Élections législatives birmanes de 2015 — Wikipédia

Élections législatives birmanes de 2015
75 % sièges de la Chambre des représentants
75 % des sièges de la Chambre des nationalités
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LND – Aung San Suu Kyi
Sièges obtenus 135 en augmentation 131
Représentants élus 255 en augmentation 218
USDP – Shwe Mann
Sièges obtenus 12 en diminution 112
Représentants élus 29 en diminution 183
PNA
Sièges obtenus 10 en augmentation 4
Représentants élus 12 en augmentation 4
LNSD – Khun Htun Oo
Sièges obtenus 3 en augmentation 3
Représentants élus 12 en augmentation 12
Président
Sortant Élu
Thein Sein
Parti de l'union, de la solidarité et du développement
Htin KyawVoir et modifier les données sur Wikidata
uecmyanmar.org

Les élections législatives birmanes de 2015 qui se déroulent le [1],[2] désignent 498 des 664 membres des deux chambres du Parlement de la Birmanie.

Système électoral[modifier | modifier le code]

Les élections législatives en Birmanie fonctionnent selon le système majoritaire uninominal, au suffrage universel direct à un tour. Chaque électeur choisit trois candidats, l'un à la chambre haute du Parlement (Amyotha Hluttaw ou chambre des nationalités), l'autre à la chambre basse du Parlement (Pyithu Hluttaw ou chambre des représentants) et le troisième à l'assemblée régionale correspondant à son lieu de résidence[3].

Le Parlement birman, (Pyidaungsu Hluttaw ou Assemblée de l'Union) est en effet constituée de deux chambres : la chambre haute, Amyotha Hluttaw avec 224 sièges, et la chambre basse, Pyithu Hluttaw avec 440 sièges. Le caractère démocratique du système législatif est toutefois sérieusement limité par la réservation à des militaires non élus de 25 % des sièges de l'une et l'autre assemblées. D'autre part, les sept États habités par les minorités ethniques à la périphérie du pays et les sept régions d'ethnie birmane sont dotés d'assemblées d’État (ပြည်နယ်; pyi ne, IPA: [pjìnɛ̀]) ou d'assemblées régionales (တိုင်းဒေသကြီး; taing detha gyi, IPA: [táiɴ dèθa̰ dʑí]), dont le nombre de membres dépend de celui des communes, 143 pour l'État Shan, 123 pour la région de Yangon, mais seulement 20 pour l'État Karen[4]. L'ensemble de ces assemblées d'État, régionales et locales est constituée de 864 membres dont 644 élus, les autres étant des militaires.

Le nouveau Parlement désignera le futur président en 2016.

Contexte[modifier | modifier le code]

Pour la deuxième fois depuis l'entrée en vigueur de la Constitution de 2008, une trentaine de millions de Birmans élisent leurs députés aux trois assemblées. Quelque 90 partis sont en lice, mais l'enjeu est le score qu'obtiendront les deux principaux partis, le Parti de l'union, de la solidarité et du développement (USDP) de l'actuel président Thein Sein, qui détient actuellement la majorité, et la Ligue nationale pour la démocratie (LND) de l'opposante Aung San Suu Kyi, élue députée aux élections législatives partielles de 2012[5]. Lors des élections autorisées en 1990 par le pouvoir militaire, la LND avait déjà remporté 392 sur 485 sièges du Parlement, mais la junte avait invalidé ces résultats, se déclarant seule détentrice du pouvoir législatif[6].

Le secrétaire général de l'Onu, Ban Ki-moon, s'est dit préoccupé par "l'usage de la religion à des fins politiques" et par "les discours de haine" tenus à l'occasion de ces élections[7]. Les conditions dans lesquelles elles se tiennent compromettent en effet leur validité. Dans un pays où les musulmans représentent 5 % de la population, la plupart des candidatures musulmanes, dont celles des parlementaires actuellement en exercice, ont été invalidées, y compris par la LND qui admet céder à la pression des nationalistes bouddhistes islamophobes, très actifs depuis plusieurs mois, comme l'association Ma Ba Tha[8]. Quant aux Rohingya au nombre d'environ un million, ils ne sont toujours pas considérés comme des citoyens birmans et sont donc privés du droit de vote.

Outre cette limitation du droit de vote et d'élégibilité, diverses circonstances restreignent le nombre d'inscrits et de votants. Beaucoup de travailleurs expatriés en Thaïlande où ils seraient trois millions, mais aussi en Malaisie et à Singapour ne se sont pas inscrits, souvent faute d'information. Le porte-parole de la commission électorale, Thein Oo a lui-même reconnu qu'il y avait des problèmes dans l'organisation du vote à l'étranger. Il en est de même pour les migrants de l'intérieur, quelques dizaines de milliers[3], ainsi que pour les réfugiés d'ethnie Karen qui vivent dans les camps à la frontière thailandaise. Par ailleurs, le vote ne sera pas assuré dans certaines zones tenues par des groupes rebelles armés de minorités ethniques, y compris là où des accords de cessez-le-feu ont été récemment conclus, la situation demeurant incertaine[9],[10]. De ce fait, sept sièges ont été supprimés à la Chambre des représentants et quatorze dans les assemblées régionales. Le journal de l'opposition Irrawaddy avance le chiffre de près de quatre millions de Birmans qui ne pourraient pas voter pour diverses raisons[11].

Résultats[modifier | modifier le code]

La participation est estimée à 80 % de l'électorat. La Commission électorale annonce dès le 13 novembre la très large victoire de la LND, le parti de l'opposition[12], qui a finalement obtenu au total 390 sièges et devient largement majoritaire dans les deux assemblées du parlement contre 41 à l'UNSD[13], dont certains membres de premier plan ont été battus[14] ; même dans la nouvelle capitale de Naypyidaw, habitée uniquement par des fonctionnaires, on a on a voté pour la LND[15]. Le président Thein Sein, lui-même, a félicité Aung San Suu Kyi pour sa victoire, et déclaré que le gouvernement sortant accepterait les résultats et assurerait la stabilité dans la période de transition, les nouveaux élus ne devant siéger que fin janvier 2016[16]. Ils ne pourront pas élire un nouveau président avant février ou mars 2016.

Chambre des représentants[modifier | modifier le code]

330 des 440 sièges au Pyithu Hluttaw (Chambre des représentants) étaient à pourvoir. Les 110 sièges restants (25 %) ne sont pas élus mais, à la place, réservés pour des militaires nommés (pris dans le personnel de la Tatmadaw ; officiellement connus comme les "représentants de l'Armée").

Chambre des représentants en 2015
Parti Suffrages Députés
Voix % Sièges +/- %
Ligue nationale pour la démocratie (NLD) 12 794 561 57,06 255 +218 57,95 %
Parti de l'union, de la solidarité et du développement (USDP) 6 341 920 28,28 30 –183 6,81 %
Ligue des nationalités Shan pour la démocratie (SNLD) 352 914 1,57 12 +12 2,73 %
Parti national de l'Arakan 490 664 2,19 12 +4 2,73 %
Organisation nationale Pa-O (PNO) 224 673 1,00 3 ±0 0,68 %
Parti national Ta'Arng 97 394 0,43 3 +2 0,68 %
Congrès Zomi pour la démocratie (ZCD) 27 142 0,12 2 +2 0,45 %
Parti du développement national Lisu (LNDP) 24 096 0,11 2 +2 0,45 %
Parti de la démocratie de l'État Kachin (KSDP) 27 877 0,12 1 +1 0,23 %
Parti démocratie et unité du Kokang (KDUP) 13 990 0,06 1 ±0 0,23 %
Parti démocratique Wa (WDP) 8 216 0,04 1 -1 0,23 %
Indépendants 1 005 617 4,48 1 0,23 %
Sièges non pourvus pour cause d'insurrection - - 7 - 1,59 %
Militaires nommés - - 110 - 25 %
TOTAL 440 100%

Chambre des nationalités[modifier | modifier le code]

Un bulletin de vote et un tampon encreur dans un bureau de vote.
Chambre des nationalités en 2015

168 des 224 sièges au Amyotha Hluttaw (Chambre des nationalités) étaient en lice pour les élections. Les 56 sièges restants (25 %) ne sont pas élus mais, à la place, réservés pour des militaires nommés (pris dans le personnel des Forces armées birmanes ; officiellement connus comme les "représentants de l'Armée").

Parti Suffrages Députés
Voix % +/- Sièges +/- %
Ligue nationale pour la démocratie (NLD) 135 +131 60,27 %
Parti de l'union, de la solidarité et du développement (USDP) 11 –112 4,91 %
Parti national de l'Arakan 10 +3 4,46 %
Ligue des nationalités Shan pour la démocratie (SNLD) 3 +3 1,34 %
Parti national Ta'Arng 2 +2 0,89 %
Congrès Zomi pour la démocratie (ZCD) 2 +2 0,89 %
Parti national Môn 1 +1 0,45 %
Organisation nationale Pa-O (PNO) 1 ±0 0,45 %
Parti de l'unité nationale (NUP) 1 -4 0,45 %
Indépendants 2 +1 0,89 %
Militaires nommés - - - 56 - 25 %
TOTAL 224 100%

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Obama appelle à des élections libres en Birmanie », sur lemonde.fr,
  2. « Birmanie/élections : des observateurs occidentaux invités », sur lefigaro.fr,
  3. a et b « Elections en Birmanie: le retour de la démocratie ? », sur ARTE Info, (consulté le )
  4. « Les institutions de la République de l’Union de Birmanie », sur La France en Birmanie (consulté le )
  5. Manon Vercouter, « Les élections générales de 2015 sauveront-elles la Birmanie, déchirée entre groupes armés et pouvoir autoritaire ? », sur Maze.fr, (consulté le )
  6. « TimelineJS Embed », sur cdn.knightlab.com (consulté le )
  7. « Birmanie : « Un discours de haine » décrié avant des élections historiques », sur geopolis.francetvinfo.fr, (consulté le )
  8. (en-US) « NLD Blocked Muslim Candidates to Appease Ma Ba Tha: Party Member », sur The Irrawaddy, (consulté le )
  9. « La Birmanie organise ses premières élections libres depuis 25 ans », sur lefigaro.fr, (consulté le )
  10. « Vers la fin du conflit en Birmanie ? », sur Blasting News, (consulté le )
  11. (en-US) « Around 4 Million Voters Shut Out of Myanmar’s Election », sur The Irrawaddy, (consulté le )
  12. « Législatives en Birmanie: victoire historique du parti d'Aung San Suu Kyi », sur lexpress.fr, (consulté le ).
  13. (en) « Burma Results 2015 », sur The Irrawaddy, (consulté le ).
  14. « Birmanie: premiers aveux de défaite du pouvoir », sur Le Figaro, (consulté le ).
  15. « Birmanie: les héritiers de la junte jouent pour l'heure le jeu de la transition démocratique », sur lexpress.fr, (consulté le ).
  16. « Birmanie: les militaires vont «transférer le pouvoir pacifiquement» », sur rfi.fr, (consulté le ).