Élection présidentielle mauritanienne de 2019 — Wikipédia

Élection présidentielle mauritanienne de 2019
Corps électoral et résultats
Inscrits 1 544 132
Votants 967 072
62,63 % en augmentation 6,2
Blancs et nuls 38 300
Mohamed Ould Ghazouani – Union pour la République
Voix 483 007
52,00 %
Biram Dah Abeid – Indépendant
Voix 172 649
18,59 %
Sidi Mohamed Ould Boubakar – Indépendant, RNRD
Voix 165 995
17,87 %
Baba Hamidou Kane – Coalition Vivre Ensemble
Voix 80 916
8,70 %
Président de la République
Sortant Élu
Mohamed Ould Abdel Aziz
UPR
Mohamed Ould Ghazouani
UPR

L'élection présidentielle mauritanienne de 2019 a lieu le afin d'élire le président de la République pour un mandat de cinq ans. La constitution mauritanienne limitant à deux le nombre de mandats présidentiels, le président sortant Mohamed Ould Abdel Aziz n'est pas candidat à sa réélection[1],[2].

Si les opposants prêtent à ce dernier l'ambition d'un scénario à la russe destiné à lui permettre de revenir au pouvoir après un mandat de son dauphin Mohamed Ould Ghazouani, le scrutin présidentiel est néanmoins jugé historique[3],[4]. Pour la première fois depuis l'indépendance du pays en 1960, une passation de pouvoir a lieu de manière pacifique sans coup d’État, bien qu'entre deux ex-militaires[5],[6],[7].

Mohamed Ould Ghazouani est élu dès le premier tour. L'ex-général et ministre de la Défense recueille ainsi 52,00 % des suffrages, devant le militant anti-esclavagiste Biram Dah Abeid, qui en recueille 18,59 %.

Mode de scrutin[modifier | modifier le code]

Le président mauritanien est élu au scrutin uninominal majoritaire à deux tours pour un mandat de cinq ans renouvelable une seule fois. Si aucun candidat ne recueille la majorité absolue des suffrages exprimés au premier tour, un second est convoqué deux semaines plus tard entre les deux candidats arrivés en tête, et celui recueillant le plus de suffrages l'emporte[8].

Les candidats doivent obligatoirement être de religion musulmane, et être âgés de quarante ans minimum et soixante quinze ans maximum à la date du premier tour[8].

La campagne électorale se déroule du 7 au . En cas de second tour, celui-ci est prévu le . Pour la première fois, les militaires peuvent voter le même jour que les civils.

Campagne[modifier | modifier le code]

En , deux mois avant le scrutin, le gouvernement rejette l'invitation d'observateurs internationaux, estimant que le système électoral mauritanien est suffisamment fiable[9]. Les équipes de campagne des différents candidats continuent de faire campagne le jour du scrutin, malgré la fin de campagne officielle[10].

Résultats[modifier | modifier le code]

Résultats de la présidentielle mauritanienne de 2019[11]
Candidats Partis Voix %
Mohamed Ould Ghazouani UPR 483 007 52,00
Biram Dah Abeid Ind. 172 649 18,59
Sidi Mohamed Ould Boubakar Ind.[a] 165 995 17,87
Kane Hamidou Baba CVE 80 777 8,70
Mohamed Ould Mouloud UFD 22 656 2,44
Mohamed Lemine El-Mourteji El-Wavi Ind. 3 688 0,40
Votes valides 928 772 96,04
Votes blancs 9 504 0,98
Votes invalides 28 796 2,98
Total 967 072 100
Abstention 577 060 37,37
Inscrits / participation 1 544 132 62,63

Analyse[modifier | modifier le code]

Selon Alain Antil, de l'Institut français de relations internationales, Ould Ghazouani est « très structuré et était très apprécié dans l'armée mauritanienne. Ce n'est pas du tout un homme de paille ». Le pouvoir a par ailleurs été « surpris » par le résultat de l'opposition[12].

Suites[modifier | modifier le code]

Dénonçant des irrégularités, les candidats malheureux décident de saisir les tribunaux[13],[14]. Des manifestations et heurts éclatent tandis que l'internet est coupé et que des unités d’élite de l’armée, de la garde et de la police anti-émeute sont déployées dans toute la capitale[13]. Le gouvernement mauritanien accuse puis arrête quant à lui des ressortissants du Sénégal, de la Gambie et du Mali pour avoir participé aux manifestations[15]. Par la suite, les QG des quatre candidats battus sont placés sous scellé[16]. Le réseau internet fixe est finalement rétabli le [17].

Le 1er juillet, le Conseil constitutionnel confirme les résultats, rejette les recours pour « insuffisance de preuves » et proclame Ghazouani vainqueur[18]. La prestation de serment a lieu le 1er août[19].

Références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Candidat indépendant soutenu par plusieurs partis dont le Rassemblement national pour la réforme et le développement.

Références[modifier | modifier le code]

  1. Mauritanie : Mohamed Ould Ghazouani, l’homme de l’ombre
  2. Mauritanie: un militant anti-esclavagiste candidat à l’élection présidentielle
  3. Election en Mauritanie: la dernière sortie du président Aziz agace les candidats
  4. Mauritanie: le président Aziz n’exclut pas une future candidature présidentielle
  5. Mauritanie: succession à l’amiable au pouvoir
  6. Présidentielle en Mauritanie pour une transition démocratique inédite, voire une alternance
  7. Christophe Châtelot, « Les limites de la démocratie mauritanienne », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
  8. a et b Jean-Pierre Maury, « Constitution mauritanienne 2017, Digithèque MJP », sur mjp.univ-perp.fr (consulté le ).
  9. « Mauritanie : les observateurs internationaux « non grata » dans les bureaux de vote », sur La Tribune (consulté le )
  10. Le Point, magazine, « Présidentielle en Mauritanie: la campagne jusqu'au bout », sur Le Point (consulté le )
  11. « Le Conseil constitutionnel annonce l'élection de Monsieur Mohamed Ould Cheikh Ghazouani comme président de la République », sur Agence Mauritanienne de l'Information, (consulté le )
  12. « Crise post-électorale en Mauritanie : le pouvoir a "surréagi" (expert français) », sur TV5MONDE (consulté le )
  13. a et b « Mauritanie: climat tendu avant l'annonce des résultats définitifs - RFI », sur RFI Afrique (consulté le )
  14. Le Point, magazine, « Mauritanie : l'opposition conteste la victoire du candidat du pouvoir mais appelle au calme », sur Le Point (consulté le )
  15. « Mauritanie : une centaine d’« étrangers » arrêtés, Internet coupé », sur Le Monde.fr (consulté le )
  16. Le Point, magazine, « Mauritanie: l'opposition dénonce un "état de siège", le pouvoir appelle à faire confiance à la justice », sur Le Point (consulté le )
  17. « Présidentielle en Mauritanie : Mohamed Ould Ghazouani salue « l’enracinement du pluralisme démocratique » – JeuneAfrique.com », sur JeuneAfrique.com (consulté le )
  18. Le Point, magazine, « Présidentielle en Mauritanie: le candidat du pouvoir proclamé élu au premier tour », sur Le Point (consulté le )
  19. « Mauritanie: défis et promesses du nouveau président Mohamed Ould Ghazouani - RFI », sur RFI Afrique (consulté le ).