Élection présidentielle malawite de 2019 — Wikipédia

Élection présidentielle malawite de 2019
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Corps électoral et résultats
Inscrits 6 859 570
Votants 5 105 983
74,44 % en augmentation 3,7
Blancs et nuls 74 719
Peter Mutharika – Parti démocrate-progressiste
Colistier : Everton Chimulirenji
Voix 1 940 709
38,57 %
Lazarus Chakwera – Parti du congrès du Malawi
Colistier : Sidik Mia
Voix 1 781 740
35,41 %
Saulos Chilima – Mouvement uni de la transformation
Colistier : Michael Usi
Voix 1 018 369
20,24 %
Président de la République
Sortant Élu
Peter Mutharika
DPP
Élection annulée

L'élection présidentielle malawite de 2019 se déroule le en même temps que l'élection de son parlement.

Le président sortant Peter Mutharika, du Parti démocrate-progressiste, est réélu avec un peu plus de 38 % des suffrages devant Lazarus Chakwera, du Parti du congrès du Malawi.

Le scrutin, vivement contesté par l'opposition, est cependant annulé début par la Cour constitutionnelle qui le juge entaché de nombreux éléments de fraude électorale, qualifie les instances organisatrices d'incompétentes, et ordonne l'organisation d'un nouveau scrutin.

Candidatures[modifier | modifier le code]

Le président sortant Peter Mutharika est candidat à sa réélection[1]. Son principal opposant, Saulos Chilima, était son vice-président jusqu'à son départ du Parti démocrate-progressiste en 2018[2],[3]. L'issue du scrutin, particulièrement serrée, est jugée difficile à prévoir par les observateurs, notamment en raison de l'importance du vote rural et de la fragmentation des partis politiques dans le pays[4],[5].

Joyce Banda, présidente de la République entre 2012 et 2014 et présidente du Parti populaire, est dans un premier temps candidate[6], avant de se retirer en mars au profit de Lazarus Chakwera, candidat du parti unique au pouvoir de 1966 à 1993, à la suite d'une alliance conclue entre les deux formations. Banda était la seule femme candidate à la présidentielle cette année[7],[8].

Mode de scrutin[modifier | modifier le code]

Le président de la république du Malawi est élu au scrutin uninominal majoritaire à un tour pour un mandat de cinq ans[9].

Résultats[modifier | modifier le code]

Présidentielle malawite de 2019[10]
Candidats
et colistiers
Partis Voix %
Peter Mutharika
Everton Chimulirenji
DPP 1 940 709 38,57
Lazarus Chakwera
Sidik Mia
MCP 1 781 740 35,41
Saulos Chilima
Michael Usi
UTM 1 018 369 20,24
Atupele Muluzi
Frank Mwenifumbo
UDF 235 164 4,67
Peter Kuwani
Archibald Kalawang'oma
MMD 20 369 0,40
John Eugenes Chisi
Timothy Kamulete
UP 19 187 0,38
Hadwick Kaliya
Mabvuto Alfred Ng'ona
Ind. 15 726 0,31
Votes valides 5 031 264 98,54
Votes blancs et nuls 74 719 1,46
Total 5 105 983 100
Abstention 1 753 587 25,56
Inscrits / participation 6 859 570 74,44

Suites[modifier | modifier le code]

Contestations[modifier | modifier le code]

Candidat arrivé en tête par district.

L'opposition rejette la réélection de Peter Mutharika et dénonce des résultats frauduleux, les candidats Lazarus Chakwera et Saulos Chilima déposant en recours devant la Cour constitutionnelle[11]. Ce rejet des résultats prend la forme d'un mouvement national de manifestations populaires qui culmine au cours des mois de mai à , les manifestants accusant le président Peter Mutharika d'avoir truqué les résultats avec la complicité de la présidente de la Commission Électorale malawite, Jane Ansah, dont ils exigent également la démission[12]. Des manifestations sont organisées dans les principales villes du pays, entremêlées de manifestations de soutien de femmes jugeant Jane Ansah victime de sexisme[13].

Annulation[modifier | modifier le code]

Le jugement de la Cour constitutionnelle est alors attendu avec fébrilité[14]. Le , celle ci se réunit à Lilongwe sous la protection d'une importante escorte policière pour se prononcer sur les recours[15]. Le jugement, qui s'étale sur plus de sept heures, voit les cinq juges de la Cour se relayer pour lire leur décision, mise par écrit sur un document de cinq cents pages[16]. Ce dernier fait état d'une élection truquée n'ayant pas été organisée dans des conditions libres et régulières, mais au contraire marquée par des fraudes à répétition, des falsifications de documents et de nombreuses autres pratiques illégales. L'« utilisation généralisée de Tipp-Ex » pour modifier les procès-verbaux est notamment citée comme ayant « gravement sapé l'intégrité des élections », de même que la présence répétée de doublons et l'absence de signatures sur la plupart des documents[16], réduisant les procès-verbaux vérifiés à un quart seulement du total[15]. Ces éléments conduisent la Cour à qualifier le scrutin du de « démonstration d'incompétence » de la part d'une Commission Électorale ayant « failli à ses devoirs »[16].

En conséquence, la Cour déclare nulle et sans effet l'élection de Peter Mutharika, et ordonne qu'une nouvelle élection soit convoquée dans un délai de 150 jours, cette fois-ci par le biais du scrutin uninominal majoritaire à deux tours, tel que prévu avant la modification de la loi électorale par le parlement en 2018, sans avoir pu être appliqué[15],[16]. La tenue de nouvelles élections législatives et municipales est un temps évoquée par plusieurs sources, sans fondement. L'opposition tente de faire valoir que les critiques de la Cour constitutionnelle à la commission électorale sont également valables pour ces scrutins mais, faute d'avoir déposé des recours similaires, ne parvient pas à les faire annuler. L'Assemblée nationale vote, quant à elle, la prorogation d'un an de son mandat et de celui des conseils municipaux afin de conserver une organisation simultanée entre ces différents scrutins et l'élection présidentielle de 2025, en accord avec la Constitution[17]. C'est la première fois qu'une élection présidentielle est annulée au Malawi, et la seconde seulement sur le continent africain après celle kenyane d'août 2017.

Références[modifier | modifier le code]

  1. « Élections au Malawi: les assassinats d’Albinos, la fausse mort du président et cinq autres choses », sur miroir-mag.fr, (consulté le )
  2. « Election au Malawi : les mutations du multipartisme », sur www.africactu.com (consulté le )
  3. (en) « MEC announces Malawi Tripartite election date: May 21 2019 », sur nyasatimes.com, (consulté le )
  4. (en) « Malawi Race for President Tight as Election Nears », sur Voice of America (consulté le )
  5. « Au Malawi, une présidentielle et des législatives très ouvertes », sur Le Point, (consulté le )
  6. « Malawi : Joyce Banda sera candidate à l’élection présidentielle de mai », sur jeuneafrique.com, (consulté le )
  7. « Présidentielle 2019 au Malawi : Joyce Banda n’est plus candidate », sur La Tribune (consulté le )
  8. « Présidentielle au Malawi : l’ex-présidente Joyce Banda renonce à se présenter », sur jeuneafrique.com, (consulté le )
  9. Republic of Malawi: Election for President IFES
  10. (en) « Malawi Electoral Commission », sur www.mec.org.mw (consulté le )
  11. « Présidentielle au Malawi : l’opposition rejette la victoire de Peter Mutharika », Jeune Afrique,‎ (lire en ligne)
  12. (en) « Malawi’s concerned youths on MEC Chair Jane Ansah must fall campaign », sur www.maravipost.com (consulté le ).
  13. (en) « Malawi Women Protest in Defense of Embattled Election Chairperson », sur Voice of America (consulté le ).
  14. (en) « Malawi anxiously awaits verdict on alleged presidential election fraud », sur RFI, (consulté le ).
  15. a b et c « La Cour constitutionnelle du Malawi annule la présidentielle de 2019 », sur Le Point, (consulté le ).
  16. a b c et d (en) « Malawi top court annuls presidential election results », sur aljazeera.com, (consulté le ).
  17. (en) « Elections May 19 – The Nation Online », sur mwnation.com (consulté le ).