Élections législatives françaises de 1876 — Wikipédia

Élections législatives françaises de 1876
533 députés à la Chambre des députés
et
Type d’élection Élections législatives
Corps électoral et résultats
Inscrits 9 701 000[1]
Votants 7 413 000[1]
76,4 %
Blancs et nuls 137 000[1]
Républicains – Jules Dufaure
Voix 4 058 000[1]
55,77 %
en augmentation 20,9
Députés élus 361 en augmentation 139
Monarchistes – Louis Buffet
Voix 1 893 000[1]
26,02 %
en diminution 36
Députés élus 78 en diminution 318
Bonapartistes – Eugène Rouher
Voix 1 325 000[1]
18,21 %
en augmentation 15,1
Députés élus 75 en augmentation 55
Députés élus par arrondissement
Carte
Composition de la Chambre des députés[2],[3]
Diagramme
Gouvernement
Sortant Élu
Louis Buffet
Monarchistes
Jules Dufaure
Républicains
Législature élue
Première de la IIIe Rép.

Les élections législatives de 1876 ont lieu les et , en application de la loi organique du 30 novembre 1875 sur l'élection des députés. Les députés sont élus au scrutin uninominal majoritaire à deux tours par arrondissement et au suffrage universel masculin. Le scrutin est largement remporté par les républicains, renversant la majorité monarchiste issu des élections législatives de 1871 ayant suivi la proclamation de la IIIe République.

Contexte

Après quatre ans de discussions, l'Assemblée nationale vote les lois constitutionnelles de la Troisième République [4] et à partir de novembre 1875, commence à débattre de sa date de dissolution ainsi que les dates des différentes élections, sénateurs inamovibles, sénatoriales et enfin législatives. Le 30 novembre, la loi organique du 30 novembre 1875 sur l'élection des députés est adoptée[5]. Le découpage électoral est ensuite mis en discussion du 20 au 24 décembre après un important débat sur le nombre de députés pour le département de la Seine, et surtout pour Paris. La ville est en effet largement républicaine et la majorité de droite veut diminuer son influence, elle ne donne donc que vingt députés, soit un par arrondissement, ne respectant ainsi pas la règle générale de rajouter un député si la population est de plus de 100 000 habitants. De même, Lyon n'est découpée qu'en cinq circonscriptions sans respect pour le nombre d'habitants[6].

Il est ensuite mis en discussion jusqu'au 31 décembre la loi concernant la liberté de la presse et l'état de siège dans les départements. Malgré les protestations des républicains, la loi est adoptée en laissant la possibilité au préfet d'interdire des journaux et quatre départements, les plus peuplés (la Seine, la Seine-et-Oise, le Rhône et les Bouches-du-Rhône), restent soumis à l'état de siège proclamé à la faveur de la guerre franco-prussienne de 1870-1871, restreignant donc la liberté de la presse et celle de réunion[7]. Le dernier jour de l'année entraine aussi la confirmation de la date des élections législatives au 20 février 1876 en métropole tandis que les élections dans les quatre colonies auront lieu le septième dimanche après la promulgation de cette loi[8].

Campagne électorale

La campagne débute presque immédiatement mais se confond avec celles des élections sénatoriales malgré son aspect indirect. Léon Gambetta devient alors la figure des républicains, faisant de nombreux discours. Les comités républicains le placent presque officiellement comme celui qui représente le camp républicain et le présentent dans 4 circonscriptions. Il présente alors une république libérale et un anticléricalisme modéré tout en se présentant comme un conservateur, car la république existe déjà. Le discours du 18 janvier à Aix marque une tentative de rallier les orléanistes à la république qui ne donne aucun résultat mais froisse les radicaux intransigeants qui restent sur son propre discours de Belleville[9]. C'est à ce moment qu'il embrasse alors le terme d'« opportuniste »[2].

Les bonapartistes s'organisent rapidement et le « comité national conservateur » soutient 225 candidatures sur les 550 possibles. Ils se placent dans une opposition contre la monarchie mais aussi contre la République. La principale ligne politique est toujours la même depuis 1871, le retour du prince, la protection contre « l'anarchie » et le « monarchisme », pour l'ordre moral et l'« appel au peuple »[10].

Résultats nationaux détaillés

Résultats en voix

Résultats en voix selon Salmon[1]
Bloc Tendances Voix %
Républicains
4 058 000
Républicains 3 967 000 53,5
Républicains constitutionnels à soutien républicain[11] 91 000 1,2
Monarchistes
1 893 000
Centre droit et orléanistes de toutes tendances 1 010 000 13,6
Légitimistes et candidats cléricaux 883 000 11,9
Bonapartistes
1 325 000
Bonapartistes 1 325 000 17,8
Bulletins blancs ou nuls 137 000 1,8
Total 7 413 000 100

Résultats en sièges

Résultats en sièges selon les sources[2],[12],[13],[14]
Bloc Tendances Sièges
Selon Grondeux Selon Lévêque Selon Salmon[15]
Républicains Extrême gauche 291 100 27
Extrême gauche et Union républicaine 13
Union républicaine 67
Gauche républicaine 160 149
Centre gauche 48 100 99
Républicains constitutionnels 22 - -
Total républicains 361 360 355
Conservateurs Constitutionnels - - 11
Centre droit orléaniste et « Conservateurs » 54 50 30
Bonapartistes 75 90 88
Légitimistes 24 20 41
Cléricaux 4
Total conservateurs 153 173 174
Divers Non-inscrits, incertains et ambigus 19 13 4
Total 533

Analyse

Le scrutin est marqué par la défaite de la majorité parlementaire monarchiste élue lors des élections de 1871. L'orléaniste Louis Buffet subit un échec personnel et abandonne la direction du gouvernement au républicain modéré Jules Dufaure. Commence alors une période de coexistence difficile entre le président monarchiste Patrice de Mac Mahon et la nouvelle majorité républicaine, qui débouche sur la crise du 16 mai 1877 et la dissolution de la chambre.

Résultats par départements et circonscriptions

Sur les 25 circonscriptions de Paris, la majorité conservatrice n'en remporte qu'une : celle de 8e arrondissement, gagnée par Louis Decazes, fils d'Élie Decazes, homme politique important sous la Restauration. L'Aquitaine et la Corse se révèlent bonapartistes. Le sud-est, le centre et l'est de la France sont majoritairement républicains-radicaux. Les légitimistes conservent une forte influence dans les départements de l'ouest de la France[16].

Carte des résultats électoraux de 1876 par départements et circonscriptions.


Crise du 16 mai

Le 16 mai 1877, le président de la République Patrice de Mac Mahon contraint à la démission le président du conseil, le républicain Jules Simon. Le successeur de ce dernier, l'orléaniste Albert de Broglie ne disposant pas d'une majorité à la Chambre des députés, son gouvernement essuie un vote de défiance par 363 voix contre 143. La chambre est dissoute le par le président Patrice de Mac Mahon.

Ire législature

Durée de la législature : -

Président de la République : Patrice de Mac Mahon.

Président de la Chambre des députés : Jules Grévy.

Liste des gouvernements successifs
Gouvernement Dates (Durée) Parti(s) Président du Conseil Composition initiale
1 Jules Dufaure Gouvernement Jules Dufaure (4) du au (269 jours) Gauche républicaine, Centre gauche, Orléanistes Jules Dufaure 9 ministres
1 secrétaire d'État
2 Jules Simon Gouvernement Jules Simon du au (155 jours) Jules Simon 9 ministres
1 secrétaire d'État
3 Albert de Broglie Gouvernement Albert de Broglie (3) du au (186 jours) Orléanistes, Bonapartistes Albert de Broglie 9 ministres
1 secrétaire d'État

Références

  1. a b c d e f et g Frédéric Salmon, Atlas électoral de la France : 1848-2001, Seuil, , 94 p. (ISBN 2-02-025568-5), p. XII
  2. a b et c Jérôme Grondeux, France contemporaine. La France entre en République 1870-1893, Paris, Librairie générale française, coll. « Le livre de poche Références histoire », , 220 p. (ISBN 978-2-253-90572-1), p. 68-73
  3. Pierre Lévêque, Histoire des forces politiques en France : 1880-1940, t. 2, Paris, Armand Colin, coll. « U. Science politique », (ISBN 978-2-200-21236-0), p. 8
  4. Damien Gros, Naissance de la Troisième République, Presses universitaires de France, (ISBN 978-2-13-060892-9, lire en ligne)
  5. Georges Ferrière, Le concept de représentation dans la pensée politique, Aix-en-Provence, Presses universitaires d’Aix-Marseille, coll. « Histoire des idées politiques », (ISBN 978-2-8218-5324-9, lire en ligne), « La loi électorale du 30 novembre 1875 : La difficile confirmation du suffrage universel », p. 421‑447
  6. Bernard Gaudillère, Atlas historique des circonscriptions électorales françaises, Genève, Librairie Droz, coll. « Hautes Études médiévales et modernes » (no 74), , 839 p. (ISBN 2-600-00065-8)
  7. Joseph Barthélemy, « Notes de droit public sur le droit public en temps de guerre », Revue du droit public et de la science politique en France et à l'Étranger,‎ , p. 145 (lire en ligne)
  8. « Le Temps », sur Gallica, (consulté le )
  9. Vincent Duclert, République imaginée: 1870-1914, Paris, Belin, coll. « Histoire de France » (no 9), , 864 p. (ISBN 978-2-7011-3388-1), p. 125-137
  10. Pierre Lévêque, Histoire des forces politiques en France : 1789-1880, t. 1, Paris, Armand Colin, coll. « U. Science politique », (ISBN 978-2-200-21236-0), chap. 11 (« Le bonapartisme : résurrection et effacement (1830-1879) »), p. 284-287
  11. Soutien accordé là où les républicains n'avaient pas de candidat
  12. Pierre Lévêque, Histoire des forces politiques en France 1789-1880, t. I, Paris, Armand Colin, , 370 p. (ISBN 2200212364), p. 255, 256, 286
  13. Pierre Lévêque, Histoire des forces politiques en France 1880-1940, t. II, Paris, Armand Colin, , 370 p. (ISBN 2200215657), p. 8
  14. Frédéric Salmon, « Carte du découpage électoral des élections législatives de 1876 en France », sur Géoelections, (consulté le )
  15. Après les élections complémentaires dues aux 10 élections multiples; avant celles-ci et en comptant les élus en double, leurs nombres étaient, pour l'extrême gauche de 26, pour l'Union républicaine de 71, pour la Gauche républicaine de 146, pour le Centre gauche de 98, pour les constitutionnels à soutien républicain de 2, et pour les bonapartistes de 90
  16. Carte des résultats sur Gallica

Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes