l’article Élevage ovin en Nouvelle-Zélande
Brebis et ses agneaux dans la région de Wellington.

Espèce Ovis aries
Statut introduit
Nombre 27 300 000[1] (2018)
Races élevées Mérinos, Corriedale, Romney
Objectifs d'élevage laine, viande d'agneau

L'élevage ovin en Nouvelle-Zélande est une industrie importante. Selon les chiffres de 2007 rapportés par l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), il y a 39 millions de moutons dans le pays (soit 10 animaux pour 1 habitant). Le pays a la plus forte densité de moutons par unité de surface au monde. Pendant 130 ans, l'élevage ovin a été la plus importante industrie agricole du pays, mais il a été dépassé par l'élevage laitier en 1987. Le nombre de moutons a culminé en 1982 à 70 millions, puis est tombé autour de 27,6 millions[2]. Il y a 16 000 fermes ovines et bovines dans le pays, ce qui fait du pays le plus grand exportateur mondial d'agneaux, avec 24 millions d'agneaux enregistrés chaque année[3].

Histoire[modifier | modifier le code]

Les moutons ont été introduits en Nouvelle-Zélande entre 1773 et 1777 par l'explorateur britannique James Cook. Samuel Marsden, un missionnaire, a introduit quelques troupeaux de moutons dans la baie des îles, mais aussi dans l'île Mana près de Wellington dans le but de nourrir les baleiniers[4]. La période entre 1856 et 1987 est une période faste pour l'élevage de moutons, entraînant la prospérité économique du pays.

19e siècle[modifier | modifier le code]

Johnny Jones est l'un des premiers colons de l'Otago. Lorsque le boom de la chasse à la baleine prend fin, il passe à l'agriculture en 1840. Il est le premier Pākehā à avoir installé un grand nombre d'immigrants sur la côte est de l'île du Sud. Il importe également des moutons parmi d'autres animaux[5]. L'un des premiers à amener un nombre important de moutons à Canterbury fut John Deans (en) en 1843. À l'époque, les moutons sont achetés en Australie[6]. Les efforts de John Cracroft Wilson (en) pour s'établir comme éleveur de moutons en 1854 démontrent les difficultés auxquelles étaient souvent confrontés les premiers colons et leurs troupeaux. Il a fait un voyage désastreux depuis Sydney lors duquel une grande partie de son bétail est mort et 1 200 moutons ont dû être abandonnés. Après avoir débarqué à Lyttelton, son troupeau est transféré dans la baie voisine de Gollans (la baie de Lyttelton Harbour sous Evans Pass[7] ), où il perd d'autres animaux en raison d'un empoisonnement avec des tutu[note 1] et des changements brusques des vents du sud[note 2][8].

Alors que John Acland (en) et Charles George Tripp (en), deux colons anglais, arrivent à Canterbury en 1855, quatre ans seulement après le début de la colonisation organisée de la région, toutes les bonnes terres sur les plaines de Canterbury sont déjà occupées[9] [10]. Ils sont les premiers à s'installer sur les terres du haut pays de Canterbury pour élever des moutons[9].

Le Glenmark mansion vers 1890, construit par George Henry Moore, qui servait à démontrer la richesse de son propriétaire.

George Henry Moore s’établit à North Canterbury. Sa Glenmark Station est pendant un certain temps le plus grand parc de moutons de Nouvelle-Zélande et sa fille créée l'attraction touristique Mona Vale à Christchurch avec son héritage[11]. Sa biographie dit de lui [12]:

Moore se distingue dans l'histoire pastorale de la Nouvelle-Zélande en tant qu'éleveur ayant très bien réussi en termes de richesse personnelle. Ses compétences, son jugement et son sens du timing étaient d'un niveau très élevé. Pourtant, sans un solide soutien financier des partenaires et de la banque, la réalisation de Glenmark aurait été impossible. Son achat en 1873 était une décision audacieuse, basée sur une hypothèque d'une taille exceptionnelle à l'Union Bank of Australia, qui a avancé 90 000 £ à Moore. Le lien entre la banque et la grande exploitation à Canterbury n'a jamais été aussi clairement démontré.

Début du 20e siècle[modifier | modifier le code]

Les troupeaux néo-zélandais comptaient rarement moins de 400 têtes. La superficie totale des terres occupées était inférieure à 45 millions d'acres. Sur ce total, 5 millions d'acres abritaient de 1 à 8 moutons par acre pour l'année, tandis que plus de 9 millions d'acres se situaient en moyenne entre un demi et 2 moutons par acre[13]. L'herbe était la principale culture. Avec une saison de croissance de 10 mois et des précipitations bien réparties, il était rentable de garder de l'herbe pour le bétail. Près de la moitié des terres occupées se trouvaient dans des exploitations de plus de 5 000 acres, principalement utilisées pour les moutons. Il y avait 90 exploitations de plus de 50 000 acres chacune tandis que 18 694 exploitations étaient de 50 à 200 acres. Le nombre de moutons est passé d'environ 19 millions en 1896 à 24 595 405 en 1914. La taille moyenne des troupeaux est passée de 1 081 en 1896 à 1 124 en 1913[13]. Environ la moitié des moutons appartenaient à des troupeaux de moins de 2 500 têtes, tandis que le sept huitièmes d'entre eux appartenaient à des troupeaux de plus de 500 têtes chacun. Les moutons, les béliers et les brebis en âge de se reproduire représentaient environ la moitié des moutons[13].

Marquage des moutons en 1966, Nouvelle-Zélande.

La race élevée avec le plus de succès au début du XIXe siècle est le mérinos, race d'origine espagnole. Il a été élevé sur l'île du Sud pendant de nombreuses années. La brebis mérinos a fourni la base d'un cheptel croisé. Au début du commerce de la viande dans la région de Canterbury, le bélier de la race anglaise Leicester est préféré pour la reproduction avec la brebis mérinos. Plus tard, la race Lincoln est utilisée pour des croisements avec le mérinos, et des béliers à face noire ont été croisés avec des brebis issues de ce croisement. Dans l'île du Nord, le mouton Romney s'adapte mieux au climat humide et devint le mouton le plus populaire ; il a également augmenté en nombre dans l'île du Sud. Le Lincoln et le Border-Leicester ont été favorisés dans les deux îles, tandis que le Southdown a remplacé d'autres races pour la production d'agneau gras dans toute la Nouvelle-Zélande. Les Leicesters, principalement la variété anglaise, étaient la race britannique la plus populaire dans l'île du Sud[13].

Le développement de l'élevage ovin en Nouvelle-Zélande dans la première moitié du 20e siècle entraîne une concurrence accrue pour les éleveurs de moutons du sud de la Patagonie qui luttaient contre une baisse des échanges en raison de l'ouverture du canal de Panama et des troubles sociaux croissants[14].

Fin du 20e siècle[modifier | modifier le code]

Le cheptel ovin a atteint un pic de 70 millions en 1982, mais il y a rapidement eu un déclin marqué quand l'industrie laitière l'a éclipsé. En 1987, la population ovine n'était que d'environ 39 millions ; cette baisse est également attribuée au retrait des subventions gouvernementales à ce secteur[4]. Malgré un déclin de la population ovine en Nouvelle-Zélande, les régions vallonnées du pays ont connu une prolifération de l'élevage ovin au cours des décennies qui ont suivi la fin des années 1960. Cette croissance est due à l'introduction de meilleures espèces pour la composition du pâturage, à l'utilisation de pesticides et au contrôle des mauvaises herbes, à la gestion réglementée et systématique des enclos des fermes et à l'introduction de meilleures races de moutons, résistantes aux maladies[3]. Une large mosaïque de conditions climatiques et pédologiques variables, et la grande étendue des exploitations agricoles ont entraîné le développement d'un large éventail d'industries[15].

Statistiques[modifier | modifier le code]

En 2007, la Nouvelle-Zélande comptait environ 39 millions de moutons, soit près de 10 moutons par habitant dans le pays (la population en 2006 était de 4 027 947[16] )[17]. Le pays est alors classé sixième parmi les pays ayant la plus importante population de moutons d'élevage au monde. En juin 2015, le nombre de moutons s'élevait à 29,1 millions. Un an plus tard, le nombre avait chuté de 1,5 million à 27,6 millions[2].

Races[modifier | modifier le code]

L'Association des éleveurs de moutons de Nouvelle-Zélande est responsable de la gestion de l'élevage des moutons dans le pays ainsi que de l'élevage des reproducteurs dans l'industrie ovine. Il garantit la pureté des races créées, avec un bon pedigree et un record de performance notable[18]. Les races développées signalées par les associations sont : Border Leicester, Borderdale, Corriedale, Dorper, Dorset Down, mouton de Frise orientale, Leicester anglaise, Finnoise, Hampshire, Lincoln, Oxford, Poll Dorset et Dorset Horn, Polwarth, Ryeland, Shropshire, South Suffolk, Suffolk et Texel[19]. La variété d'élevage comprenait le Corriedale, une race issue de croisement entre le mérinos et des races anglaises ; le Romney néo-zélandais qui représente près de 66 % de tous les moutons du pays, élevée pour sa laine qui convient à la fabrication de tapis ; le Perendale qui s'adapte à tous les types de temps et fournit une bonne viande et de la laine ; et le Coopworth qui, dans une terre agricole bien entretenue, a une bonne valeur en viande et en laine[4]. Un événement annuel lors de la New Zealand Ewe Hogget Competition est lancé par George Fletcher pour encourager et valoriser l'élevage de moutons de qualité. L'événement a eu lieu en mai 2013 et plusieurs prix ont été décernés[20].

Développement agricole[modifier | modifier le code]

Dans les premières années, les grandes fermes qui ont vu le jour étaient destinées aux moutons amenés d'Australie à Wairarapa, aux fermes des plaines de Canterbury, à la ferme d'Otago, et aux terres louées au peuple Maori[4]. Au cours des années suivantes, des terres du gouvernement sont louées dans la partie orientale de l'île du Sud, une zone sèche jugée appropriée pour établir de grandes fermes pour les mérinos afin d'augmenter la production de laine. Dans le nord de l'île, les élevages de moutons sur les terres appartenant aux Maoris avaient une trajectoire de croissance beaucoup plus faible car la couverture végétale composée de buissons et les conditions météorologiques humides n'étaient pas propices aux mérinos[4].

Commerce[modifier | modifier le code]

Le premier commerce de viande de mouton a lieu avec la Grande-Bretagne lorsque de la viande congelée est exportée en 1882. Par la suite, avec la forte expansion des élevages de moutons, ce commerce d'exportation a considérablement soutenu l'économie du pays[4]. Le principal produit d'exportation agricole de la Nouvelle-Zélande est la laine à la fin du XIXe siècle[21]. Même à la fin des années 60, elle représente plus d'un tiers de toutes les recettes d'exportation[21]. Mais comme son prix a régulièrement baissé par rapport à d'autres produits [22], la laine n'est plus rentable pour de nombreux éleveurs[23].

Références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Tutu est le nom commun en langue Māori donné aux plantes du genre Coriaria. Elles contiennent une neurotoxine : la Tutine.
  2. Le phénomène du Southerly Buster est un changement brusque des vents du Sud entraînant une brusque chute des températures très importante.

Références[modifier | modifier le code]

  1. (en) Sally Rae, « Now 5.6 sheep for each NZer », sur odt.co.nz, (consulté le )
  2. a et b (en) Thomas Manch, « NZ's waning sheep flock: Has our pastoral identity finally jumped the fence? », The Press,‎ (lire en ligne, consulté le )
  3. a et b McDowell 2008, p. 147.
  4. a b c d e et f (en) Stringleman et Peden, « Story: Sheep farming » Accès libre, sur teara.govt.nz, Te Ara: The Encyclopedia of New Zealand, (consulté le )
  5. (en) E. J. Tapp, Dictionary of New Zealand Biography, (lire en ligne Accès libre), « Jones, John »
  6. (en) Graham M. Miller, Dictionary of New Zealand Biography, (lire en ligne Accès libre), « Deans, John and Deans, William »
  7. Taylor 2001, p. 57.
  8. Roberts 1991, p. 9.
  9. a et b Acland 1946.
  10. McLintock 1966.
  11. (en) « Unsung Heroines - Annie Quayle Townend » Accès libre, sur christchurchcitylibraries.com, Christchurch City Libraries (consulté le )
  12. (en) W. J. Gardner, « Moore, George Henry » Accès libre, sur Te Ara Encyclopedia of New Zealand (consulté le )
  13. a b c et d (en) F. R. Marshall, Features of the sheep industries of United States, New Zealand, and Australia compared, U.S. Dept. of Agriculture, , 36 p. (lire en ligne Accès libre), p. 2
  14. (es) « Punta Arenas y la economía magallánica (1848-1950) » Accès libre, sur Memoria Chilena, Bibliothèque nationale du Chili (consulté le )
  15. McDowell 2008, p. 45.
  16. (en) « QuickStats About New Zealand's Population and Dwellings: Population counts » [archive du ], 2006 Census, sur stats.govt.nz, Statistics New Zealand (consulté le )
  17. (en) « Story: Sheep farming » Accès libre, sur teara.govt.nz, TEARA:The Encyclopedia of New Zealand (consulté le )
  18. (en) « New Zealand Sheep Breeders Association » Accès libre, The New Zealand Sheepbreeders Association (consulté le )
  19. (en) « Sheep Breeds » Accès libre, sur nzsheep.co.nz, New Zealand Sheepbreeders' Association (consulté le )
  20. (en) « Robert and Jean Forrester:Winners of the NZ Ewe Hogget Competition 2013 » [PDF], New Zealand Sheep.co (consulté le )
  21. a et b (en) « Historical Evolution and Trade Patterns » Accès libre, sur teara.govt.nz, Encyclopediia of New Zealand (consulté le )
  22. (en) Easton, « Economy – Agricultural production » Accès libre, sur TeAra.govt.nz, Te Ara: The Encyclopedia of New Zealand, (consulté le )
  23. (en) Stringleman et Peden, « Sheep farming – Changes from the 20th century » Accès libre, Te Ara: The Encyclopedia of New Zealand, (consulté le )

 

Articles annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • [Acland 1946] (en) Leopold George Dyke Acland, The Early Canterbury Runs: Containing the First, Second and Third (new) Series, Christchurch, Whitcombe and Tombs Limited, (lire en ligne Accès libre), p. 140-143 Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • [Roberts 1991] (en) Betty Roberts et Norman Roberts, Old Stone House, 1870–1990 and the Cracroft Community Centre of Christchurch, 1972–1990, Lincoln, New Zealand, Te Waihora Press, , 174 p. (ISBN 0-473-01141-7, lire en ligne Accès payant) Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • [McDowell 2008] (en) Richard W. McDowell, Environmental Impacts of Pasture-based Farming, CABI, , 283 p. (ISBN 978-1-84593-434-7, lire en ligne Accès limité) Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • [McLintock 1966] (en) A. H. McLintock, An Encyclopaedia of New Zealand, Ministry for Culture and Heritage / Te Manatū Taonga, (1re éd. 1966) (lire en ligne Accès libre), « ACLAND, John Barton Arundel » Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • [Taylor 2001] (en) William Anderson Taylor, Lore and history of the South Island Maori, Christchurch, Kiwi Publishers, (lire en ligne Accès libre), « Port Cooper or Whangaraupo (Bay of the Raupo Reeds) », p. 57-63 Document utilisé pour la rédaction de l’article