Élections législatives birmanes de 2020 — Wikipédia

Élections législatives birmanes de 2020
330 des 440 sièges à la Chambre des représentants
(Majorité absolue : 221 sièges)
168 des 224 sièges à la Chambre des nationalités
(Majorité absolue : 113 sièges)
Ligue nationale pour la démocratie – Aung San Suu Kyi
Chambre basse élus 258 en augmentation 3
Chambre haute élus 138 en augmentation 3
Parti de l'union, de la solidarité et du développement – Than Htay
Chambre basse élus 26 en diminution 4
Chambre haute élus 7 en diminution 4
Conseillère d'état
Sortant Élu
Aung San Suu Kyi
Ligue nationale pour la démocratie
Parlement jamais assermenté (Coup d'État de 2021 en Birmanie)

Les élections législatives birmanes de 2020 ont lieu le afin de renouveler les membres de la Chambre des représentants et de la Chambre des nationalités de la Birmanie.

Le scrutin est largement remporté par la Ligue nationale pour la démocratie (NLD) d'Aung San Suu Kyi, favorite du scrutin, qui accroit sa majorité absolue au parlement.

Le parlement issu de cette élection n'est cependant jamais inauguré, un coup d'État militaire ayant conduit le premier février 2021 au renversement du gouvernement et à la dissolution des deux chambres du parlement.

Contexte[modifier | modifier le code]

Les élections de novembre 2015 sont largement remportées par la Ligue nationale pour la démocratie menée par Aung San Suu Kyi. Cette dernière, qu'une disposition prise sur mesure par l'ex junte militaire empêche de prétendre au poste de présidente, devient ministre des Affaires étrangères, conseillère spéciale de l'État et porte-parole de la Présidence, une position qui lui permet d'exercer de facto les prérogatives d'un chef de gouvernement[1].

Mode de scrutin[modifier | modifier le code]

Lieu de réunion de l'assemblée, à Naypyidaw.

La Birmanie est dotée d'un parlement bicaméral, l'Assemblée de l'Union, composé d'une chambre basse, la Chambre des représentants et d'une chambre haute, la Chambre des nationalités. Toutes deux sont renouvelés simultanément tous les cinq ans, avec trois quarts des sièges à pourvoir au scrutin uninominal majoritaire à un tour, et le quart restant nommé par le commandant en chef des Forces armées birmanes, seuls le nombre de sièges et les circonscriptions électorales utilisées variant de l'une à l'autre[2].

La Chambre des représentants est ainsi composée de 440 sièges dont 330 au scrutin uninominal majoritaire à un tour dans autant de circonscriptions uninominales correspondant aux 330 municipalités du pays[2].

La Chambre des nationalités est quant à elle composée de 224 sièges dont 168 au scrutin uninominal majoritaire à un tour à raison de 12 sièges pour chacune des 7 régions et 7 états du pays[3].

Des seconds tours peuvent exceptionnellement avoir lieu en cas d'égalité des voix entre les deux candidats arrivés en tête. L'élection du représentant d'une circonscription n'est par ailleurs reconnue valide qu'à condition que la participation y atteigne le quorum de 50 % des inscrits. À défaut, un nouveau scrutin est organisé dans la circonscription concernée[3].

Déroulement[modifier | modifier le code]

Le scrutin est annulé dans 15 circonscriptions de la chambre des représentants et 7 autres de la chambre des nationalités du fait des affrontements armés en cours. D'autre part , 300 000 Rohingyas en âge de voter ne se voient toujours pas reconnu le statut de citoyens. Au total, près de deux millions de personnes sur 37 millions d'électeurs ne pourront participer au scrutin[4].

Résultats[modifier | modifier le code]

Chambre des représentants[modifier | modifier le code]

Résultats à la Chambre des représentants[5]
Parti Voix % +/– Sièges +/–
Ligue nationale pour la démocratie (LND) 258 en augmentation 3
Parti de l'union, de la solidarité et du développement (PUSD) 26 en diminution 4
Ligue des nationalités Shan pour la démocratie (SNLD) 13 en augmentation 1
Parti national de l'Arakan (ANP) 4 en diminution 8
Parti national Ta'ang (TNP) 3 en stagnation
Organisation nationale Pa-O 3 en stagnation
Parti de l'Unité Mon 2 en augmentation 2
Parti démocratique de l'Etat Kayah 2 en augmentation 2
Parti démocratique de l'Etat Kachin 1 en stagnation
Parti Arakan en avant 1 en augmentation 1
Parti national Wa 1 en stagnation
Congrès Zomi pour la démocratie 1 en stagnation
Autres partis 0 en stagnation
Indépendants 0 en stagnation
Sièges non pourvus 15 en augmentation 8
Membres nommés par l'armée 110 en stagnation
Suffrages exprimés
Votes blancs et invalides
Total 100 - 440 en stagnation
Abstentions
Inscrits / participation

Chambre des nationalités[modifier | modifier le code]

Résultats à la Chambre des nationalités[5]
Parti Voix % Sièges +/–
Ligue nationale pour la démocratie (LND) 138 en augmentation 3
Parti de l'union, de la solidarité et du développement (PUSD) 7 en diminution 4
Parti national de l'Arakan (ANP) 4 en diminution 6
Parti de l'Unité Mon 3 en augmentation 3
Parti démocratique de l'Etat Kayah 3 en augmentation 3
Ligue des nationalités Shan pour la démocratie (SNLD) 2 en diminution 1
Parti national Ta'ang (TNP) 2 en stagnation
Organisation nationale Pa-O 1 en stagnation
Parti démocratique de l'Etat Kachin 1 en augmentation 1
Autres partis 0 en stagnation
Indépendants 0 en diminution 2
Sièges non pourvus 7 en augmentation 7
Membres nommés par l'armée 56 en stagnation
Suffrages exprimés
Votes blancs et invalides
Total 100 224 en stagnation
Abstentions
Inscrits / participation

Analyse[modifier | modifier le code]

La Ligue nationale pour la démocratie (NLD) d'Aung San Suu Kyi remporte une victoire encore plus nette qu’au dernier scrutin législatif de 2015, qui avait propulsé au pouvoir le parti de l’ancienne dissidente après des décennies de dictature. Cette victoire, écrasante, dépasse même les attentes des dirigeants du parti. Le principal parti d'opposition, le Parti de l’union, de la solidarité et du développement (USDP), issu des anciens membres de la junte militaire, connait un échec cinglant[6],[7].

Suites[modifier | modifier le code]

Le , le général Min Aung Hlaing, le chef des forces armées birmanes, conteste les résultats du scrutin et appelle à une vérification des listes électorales, sans quoi l'armée interviendrait pour résoudre la crise politique. La commission électorale dément ces accusations[8]. L'armée dément le 30 vouloir perpétrer un coup d'État[9].

Après des jours de rumeurs, Aung San Suu Kyi et le président Win Myint sont arrêtés par l'armée le 1er février, veille de la prestation de serment des nouveaux parlementaires. L'état d'urgence est proclamé pour un an, le parlement dissous et un général nommé chef de l'état avec les pleins pouvoirs[10].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Législatives en Birmanie: le parti d'Aung San Suu Kyi grand favori », sur LExpress.fr, lexpress, (consulté le ).
  2. a et b Inter-Parliamentary Union, « IPU PARLINE database: MYANMAR (Pyithu Hluttaw), Texte intégral », sur archive.ipu.org (consulté le ).
  3. a et b Inter-Parliamentary Union, « IPU PARLINE database: MYANMAR (Amyotha Hluttaw), Texte intégral », sur archive.ipu.org (consulté le ).
  4. L'Express ," Législatives en Birmanie: le parti d'Aung San Suu Kyi grand favori
  5. a et b (en) « Union Election Commission (UEC) », sur Union Election Commission (consulté le ).
  6. « En Birmanie, le triomphe électoral du parti d’Aung San Suu Kyi », sur Le Monde.fr, Le Monde, (ISSN 1950-6244, consulté le ).
  7. « Élections en Birmanie : et maintenant ? », sur IRIS (consulté le ).
  8. « En Birmanie, des cadres de l’armée font planer la menace d’un coup d’Etat », sur Le Monde.fr, Le Monde, (ISSN 1950-6244, consulté le ).
  9. « Birmanie : l'armée dément les rumeurs de coup d'Etat », sur euronews, (consulté le ).
  10. « Birmanie : Aung San Suu Kyi «arrêtée» par l'armée, selon le porte-parole de son parti », sur LEFIGARO, lefigaro (ISSN 0182-5852, consulté le ).