Ægidius — Wikipédia

Ægidius
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Magister militum
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Bataille d'Arelate (en)Voir et modifier les données sur Wikidata

Ægidius ou Egidius, aussi appelé comte Gilles[réf. nécessaire], mort en 464, est un général romain du Ve siècle, qui a notamment défendu la Gaule au nord de la Loire dans le cadre du royaume de Soissons[1], à une époque où l'empire romain d'Occident, issu de la division de l'empire par Dioclétien en 285, connait un déclin qui va aboutir à sa disparition en 476.

Contexte[modifier | modifier le code]

L'Empire romain d'Occident a pour capitale effective au Ve siècle la ville de Ravenne, Rome n'étant plus le siège du gouvernement impérial.

L'Empire d'Occident est divisé en théorie en deux préfectures du prétoire : celle des Gaules (capitale : Trèves) et celle d'Italie (Ravenne), elles-mêmes divisées en diocèses (civils), puis en provinces. Mais l'administration des provinces romaines par des gouverneurs est fortement perturbée par la présence dans l'empire de plusieurs royaumes germaniques, dont certains ont (théoriquement) le statut de fédéré (royaume wisigoth de Toulouse, notamment), tandis que d'autres n'ont aucun lien d'allégeance (royaume vandale d'Afrique et royaume suève d'Hispanie, par exemple).

D'une façon générale, les empereurs qui règnent à cette époque ont peu de pouvoir effectif, étant sous le contrôle de généraux dont le principal à l'époque d'Aegidius est Ricimer, un Germain issu des familles royales suève et wisigothique, maître à Ravenne de 455 à 472. La longévité des empereurs une fois parvenus sur le trône est d'ailleurs assez courte et les morts violentes de règle : un exemple extrême est celui de Pétrone Maxime qui règne du 17 mars au 31 mai 455, jour de son assassinat.

Les choses sont différentes dans l'Empire d'Orient (capitale : Constantinople) où les problèmes sont à cette époque beaucoup moins graves et où la tradition romaine se maintient.

Biographie[modifier | modifier le code]

Aegidius est issu de la gens patricienne[réf. nécessaire] Syagria de Lyon. Cette gens a déjà fourni un consul en 382[2].

Débuts en Gaule sous le commandement d'Aetius (vers 445-454)[modifier | modifier le code]

Ægidius fait ses premières armes sous le commandement d'Aetius, magister militum en Gaule (« maître des milices », c'est-à-dire commandant en chef). Aetius contrôle effectivement la partie nord de la Gaule, entre le royaume wisigoth de Toulouse et le royaume des Burgondes au sud, le royaume des Francs saliens au nord (alors limité à la région de Tournai), géographiquement, entre la Loire, l'Escaut et le Rhin.

C'est sans doute durant cette période qu'Ægidius fait la connaissance de Majorien, premier lieutenant d'Aetius, plus tard un des plus fidèles amis d'Aegidius.

Aetius confie à Aegidius le commandement des troupes romaines de la Loire[réf. nécessaire] pendant que lui-même mène campagne contre le roi franc Clodion (446).

En 450, le nord de la Gaule subit l'invasion de l'armée d'Attila, formée de Huns et de différents contingents germains, notamment des Ostrogoths. Aetius livre bataille en 451 aux Champs Catalauniques (dans la région de Châlons) et en sort vainqueur. Le roi des Wisigoths Théodoric Ier meurt au service de Rome durant cette bataille, à laquelle participent aussi ses fils Thorismond, Théodoric et Frédéric.

Aetius meurt en 454, assassiné par l'empereur Valentinien III, qui est lui-même assassiné quelques mois plus tard. Ce double assassinat aggrave la crise dans l'empire d'Occident, dont l'homme fort va être pendant dix-huit ans le Germain Ricimer.

Sous le règne d'Avitus (455-456)[modifier | modifier le code]

Ægidius continue à exercer son commandement en Gaule après la mort d'Aetius (454) sous le règne d'Avitus (juillet 455-octobre 456), préfet du prétoire des Gaules, soutenu par le roi des Wisigoths Théodoric II (de 453 à 466), dont il a été le précepteur à la cour de Toulouse.

Proclamé empereur à Arles à la suite d'une assemblée de notables de Gaule, Avitus n'est en revanche pas accepté par la cour de Ravenne, dominée par Ricimer, personnage important, mais qui ne peut pas être empereur, étant un Germain (il porte seulement le titre de patrice).

Avitus, ne pouvant pas compter sur le soutien des Wisigoths, partis combattre les Suèves en Hispanie, attend quelques mois à Arles, puis se résout à entrer en Italie, mais il est vaincu à Plaisance et assassiné peu après (17 octobre 456) sur l'ordre de Ricimer.

À la fin de 456, Ægidius est nommé magister militum de Gaule par Ricimer[3], occupant le poste illustré peu avant par Aetius.

Au service de Majorien (457-461)[modifier | modifier le code]

Majorien devient empereur d'Occident en avril 457.

Ægidius est alors chargé de rétablir l'autorité impériale en Gaule où l’aristocratie qui soutenait auparavant Avitus, refusent de le reconnaître et offre peut-être[réf. nécessaire] aux Burgondes de prendre le contrôle de Lyon. Ægidius s'allie au contraire avec les Francs saliens. À ce moment, le roi des Wisigoths est en Hispanie pour combattre les Suèves ce qui affaiblit le camp des adversaires de Majorien.

Quand Théodoric rentre d'Hispanie en 458, il avance vers l'Italie, mais rencontre l'armée impériale près d'Arles et est vaincu. Majorien lui impose alors un nouveau traité de fédération[4].

En 459, une campagne est organisée contre le royaume des Burgondes et Lyon est reprise, peut-être par le roi franc Childéric Ier, qui aurait puni les habitants de leur trahison[5].

En 460, ayant repris le contrôle de la Gaule, Majorien part pour l'Hispanie afin de lancer une expédition contre les Vandales du roi Genséric, installés en Afrique dans la région de Carthage, mais qui attaquent régulièrement l'Italie. Aegidius accompagne Majorien. Mais c'est un échec : la flotte rassemblée à Carthagène est incendiée par des agents de Genséric et Majorien renonce à l'opération. Il rentre en Gaule puis, laissant Aegidius à Arles, part pour l'Italie. Sur la route de Ravenne, il est arrêté par Ricimer à Tortone et exécuté peu après.

Rébellion d'Ægidius contre le successeur de Majorien[modifier | modifier le code]

Après la mort de Majorien (7 août 461), un sénateur, Libius Severus (Sévère III), devient empereur en novembre, après un interrègne de trois mois (il va régner jusqu'en 465). Solidaire de Majorien, Ægidius refuse de le reconnaître, se rebellant donc contre le pouvoir de Ricimer. Severus n'est pas non plus reconnu par l'empereur d'Orient (Léon Ier), ni par le magister militum d'Illyrie, Marcellinus.

Ricimer nomme alors magister militum per Gallias le comte Agrippinus[réf. nécessaire] qui se rapproche du roi des Wisigoths en lui cédant Narbonne (462)[6].

Assiégé dans Arles, Ægidius parvient à sortir de la ville, mais doit repartir vers le nord pour faire face aux menaces sur ses territoires. Les Burgondes reprenant le contrôle de Lyon et de la vallée de la Saône, Ægidius se trouve isolé au nord de la Gaule.

Ricimer et Libius Severus contrôlent l'Italie, la Narbonnaise deuxième (Arles) et sont alliés aux Wisigoths, qui tiennent le sud-ouest de la Gaule et l'Hispanie.

Débuts du royaume de Soissons (463-464)[modifier | modifier le code]

La Gaule en 481
En violet : le royaume de Soissons
En jaune : le royaume wisigoth de Toulouse (Euric)
En bleu : le royaume des Burgondes
En rouge : territoires des Alamans
En bleu : le royaume des Francs saliens (Clovis)
En orangé : territoires des Bretons.

Ægidius s'efforce alors de défendre le territoire romain au nord de la Loire, menacé en premier lieu par les Wisigoths de Théodoric II, qu’il bat près d’Orléans en 463[7] et à qui il reprend Tours.

Il entreprend ensuite le siège de Chinon. Grégoire de Tours rapporte qu'il détourne la source alimentant celle-ci en eau, mais que les habitants sont sauvés par l'arrivée d'une pluie providentielle qui amène Ægidius à lever le siège[8].

En arrêtant les Wisigoths à Orléans et peut-être également les Saxons vers Angers[réf. nécessaire], Ægidius parvient à maintenir une enclave romaine entre la Loire et la Somme. Il s'allie avec les Bretons installés dans la péninsule Armoricaine et s'appuie sur les Francs saliens, dont beaucoup servent en tant qu'auxiliaires dans son armée.

Il est possible qu’il ait ensuite perdu son autorité sur les Francs au profit de Childéric Ier qui revient de Thuringe en 463[pas clair] et à qui il cède les provinces de Cologne, de Trèves et de Tournai[9].

Au mois de mai 464, il envoie une ambassade à Genséric pour former une alliance avec les Vandales contre Ricimer et les Wisigoths[10], mais il meurt avant que cela se réalise.

Mort et funérailles[modifier | modifier le code]

Aegidius meurt à la fin de l'année 464[11],[12], soit de maladie, soit empoisonné (probablement sur l'ordre de Ricimer).

Succession : Syagrius[modifier | modifier le code]

Il laisse le commandement à son fils Syagrius[13], avec le soutien du comte Paul sur la Loire.

Syagrius va maintenir le territoire romain du nord de la Gaule, même au-delà de la chute de l'Empire romain d'Occident jusqu’à sa défaite face à Clovis vers 486 à Soissons[14],[15].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Dénomination qui vient un peu plus tard, à l'époque du gouvernement de son fils Syagrius, regnum Suessonense ou regnum Syagrii.
  2. MacGeorge 2002, p. 99.
  3. Nicolas Fréret, Œuvres complètes de Fréret, Histoire, Volume VI, , 332 p. (ISBN 978-1-143-11331-4), p. 141.
  4. Alain Ferdière, Les Gaules : Provinces des Gaules et Germanies, Provinces Alpines, IIe s. av. J.-C.-Ve s. ap. J.-C., Paris, Armand Colin, coll. « U Histoire », , 448 p. (ISBN 2-200-26369-4).
  5. MacGeorge 2002, p. 100.
  6. Sébastien Le Nain De Tillemont, Histoire des empereurs et des autres princes qui ont régné durant les six premiers siècles de l'Église, Volume 6, Venise, François Pitteri, , 764 p. (lire en ligne).
  7. Jules de Pétigny, Études sur l'histoire, les lois et les institutions de l'époque mérovingienne, Volume 2, Nabu Press, (1re éd. 1851), 752 p. (ISBN 978-1-147-34257-4 et 1-147-34257-1).
  8. Grégoire de Tours (trad. du latin par Henri Bordier), La Vie des Pères et la gloire des confesseurs, Editions Paleo, coll. « L'encyclopédie médiévale », 254 p. (ISBN 978-2-84909-031-2).
  9. Grégoire de Tours, Histoire des Francs, Paris, Paleo, (ISBN 2-913944-36-1), Livre II, XII.
  10. Irad Malkin, La France et la Méditerranée : Vingt-sept siècles d'interdépendance, BRILL, , 423 p. (ISBN 978-90-04-08930-3, lire en ligne).
  11. MacGeorge 2002, p. 65.
  12. MacGeorge 2002, p. 120.
  13. MacGeorge 2002, p. 125.
  14. MacGeorge 2002, p. 126.
  15. Mitchell 2007, p. 211.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Aegidius dans la littérature[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) W.B. Anderson, Sidonius : Poems and Letters, Vol. I : Poems, Letters, Book I-II, Cambridge, Harvard University Press, (ISBN 978-0-674-99327-3).
  • (en) Matthew Bunson, Encyclopedia of the Roman Empire, New York, Facts on File, , 494 p. (ISBN 978-0-8160-2135-2).
  • (en) M. Kulikowski, « Marcellinus 'of Dalmatia' and the Dissolution of the Fifth-Century Empire », Byzantion, vol. 72, no 1,‎ , p. 177–191.
  • (en) Penny MacGeorge, Late Roman Warlords, Oxford, Oxford University Press, , 368 p. (ISBN 978-0-19-925244-2).
  • (en) Stephen Mitchell, A History of the Later Roman Empire, Oxford, Blackwell Publishing, , 488 p. (ISBN 978-1-4051-0856-0).

Articles connexes[modifier | modifier le code]