Élections générales péruviennes de 2016 — Wikipédia

Élections générales péruviennes de 2016
Président pour le mandat 2016-2021
130 sièges au Congrès
5 sièges au Parlement andin
(1er tour)
(2e tour)
Corps électoral et résultats
Population 30 814 175
Inscrits 22 901 954
Votants au 1er tour 18 734 130
82,95 %
Votes exprimés au 1er tour 16 814 143
Votes blancs au 1er tour 2 225 449
Votes nuls au 1er tour 1 168 538
Votants au 2d tour 18 335 385
81,06 %
Votes exprimés au 2d tour 17 141 007
Votes blancs au 2d tour 149 476
Votes nuls au 2d tour 1 044 902
Pedro Pablo Kuczynski – Péruviens pour le changement
Colistier :
Martín Vizcarra
Mercedes Aráoz
Voix au 1er tour 3 228 661
21,05 %
Voix au 2e tour 8 580 474
50,12 %
Députés élus 18 en augmentation 13
Keiko Fujimori – Force populaire
Colistier :
José Chlimper
Vladimiro Huaroc
Voix au 1er tour 6 115 073
39,86 %
Voix au 2e tour 8 539 036
49,88 %
Députés élus 73 en augmentation 70
Verónika Mendoza – Frente amplio
Voix au 1er tour 2 874 940
18,74 %
Députés élus 20 en augmentation 12
Alfredo Barnechea – Action populaire
Voix au 1er tour 1 069 360
6,97 %
Députés élus 5 en stagnation
Alan García – Alliance populaire
Voix au 1er tour 894,278
5,83 %
Députés élus 5 en diminution 3
Candidat arrivé en tête dans chaque département lors du second tour.
Carte
Diagramme
Président du Pérou
Sortant Élu
Ollanta Humala
Parti nationaliste péruvien
Pedro Pablo Kuczynski
Péruviens pour le changement

Les élections générales péruviennes de 2016 ont lieu le (premier tour) et le (second tour), pour désigner le président de la République et ses vice-présidents, ainsi que les 130 députés au Congrès de la République pour la période 2016-2021. Le président sortant, Ollanta Humala, ne peut pas se présenter à sa propre succession à cause de la constitution péruvienne qui interdit d'effectuer deux mandats successifs.

Pedro Pablo Kuczynski remporte le second tour de la présidentielle face à Keiko Fujimori avec 50,1 % des voix. Mis en cause dans un scandale de corruption, il échappe de peu à la destitution en 2017 ; l'année suivante, sous le coup d'une seconde procédure de destitution, il démissionne la veille du vote du parlement, le 21 mars 2018[1].

Postes à pourvoir[modifier | modifier le code]

Les élections concernent les postes suivants :

Les parlementaires prêtent serment et entrent en fonction le 27 juillet 2016.

Système électoral des législatives[modifier | modifier le code]

Le Congrès de la République est un parlement unicaméral doté de 130 sièges pourvus pour cinq ans au scrutin proportionnel plurinominal dans 25 circonscriptions électorales plurinominales. Les sièges sont répartis selon la méthode d'Hondt au quotient simple, sans seuil électoral. Les électeurs ont également la possibilité d'effectuer jusqu'à deux votes préférentiels pour des candidats de la liste choisie afin de faire monter leurs place dans celle-ci[2],[3],[4].

Le vote est obligatoire pour tous les citoyens âgés de 18 à 70 ans. Les élections ont traditionnellement lieu en avril pour une mise en place de la nouvelle législature en juillet[4].

Contexte[modifier | modifier le code]

La Constitution interdisant la réélection du président Ollanta Humala, les électeurs ont le choix entre 19 candidats et autant de mouvements politiques, dont la grande majorité est inconnue du public, et qui ont été créés au cours des dernières années dans le seul but de permettre à un candidat de postuler à l'élection présidentielle[5].

Keiko Fujimori, fille de l'ancien président Alberto Fujimori, ancienne parlementaire et candidate malheureuse à l'élection présidentielle de 2011, est la favorite des sondages[6].

Le , la commission nationale électorale (Jurado Nacional de Elecciones) exclut les candidatures de Julio Guzman et César Acuña Peralta. Le premier est accusé de ne pas avoir respecté le processus interne de désignation du parti, le second est accusé d’avoir distribué de l’argent en espèces à des sympathisants[7].

Candidats à la présidence[modifier | modifier le code]

Principaux candidats[modifier | modifier le code]

Autres candidats[modifier | modifier le code]

Sondages[modifier | modifier le code]

Les tableaux suivants présentent l'évolution des intentions de vote peu avant les élections.

date sondeur source Keiko Fujimori Julio Guzmán Pedro Pablo Kuczynski César Acuña Peralta Alan García Alfredo Barnechea Verónika Mendoza Alejandro Toledo
Février 2016 CPI [1] 34,1 % 14,1 % 7,7 % 12,6 % 6,2 % 2,1 % 2,7 % 2,2 %
Datum [2] 35 % 17 % 11 % 8 % 4 % 3 % 2 % 2 %
Ipsos Perú [3] 30 % 18 % 9 % 6 % 5 % 4 % 4 % 2 %
CPI [4] 33,7 % 18,3 % 6,8 % 7,3 % 6,4 % 3,8 % 4,1 % 1,8 %
GfK [5] 34,6 % 16,6 % 6,9 % 3,6 % 4,3 % 3,7 % 5,1 % 1,6 %

Après l'exclusion des candidats Julio Guzmán et César Acuña Peralta.

Date sondeur source Keiko Fujimori Pedro Pablo Kuczynski Alfredo Barnechea Verónika Mendoza Alan García Alejandro Toledo
Mars 2016 GfK [6] 37,7 % 10,1 % 6,7 % 5,6 % 4,5 % 1,7 %
Datum [7] 37 % 14 % 9 % 8 % 7 % 1 %
Ipsos Perú [8] 32 % 14 % 9 % 9 % 6 % 2 %
Vox Populi [9] 33 % 10 % 12 % 8 % 6 % 1 %
CPI [10] 37,6 % 15,3 % 11,7 % 9,3 % 6,5 % 1,4 %
Ipsos Perú [11] 31 % 15 % 12 % 12 % 6 % 1 %
GfK [12] 33,8 % 15,9 % 11,8 % 7,5 % 5,8 % 1,8 %
Datum [13] 36 % 18 % 14 % 12 % 4 % 0,9 %
Ipsos Perú [14] 32 % 16 % 12 % 11 % 6 % 2 %
CPI [15] 34,6 % 15 % 10,9 % 11,3 % 6 % 1 %
Vox Populi [16] 31,2 % 14,1 % 10,3 % 12,9 % 5,6 % -
Avril 2016 Datum [17] 36 % 17 % 15 % 10 % 4 % 0,9 %
GfK [18] 35 % 16,1 % 14 % 9,7 % 5,5 % 0,7 %
Ipsos [19] 33 % 16 % 15 % 8 % 5,3 % -
CPI [20] 37,3 % 15,4 % 13,7 % 8,3 % 6,2 % 1,1 %

Résultats[modifier | modifier le code]

Élection présidentielle[modifier | modifier le code]

Le premier tour a lieu le 10 avril, le second le 5 juin. Pedro Pablo Kuczynski est élu président face à Keiko Fujimori, à environ 50 000 voix d’écart.

Résultat de la présidentielle péruvienne de 2016[8],[9]
Candidat
Parti politique
Premier tour
Second tour
Voix % Voix %
Keiko Fujimori
Force populaire
6 115 073 39,86 8 549 205 49,87
Pedro Pablo Kuczynski
Péruviens pour le changement
3 228 661 21,05 8 591 802 50,12
Verónika Mendoza
Front large
2 874 940 18,74
Alfredo Barnechea
Action populaire
1 069 360 6,97
Alan García
Alliance populaire révolutionnaire américaine
894 278 5,83
Gregorio Santos (es)
Démocratie directe
613 173 4,00
Fernando Olivera
Front de l'espérance
203 103 1,32
Alejandro Toledo
Pérou possible
200 012 1,30
Miguel Hilario
Pérou en développement
75 870 0,49
Ántero Flores-Aráoz
Parti politique de l’ordre
65 673 0,43
Votes valides 15 340 143 81,88 17 152 817 93,51
Votes blancs ou invalides 3 393 987 18,12 1 190 079 6,49
Total 18 734 130 100 18 342 896 100
Abstention 4 167 824 18,20 4 559 058 19,91
Inscrits/Participation 22 901 954 81,80 22 901 954 80,09

Élections législatives[modifier | modifier le code]

Parti Voix % Sièges
Force populaire 4 431 077 36,34 73
Péruviens pour le changement 2 007 710 16,46 18
Front large 1 700 052 13,94 20
Alliance pour le progrès 1 125 682 9,23 9
Alliance populaire révolutionnaire américaine 1 013 735 8,31 5
Action populaire 877 734 7,20 5
Démocratie directe 528 301 4,33 0
Pérou possible 286 980 2,35 0
Front de l'espérance 139 634 1,15 0
Parti politique de l’ordre 68 474 0,56 0
Pérou en développement 14 663 0,12 0
Total 12 194 042 100,00 130
Abstention 10 707 912 46,76
Inscrits/participation 22 901 954 53,24

Suites[modifier | modifier le code]

Dès le début de son mandat, le président Kuczynski est confronté à des affaires de corruption qui provoquent la démission de plusieurs de ses conseillers[10]. Il est lui-même mis en cause, de même que Keiko Fujimori, dans l'affaire dite Odebrecht du nom de l'entreprise brésilienne de BTP, pétrochimie et armement accusée de corruption dans plusieurs pays du continent sud américain. S'il nie dans un premier temps toute connexion avec Odebrecht, Kuczynski est mis à mal par l'aveu de l'ex-président de la compagnie qui affirme que des versements de près de 5 millions de dollars à des sociétés de conseil lui sont liés entre 2004 et 2013, à une époque où il était ministre[11]. Alors que sa popularité tombe sous les 20 % d'opinions favorables, le congrès décide de mettre en œuvre une procédure de destitution à son encontre. La réussite de la procédure est alors considérée comme assurée, d'autant que les sondages d'opinion révèlent une majorité de péruvien en faveur de celle-ci[12]. Le 21 décembre 2017, contre toute attente, l'opposition échoue cependant à réunir la majorité des deux tiers nécessaire, 79 parlementaires ayant votés pour, 19 contre et 21 s'étant abstenus[12].

Trois jours plus tard, le président Kuczynski gracie l'ancien président Alberto Fujimori, ce qu'il s'était engagé à ne pas faire durant la campagne présidentielle. Président autoritaire de 1990 à 2000 ayant dû fuir le pays, Fujimori était mis en cause par la justice péruvienne dans des tueries perpétrées sous prétexte d'opérations de contre-guérilla. Cette décision provoque de vives critiques, notamment de la part des familles des victimes. Kuczynski est alors soupçonné d'avoir monnayé cette grâce contre un vote contre sa destitution auprès de députés de l'opposition fujimoriste[13]. Si la grâce est finalement cassée par la justice le 3 octobre, la perte de confiance envers le président est sévère. Les ministres de la Culture et de la Défense démissionnent, tandis que plusieurs députés quittent le parti au pouvoir. Enfin, l'opposition rend publiques des vidéos attestant de l’achat des voix de plusieurs députés lors du vote[14],[15].

Martín Vizcarra en 2018.

Une seconde procédure de destitution est entre-temps lancée, pour un vote prévu le 22 mars 2018. Assuré de perdre, Kuczynski démissionne la veille[16].

En tant que premier vice-président, Martín Vizcarra prête serment et entre en fonction deux jours plus tard, le temps de revenir du Canada où il était ambassadeur. Vizcarra se lance alors dans des réformes anti-corruption qu'il finit par faire approuver par référendum le 9 décembre 2018.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Pérou : proche de la destitution, le président Pedro Pablo Kuczynski démissionne », sur Le Monde.fr, (consulté le ).
  2. Inter-Parliamentary Union, « IPU PARLINE database: PEROU (Congreso de la República), Texte intégral » (consulté le )
  3. « Peru: Leyes Electorales / Electoral Laws » (consulté le )
  4. a et b « Decreto Ley » (consulté le )
  5. « Au Pérou, les « outsiders » se disputent les élections », sur Le monde, (consulté le ).
  6. « Qui est Keiko Fujimori, la favorite à l'élection présidentielle du Pérou ? », sur Grazia, (consulté le ).
  7. « Pérou. Deux candidats à l'élection présidentielle disqualifiés », sur Courrier international, (consulté le ).
  8. (es) « ONPE - Oficina Nacional de Procesos Electorales », sur www.web.onpe.gob.pe (consulté le ).
  9. (es) « ONPE - Oficina Nacional de Procesos Electorales », sur www.web.onpe.gob.pe (consulté le ).
  10. gestion.pe, « Comisión de Fiscalización visitará a PPK por caso del ex asesor Carlos Moreno », Gestion,‎ (lire en ligne, consulté le )
  11. Pérou: menacé de destitution, le président Kuczynski se défend au Parlement
  12. a et b Marie Delcas, « Pérou : le président Kuczynski évite la destitution », lemonde.fr, 22 décembre 2017.
  13. « Au Pérou, 230 auteurs signent un manifeste contre la grâce de l’ex-président Fujimori », sur Le Monde, (consulté le )
  14. « Un juge péruvien annule la grâce accordée à l'ex-président Fujimori et ordonne son arrestation - France 24 », sur France 24 (consulté le )
  15. « Pérou : proche de la destitution, le président Pedro Pablo Kuczynski démissionne », sur Le Monde, (consulté le )
  16. « Pérou: la démission de Kuczynski acceptée », sur Le Figaro (consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]